Essai classic : Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
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Essai classic : Renault Clio Williams Swiss Champion 1996

Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
Renault Clio Williams Swiss Champion 1996

“Vous pouvez rougir de honte, verdir de rage, mais c’est à une Clio que Frank Williams a donné son nom”. Voilà comment la Renault Clio Williams a été présentée en 1993 ! Entrée en matière pour le moins nerveuse, à l’image du comportement de cette petite citadine devenue sportive dévergondée.

Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
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Pourquoi une Clio Williams ?

La Clio Williams, basée sur une efficace Clio 16S, a été en premier lieu pensée pour répondre aux besoins d’homologations de la classe Groupe N 2.0L en Rallye, à savoir une production en série à 2.500 exemplaires minimum. Renault Sport étant aussi en pleine période faste en Formule 1 en tant que motoriste de l’écurie Williams F1, la tentation est donc grande de rendre par la même occasion hommage à ce partenariat. Si cette Williams peut apparaitre comme une double opportunité “commercialo-réglementaire”, elle justifie aussi pleinement sa place dans la gamme Renault, tout comme la 16S, elle est dans la suite logique des petites sportives abordables qui ont fait l’histoire de Renault, et fait le lien entre les R5 et Super5 et la lignée longues Clio RS qui a suivi.

Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
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Produite tout d’abord en série numérotée limitée à 5.000 exemplaires en 1993 et 1994, la forte demande a poussé Renault à poursuivre sa commercialisation sur les deux millésimes suivant, portant la production totale à un peu plus de 12.000 exemplaires. Ultime production, les derniers 500 exemplaires sont réservés à la Suisse sous l’appellation Swiss Champion pour célébrer le titre en rallye de la Williams, c’est justement le numéro 256 de cette dernière vague que nous avons la chance d’essayer aujourd’hui !

Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
Renault Clio Williams Swiss Champion 1996

De dehors, elle a tout d’une grande

Au premier coup d’œil, quel que soit l’angle de vue, on remarque tout de suite que l’on ne se trouve pas face à une banale Clio société : bouclier avant large et agressif encadré par deux anti-brouillards, capot bombé avec un prise d’air Naca, ailes délicieusement enflées aussi bien à l’avant qu’à l’arrière, postérieur bien posé sous un béquet discret. Même en connaissant par cœur la ligne de la Clio 1 qui fut la star des centre-villes pendant de longues années, avouez qu’avec ces petits artifices elle est complètement métamorphosée pour devenir une vraie sportive.

Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
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Si la teinte bleue spécifique participe aussi à l’ambiance générale, ce sont surtout les jantes Speedline dorées qui signent le look de la WiWi : du bleu avec des jantes dorées, il aura fallu attendre les Subaru Impreza GT quelques années plus tard pour dissocier cette combinaison de couleurs de la Williams. Au passage ne cherchez pas à tripoter le réglage des couleurs de votre écran si vous ne reconnaissez pas ce bleu, ce ne sont pas non plus les curseurs qui se sont enflammés lors du « développement » de mes photos, mais la Swiss Champion arbore un bleu un peu plus violacé, code 432, que les autres Williams. Pour finir le tour du propriétaire, on peut voir le nom de Sir Franck arboré fièrement à différents endroits, mais ce sont les baguettes avec l’inscription 2.0 qui marque les plus observateurs…

Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
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Gros poumon

