Classic Racing School à Charade, plaisir d’essence
Guide pratique Historique

Classic Racing School à Charade, plaisir d’essence

Classic Racing School à Charade,
Classic Racing School à Charade,

Sensation : Phénomène par lequel une stimulation physiologique (externe ou interne) provoque, chez un être vivant et conscient, une réaction spécifique produisant une perception. Voilà la définition de ce que la Classic Racing School de Charade vous fera ressentir après un passage chez eux : un maximum de sensations, diverses et variées, totalement inconnues ou rappelant des souvenirs, une large palette pour un régal de tous les sens à base d’essence !

La vue

Rendez-vous à 7h45 à l’entrée du circuit de Charade, au cœur des volcans d’Auvergne. Une fois la large grille ouverte, la vue sur le circuit s’offre au visiteur d’un jour que je suis, privilégié de pouvoir observer les couleurs d’un lever de soleil humide sur ce lieu chargé d’histoire, le Puy de Dôme surplombant ma progression vers les paddocks.

 

Je me gare derrière les stands, profite d’une ouverture vers la pitlane pour les découvrir, elles sont là alignées comme à la parade, rutilantes sous les premières lumières du jour, offrant un accueil coloré à mes yeux encore un peu collés par la nuit agitée d’orages.

 

Quand je parle d’elles, ce sont bien sûr les Crosslé 90F de l’école. Ces petits engins à 4 roues sont d’authentiques monoplaces historiques modernes. Bizarre comme formulation, n’est-ce pas ? C’est pourtant exact puisque les 90F ne sont ni plus ni moins qu’une version 2017 de la Crosslé 16F, la célèbre Formule Ford de 1969 du constructeur Irlandais. Fabriquées dans les ateliers Crosslé spécifiquement pour la Classic Racing School (lire ici), les monoplaces sont équipées d’un 4 cylindres Ford Zetec de 2.0 litres, alimenté par un gros carbu. Délivrant 110 ch et surtout une grosse louche de couple, c’est bien assez pour pousser les 420 kg de l’ensemble.

 

 

Fini de loucher sur les autos, soyons sociable je me dirige vers le lounge à l’intérieur des boxes où l’ambiance est résolument 60-70s. Le soin du détail est poussé dans les moindres détails de la déco, où que le regard se pose difficile de se croire en 2022. Coraline et Ariane finalisent les derniers aspects administratif et direction le vestiaire pour enfiler sa tenue de pilote. On continue d’en prendre plein les yeux, je cherche mon nom sur les vestiaires métalliques délicieusement vintage, à l’intérieur une combi OMP classic, sous couche FIA inifugée, gants, cagoule et chaussure en cuir tout est là pour se glisser dans la peau du pilote de 60s que nous allons essayer d’incarner aujourd’hui.

 

 

L’ouïe

Les moteurs démarrent pour se chauffer alors que les instructeurs vont essayer de nous refroidir, ou plutôt nous donner les bons conseils pour que l’expérience se déroule au mieux. Un petit point sur l’histoire de Charade, le grand circuit de 8 km, les 4 GP de Formule 1, le circuit actuel de 4 km, les Crosslé, comment s’installer à bord et quoi surveiller derrière le volant, le briefing démarre bien. Puis vient le plus sérieux : la conduite … enfin le pilotage !

 

 

On écoute attentivement les recommandations de Jean-Michel, l’humidité de la nuit encore présente sur la piste revient plusieurs fois dans ses paroles. Mes souvenirs de Charade en MX-5 RHD me rappellent la proximité des murs, bizarrement le rapprochement des 2 idées ne m’enthousiasme qu’assez peu. Nous serons partagé en 2 groupes, je serai dans le second au volant de la numéro 69 aux couleurs Gitanes, il y aura donc un peu de Jacques Laffite et de Ligier en moi aujourd’hui !

