Alpine A110 1600S 1972 : J’ai fait un tour en Berlinette !
Actualité Alpine

Alpine A110 1600S 1972 : J’ai fait un tour en Berlinette !

En ce moment on parle beaucoup d’Alpine, actualité oblige, et il est fait souvent référence à la Berlinette, la mythique A110. Renault voit cette aura d’un bon œil pour relancer la marque Alpine, alors intéressons-nous d’un peu plus près à cette légende. Je vais vous éviter l’historique détaillé sur la genèse de l’auto par Jean Rédélé, de nombreux ouvrages ou sites internet vous le proposent de très belle façon, passons également sur le palmarès en compétition toutes épreuves confondues, Wikipedia le fait très bien, mais je vais plutôt vous raconter comment je suis allé toucher la légende Berlinette du doigt…

Alpine A110S
Alpine A110 1600S

Par l’intermédiaire d’amis en commun, la magie d’internet et ses forums faisant le reste, voilà quelques temps que je connais virtuellement Eric, un sudiste passionné d’autos sportives au sens large et plus précisément d’Alpine. Alors quand s’est présentée l’occasion faire sa connaissance en chair et en os via un petit crochet sur la route du week-end, je n’ai pas hésité bien longtemps ! Je ne sais pas si c’est pareil sur les sites de rencontre, mais je ne suis pas déçu, en vrai Eric colle parfaitement au personnage que je m’étais imaginé à travers mon clavier : un gars passionné, accueillant et ultra sympa.

Alpine A110S
Alpine A110 1600S

En arrivant devant chez lui, pas de doute je suis au bon endroit, son A110 est garée dans l’entrée, miamm ! Juste à côté l’A310 de sa femme tourne le dos à une A310 V6 Pack GT d’un ami à lui venu continuer la remise en route d’une A610 V6 Turbo en sommeil depuis plus de 15 ans. Quand je disais passionné d’Alpine, je crois que c’est plutôt évident ! Je vous laisse imaginer de quoi nous avons parlé un fois Eric sorti du compartiment moteur d’un Defender blanc. Mais c’est après avoir détaillé les entrailles de l’A610, parler de l’accessibilité à l’ampoule du phare avant droit de A310 gros réservoir ou encore s’être questionné sur le démontage des custodes arrières de l’A610 que vient le moment de faire un tour en Berlinette. Voilà plus de 25 ans que cette A110 partage la vie d’Eric, il me confie que tous les 2 ils ont vécus un paquet de trucs ! Je veux bien le croire comme en témoigne la petite bleu, elle ne présente pas un état concours « Rétromobilesque », mais au contraire sa patine, ses fissures dans la fibre, ses traces de réparations à droite ou à gauche, les autocollants dispersés au fil des rallyes ou balades entre copains, voilà ce qui en fait une auto comme je les aime : elle vit, elle fonctionne, elle est utilisée à ce pourquoi elle a été conçue, rouler et fournir sensations et sourires ! Regardez la vidéo de la dernière sortie glisse sur le circuit d’Orcières, vous aussi vous devriez avoir le sourire…

Alpine A110S
Alpine A110 1600S

Eric vient de la démarrer, elle ronronne tout juste alors que j’ouvre la petite porte pour monter à bord. L’expression « monter en voiture » vient de l’époque des caisses carrées d’avant-guerre avaient une carrosserie posée sur un imposant châssis, expliquant la marche à franchir pour embarquer, et bien là je peux vous garantir que l’expression perd tout son sens ! Quand on sait que le toit culmine à moins 1m15 d’altitude, on comprend bien qu’il va plutôt falloir se glisser minutieusement à l’intérieur du baquet. Après un passage peu élégant à base de pliage, contorsion et de questions à base « elle où ma jambe là ? », on est bien dans ce baquet. Les jambes sont tendues, presque en face de l’assise, il y a de la place pour les bras et la tête, le volume intérieur semble même étonnamment important. Micro soulagement, je n’ai pas encore sanglé le harnais, je peux me pencher pour aller prendre la poignée pour fermer la porte. Oup’s mes doigts effleurent le seuil de porte au moment où elle se claque ! Ah oui la poignée est tout en bas de la porte,surprenant mais plutôt pratique…

A310
A310 V6 Pack GT

Les premiers kilomètres à faire chauffer la voiture me permettent de détailler l’intérieur : pas de superflu, des gros compteurs fonctionnels au look particulièrement délicieux, une petite lampe de lecture devant moi pour les épreuves nocturnes, derrière l’arceau occupe un peu d’espace mais la vision est bonne. Je suis surpris du confort, la région est véritablement truffée de dos d’ânes que l’Alpine digère sans broncher, tout comme les déformations de la route, bonne surprise. Le trafic et l’horizon se dégagent devant nous, Eric jette un coup d’œil à la température d’eau et bam je sens mon cerveau fuir par mon oreille gauche … aspiré par les 2 Weber qui gavent les 1600. Pas de doute ça respire là derrière ! Alors que je remarque que les vitesses s’enchainent parfaitement bien, retombant dans la bonne plage de couple, Eric me confessent que son auto est un poil optimisée : le 1600 est peaufiné dans les moindres recoins, sortant un bon 150 cv plein de couple (largement suffisant pour les moins de 650 kg de l’engin), la boite est plus courte, je comprends mieux cette homogénéité…

