Essai classic Lotus Elise S1 (1998) : Un été pour comprendre 
Essais Lotus

Essai classic Lotus Elise S1 (1998) : Un été pour comprendre 

Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)

Les longues soirées d’hiver sont souvent propices à se remémorer les souvenirs d’été… Et pour moi, le souvenir de l’été dernier s’appelle Elise, Lotus Elise pour être précis… S’il y a bien un gène commun à la rédaction d’AutomotivPress, c’est la Mazda MX-5. Que ce soit Philippe, Yvan, Raphaël, Joris, Walter ou moi (je n’ai oublié personne ?), on a tous usé et abusé de la nippone avec plaisir, certains en ayant eu plusieurs générations, d’autres restant fidèles à leur premier bolide et plusieurs l’utilisant toujours comme “daily déplacoir” dealer de fun. Les plus esthètes, puristes ou hédonistes épicuriens (ou tout simplement intelligents diraient-il eux-mêmes) ont quant à eux poursuivi la quête du plaisir automobile en remplaçant le roadster Mazda. Qu’ont-ils pu trouver de mieux que la “MiMiX” ? La Lotus Elise S1 !

Vous avez un doute quant au bien fondé de ce choix ? Je vous invite à lire la déclaration d’amour de Philippe à sa S1 “Poussinette” (lire ici), ou bien chercher les clins d’œil flatteurs d’Yvan à sa 111S “Ruby” dans de nombreux essais (lire ici). De mon côté, hormis un essai assez enthousiasmant d’une S2 (à relire ici), quelques tours de circuit en passager ou au volant de S1 plus ou moins affûtées, j’ai eu envie de comprendre ce coup de foudre qui dure pour cette S1. Me voilà donc parti pour un essai longue durée de plusieurs milliers de kilomètres, avec des usages divers et variés histoire de me faire une vraie idée de la demoiselle, une découverte pour les nuls ou plutôt par un ignare en la matière d’une Lotus Elise S1 120 ch de 1998.

Lotus Elise S1 120 ch (1998)
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Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)

Premier contact

Je profite d’un trou météo pour récupérer la belle lors d’un week-end ensoleillé début Mars, bien m’aura pris de choisir cette date puisque le week-end suivant ce n’est pas moins de 15 cm de neige qui recouvre le jardin. Autant dire qu’hormis les quelques kilomètres pour aller la mettre au chaud, la première vraie balade va attendre. Arrivée un peu sale après son long voyage sur camion, je commence à faire connaissance par un nettoyage en bonne et due forme, idéal pour découvrir ses lignes et apprécier ses détails. L’arrière rebondi est délicieusement rétro, les 4 feux rond autour de la plaque, la double sortie centrale logée au milieu des grilles qui permettent d’évacuer les calories et ce diffuseur qui apporte une touche de modernité pour ne pas dire efficacité. Le troisième feux stop logé dans l’aileron intégré au masque arrière dynamise le tout, une belle réussite ce popotin !

Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)

En remontant le long des flancs, le galbe des ailes arrières est flatteur et permet de deviner que la frêle anglaise est bien campée sur ces roues motrices avant de découvrir le Rover K à peine dissimulé sous les grilles d’aération du capot moteur. A peine le temps de poser le regard sur le superbe bouchon d’essence que me voilà face à la prise d’air, conclusion de cette longue et élégante tranchée qui parcours le flanc de l’anglaise. Le renflement du bas de caisse lui fait écho, liant visuellement le train avant au train arrière, elle apparaît soignée aérodynamiquement. Impression pas vraiment confirmée par un Cx de 0,402, sans doute la faute aux prises d’airs justement, ou peut-être les rétros de CX (la Citroën cette fois-ci) pas des plus fins. Heureusement qu’ils sont montés sur d’élégants pieds allégés et aérés qui n’ont rien à envier à ceux d’une Testarossa ou d’une M3 !

Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)

On arrive à l’avant pour faire face à cette bouille inimitable et reconnaissable entre milles. Des gros yeux de grenouille soulignés par les clignos plus au centre, une bouche rieuse et plongeante sans oublier cette arête centrale sur le capot avant qui surplombe les grilles de radiateur, non pas pour prendre l’air frais mais bien pour évacuer celui qui en sort, réchauffés par cet échange. Souvent quand je vois une Elise S2 toute seule, j’ai tendance à me dire que je préfère le look de la S1, et là en détaillant cette Elise S1, je pourrai presque me dire que je préfère une S2, plus agressive ou dynamique visuellement, moins ronde et moins rétro. Bref difficile à départager sur ce plan, elles offrent tout même deux visages bien distincts malgré leur dessous commun et filiation indéniable, en opposition au Speedster (lire ici) bien différent d’un point de vue look.

Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)
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Bienvenu à bord !

Lors de ces premiers kilomètres, capoté forcément, l’excitation a rapidement effacé la difficulté à s’installer. Mais après quelques utilisations, montées et descentes répétées, force est de constater que jamais la maxime « Bienvenu à bord » n’aura été autant méritée. En effet le petit volant et pédalier réduit à sa plus simple expression semblent vous féliciter d’avoir accompli cette démonstration de souplesse pour leur faire face. Après avoir téléchargé sur le riche forum Garage111.com la notice d’utilisation, je me lance dans mon premier décapotage, et oui il n’y a pas d’âge pour une première fois ! Clé allen sortie du vide poche, mode d’emploi en 4 phases, finalement ça se fait bien, rien d’infaisable ! Par contre j’imagine volontiers le désarroi de certains acheteurs en 1995 qui pensaient trouver une alternative à une 911 dans cette bizarrerie anglaise.

Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)
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Une fois décapotée, la barquette est bien plus pratique et facile pour les entrées sorties. Je deviens rapidement adepte du shower cap, autrement plus facile à installer que la capote. Le ponton est certes un peu large à enjamber, le baquet un peu bas là au loin, mais une fois dedans, quel poste de conduite ! Le baquet est non inclinable, mais la petite poire permettant de gonfler les lombaires donne l’ajustement nécessaire pour trouver une position agréable. Le volant dans les mains, les pieds sur le pédalier au même niveau que nos fesses, nous voilà prêt à affronter la route. En plus peu de risque d’être distrait puisque l’équipement intérieur est pour le moins minimaliste : en face du pilote, pardon conducteur, un bloc compteur affichant compte-tour et vitesse, dessous un petit pavé digital regroupant le nombre de litres d’essence, la température du liquide de refroidissement, le totalisateur et le journalier kilométrique. C’est tout ! Mais en même temps de quoi d’autre avez-vous besoin ? Ailleurs de l’aluminium brut, un autoradio que je n’utiliserai que 2 fois avant de me rendre compte de son intérêt limité, et c’est tout. Mme dans le baquet passager fixe profite d’un repose pied en alu troué très esthétique et des commandes de chauffages au centre. “Light is Right” disait Colin Chapman, en voilà une nouvelle fois une belle illustration, rien ne manque mais n’est superflu non plus.

Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)

Apprivoiser le fauvounet

On peut entendre un peu tous les avis ou conseils sur le comportement dynamique des Elise, parfois qualifiées de pointues ou piégeuses, j’avoue que les premières balades à son volant se sont faites en mode découverte humble. « Mon » Elise affichant tout juste 50.000 km au compteur, elle est fraîche et bénéficie d’un indispensable remplacement des Koni rouges d’origine par un set tout neuf de Nitron Street avec une hauteur de caisse proche de la sortie d’usine. Tout le reste étant d’origine (sauf les bulles de phares et le radia alu), c’est l’outil parfait pour le puceau du châssis 111 que je suis.

Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)

Après quelques centaines de kilomètres à son volant, j’apprends à la connaître et la comprendre, la pédale de frein sans assistance m’effraie moins, la remise de gaz en appuis ne fait plus peur, la direction continue de m’époustoufler par sa précision chirurgicale et ses remontées d’infos. Oui elle me donne le sourire même pour un court trajet, une fois en température quel plaisir d’enrouler sur le couple du Rover K, qui ne rechigne pas non plus à grimper dans les tours pour un peu d’allonge. Même d’origine du côté admission et échappement la bande son est fort agréable, je comprends pourquoi les échappements ou admissions aftermarket sont si nombreux sur la toile. Sur les petits cols de la région avec des épingles très dénivelées, la roue intérieure délestée à tendance à manger la puissance, oui je comprend aussi pourquoi les différentiels autobloquants existent. Sans doute qu’un réglage un poil plus mou des Nitron arrière pourrait aider à faire passer les 120 ch au sol dans toutes les situations. En tous cas pour en faire une pistarde un peu plus affûtée les recettes sont connues et éprouvées, il en faut peu tant la base est déjà optimisée.

Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)

Mais ne soyons pas pour autant trop aveuglé à l’heure de dresser le bilan, il y a bien 2-3 bricoles à mettre dans la colonne des points négatifs. Le premier n’est pas une découverte, mais c’est le confort des sièges ! Après une petite heure de route, le “malocu” se fait sentir. Pourtant j’ai fait des efforts de rembourrage de mon côté, à base de fondue et raclette (oui oui même en été), mais rien n’y fait. Là aussi une amélioration sur la S2 paraît-il avec des sièges plus … , enfin moins …, euh mieux quoi ! L’autre truc que j’ai remarqué chaque fois que j’ai pris le volant, ce sont les reflets. Que ce soit les buses de ventilation dans le pare-brise, ou même le défilement de la route dans la vitre arrière par le rétro intérieur, ou l’impression d’avoir un essuie-glace arrière quand l’avant se reflète derrière, pas vraiment gênant mais pas très agréable et parfois distrayant. Un détail mais qui tire l’œil à chaque fois. L’absence de pare-soleil aussi s’est fait remarquer le matin ou le soir, quand le soleil est bas. Alors oui il y a un filet derrière les sièges pour ranger casquette et lunettes de soleil, mais je ne suis pas convaincu que les quelques grammes économisés valaient l’inconfort. Oui vous avez le droit de me traiter de râleur ou pinailleur.

Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)

Après ce ne serait pas juste de ne citer que les petites choses qui ne m’ont pas plues, car il y en a bien plus que sont clairement top. Ne revenons pas sur le dynamisme sur route, le caractère gros pépère qui pousse du Rover K ou sur la ligne délicieusement ronde de cette S1. Dans les détails positifs il y a le chauffage qui marche carrément bien. Le matin après une nuit dehors sous la shower cap, quelques minutes seulement suffisent à désembuer le pare-brise, puis rouler avec une température toute juste positive se fait bien, l’air chaud sur les pieds et un bonnet sur la tête permettent de voyager dans de bonnes conditions. La commande de boite est aussi à mettre dans les plus, pas transcendante mais clairement mieux que sur une Clio Williams contemporaine par exemple (relisez notre essai ici). Et puis pour flatter l’oeil, difficile de faire mieux que cette boule d’alu sur un grand levier ! Certaines sportives à la position de conduite très allongée pénalisent parfois la visibilité vers l’avant. Ici point de soucis avec une vision panoramique à travers le pare-brise incurvé, on voit parfaitement l’avant pour placer au mieux la voiture, sur un parking, sur route ou à la corde sur piste.

Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)

Addictive au point d’en vouloir une (pour remplacer ma MX-5) ?

Evidemment il est difficile de nier que chaque kilomètre à son volant est une avalanche de sensations et communion avec la route pour au final beaucoup de plaisir … sauf sous la pluie sans capote et dans les ralentissements de sortie de bureaux, mais ça c’est une autre histoire qui m’est arrivée un soir de Juin ! Le comportement dynamique est un vrai cran au-dessus de la Mazda, les perfs également même si la dernière MX-5 “ND” 184 ch doit mieux briller sous la lumière des chiffres et statistiques (retrouvez notre essai de la version 30ème anniversaire ici), l’habitabilité finalement pas si mal, non franchement cette Lotus Elise S1 est surprenante en bien !

Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)
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Mais au risque de ne pas me faire que des amis, elle n’arrive pas à surclasser suffisamment la nippone pour me la faire oublier : la facilité de vie à bord, la polyvalence et la confiance sont pris en défaut du côté anglais. Confiance parce que la réputation sur la fiabilité de l’Elise S1 est en partie justifiée, son exposition aux risques extérieurs ou plutôt son manque de protection ne l’aide pas dans la vie de tous les jours. Et oui pour aller jouer au golf, faire les courses ou même traverser le département pour aller voir des copains, elle n’est pas le choix le plus judicieux. Les aficionados de l’Elise S2 argumenterons que ces petits inconvénients ont été corrigés par la suite, confort, accès, capote ou même climatisation, oui c’est sans doute vrai. Ayant pu rouler aussi pendant une dizaine de mois en Caterham il y a quelques années, je pensais l’Elise S1 plus à mi-chemin entre la 7 et la MX-5, au final elle est bien plus loin de la Cat’ que de la nippone.

Lotus Elise S1 120 ch (1998)
Lotus Elise S1 120 ch (1998)

Alors non cette Elise S1 ne remplacera pas ma MX-5, mais pourquoi pas imaginer la garder en temps que seconde voiture plaisir ? Une sorte de voiture du week-end en plus de la voiture du week-end qui sert la semaine ? Oui compliqué comme raisonnement d’auto conviction mais vous aurez compris que la petite anglaise ne m’a pas laissé insensible. Et je peux dire que maintenant je vous comprend vous mes chers collègues qui êtes passé du côté Lotus, elle est définitivement très attachante cette petite Elise !

Crédit photos @ Ambroise Brosselin

D’autres infos sur la Lotus Elise S1 également auprès du Club Lotus France.

A propos de l'auteur

Yacco71

2 commentaires

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  • Sympa cette petite S1, elle a vraiment une bonne bouille. Ah si j’avais un grand garage 🙂
    Sinon histoire de chipoter, les rétros viennent de la Rover 100, chez Lotus c’est l’Esprit qui avait les rétros de CX.

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