 

Le premier groupe part rouler, pendant ce temps Yves nous reçoit dans la tour de contrôle du circuit pour nous montrer le système de surveillance par caméras et les drapeaux lumineux limitant le nombre de commissaires en bord de piste. Il partage avec nous quelques-unes des anecdotes collectées durant ses 25 ans dernières années sur le circuit, on pourrait continuer à l’écouter des heures… L’ouïe est un sens particulièrement affuté à Charade, ou plutôt aux alentours. Le circuit est en prise avec pas mal de difficultés liées aux nuisances sonores et les habitations proches, limitation et contraintes se sont multipliées depuis quelques années. Yves fait face à son PC devant les nombreux autres écrans vidéo, un énorme chiffre retient son attention, celui des dB. Moyenne journalière, horaire, les pics tout est sous surveillance pour rester dans le cadre de ce qui a été accordé. Heureusement le 4 cylindres Ford n’est pas particulièrement bruyant et le gros silencieux d’échappement posé sur le train arrière permet de rester bien en dessous des 90 dB tolérés sur le site.

 

Nous partons alors pour 2 tours de reconnaissance en passager de Mini … électrique, de quoi mettre des images sur les mots du briefing, les plots, le relief, les murs, l’humidité, tout se rassemble entre nos 2 oreilles à peine dérangées par le bruit de roulement. Le briefing recommandait d’éviter d’aller tutoyer les vibreurs, un passage au ralenti sur l’un nous faire sentir tout le bienfondé de cette recommandation. Retour dans les paddocks, je n’aurai jamais cru que 8 km en Mini électrique puissent autant me plaire, est-ce du à ce qui m’attend juste maintenant, sans doute ?!

L’odorat

Le moment de venir s’installer à bord des Crosslé est enfin là ! En se rapprochant des autos, on commence par les sentir, l’huile chaude du roulage précédent, les gaz d’échappement bien-sûr, bref un savoureux mélange pour petrolhead ! Je clipse le Hans au casque et j’essaye maintenant de me glisser dans ce long cigare qu’est la Crosslé. Il parait que la version 2017 est plus large et plus spacieuse que la 16F d’origine, heureusement ! Une fois les fesses posées au fond du siège, je me demande quelle est la position que je dois essayer de trouver, un peu plus droit et la tête plus haute, bof pas terrible pour les jambes et les bras, je me couche donc un peu plus. Tout semble tomber plutôt mieux, que ce soit le pédalier, le volant ou la commande de la boite Hewland.

 

Ah difficile de bouger pour trouver les sangles du harnais, c’est Stéphane le chef mécano qui vient à mon secours pour m’accrocher, je crois que je fais corps avec la machine maintenant. Basculeur pour le contact vers le haut, celui pour la pompe à essence juste à côté aussi, et je peux presser le bouton du démarreur. Le Zetec se lance sans faire trop de barrouf ni de vibrations, le moment de prendre la piste semble être là lorsqu’en fermant la visière du casque j’emprisonne une petite bouffée d’échappement de la Crosslé Gulf qui vient de s’élancer devant moi.

 

Le toucher

Le toucher de la pédale d’embrayage est viril mais gérable, celle de l’accélérateur semble moins docile. Je réussi néanmoins à partir sans caler, l’honneur est sauf sans doute grâce au couple camionnesque du 2.0 litres et la pitlane en légère descente plutôt qu’à la sensibilité de mon pied droit. Le levier de vitesse est juste à portée de main à droite du volant, mais il demande une poigne ferme pour enclencher le rapport suivant, j’arrive à pousser la 3 dans la descente vers le virage de Manson pour aller toucher les freins aux 2 cônes sur la gauche de la piste. Face à moi la jonction vers l’ancien tracé, mais ce n’est pas le moment de faire du tourisme nostalgique, visons plutôt le cône qui indique le point de corde en œuvrant sur le volant. Son toucher est plutôt agréable, la taille parfaite pour garder les mains à 9h15 et aller de butée en butée sans les déplacer, et la direction ne se montre pas si dure une fois la voiture en mouvement. Le point de corde passé, je peux élargir doucement et attendre d’avoir les roues bien droites pour remettre les gaz.

 

J’hésite sur la position de mon talon par rapport aux pédales, en avant ou en arrière de cette barre de châssis juste là ? Droite gauche, on sent tout l’équilibre et la vivacité de la voiture avant de remettre une louche de gaz pour monter vers Le Puy de Charade. Le premier gauche est assez aveugle avec une corde tardive, le droit s’enroule bien avant de retomber sur un droite complètement aveugle qui enchaine sur un gauche qui se referme longtemps. Me reviennent les paroles de Jean-Michel au briefing, sur la vingtaine de virages seuls 3 ne sont pas aveugles. Me voilà dans la célèbre descente qui nous emmène jusqu’à l’épingle de Champeaux, l’immense bac en face semble accueillant mais le but de la journée sera de ne pas aller le visiter.

