Essai Audi R8 V10 Plus : Les anneaux du taureau…
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Essai Audi R8 V10 Plus : Les anneaux du taureau…

Soyons franc, inutile de cacher ma joie lorsque Audi France nous a contacté ; suite à notre demande ; pour l’essai de la nouvelle R8 V10 Plus. Car la GT sportive d’Ingolstadt se fait rare avec 630 immatriculations en France depuis 2007 sur une production totale de 27000 unités. Autant le dire, apercevoir une R8 au coin de la rue n’est pas courant. Et pourtant avec la première génération de R8, Audi a réussi un coup de maitre pour une marque premium généraliste : s’installer dans le segment très huppé des grosses GT sportives aux côté de concurrents prestigieux. La seconde génération de R8 présentée cette année au Salon de Genève va t elle confirmer ce succès ?

Audi R8 V10 Plus
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Ne me demandez pas de comparer cette nouvelle R8 V10 Plus de 610 ch à ses concurrentes directes, Ferrari 458 Speciale, McLaren 12C, 570S ou 650S, Mercedes AMG GTS et Porsche 911 Turbo. Nos demandes d’essais auprès de ces marques sont toujours en attente pour le moment. Les seules références que nous avons chez AutomotivPress sont l’ancienne R8 V10 Plus de 550 ch que j’ai essayée l’année dernière sur le circuit de Bilster Berg et la Lamborghini Huracan que Philippe a pu conduire sur route lors d’un essai au début de l’année.

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De l’eau et des notes

Alors que je quitte Lyon pour me rendre à Valence ; point de rendez vous de ces essais France ; une pluie diluvienne s’abat sur la région Rhône-Alpes. Les conditions météos durant toute la semaine furent parfaites et se sont fortement dégradées pour notre week-end à tel point qu’une alerte de Météo France est en cours pour tout le sud est de l’hexagone. Lors du briefing technique avant de prendre l’auto, ma première question est de savoir s’il existe un “mode Pluie” ou “faible adhérence”. Thomas responsable du parc presse d’Audi France me répond que c’est le “mode Performance” qui gère les fonctions “dry, wet, snow” et anticipe en fonction de la conduite du moment. L’idée de prendre la route détrempée au volant d’une voiture de 610 ch et 200 000 € me refroidit quelque peu. J’aurais été beaucoup plus en confiance sur un circuit.

Audi R8 V10 Plus
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Après avoir rangé nos sac de matériels photo/vidéo dans le petit coffre avant de 112 litres/dm3 (!) nous programmons le GPS en direction de la Drôme provençale. C’est l’ami Adrien d’ABCmoteur.fr qui prend le volant, nous avons jeté notre dévolu sur l’exemplaire “Blu Ara”, superbe. Je joue le copilote de cette région que je connais bien, étant le régional de l’étape. Je retrouve ainsi une partie de l’itinéraire découvert lors des essais Abarth 695 Biposto et 595 Competizione. La consigne est claire : découverte de l’auto en douceur vu les conditions météos piégeuses et dégradées, “mode Performance” interdit pour ce premier jour d’essai. Nous paramétrons la R8 V10 Plus en “mode Confort” boite auto et c’est parti, nous quittons l’agglomération de Valence.

Audi R8 V10 Plus
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Pendant qu’Adrien respecte scrupuleusement les consignes et les limitations de vitesses, le temps est venu pour moi de consulter les différentes documentations techniques que Audi France nous a laissé et de détailler l’habitacle de la R8 2nde génération. Finition, assemblage et qualité des matériaux employés sont à l’unisson de la marque aux anneaux, le cuir se mélangeant au carbone et à l’aluminium brossé. Le maintien des sièges est parfait et ils sont ajustables électriquement à loisir. Seule la colonne de direction est réglable mécaniquement uniquement en hauteur.

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Die Bauhaus

Le point fort du tableau de bord est évidemment le “Virtual Cockpit”, cette dalle numérique qui regroupe l’intégralité des informations, permettant d’épurer au maximum la console centrale qui regroupe les commandes de ventilation/climatisation, au demeurant aériennes et tellement évidentes. Les possesseurs du nouveau TT ne seront pas dépaysés. Seule gêne de mon point de vue, l’accès aux touches situées en avant du levier de vitesse est difficile. Qu’importe, car on y trouve notamment la désactivation des aides électroniques dont l’ESP… “Verboten !”, on a dit. Sinon l’ergonomie générale est parfaite et le bond réalisé par rapport à la première génération de R8 est conséquent comme par exemple avec le volant ; qui sur la V10 Plus ; est équipé de quatre satellites de commandes : “Power On/Off”, l’échappement actif (un régal !), “Drive Select” pour un accès direct aux 7 modes du set-up et le bouton “Performance”.

