Salon Époqu’Auto 2025, l’autre vision des voitures de collection
Epoqu'Auto Historique

Salon Époqu’Auto 2025, l’autre vision des voitures de collection

epoqu'auto 2025
Epoqu'Auto 2025

La 46ème édition du salon Époqu’Auto se tiendra du 7 au 9 novembre 2025 à Eurexpo Lyon. Organisé par le Club des Amateurs d’Automobiles Anciennes (les 3A), cet événement est une référence incontournable pour les passionnés de véhicules anciens, youngtimers et de compétition. S’étendant sur 88 000 m², le salon attend plus de 100 000 visiteurs, après un record de 109 000 en 2024. L’édition 2025 présentera plus de 1 500 véhicules, dont 200 motos, exposés par plus de 900 exposants, incluant 200 clubs.

Le programme de cette année est marqué par la célébration de quatre anniversaires majeurs : les 70 ans de la Citroën DS, les 55 ans de Ligier en compétition, les 40 ans du premier titre mondial de la Peugeot 205 Turbo 16 et plusieurs jalons pour Renault : 60 ans des R16 (lire notre essai) et R10, 50 ans de la R30. Onze plateaux thématiques d’une grande richesse sont prévus, avec une exposition inédite et spectaculaire consacrée aux Supercars.

Renault 16 TS 1971
Renault 16 TS 1971 – @Ambroise Brosselin

D’autres expositions mettront en lumière le patrimoine des Sapeurs-Pompiers de Lyon, l’histoire des marques automobiles lyonnaises disparues, les pionniers allemands d’Opel, les énergies alternatives par la Fondation Berliet, et les utilitaires de la Libération de 1945.

La star de l’affiche est… un camion de pompiers de 1923

Le choix du véhicule vedette pour l’affiche d’un salon automobile est toujours stratégique. On s’attend à une supercar iconique ou une voiture de course légendaire. Pourtant, pour 2025, Époqu’Auto a surpris tout le monde en choisissant une Delaunay-Belleville MF6 de 1923.

Son histoire est un roman à elle seule. Produite à seulement six exemplaires, cette automobile était à l’origine une luxueuse « voiture de maître », symbole d’élégance et de rareté. Mais sa destinée a basculé en 1932 lorsqu’elle fut transformée en véhicule d’intervention par les sapeurs-pompiers de Montalieu-Vercieu.

Ce choix audacieux est la première clé de lecture du salon : il célèbre une culture de la « réinvention ». En mettant en lumière une pièce unique, il rend hommage à l’ingéniosité d’une époque capable de transformer le luxe en utilitaire de premier secours et sert d’emblème à l’exposition phare consacrée au Musée des Sapeurs-Pompiers de Lyon.

La DS du Général De Gaulle, renaissance d’une épave présidentielle

Parmi les trésors exposés, une Citroën DS 21 Pallas attire particulièrement l’attention. Mais il ne s’agit pas de n’importe quelle DS. Mise au service du Général de Gaulle du 2 octobre 1965 au 7 novembre 1967, elle fut sa voiture personnelle, celle qu’il utilisait pour ses trajets privés entre l’Élysée et sa résidence de La Boisserie. Contrairement aux véhicules officiels, celle-ci n’était pas blindée.

Après son service présidentiel, la voiture a connu un destin tragique. Vendue, elle est passée de main en main jusqu’à finir dans un état lamentable, la voiture n’était plus qu’une épave.

Son histoire aurait pu s’arrêter là, mais c’était sans compter sur la passion d’un collectionneur qui a entrepris une restauration exceptionnelle. Le souci d’authenticité a été poussé à l’extrême, allant jusqu’à préserver le tissu d’origine des sièges. Cette spectaculaire renaissance réinvente l’objet : d’épave oubliée, la DS redevient un témoin privilégié de l’intimité d’un chef d’État.

Quand la haute couture rencontre le design automobile

L’exposition célébrant les 70 ans de la Citroën DS (lire notre article ici) promet d’être bien plus qu’un simple alignement de modèles. Pour l’occasion, Époqu’Auto a imaginé une fusion audacieuse entre le design automobile et la haute couture, en s’associant avec le créateur lyonnais Nicolas Fafiotte.

André Lefebvre, de la Voisin Laboratoire à la Citroën DS
Citroën DS – @Citroën – Époqu’Auto 2025

Le concept est aussi simple qu’élégant : à chaque teinte emblématique de la DS est associée une robe de soirée d’exception. Cette collaboration donne lieu à des dialogues visuels surprenants :

  • Le « Bleu Nuage » de la DS fait écho à la robe en soie portée par Sylvie Tellier au Festival de Cannes 2018.
  • Le « Jaune Jonquille » se reflète dans le fourreau étincelant créé pour Miss Martinique.
  • L’intense « Bleu Delta » trouve son jumeau chromatique dans la robe portée par Iris Mittenaere, Miss Univers.