 

Avec un peu plus de vitesse le freinage se révèle facile à doser à condition d’appuyer fort. Et oui bien évidement aucune assistance, que ce soit freinage ou direction, mais je crois que c’est bien pour ça que l’on est ici : des sensations brutes à l’état pur ! Pareil corde tardive dans ce droite pour déboucher dans la partie la plus étroite du circuit, bordée de murs et encore bien humide sur la zone de ré-accélération. Gauche puis droite en légère montée et un nouveau droite aveugle en sommet de côte pour déboucher sur une grande enfilade qui finit par descendre pour arriver au virage du Petit Pont. Là aussi des traces d’humidité restent visible, le freinage se fait donc prudemment au double cône bien à droite de la piste, le Zetec prend pas mal de tours en 4ème, aucune idée de la VMax mais bien assez. Le rétrogradage se passe bien, il faut juste faire comprendre à la boite qu’on souhaite passer la 3, un peu de fermeté et pas d’hésitation lui font assimiler le message. On sort large de ce long gauche pour remonter vers l’Epingle Marlboro avec une corde ultra tardive qui semble peu naturelle lors des premiers passages, mais qui conditionne ensuite toute la remontée vers les S de Thèdes, et quand on est bien placé tout semble parfaitement naturel à enchainer sur le couple du Zetec. Quelques cônes nous invitent à ne pas trop serrer la droite de la piste au moment de plonger dans la suite des S et le freinage tardif du virage Rosier, du nom de l’architecte du circuit. Ligne droite des stands puis le gauche sous la passerelle Michelin, face au mur à l’extérieur, le tour est bouclé et ces 3975 mètres sont un véritable bonheur !

 

Le rythme est dicté par le pace car, la magnifique Crosslé 9S bleue de l’Ecurie Classic Racing Team, permet à tous les apprentis pilotes du jour de se familiariser avec la voiture et le tracé. L’écart entre les voitures reste raisonnable, la vitesse augmente peu à peu si bien qu’à la fin de ces quelques premiers tours on se n’hésite entre l’envie de continuer ou l’envie de souffler pour comprendre, assimiler et discuter afin de mieux repartir. Les moniteurs placés au bord de la piste remontent les observations à Jean-Michel qui vient nous voir chacun notre tour pour ajuster et conseiller. Le premier groupe saute dans les voitures pour aller toucher du bitume à nouveau. Après un verre d’eau bien mérité, nous embarquons en bord de piste pour voir les autos passer. De l’extérieur le relief est encore plus impressionnant, nous sommes en face du Puy de Dôme avec à nos pieds la montée qui suit le virage de Manson. Les moniteurs commente en live les passages, trop de frein, pas assez de volant, on apprend tout autant en regardant les autres !

 

Retour vers les stands après le dernier passage coloré des Crosslé, je me dirige vers « ma » 69. Je crois que c’est une des livrées qui plait le plus après la Gulf, pour ma part j’aime beaucoup la Honda Motul crème et rouge aussi ou la Lotus JPS noir et or. S’il ne fallait n’en choisir qu’une, je serai bien en peine. Je m’installe, on me sangle, petit réglage des rétros pour bien voir qui arrive derrière et on redémarre. C’est parti pour une session un peu plus longue, les tours s’enchainent sur une piste presque entièrement sèche, de quoi ressentir le grip et les accélérations latérales. La Crosslé est finalement assez confortable, pas vraiment par son assise mais grâce à ses suspensions pas trop fermes. Elle autorise un peu de roulis pour aller chercher le grip et favoriser les transferts de masse, elle est sans doute moins piégeuse ainsi plutôt que réglée trop raide. Les dévers, compressions et délestages sont nombreux sur le tracé de Charade, un réglage prévenant est carrément le bienvenu pour les débutants que nous sommes. Les tours s’enchainent, les freinages se retardent un peu après les 2 cônes, la machine se laisse emmener doucement plus vite, calmement plus fort.