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Puisque l’on en est aux détails stylistiques de l’auto, parlons un peu de son design qui évolue en douceur entre la première génération et cette seconde mouture. On note une nouvelle calandre “Singleframe”, un dessin plus acéré et moins monolithique, plus agressif et moins arrondi, de nouveaux “Sideblades” en deux parties personnalisables. En toute subjectivité, je trouve justement dommage que ce trait caractéristique de la R8 soit maintenant scindés en deux. De profil, la partie arrière se rapproche vraiment de la Bugatti Veyron… il y a pire comme référence me direz vous. L’auto est également plus large avec près de 2m04 à l’arrière pour 1m94 à l’avant. Ses dimensions restent imposantes avec 4m43 de long pour 1m24 de haut et 2m65 d’empattement. Le poids à vide est 1,55 T soit 40 kg de moins que la V10 “normale”, répartit à 44,7% sur l’avant et 55,3% sur l’arrière. Le châssis “Audi Space Frame” est 40% plus rigide et 15% plus léger grâce à l’emploi d’aluminium et de CFRP (plastique renforcé de fibre de carbone).

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Techno-connectée

L’Audi R8 V10 Plus est à la pointe de la technologie du moment. Son freinage est confié à un ensemble de disques Carbone Céramique de série (380 mm à l’avant et 356 mm à l’arrière) avec des étriers 6 pistons à l’avant et 4 à l’arrière. Les jantes des 19 pouces (20 en option) accueillent des pneus de 245/35 à l’avant et 295/35 à l’arrière qui peuvent être des Michelin Sport Cup 2 en option. Le système Quattro est remplacé sur la R8 un viscocoupleur mécanique qui permet de transférer 100% de la puissance sur le train arrière ou avant via l’excellente boite de vitesses à double embrayage S-Tronic à 7 rapports. A noter, les projecteurs avant full LED de série et en option ; comme sur notre exemplaire ; des phares Laser Light, vus sur la R8 LMX d’une portée de 600 m, soit le double des LED. Enfin l’équipement comprend notamment les “Audi Connect” et “Audi Phone box” ainsi que la “Navigation Plus” avec MMI Touch, autant de systèmes permettant de rester connectés.

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Pièces de choix

Dans notre dos, le V10 est un monument à part entière, donnant son âme à la voiture. En passant à la bi-injection (tubulure et cylindre) il gagne 60 ch soit près de 10% de puissance supplémentaire avec au total 610 ch à 8250 tr/min pour 560 Nm de couple à 6500 tr/min. Mon dieu, moi qui aime les gros moteurs atmosphériques, je suis servi avec ce 5.2L FSI essence en V à 90° double arbres à cames en tête, lubrifié par carter sec, doté de l’injection directe et d’un collecteur d’admission à clapets cinétiques. Il fait preuve de davantage d’élasticité qu’auparavant (effet bi-injection) et pousse toujours aussi fort ; très fort même ; sans s’essouffler de 4000 tr/min jusqu’à plus de 8000, passant des graves aux aigus, comme un moteur de course. Son caractère est identique à celui de l’Huracan, linéaire, progressif et pointu. Il est virile et “envoie du bois” comme disent les jeun’s, aidé par l’échappement actif pour jouer un concert à vous ravir les tympans. Il glougloute, aboie, hurle à la commande, à l’accélération comme au retrogradage, égrenant une partition musicale de toute beauté, même s’il chante moins fort que sa sœur italienne.

Audi R8 V10 Plus
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L’autre atout mécanique de la R8 V10, c’est sa boite de vitesses séquentielle S-Tronic . En mode automatique, elle est d’une douceur impressionnante, passant les rapports sans à coup, instantanément, quelque soit le mode sélectionné de Confort à Dynamique. En mode manuel, changement de comportement, elle n’est plus là pour canaliser les ardeurs du couple pilote/V10, elle ouvre au contraire un champs de possibilités très larges. Les à coups sont marqués mais salutaires, donnant autant d’informations qu’il est nécessaire et c’est très bien ainsi. Si l’on peut reprocher au V10 d’être trop lisse et de ne pas donner ce coup de pied aux fesses passé 6000 tr/min, la boite modifie clairement le caractère de la voiture.

