Le F50 Legacy Tour, un voyage de plusieurs jours à travers les paysages les plus évocateurs d’Italie, n’est pas seulement un road trip. C’est un hommage à l’une des supercars de Ferrari la plus incomprise et la moins appréciées. Construite pour célébrer le 50ème anniversaire de Ferrari en 1995, seuls 349 exemplaires ont été produits.
La Ferrari F50, une voiture mal aimée, mal comprise, et pourtant si mythique. Son design est… discutable, elle semble presque discrète sur la route, si basse, si plate, et pourtant, elle a tellement de présence. Elle est rapide, mais – malheureusement – plutôt silencieuse si on ne la pousse pas dans ses derniers retranchements.
Voir un convoi de 22 exemplaires de Ferrari F50 est vraiment unique. Quelque part entre les collines intemporelles de Toscane et la ville natale de Ferrari, Maranello, la F50 nous a rappelé sa place dans le panthéon des supercars analogiques. La météo a été capricieuse tout au long du voyage, les routes étaient assez difficiles, les opportunités de photos compliquées et les informations rares. Un bon mélange pour un voyage merveilleux.
Dans un monde dominé par la technologie hybride, une transmission électronique et les tableaux de bord numériques, la F50 représente une époque révolue où les supercars étaient équipées d’une boîte de vitesses manuelle à six rapports, d’un V12 atmo de 4,7 litres provenant directement de la Formule 1 et d’une direction assistée… inexistante. La F50 n’a pas d’aides à la conduite, elle n’est que performance brute.
F50 Legacy Tour, de Terme di Saturnia à Porto Santo Stefano
Le voyage a commencé dans la ville thermale de Terme di Saturnia, dans la province de Grosseto. La brume matinale s’accroche aux collines toscanes et le ciel est menaçant. Cependant, les F50 ont fait forte impression, en particulier les quatre exemplaires « Giallo Modena », qui se détachent sur le paysage gris, avec en bonus une seule F50 « Argento Nurburgring » (seulement quatre exemplaires de cette couleur ont été fabriqués). 230 km ont été parcourus pour la première étape du voyage, traçant une boucle sinueuse de Saturnia à Porto Santo Stefano, le long de routes à flanc de falaise avec vue sur la mer Tyrrhénienne.
F50 Legacy Tour, de Porto Santo Stefano à Florence
Le deuxième jour, malgré des nuages persistants, 260 km vont être parcourus, serpentant à travers la région du Chianti, faisant une pause au cœur de Sienne avant d’arriver le soir à Florence. Lorsque le convoi est arrivé sur la place de Sienne à travers ces magnifiques rues étroites, les habitants se penchent aux fenêtres pour filmer le spectacle. Tout le monde est réuni sur la place, enfants, ados, adultes, femmes et hommes, aucune exception !
Sorties des garages de collectionneurs ou des pelouses de concours, c’est un vrai plaisir de les voir sur routes, utilisées comme il se doit. Même à bord d’une F50, les bouchons restent des bouchons.
F50 Legacy Tour, de Florence à Maranello
Le troisième jour du F50 Legacy Tour a sans doute été le plus magique. Parti de Florence à l’aube, le convoi s’est faufilé dans les Apennins, traversant les forêts autour de Cutigliano. Ces routes étroites et sinueuses résonnaient des hauts régimes du V12 Tipo F130B, un moteur dont l’origine remonte directement à la Ferrari 641 F1 de 1990. C’est là que la F50 semblait la plus à l’aise : pas de panneaux publicitaires, pas de foule, juste de la forêt et du bitume (et des photographes), le moteur atmosphérique chantant à travers les collines. C’est ici que la F50 fait sens, une machine de race pure conçue pour offrir ce qui se rapproche le plus d’une expérience de Formule 1 sur la route.
Arrivé à Maranello, direction l’usine Ferrari, lieu sacré pour les tifosis. Pour beaucoup, il s’agissait d’un pèlerinage, d’un retour émotionnel à la maison. La grande finale s’est déroulée sur le circuit de Fiorano, la piste d’essai privée de Ferrari.
Inauguré en 1972, Fiorano est l’endroit où toutes les voitures de route et de course Ferrari ont été affûtées et perfectionnées. Aujourd’hui, il résonnerait de la symphonie des 22 Ferrari F50 qui tournent à l’unisson. Ce n’était pas seulement un rassemblement, c’était un rappel que tous les héritages n’appartiennent pas aux musées. Sur les routes de Toscane, à travers les anciennes villes de Sienne et de Florence, et sur l’asphalte sacré de Fiorano, la F50 a retrouvé sa voix, non pas par le marketing ou la nostalgie, mais par le mouvement.
Elle nous a rappelé que l’héritage ne se construit pas dans des expositions statiques ou des ventes aux enchères, mais qu’il se forge au rythme de la route ouverte, dans le hurlement d’un V12 et dans le sourire silencieux d’un conducteur.
Crédit photos et texte @Quentin Martinez
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