Alpine Dieppe
Alpine Dieppe
Alpine Dieppe
Alpine Dieppe

La bande son à l’intérieur est véritablement magique, entre l’échappement qui ronronne copieusement, les Weber qui respirent à gros poumons et quelques bruits mélangeant mécanique, train roulant et fibre qui travaille, je suis sous le charme de l’ambiance. L’autre chose qui me séduit c’est le comportement de l’auto, ultra sain et équilibré, avec pas mal de grip (merci les Toyo R888 chauffés par ce soleil inespéré en cette fin février) associé à une suspension souple, à la fois confortable et prévenante. L’Alpine fait bien remonter les infos, on sent la voiture travailler et se mettre en appui tout en étant rassurante. Certes Eric connait sa voiture sur le bout des doigts, il n’a pas non plus le couteau entre les dents sur cette balade sur des petites routes fréquentées, mais la voiture me semble vraiment rassurante et pas piégeuse, loin de l’image que je pouvais me faire de cette architecture châssis.

Alpine Dieppe
Alpine Dieppe
Alpine Dieppe
Alpine Dieppe

La fin de la balade approche, je reconnais le quartier, trop court j’aurais bien aimé prolonger l’expérience mais quelle découverte ! Je dois avouer que jusqu’ici l’Alpine A110 me plaisait bien, sans me faire particulièrement vibrer comme une Jaguar Type-D ou Type-E Lightweight ou encore une Ford Cortina Mk1 savent si bien le faire. Maintenant que j’ai gouté à ses charmes, je revois sans peine mon avis et mon jugement en comprends bien mieux l’engouement autour de cette Berlinette. Elle permet de communiquer avec la route, je n’ose pas dire communier bien que j’y pense fortement, même en passager on se sent en prise directe sans filtre pour mieux sentir le relief bitume et l’exploiter ! Si l’Austin Mini donne un peu de ce toucher si particulier de la route, ici je retrouve des sensations que seule une Caterham m’avait données jusque-là, voilà l’Alpine est une vraie machine à sensations old school comme il est devenu rare d’en trouver.

Alpine - Jean Rédélé
Alpine – Jean Rédélé

J’ai fait peu de photos de ce moment de partage avec Eric, trop pris à discuter et profiter, alors pour me faire pardonner en complément quelques images d’archives des ateliers d’assemblage de l’A110 rue Pasteur à Dieppe. De l’artisanat fait par des amateurs de mécanique et d’automobile pour d’autres amateurs, voilà plus de 50 ans que l’Aventure a commencée, elle n’est pas prête de se terminer. Merci Eric pour cette découverte !

Crédit photos @ Ambroise Brosselin et Archives Alpine

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Yacco71

5 commentaires

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  • Le bon vieux Rico et son A110 !!! bel hommage a ce bonhomme et à cette machine. Hâte de les revoir au détour d’une RGA (ou autre) pour user de la gomme ensemble et partager de francs moments de déconnade 😉

  • Présent ce jour là au “Paradis”, comme en témoigne la présence de mon pack GT rouge, je peux affirmer qu’Ambroise a bien mérité ce baptême en 1600S…un garçon sympa , tout comme Eric!
    Thierry

  • Pour avoir une idée de la véritable fusion entre Eric et sa berlinette, il faut se glisser dans le siège passager et, sur le circuit du Luc, tenter de ne pas se poser de questions à l’abord du premier droite, ni se cramponner à tout ce qui rassure… Je vous parie que vous seriez entré dans cette courbe 30 km/h moins vite.
    Il est vrai que dans mon cas, je n’avais plus goûté à l’Alpine depuis un demi-siècle.
    Eric est aussi généreux dans la vie qu’au volant. Ce n’est pas peu dire.
    Merci, Ambroise pour ce reportage qui évite les clichés.
    Dom.

  • Merci Ambroise pour ce très sympatique reportage. Tu transcrit parfaitement le sentiment que j’ai pour cette auto qui partage ma vie depuis plus de 25 ans. C’est une maîtresse exigeante avec les petits nouveaux mais très compréhensive lorsque l’on a partagé de longues années à glisser, freiner et accélérer ensemble.
    Une grande partie de ma vie s’est dérouler entre son baquet et son volant avec quelques déboirs mais combien de joies indescriptibles. Dans mon métier j’ai eu l’occasion de mener nombre d’autos plus ou moins passionnantes ou prestigieuses mais aucune avec laquelle j’ai autant de feeling, un peu comme avec une femme quant tu sait que c’est elle qui partagera ton existance.

  • Éric est bien à l’image de son auto, un grand bol de générosité rempli de passion avec un zeste de folie infantile. Partager une virée avec Éric, c’est prendre une dose de bonheur même sans être Pilote ou Spécialiste de l’automobile.
    Merci Ambroise de lui rendre hommage.

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