Interview de Hassan Sefrioui, fondateur de la marque horlogère française Boanton
Horlogerie / Montres

Interview de Hassan Sefrioui, fondateur de la marque horlogère française Boanton

Hassan Sefrioui - Boanton
Hassan Sefrioui - Boanton

Interview d’Hassan Sefrioui, fondateur de la marque horlogère française indépendante Maison Boanton, après avoir dévoilé la montre Héritage, une pièce inspirée par une icône de l’automobile française et éditée à seulement 252 exemplaires.

Présentation

Rémy Solnon/Automotivpress : Bonjour Hassan. Merci d’avoir bien voulu répondre aux questions d’AutomotivPress. Quelle montre portez-vous aujourd’hui ?
Hassan Sefrioui : Bonjour Rémy, merci pour l’invitation. Aujourd’hui je porte notre modèle Emblème. C’est une pièce que j’aime particulièrement pour l’équilibre de ses lignes et la profondeur de son cadran. Elle accompagne très bien mon quotidien et passe rarement inaperçue.

Maison BOANTON Emblème « Ivoire Vintage »

La marque horlogère

RS/AP : Vous avez fondé Maison Boanton en 2022. Quelle est la signification du nom et de son logo ?
HS : On a voulu un nom à contre-courant des tendances actuelles. Pas un mot anglais ou un nom fabriqué, mais un nom plus intemporel, simple et rassurant, un peu comme une maison qu’on connaît depuis toujours.
Il évoque le beau, l’harmonie, la justesse. Il ne cherche pas à impressionner, mais à s’installer discrètement dans l’imaginaire. Le logo est dans cette même veine : rond, structuré, presque architectural. Il reflète notre attachement à la précision et à une certaine forme de noblesse discrète.

RS/AP : Quel a été votre cahier des charges pour créer la marque ? Comment l’avez-vous lancée ?
HS : Dès le départ, notre ambition a été de créer une marque indépendante qui propose des montres bien pensées, bien faites, avec un vrai parti pris esthétique, le tout à un prix juste. C’était notre cahier des charges, ne rien sacrifier sur la qualité, oser un design affirmé et retrouver ce plaisir horloger sincère, sans surpromesse.
Le développement de nos premières pièces a pris près de deux ans. On a pris le temps de bien faire les choses, de peaufiner chaque détail, de trouver l’équilibre entre le design, l’ingénierie et le confort au poignet. On a aussi fait des choix techniques peu courants pour une jeune marque, comme l’intégration d’un container central, une architecture qu’on retrouve chez quelques grandes maisons seulement.
C’est ce mélange de rigueur et de liberté qui définit Maison Boanton aujourd’hui.

RS/AP : Quelles difficultés avez-vous rencontré pour faire aboutir votre projet ?
HS : Le plus grand défi a été de tout construire de zéro. Dans l’horlogerie, quand on n’a pas encore de nom, il faut prouver sa légitimité à chaque étape : auprès des partenaires, des ateliers, des clients.
On a aussi dû trouver notre place dans un paysage très codifié, tout en affirmant une vraie singularité. Proposer une montre dessinée et développée avec les mêmes exigences et les mêmes moyens que chez les grandes maisons, mais à un prix juste, c’est un équilibre difficile à atteindre.
Mais c’est aussi ce qui rend l’aventure passionnante. Rien n’est acquis, tout reste à inventer.

RS/AP : Vous avez su vous entourer d’une solide équipe composée de William Rigoulet (qui a dirigé le studio de création horlogerie de Cartier), Mikael Bourgeois (qui a travaillé pour plusieurs grandes maisons horlogères) et Matthieu Duverne (expert en design dans les secteurs de l’horlogerie de luxe et de l’automobile). Comment les avez-vous convaincus de rejoindre le projet ?
HS : Tout a commencé par des rencontres, des chemins qui se croisent, des échanges qui font sens. Rien n’a été forcé. Le projet s’est construit autour d’une vision partagée : celle de créer quelque chose de beau, de différent, de sincère.
Dans l’équipe, chacun vient avec sa sensibilité. Il y a ceux qui sont passionnés par le design, d’autres par la technique, d’autres encore par la culture horlogère. Ce mélange fonctionne parce qu’on se complète, et qu’on garde toujours en tête la même exigence, proposer des montres qui ont du sens et qui durent.

