Le Mornay Festival 2023 : Action, Passion et Emotion !

L’édition 2023 du Mornay Festival, la 5ème, mise sur ce qui a fait la force de l’événement lors des années précédentes : un spectacle ininterrompu en piste pour le plus grand plaisir des gentlemen drivers, une ambiance chaleureuse et conviviale qui ravit le public et des rencontres avec des légendes du Sport Auto. Retour en images sur cette belle édition !

Nous voici donc en Creuse sur le Circuit de Mornay. Ce ruban d’asphalte au cœur du domaine du château offre un cadre très bucolique et une belle proximité avec la piste pour le public. Quant au tracé, relativement court mais technique et vallonné, il permet aux pilotes de s’en donner à cœur joie !

100 ans d’automobile en piste !

Tout au long de la journée, les différents plateaux vont se relayer sur le circuit pour des sessions de 15 minutes. Avec une organisation encore peaufinée, les temps morts sont quasi inexistants pour le plus grand bonheur des spectateurs et des pilotes.
Honneur aux anciennes avec comme toujours un beau plateau d’avant-guerre emmené par le Bugatti Club France. Mais c’est une autre française qui nous aura tapé dans l’œil avec cette magnifique Talbot Lago T110 recarrossée à la façon d’une T150C avec ces gardes boues en forme de goutte d’eau.

On fait un bond dans les années ’50 avec un trio de Jaguar. Si leurs présences en piste semblent incongrues de nos jours, à l’époque il s’agissait de véritables voitures de sport !

Nous traversons ensuite l’atlantique pour évoquer les ‘60s. Sous l’impulsion du fidèle Cobra Club de France, le plateau de V8 US a charmé les tympans de tous les spectateurs en bord de piste avec une vingtaine de Cobra, Mustang, Corvette et une belle réplique de GT40.

Un V8 américain que nous retrouvons aussi à l’arrière de cette belle Stuart Taylor F1 67, réplique moderne de la Lotus 49 de Jim Clark.

Retour en Europe pour célébrer les ‘70s avec l’icône Porsche 911 qui bataillait en piste comme en rallye contre les Coupés Bertone d’Alfa Roméo et la berlinette Alpine A110. Poids, puissance et gabarit contenus étaient les maîtres mots en ce temps là pour garantir une agilité hors pair.

Mais ça c’était avant… l’apparition du Turbo dans les ‘80s. Et quels plus beaux exemples de ce phénomène qu’une Porsche 911 3.3l Turbo et une Renault 5 Turbo. Leurs larges hanches ont fait fantasmer toute une génération.

Les ‘90s sont marquées par la domination de Renault en F1 en tant que motoriste. Ainsi est née la Renault Clio Williams en l’honneur de son partenaire d’alors. Certainement l’une des GTI les plus aboutie !

Pour évoquer les années 2000, embarquons dans une rare Lotus Exige S2 Sprint (40 ex.). Sur le siège passager, on fait le plein de sensations entre la « douce » mélodie du compresseur, le barouf de l’échappement et le châssis vif et précis de la Lotus. Sans parler de la tension qui règne dans l’habitacle car même si ce n’est pas une course, Franck, le pilote, n’avait pas envie de perdre !

Partageant une philosophie similaire mais boxant dans la catégorie supérieure, la Porsche 911 (991) GT3 RS avec son flat6 hurlant à près de 9000 tr/min est la reine des circuits dans les années 2010. Un monument !

Petit tour sur le paddock pour conclure cet aperçu des forces en présence avec les plus récentes des Supersportives : Lamborghini Huracan STO et Porsche Cayman GT4 RS !

Hop hop hop, pas si vite. Un petit mot sur le plateau moto, toujours très fourni avec d’anciennes gloires des Grand Prix sous la houlette de l’ancien pilote Eric Saul et l’International Classic Grand Prix. Du 3 cylindres MV Agusta des ‘60s aux dernières Superbike en passant par les ex-motos de GP 500, il y en avait pour tous les goûts !

Renault Classic bien sûr, mais pas que !

Comme chaque année (lire ici), Renault Classic a apporté quelques joyaux de leur collection. Un partenariat important avec le Mornay Festival qui assure aux spectateurs de voir des autos de course mythiques de près et en action. C’est notamment le cas de cette Renault RS10 de Formule 1 avec laquelle Jean-Pierre Jabouille remporta le GP de France sur le circuit de Dijon Prenois. Une première victoire pour le moteur Renault Turbo loin devant le célèbre duel Arnoux/Villeneuve qui se battait âprement pour la 2ème place.

Dans un tout autre domaine, la Renault 21 Superproduction ! Un monstre – 4 roues motrices, 480ch – qui fut champion de France en 1988 aux mains du célèbre Jean Ragnotti.