 

La sensibilité de la pédale d’accélérateur se fait moins sentir, sans doute que je la touche avec moins de retenue … dès les roues droites. Le gauche dans la montée vers le Puy me rappelle gentiment à l’ordre, je remets les gaz un poil trop tôt encore bien en appui et les roues braquées, je sens que l’arrière cherche à se dérober. L’équilibre est sain, mais la voiture reste vivante, c’est bon pour les sensations mais mieux vaut ça dans cette zone à grands dégagements !

 

Alors que les tours s’enchainent à bon rythme, le drapeau à damiers vient sonner la fin de cette deuxième session. Passage par la pitlane, on coupe le contact et la pompe à essence et on ouvre la visière pour prendre un bol d’air frais d’Auvergne. A peine arrêté, Coraline arrive avec de l’eau et Jean-Michel avec des conseils. Quand je vous dis que toute l’équipe Classic Racing School est aux petits soins, c’est vrai ! Le temps de discuter un peu, reprendre son souffle et assimiler les observations des moniteurs, on repart pour une nouvelle session. La confiance dans les commandes de la voiture est là, la découverte du tracé assimilée, c’est vraiment cette troisième session qui donne le plus la banane et le plein de sensations…

Le goût

Tout juste le temps d’appliquer un peu plus de freins encore plus tard, viser la corde encore un peu plus loin ou encore se placer un peu mieux en sortie que le drapeau à damiers ressurgit dans la ligne droite. Sniff déjà, un goût de trop peu assurément à la fin de la matinée et de cette 3ème session. Retour au paddock où une grande table est dressée devant les box pour profiter tous ensemble, apprentis pilotes avec les moniteurs, la logistique et les mécanos, d’un repas bienvenu. Les émotions ça creuse, c’est au tour des papilles de faire le plein !

 

Les chanceux qui continuent le roulage l’après-midi profitent d’un second briefing tandis que ceux qui arrivent pour la seconde demi-journée commencent le délicieux parcours connu ce matin pour moi. En discutant avec mes collègues de la matinée, la satisfaction fait l’unanimité : tout est mis en place pour que le plaisir soit au rendez-vous, quel que soit l’âge du capitaine, le niveau de pilotage ou les envies, le plein de sensations sera au rendez-vous pour tous ! L’équipe est entièrement dédiée à faire de cette journée une pleine réussite, et le moins que l’on puisse dire c’est que la mission est plus que remplie. L’attention est portée jusque dans les moindres détails sans pour autant que l’on sente oppressé, c’est particulièrement appréciable. Merci à vous !

 

Ces quelques lignes vous ont donné le goût de participer à cette expérience ? La mauvaise nouvelle c’est qu’une grande partie des dates 2022 sont déjà complètes 🙁 Allez vite faire un tour sur le site de la Classic Racing School pour regarder les agendas et les dispos, vous retrouverez aussi pas mal d’infos pratiques dans la présentation que nous avions faite ici.

 

Le circuit de Charade vous fait peur ? La bonne surprise sera de découvrir que des stages sont également proposés sur le circuit d’Issoire. A peine plus au sud de Clermont Ferrand, il offre des dégagements bien plus vastes et un tracé plat sans compression, délestage ou virage aveugle.
La météo hivernale du Massif Central vous inquiète ? La seconde bonne nouvelle est en train de se mettre en place avec des dates hivernales sur le circuit d’Almeria au Sud de l’Espagne à partir de Décembre. Plus d’hiver, de neige ou de pluie, la douceur hispanique vous tend les bras. C’est encore en train de se finaliser, stay tuned les infos ne vont pas tarder à arriver…
Prendre le volant ne vous fait pas plus envie que ça ? Une fois encore l’équipe de la Classic Racing School a la solution et vous propose des baptêmes en passager dans la magnifique Crosslé 9S qui officie aussi en temps que Pace Car.
D’autres questions ou demandes ? N’hésitez pas à les contacter, ils sont à votre écoute et sauront vous proposer un cadre adapté et ajusté au mieux à vos envies.

 

Et surtout soyez bien convaincu que vous ne regretterez pas la visite, l’expérience est clairement magique. Certes c’est un budget, mais chacun des Euros est pleinement mérité, vous repartirez la tête pleine de souvenirs, le sac rempli de goodies et dans les jours suivant votre passage ce seront vidéos et photos pro de Benjamin Fournier qui vous feront revivre cette journée unique hors du temps…

 

Crédit photos @ Benjamin Fournier (dynamique et groupe) et Ambroise Brosselin (statique)

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