RS/AP : Comment acquérir une montre Boanton ?
HS : Nos montres sont disponibles directement sur notre site internet et auprès de nos partenaires détaillants sélectionnés.

RS/AP : Comptez-vous dans un avenir proche étoffer votre circuit de distribution ?
HS : Ce qui nous importe avant tout, c’est de rester proches de notre communauté. La vente en ligne nous permet d’échanger directement avec nos clients, de comprendre leurs attentes et de rester accessibles. Mais on croit aussi à la complémentarité. On développe progressivement un réseau de partenaires, en prenant le temps de bien choisir chaque point de vente. L’idée n’est pas d’être partout, mais d’être au bon endroit avec les bonnes personnes.

Les montres

RS/AP : Quelles ont été les sources d’inspiration de vos deux premiers modèles Ellipse et Emblème ?
HS : Nos deux premiers modèles s’inspirent de plusieurs époques qui ont marqué l’histoire du design. On retrouve la rigueur du Bauhaus, les courbes sensuelles de l’Art déco, l’audace des années 1920. Ces influences, on ne les copie pas, on les réinterprète à notre manière avec un regard contemporain. Chaque modèle est une façon d’explorer le beau sous toutes ses formes.
Les modèles Ellipse et Emblème partagent un même boîtier coussin aux lignes fluides et bien proportionnées, des finitions soignées comme le soleillage, les décors guillochés, les motifs en relief, les touches de laque…

Maison BOANTON Ellipse « B2201-AR - Mare Blue »

RS/AP : Où sont réalisées les montres ? D’où proviennent les différents composants (boîtier, bracelet, cadran, mouvement) ?
HS : Pour la fabrication de nos montres, on s’est entouré de partenaires choisis pour leur savoir-faire et la qualité de leur production. La plupart travaille pour de grandes maisons horlogères. Le mouvement, par exemple, vient de la manufacture suisse La Joux-Perret, reconnue pour la fiabilité et la précision de ses calibres.
On privilégie aussi la proximité dès que c’est possible. L’assemblage, le réglage et les contrôles sont réalisés dans notre atelier horloger à Paris. Et tous nos bracelets sont fabriqués à la main, pièce par pièce, par notre artisan maroquinier, avec la possibilité de les faire ajuster sur mesure.
Ce qui compte pour nous, c’est la cohérence d’ensemble. Une montre bien faite, durable, qui reflète ce qu’on veut défendre.

RS/AP : Où sont réalisés l’entretien et le SAV ?
HS : L’entretien et le SAV sont assurés en France, dans notre atelier à Paris qui connaît parfaitement nos pièces. Toutes nos montres sont garanties 2 ans. Et même au-delà, on reste toujours disponible pour accompagner nos clients, que ce soit pour un réglage, une révision ou autre.

Boanton

RS/AP : La montre Héritage est une édition limitée à 252 pièces qui s’inspire de la légendaire berlinette Alpine A110 et ses exploits en rallye. Pourquoi ce choix ?
HS : Le choix s’est imposé naturellement. C’est un modèle qui a marqué son époque par son design unique et ses performances. Pour nous, elle représente l’essence même de ce que nous voulons transmettre à travers la montre Héritage : l’alliance du beau et du performant, avec un côté iconique et intemporel.

Maison BOANTON Héritage

Les 252 pièces de la série font aussi écho aux 252 chevaux [NDLR : la puissance de la première Alpine A110 nouvelle génération], un clin d’œil subtil à la fois à la voiture et à la collection. C’est notre façon de rendre hommage à cette silhouette légendaire et l’esprit de performance qui l’accompagne.