Les particuliers aussi ont apporté leur pierre à l’édifice comme en témoigne cette Alpine M362 du Club des Formules de France. Avec son moteur Renault, elle a servi à la formation des élèves de l’école de pilotage du Circuit Paul Ricard au début des années 70.

Ainsi, elle est l’aïeule de ces Formule Renault 2.0 de l’école de pilotage du Circuit de Mornay aux livrées emblématiques évoquant les plus grandes équipes de F1, dont Renault évidemment.

Avant même la monoplace, de nombreux pilotes se sont illustrés dans les championnats monotypes de la marque avec les R5 Alpine Coupe ou encore les R5 Turbo Europacup qui courraient en ouverture de certains Grand Prix de F1.

Hommage à Jean-Pierre Jabouille

Alors que le soleil décline et que les sessions sont maintenant terminées, Pierre Petit – le maître des lieux – enfile casque, gants et combinaison avant de se glisser dans le baquet de la Renault Alpine A443 des 24h du Mans 1978. A son volant, Jean-Pierre Jabouille et Patrick Depailler vont mener la course 12h durant… avant d’être contraints à l’abandon sur casse mécanique. C’est l’autre équipage Renault-Alpine ; Didier Pironi et Jean-Pierre Jaussaud ; qui remportera l’épreuve avec une A442B (lire ici).

De retour aux stands, il arrête l’A443 au milieu de la pit-lane envahie par les spectateurs. Légèrement essoufflé par l’effort consenti durant ces quelques tours de démonstration menés bon train, Pierre Petit évoque le regretté Jean-Pierre Jabouille en compagnie de Jean-Pierre Jarier, Alain Serpaggi et Jurgen Barth. Qu’ils aient été coéquipiers, adversaires ou amis, tous saluent – la gorge serrée par l’émotion – la gentillesse et le talent du « Grand Blond ».

Jean-Pierre Jabouille fut un fervent défenseur du moteur Turbo en F1 malgré des débuts compliqués avec cette RS01 dès 1977. Une monoplace sournoisement surnommée « Yellow Tea pot / La théière » par les anglais à cause des panaches de fumées provoqués par les casses à répétition du moteur Renault.

D’ailleurs, c’est toute la carrière de Jean-Pierre Jabouille qui fut intimement liée à Renault de ses débuts en sport auto dans la coupe R8 Gordini en ’66 à l’épopée Turbo en F1 jusqu’en ’80 qui le vit remporter 2 courses. Un très bel hommage, sur ces terres creusoises qui lui étaient chères, quelques mois après sa disparition.

WM P88, 405 km/h aux 24h du Mans !

La présentation de la WM P88 fut un autre moment fort de la soirée. WM était une petite équipe de bénévoles passionnés qui ne pouvait alors plus lutter en performance pure avec les constructeurs engagés en endurance à la fin des années 80. Vint alors l’idée de franchir la barre des 400 km/h aux 24h du Mans ! Fruit d’un intense travail en soufflerie, la ligne profilée à l’extrême de la P88 est entièrement dédiée à cette quête de vitesse maxi, qu’importe la performance sur un tour. Entre autres anecdotes, Vincent Soulignac – pilier de l’aventure WM et concepteur du châssis – évoque les conditions de réalisation de cette performance encore inégalée aujourd’hui devant un public conquis.

C’est ainsi que dans la soirée du samedi 11 Juin 1988, l’équipe WM a la confirmation qu’un nouveau radar enfin capable de mesurer des vitesses supérieures à 400km/h est installé au bout de la ligne droite des Hunaudières. Roger Dorchy, alors au volant de la P88, se vit demander d’augmenter sensiblement la pression du turbo pour quelques tours et atteindre plus de 900 ch. 407 km/h, ramenés à 405 km/h pour faire plaisir à Peugeot – partenaire historique – qui lançait alors la 405. Mission accomplie !

L’émotion est palpable à la fin de cette présentation car Roger Dorchy nous a quitté il y a seulement quelques semaines. La ténacité et l’engagement du propriétaire de cette P88 à finir sa restauration pour lui rendre ses lettres de noblesses n’en sont que plus beaux.

Le Festival … de nuit !

Le samedi soir, les bruits de moteurs laissent place aux riffs endiablés d’un groupe de rock. On profite des dernières lueurs du jour pour déambuler dans les paddocks avant que la nuit tombe enfin et que nous puissions admirer un beau feu d’artifice malgré une forte averse !

Le spectacle se poursuivra le lendemain sur le circuit, mais également sur les routes de la Creuse à la rencontre des habitants avec le traditionnel rallye touristique du dimanche matin.

Cap sur 2024

Maintenant lancé sur des bases solides, souhaitons le meilleur pour les prochaines éditions du Mornay Festival en espérant que de nouveaux clubs / partenaires viennent rejoindre cette belle aventure. L’exposition des œuvres de l’artiste Ian Philip en est un parfait exemple !