Cette mise en scène originale ne se contente pas de célébrer une voiture ; elle rend hommage à l’élégance à la française, là où l’audace d’un ingénieur et la créativité d’un couturier se rejoignent pour ne former qu’une seule et même œuvre.

Des Supercars rares, véhicules d’investissements

Pour la première fois de son histoire, Époqu’Auto dédie un plateau entier aux Supercars au sein du plateau des Youngtimers. En partenariat avec le Coligny Car Museum, le salon rassemble une collection de véhicules dont la rareté et la puissance défient l’imagination. Mais la véritable surprise ne se trouve pas seulement sous le capot.

Grâce à la plateforme « collectionneurs.co », le salon révèle un aspect méconnu de la haute collection, l’investissement : « Les visiteurs auront en effet la possibilité d’investir sous forme de nue-propriété dans certains des véhicules les plus emblématiques exposés au musée ». Concrètement, cela permet d’acheter les « murs » de la voiture – la nue-propriété – tandis que le musée en conserve l’usage, « l’usufruit », pour l’exposer. C’est une manière de devenir copropriétaire d’une œuvre d’art mécanique, un investissement patrimonial habituellement réservé aux initiés.

Bugatti EB110 et Lotus Elise S1
Bugatti EB110 et Lotus Elise S1 – @Bugatti – Époqu’Auto 2025

Pour illustrer l’exclusivité de ce plateau, voici quelques exemples des modèles présentés :

  • Maserati MC12 (2005) : 50 exemplaires produits
  • Bugatti EB110 (lire notre article ici) (1995) : 95 exemplaires produits
  • Gumpert Apollo (2008) : une quarantaine d’exemplaires produits
  • Koenigsegg Agera R (2011-2014) : 18 exemplaires produits
  • Jaguar XJ 220 (1997) : 291 exemplaires produits
  • McLaren Senna (2018) : 499 exemplaires produits
  • Venturi 400 Trophy (1992) : 73 exemplaires produits
  • Porsche Carrera GT (lire notre article ici) (2003-2006) : 1 270 exemplaires produits
  • Ford GT ‘67 Heritage Edition (2018) : 39 exemplaires produits (série limitée)
Porsche Carrera GT - Raphcars
Porsche Carrera GT – @Raphcars

Les trois sagas « Bleu Blanc Rouge »

La compétition automobile a toujours été un formidable laboratoire d’innovations techniques et une fabrique de légendes. Époqu’Auto 2025 met à l’honneur trois sagas françaises qui ont fait vibrer les passionnés et marqué l’histoire du sport automobile par leur audace et leurs succès.

Peugeot 205 Turbo 16, reine des rallyes, 40 ans du premier titre

La Place des Lumières servira d’écrin à un rassemblement exceptionnel de la reine des rallyes de la marque au Lion. Pour la toute première fois, cinq exemplaires authentiques de la Peugeot 205 Turbo 16 Evo 1, Evo 2, Grand Raid, prêtés par L’Aventure Peugeot, seront réunis. Cette présentation rarissime permettra d’admirer l’évolution de ce monstre sacré qui a dominé le Championnat du Monde des Rallyes en 1985 (Timo Salonen) et 1986 (Juha Kankkunen), ainsi que le Paris-Dakar en 1987 (Ari Vatanen) et 1988 (Juha Kankkunen).

Peugeot 205 T16 Evo 1
Peugeot 205 T16 Evo 1 – @Aventure Peugeot – Époqu’Auto 2025

55 ans de Ligier en course

Un hommage vibrant sera rendu dans la Galerie 6 à l’aventure d’un irréductible gaulois de la course automobile, Guy Ligier. Plus de 10 véhicules rares, issus principalement du Conservatoire de la Monoplace de Magny-Cours et des réserves de Ligier Automotive, retraceront la saga de la marque en Formule 1 et en endurance. Chaque modèle porte les initiales « JS », un hommage émouvant de Guy Ligier à son ami Jo Schlesser, disparu en course en 1968 : Ligier JS2 (1973, 1975 et dernière produite), JS27 (1986), JS33 (1989), JS2 R (2018, Formule monotype), P2, P3 et JS F326 (2026, première apparition publique).

Ligier JS2-R – @Ligier

BBM, génie français des années 70

Pour sa 16ème année à Époqu’Auto, Gérard Gamand, éditeur du magazine Autodiva consacré à l’histoire de la course automobile, racontera sur son stand l’histoire de BBM. Constructeur installé à côté d’Amiens, celui-ci a construit une petite cinquantaine de voitures de course, entre 1969 et 1975, essentiellement des protos, même s’il y a eu quelques monoplaces. Porté par Pierre Bertin Boussu, qui dessinait les voitures, BBM a été un constructeur prolifique qui a marqué son passage dans le sport auto par quelques succès marquants.

« Ainsi, il remporte le Challenge Simca en 1972. Il participe également à la Coupe Simca Shell – temps fort du sport proto en France – en 1973 / 1974, et l’emporte en 1974, alors qu’il y avait en face tous les constructeurs français » résume Gérard Gamand.