Car oui la vraie différence avec la Clio 16S est là : 234 cm3 de plus ! Exit le bloc F7P au profit du F7R, il s’agit en fait de la même base, elle-même extrapolée du 1.6L Diesel sorti au début des années 80. Si la base est connue et reconnue, ce « nouveau » F7R profite aussi et surtout d’un gros boulot sur la culasse avec des conduits d’admission polis débouchant sur des soupapes plus grandes à poussoir hydraulique, des arbres à cames spécifiques, un collecteur 4 en 1 en tube d’acier plutôt qu’en fonte grossière comme sur les modèles de grande série. Prépa un peu trop minimaliste dirons certains à l’époque qui espéraient avoir plus, mais gardons à l’esprit que l’objectif de Renault était l’homologation en rallye, pas forcément une bête de course capricieuse en vente en concession… N’empêche qu’avec 150 cv à un peu plus de 6.000 tr/min et une courbe de couple bien remplie culminant à 18.2 mkg à 4.500 rotations par tour de trotteuse, ce 2.0 litres dans une Clio de 990 kg lui donne bien de la vie ! On le retrouvera d’ailleurs par la suite dans le Coupé Mégane ou le Spider, preuve du bon caractère de ce F7R.

Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
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Un intérieur soigné

Si l’un des reproches que l’on peut faire aux Clio RS des années 2000 est leur intérieur quasiment identique au modèle société, mimétisme poussé jusqu’au pelage de volant, dans cette Clio Williams les détails sont soignés et on se sent dans une auto bien à part. La moquette bleue saute aux yeux lorsque l’on ouvre la porte, elle vient égailler de belle manière l’intérieur ! On retrouve cette couleur chère à l’écurie de F1 sur les fonds de compteurs, les ceintures et le pommeau de levier de vitesse pour prodiguer une ambiance soignée, à la fois chic et sportive. Le sportif se retrouve dans les sièges baquets au très bon maintient tout en restant souple. Seul le motif du tissus date l’ensemble très 90’s, mais le petit W brodé en haut du dossier termine de signer cet intérieur très exclusif.

Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
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Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
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Notre Swiss Champion bénéficie de quelques bonus par rapport à la Williams de base : le plus visible, son volant 3 branches spécifique au look discutable en 2015, mais très certainement au top en 1995 ! Ensuite la version helvète fait part belle à l’équipement puisqu’elle reçoit le réglage en hauteur des phares, les rétros électriques, un auto-radio Sony avec lecteur K7 et chargeur CD, commande au volant (ou presque) via un satellite sur sa colonne et 6 HP dont 2 dans la plage arrière bleue pesant un âne mort. Presque contradictoire de voir autant d’équipement dans une voiture légère à vocation sportive, mais pour sa dernière série, la Williams regroupe les options pour le confort de son conducteur-pilote.

Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
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Au centre du tableau de bord, sous les 3 petits manos, on retrouve une plaque numérotée : 1 à 5.000 pour la première série de Williams, et 1 à 500 pour les Swiss Champion, seules les Williams phase 2 ne sont pas numérotée. Cette petite touche dorée participe là aussi à l’ambiance particulière qui nous éloigne de la Clio citadine gentille.

Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
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Contact et gazzz

Allez, assez détaillé l’extérieur et l’intérieur, si on allait faire un tour ? Contact, démarreur, le gros bouilleur se lance avec un bruit plutôt neutre mais pas absent, la belle bleue semble savoir se tenir. Après quelques minutes pour sortir du trafic et laisser la mécanique monter en température, Franck, le sympathique proprio de cette Williams et non pas Sir Williams, me propose de prendre le volant. Une fois posé dans le siège, la position est un peu surprenante, le volant me semble haut, les jambes assez fléchies, mince finalement c’est dans cette position qu’on retrouve le plus la Clio de base… 1ère bien guidée et hop on décolle en mettant un peu de gaz pour ne pas caler comme une crotte. Et oui j’ai un peu la pression, Franck chouchoute avec passion sa WiWi achetée il y a quelques années à son premier propriétaire, il faut reconnaitre que la belle ne fait pas ses 135.000 km et 20 ans.

Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
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La petite route de montagne sur laquelle nous évoluons permet de savourer et exploiter le couple du 2.0 litres, les impressions d’aisance à relancer la voiture en passager sont encore plus flagrantes une fois derrière le volant, elle ne peine jamais et le moteur semble plein partout ! Les vitesses s’enchainent assez vite, c’est à ce moment-là que Franck y va de sa petite confession : les rapports de boite d’origine ont été modifiés pour exploiter au mieux le moteur et le châssis. Bémol sur les longs trajets la voiture devient assez bruyante, sur autoroute les 130 km/h se trouvent par exemple pas loin des 5.000 tr/min en 5ème. Mais comme vous pouvez vous en douter, la Williams n’est pas faite en premier lieu pour l’autoroute !

Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
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Passé l’effet de surprise et les premiers kilomètres, la position de conduite ne choque plus vraiment, on fait corps avec la machine. Le freinage est ferme et puissant, je me suis fait surprendre à me retrouver ralenti bien avant l’entrée de certaines épingles, mieux vaut ça que le contraire me direz-vous… Sortie d’épingle, la remise de gaz ne perturbe pas la voiture, le châssis est réellement sein et efficace même sur des petits pneus en 185 de large. Je n’ai pas de Clio 16S sous la main pour comparer, mais il se dit que l’élargissement de la voie avant d’une 30aine de mm via des triangles de R19 16S n’y est pas pour rien et que la différence est sensible. Rien à redire, le train avant est vraiment dimensionné pour la puissance et le couple du 2.0L. Si on voulait avoir l’œil critique on pourrait dire que le moteur est presque trop plein et linéaire, du coup l’envie d’aller chatouiller le rupteur (planté à seulement 6.500 tr/min d’ailleurs) ne démange pas. Un défaut de ses qualités qui lui donne moins de caractère que le turbulent 1.3L de la 205 Rallye essayée dernièrement par exemple. Mais ne boudons pas pour autant notre plaisir, avoir un moteur aussi volontaire est plus qu’appréciable !

Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
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Si ici les amortisseurs un peu plus raides que l’origine sont certainement parfaitement à l’aise sur le bitume lisse d’un circuit, en contrepartie on se sent un peu secoué en ville ou sur route fatiguée. Moins confortable certes, mais pas forcément plus efficaces non plus, notamment sur les freinages appuyés où l’on sent le train arrière vif, le poids de la plage arrière ne suffit pas à contenir ses ardeurs 🙂 Gare aux freinages de trappeur qui pourraient se transformer en figure artistique sur route un peu humide ! A part cette sensation d’instabilité, relative rassurez-vous, le châssis de la Williams est vraiment en adéquation avec le poids et la puissance de la voiture ce qui rend sa conduite très agréable et rapidement efficace. N’allez pas croire que je me prenne pour un pilote, mais disons qu’on est capable de hausser le rythme tout en se sentant en confiance et sans avoir l’impression de malmener la voiture ou se rapprocher dangereusement de ses limites. Franck me confirme que cette facilité et efficacité est tout aussi valable sur piste où le châssis de la Williams est encore plus dans son élément. Pas de doute, elle mérite bien la signature de l’Ecurie de Formule 1 de multiples fois championne du monde !

Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
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Acheter une Williams aujourd’hui

Si vous avez toujours eu un faible pour la belle bleue et que vous vous apprêtez à franchir le pas, armez-vous de patience : de nombreux “losangistes” sont déjà “Williamsophiles” et les annonces se font rares. Coté budget n’espérez pas trouver en dessous des 7.000 € une auto propre à l’historique limpide, certaines autos restaurées dépassent déjà la barre des 10.000 €.

Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
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Une méca bien entretenue se révèle solide, la boite l’est un peu moins, à surveiller avant l’achat, tout comme la corrosion qui finira malheureusement tôt ou tard à s’attaquer aux ailes arrières. Par contre notons ce bon point pour les pièces détachées qui sont disponibles facilement, les spécifiques un peu moins il est vrai. Coté entretien ou préparation de la bête sont largement documentés sur le Net, la base Clio étant ultra diffusée. Plus de raisons donc de ne pas franchir le pas et rentrer dans le club très fermé des pilotes de Williams

Renault Clio Williams Swiss Champion 1996
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Crédit photos @ Ambroise Brosselin

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Yacco71

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