C’est du 24 au 26 août 2023 que s’est tenu le 5ème Alsace Rallye Festival, profitant d’une météo plutôt clémente et chaude pour rassembler près de 130 voitures de légende ayant écrit l’Histoire du rallye. Et quoi de mieux que réunir avec ces montures leurs pilotes d’époque ? L’Alsace sait séduire puisque de grands noms du rallye ont répondu présent, tels le Suédois Stig Blomqvist sur Ford Sierra RS 500, le Belge Bruno Thiry sur Audi Quattro S1, ou le Finlandais Mikko Hirvonen sur Ford Focus WRC.
Le rallye Alsace Rallye Festival (lire ici) a la particularité de se passer de chronométrage, cet instrument étant même proscrit dans les voitures engagées. Ce n’est pas une compétition mais une démonstration qui s’est déroulée pendant deux jours sur 282 km de routes, dont 123 réservés aux concurrents, pour y effectuer à leur aise les figures qu’apprécie un public connaisseur qui a répondu présent.
Si le camp de base du Alsace Rallye Festival était installé à Molsheim, plusieurs parcours de démonstration étaient au programme de ce week-end festif.
De quoi voir ces autos de légende, comme cette monstrueuse Audi S1 Pikes Peak de 1986, en action dans les parcours de Balbronn, Klevener ou Blienschwiller/Nothalten.
Les retours dans la zone Ecospace de Molsheim ont offert quelques rond-points pour le plus grand plaisir de pilotes et spectateurs !
Une grande partie du tracé du Alsace Rallye Festival passait au milieu des vignes très feuillues à cette époque, une ambiance délicieuse avec un p’tit gout de Gewurzt’…
Si on parle Rallye, on pense tout de suite à l’Alpine A110 “1ère du nom” (lire notre essai ici).
Mais ce serait une erreur d’oublier la descendance directe avec la très efficace A310…
La Ford Escort, une valeur sûre en rallye quelle que soit la génération, ici une mk2
Ou là une belle mk1 un peu plus arrondie et moins brutale
En parlant de brutal, la Renault 5 Turbo n’est pas du genre facile à se laisser dompter…
Mais quelle beauté avec ses hanches larges !
Les livrées mythiques font remonter immédiatement des souvenirs, comme avec cette Toyota Celica aux couleurs Castrol de la grande époque Carlos Sainz
Tandis que les italiennes restaient plus patriotique en versant du côté Martini, discret sur cette Ferrari 308 de 1978, une des 6 vraies Gr B en ERC 1985, celle-ci pilotée à l’époque par Toivonen.
Ou carrément moins discret comme sur les Lancia Delta Integrale de la fin des 80s
Autre sponsor titre, le pétrolier Esso sur les Peugeot 306 Maxi, ici une vraie de la saison 1994
Autre voiture originale, comprendre vraie d’époque, cette R5 Turbo Cevennes de 1981 et sa déco Rothmans (fumer tuer !)
Même année mais autre ambiance, la Talbot Sunbeam Lotus, une joyeux mélange franco britannique pour une puce bien énervée qui a remporté le championnat du monde constructeur 1981, année du sacre d’un certain Ari Vatanen sur Ford Escort !
La doyenne du plateau, une Ford Mustang de 1965 que l’on a toujours du mal à associer au monde du rallye, et pourtant…
Et à l’autre bout du panel d’autos fantastiques regroupées ce week-end, une Citroën ZX Baja, format compact de la Rallye Raid victorieuse sur les pistes du Dakar et bien d’autres. J’adore 🙂
Mais nul besoin d’une armada usine pour se faire plaisir, la preuve avec cette petite Lancia Fulvia 1.3 HF de 1970.
Si par contre votre diva chante un peu plus haut, c’est avec plaisir ! Ici une magnifique Ferrari Daytona de 1966.
Quelle bestialité…
Revenons un peu sur nos invités prestigieux du week-end ! Le Finlandais Mikko Hirvonen, quatre fois vice-champion du monde derrière Sébastien Loeb et vainqueur des 1000 lacs en 2009 sur Ford Focus WRC, a retrouvé durant le week end la voiture des premiers succès de sa carrière, commencée en 2002 à l’âge de 22 ans : il a ainsi parcouru les routes alsaciennes au volant d’une Ford Focus Rallye de 1999. Le Finlandais était copiloté par l’Irlandais Andy Hayes, l’un des meilleurs amis du regretté pilote Craig Breen disparu ce printemps à 33 ans lors d’un accident, en remplacement de Timo Luthinnen blessé, habitué à rouler à Mikko.
Le triple champion de Belgique et champion d’Europe des rallyes en 2003, Bruno Thiry a ravi les spectateurs au volant d’une Audi Quattro Sport, la reine du WRC avec 23 victoires, dont pas moins de huit répliques, de la gagnante du RAC en 1981 avec Mikkola à celle de Pikes Peak en 1987 avec Röhrl, ont répondu présentes au pays des Bugatti.
Né en 1962, Bruno Thiry commençait alors à se faire remarquer dans les Ardennes au volant d’une Saab 99 puis d’une Opel Kadett avant de remporter deux fois le trophée Citroën et d’être sacré espoir belge en 1988. Dès l’année suivante a débuté son parcours de 72 rallyes en WRC marqué jusqu’en 2003 par 39 temps scratch en spéciales, 5 podiums et un titre européen au volant d’Opel Kadett, Ford Escort Cosworth, Subaru Impreza, Toyota Corolla, Citroën Xsara, Skoda Octavia et Peugeot 206 WRC.
Depuis 2005, il a continué à piloter par plaisir, assurant le rôle d’ouvreur pour Thierry Neuville en WRC, et disputant régulièrement le rallye du Condroz (2ème en 2006 sur 307 WRC) et le Legend Boucles de Spa (victoire en 2010 sur Audi Quattro). Une voiture aux commandes de laquelle il retrouvera vite ses marques sur les routes alsaciennes.
Un peu trop puisque le triangle de suspension avant droit a cassé, arrachant la roue privant la belle allemande de la fin des démonstrations du samedi.
Sur un total de 39 podiums en 32 ans de carrière en WRC, Stig Blomqvist le champion du monde 1984 sur Audi Quattro en a récolté trois sur Ford Sierra RS Cosworth en 1987 et 1988. Artiste de la glisse, le septuple vainqueur du rallye de Suède a mené le bal des Sierra ce week-end dans le vignoble alsacien.
Il y a repris le volant de la Cosworth RS 500, qu’il accomplit l’exploit de « propulser » à la seconde place du RAC rallye 1987 parmi les Lancia Delta HF Integrale de Kankkunen, Alen et Eriksson, et qui a été des plus spectaculaires entre les mains expertes d’un pilote « tous terrains » ayant brillé aussi en rallyecross, courses de côte et circuit.
A cause de, ou plutôt grâce à sa transmission aux roues arrières, la Ford Sierra Cosworth garde une place à part dans le cœur des nostalgiques, qui ont pu aussi admirer celle de Philippe Camandona, victorieuse en 1990 du championnat suisse des rallyes, ainsi que celle du Français Dominique Sibieude.
Quant à la Ford Sierra XR 4 de l’Allemand Peter Lerch, c’est un modèle original à moteur V6 2,3 L poussé à 300 CV. Développée en 1984 spécialement pour disputer le championnat d’Allemagne, elle resta à l’état de prototype suite à l’apparition de la version Cosworth.
Crédit photos @ Matthieu Bourgeois (@thecarspots)