BBM V12 Lamborghini
BBM V12 Lamborghini – @Autodiva Époqu’Auto 2025

Ces qualités seront présentées à travers dix modèles :

  • BBM C1 V12 Lamborghini (1971) à châssis multitubulaire, moteur V12 (3.990 cc), boîte Hewland FG400 (initialement prévu avec moteur Alfa Romeo pour les 24 Heures du Mans).
  • BBM GM1 (1969) de Bernard Collomb pour les 24 Heures du Mans, moteur Godini 1.296 cc 140 ch, suspensions R8, boîte de vitesses Alpine, poids 500 kg.
  • BBM C2 JRD (1972) de Pascal Moisson pour le Challenge Simca 197, équipée d’un moteur Simca JRD (4 cylindres 2.0 litres Chrysler 180), boîte universelle Hewland FT200.
  • BBM C1 #01 moteur BMW M10 (1971), BBM C2 #10 JRD ex-Guy Dhotel (1973), BBM R2 (1970), BBM RS3 #15 Gordini 1300 et #17 Gordini 1596 (salon voiture de course 1973), BBM X12 #01 Formule Renault Europe (1975), BBM X14 #01 Formule Renault Europe (1976)

Opel, pionnier de l’Industrie Allemande

Une vingtaine de modèles produits entre les années 1930 et 1995 illustreront l’histoire riche et la diversité du constructeur allemand, réputé pour sa fiabilité.

  • Voitures de Compétition : La mythique Manta 400 Groupe B usine de 1982, l’un des trois exemplaires restants au monde, pilotée par Guy Fréquelin, sera la vedette du plateau.
  • Modèles Rares : Un camion Blitz « sortie de grange », véhicule emblématique de la Wehrmacht, ainsi qu’une très rare Limousine Opel Omega 6 portes.
  • Exemples Exposés : Super 6 (1937), Kapitan (1956), GT (1969), Diplomat V8 (1973), Manta A (1975), Monza GSE (1986), Calibra (1994).
Opel Monza GSE
Opel Monza GSE – @Opel

 L’avionneur qui construisait une micro-voiture à trois roues

Au milieu du plateau des microcars, un étrange tricycle attire l’œil : l’Autoscooter Inter. Ce véhicule atypique cache une histoire industrielle pour le moins contre-intuitive. Produit entre 1953 et 1956, il n’est pas l’œuvre d’un petit artisan automobile.

Son constructeur n’est autre que la SNCAN (Société de Construction Aéronautique du Nord), une entreprise plus connue pour ses avions Nordatlas. Après la guerre, dans un effort de diversification, ce géant de l’aéronautique a dû réinventer ses compétences pour répondre à un besoin de mobilité économique.

Autoscooter Inter
Autoscooter Inter – @RM Sotherby’s – Époqu’Auto 2025

Avec seulement 300 exemplaires fabriqués, assemblé et distribué à Villeurbanne, ce tricycle léger, équipé d’un moteur Ydral est reconnaissable à son feu central. L’Autoscooter Inter est aujourd’hui une pièce rarissime. Il témoigne de l’incroyable agilité de l’industrie française d’après-guerre, capable de passer de la construction d’avions de transport à celle de solutions de mobilité simples et accessibles.

Lyon, capitale oubliée de l’automobile française

Si aujourd’hui Paris, Sochaux ou Flins viennent à l’esprit quand on parle de construction automobile en France, il fut un temps où Lyon était un pôle majeur de cette industrie naissante. Entre 1896 et 1947, « plus de cent constructeurs » se sont lancés dans l’aventure au cœur de la capitale des Gaules.

Epoqu’Auto fait revivre cet âge d’or à travers un plateau dédié aux marques lyonnaises disparues. On y redécouvre des noms oubliés mais qui furent des pionniers, comme Audibert & Lavirotte, Rochet Schneider ou encore Philos.

La doyenne du salon, une Vis-à-vis Audibert & Lavirotte de 1898, raconte à elle seule une partie de cette histoire. En 1901, malgré un succès retentissant qui représentait 31% des immatriculations du Rhône, la société fut dissoute. Cet événement permit à un certain Marius Berliet de racheter l’usine de Montplaisir et de lancer l’empire industriel que l’on connaît. Une histoire qui rappelle que les succès de demain se construisent souvent sur les cendres du passé.

Le salon Époqu’Auto 2025 prouve une fois de plus qu’il est bien plus qu’une simple exposition de véhicules anciens. C’est une machine à remonter le temps, un carrefour où se croisent l’histoire industrielle, l’art et les destins personnels. Le fil rouge de cette édition est celui de la réinvention : celle d’une voiture de luxe devenue camion de pompiers, d’une épave présidentielle muée en pièce de musée, ou d’une industrie aéronautique se tournant vers la micro-mobilité. Au-delà de la mécanique, quelle est l’histoire la plus surprenante qu’une voiture ne vous ait jamais racontée ?

Sources CP et crédit photo @Époqu’Auto

A propos de l'auteur

Pierre Henri Brautot (@PH_Brautot)

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