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Train avant retrouvé

Profitant d’une éclaircie, nous nous arrêtons pour un petit shooting photos et échanger nos places. Adrien me passe le volant que je garde jusqu’à notre destination finale. Je retrouve tout de suite mes marques. “Sortant” de la précédente génération, je me sens toute de suite à l’aise, en terrain connu. Le “Virtual Cockpit” ne me demande pas d’adaptation particulière contrairement à la direction dynamique, qui est déroutante par sa sensibilité très marquée. Assistée électriquement, elle est très vive lorsque l’on tourne le volant, ce qui demande un temps d’accoutumance. Je m’inquiétais que la direction “gomme” le train avant, point faible de la première génération. Il n’en est rien, heureusement, puisque cette obligation de charger le train avant au freinage pour avoir de l’appui en virage a disparu, sur cette second génération. L’équilibre général du châssis “Modular Sportscar System” est très bon et rappelle celui de la Huracan.

Audi R8 V10 Plus
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Et pour cause, puisque l’allemande et l’italienne sont fabriquées dans la même usine à Heilbronn chez Audi. Elles partagent nombres d’éléments comme le châssis, l’ensemble moteur/boite, les trains roulants et les systèmes de freinage/direction. Seul l’empattement de la Huracan diffère de la R8 (+3 cm) et un plancher aux traverses spécifiques pour la Lambo’ permettant d’être assis plus bas. L’amortissement est vraiment parfait, ni trop raide ni trop souple, l’option Magnetic Ride à variation électromagnétique faisant des merveilles. La rigidité homogène de l’ensemble et le dynamisme procuré donnent à la R8 un sacré potentiel et du tempérament à revendre. Typé coupé à moteur central, l’équilibre général est sain, sécurisant et franc. En confiance, on peut cravacher le V10 sans arrière pensée malgré sa masse. Au final, la R8 V10 est aussi facile qu’efficace à emmener.

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Les routes devenant plus étroites et tournicotant, je passe la boite de vitesse en mode manuel. Toutes mes impressions déjà ressenties se confirme, mazette quelle santé ! Bien que d’un gabarit certain sur les petites départementales, la R8 V10 est un pousse au crime, c’est un avion ! Cerner ses limites sur route ouverte n’est pas de mon niveau, surtout avec les averses qui nous tombent dessus. Les palettes tombent bien sous la main et j’assène à la campagne environnante des crépitements à chaque lever de pied. L’auto reste imperturbable et pourtant j’ai théoriquement perdu mon permis de conduire ! Heureusement, je n’ai pas testé volontairement le mode “Performance” qui de mon point de vue reste dédié au circuit.

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Les équipes d’Audi France ont bossé tard dans la soirée pour modifier le road-book, vu l’état des routes fortement arrosées et recouvertes de boues quand ce ne sont pas des cailloux qui ont raviné sur le bitume. Départ le lendemain avec mon binome Adrien, cette fois ci avec la Rouge ; aux plaquettes fatiguées ; dans un brouillard à couper au couteau. Finalement, nous retrouvons un grand soleil vers 10h et un sol sec. Mode “Dynamique” activé, je repars à l’assaut de la R8 qui se révèle impressionnante de grip et de stabilité, répondant du tac au tac, difficile à mettre en défaut. Il me faudra l’aide de la DDE et de la voirie locale qui a abondamment recouvert plusieurs départementales de gravillons pour faire pivoter l’auto du train avant.  Carton rouge aux services d’entretien des routes pour cette technique obsolète et dangereuse, source d’accidents. Quoiqu’il en soit, l’Audi R8 V10 Plus se joue des imperfections du revêtement affichant sans complexe cette efficacité et cette facilité revendiquées par le constructeur. Au niveau des accélérations, nous n’avons pas pu les vérifier mais elles sont très réalistes avec le 0 à 100 km/h en 3,2 sec et le 0 à 200 km/h en 9,9 sec.

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Au moment de conclure, on peut se poser légitimement la question : “Avec la R8, que reste t il à l’Huracan ?” De réglages différents moins aiguisés et pointus pour l’Audi, un univers et une image de marque décalée pour la Lamborghini, mais aussi 40 000 € de différence de plus pour l’italienne… et 5 km/h de mieux pour l’allemande en VMax. Alors que retenir de cet essai ? Avec cette nouvelle R8 V10 Plus, Audi conforte sa place dans le segment des GT sportives de la plus belle manière qui soit. Polyvalente, efficace, facile, performante, elle sait être joueuse à la demande et son V10 semble d’une force inépuisable.

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Crédit photos @ Yvan_111 & Kevin Goudin
Crédit vidéo @ Adrien / ABC moteur

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