Alpine A110 au rassemblement pour le 70e anniversaire de la marque Alpine à Dieppe du 30 mai au 1er juin 2025

RS/AP : Pouvez-vous nous expliquer les choix stylistiques retenus pour cette montre ?
HS : Le design de la montre Héritage s’inspire directement du monde du sport automobile, et plus particulièrement de cette icône de l’automobile française.
La carrure évoque les lignes fluides d’une carrosserie en mouvement, avec un boîtier aux formes douces et équilibrées. Le cadran bleu métallisé capte la lumière, un peu comme une peinture fraîchement polie, créant des jeux de lumière uniques. Les aiguilles « racing » rappellent les volants des sportives d’antan, et la lunette godronnée, inspirée des cerclages chromés des phares, ajoute de la profondeur au design du boîtier.

Boanton


Le bracelet en Alcantara, avec ses surpiqûres bleues, fait écho aux sièges Sabelt, tout en offrant un confort exceptionnel. Et une petite surprise se cache sur le cadran avec cette signature lumineuse, on laissera chacun trouver la référence.

Bernard Darniche portant une Maison BOANTON Héritage au rassemblement à Dieppe pour les 70 ans d’Alpine

RS/AP : Vous avez fait le choix d’un mouvement suisse automatique de chez La Joux-Perret, une manufacture suisse réputée. Pourquoi ce choix plutôt qu’un mouvement à quartz qui aurait pu diminuer le tarif de la montre ?
HS : Nous avons choisi le mouvement suisse automatique de la manufacture La Joux-Perret parce qu’il incarne exactement ce que nous recherchons : la fiabilité, la précision et une certaine élégance mécanique. Bien sûr, un mouvement à quartz aurait permis de baisser le prix, mais ce n’était pas en accord avec la vision que nous avions pour cette pièce.

La Joux-Perret G100 - Boanton

Le mouvement fait partie intégrante du design. C’est une belle pièce à admirer. Grâce au fond saphir, la mécanique est visible en mouvement, et cela apporte vraiment quelque chose de spécial à la montre.
Le calibre est décoré en Suisse, avec une masse oscillante ornée de Côtes de Genève, et le nom ainsi que le logo de Maison Boanton gravés en laque noire et tangérine, ajoutant une touche de raffinement supplémentaire à la montre. Nous avons opté pour la version « soignée » du mouvement La Joux-Perret. Chaque calibre est conçu, assemblé et contrôlé à La Chaux-de-Fonds en Suisse, puis réglé dans notre atelier horloger pour garantir une précision de marche optimale.

boanton

RS/AP : Quel sera votre prochaine montre ? Sera t-elle liée à l’automobile ?
HS : Nous avons plusieurs projets en cours qui devraient voir le jour prochainement. Je ne peux pas encore en dire trop, mais ils seront dans la lignée de notre philosophie : allier design, élégance et performance. L’automobile restera une source d’inspiration.

Questions personnelles

RS/AP : Pour revenir à vous, quelles sont vos marques horlogères et/ou montres préférées ?
HS : Avant tout, je recherche des montres avec du caractère, des pièces qui racontent une histoire. Parfois, ce sont des montres spéciales, nées d’une erreur de production et rapidement retirées du marché, mais qui prennent tout leur sens avec le temps. Il y a aussi celles qui surprennent, des modèles qui semblent aller à l’encontre de ce qu’on attend d’une marque, mais qui dégagent une vraie personnalité.

RS/AP : Etes-vous un amateur de voitures classiques ? (quelles sont vos marques et/ou voitures préférées) ?
HS : Certains modèles m’ont toujours fasciné. Ils ont une présence et une beauté qui me touchent profondément. Par exemple, la Citroën DS a un côté visionnaire, presque futuriste pour son époque. Ses lignes avant-gardistes ont même inspiré une partie du travail sur notre premier modèle Ellipse.

Citroën DS (rétromobile 2025)

RS/AP : Quelle est votre « Graal » horloger ?
HS : Difficile d’en choisir un seul, mais s’il fallait en citer un, je dirais le modèle Élégante de FP Journe. C’est une montre à la fois discrète et pleine de caractère, un peu comme l’horlogerie que j’aime.

F.P. Journe Elégante

RS/AP : Et votre « Graal » automobile ?
HS : La magnifique Alpine A110 1600S bien sûr ! Elle incarne tout ce que j’aime dans l’automobile : performance, beauté et histoire.

A suivre : notre essai de la montre Maison Boanton Héritage. Stay tuned !

A propos de l'auteur

Rspirit

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