Tour Auto 2018 : Jean-Pierre Lajournade… au départ avec le 201 !
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Tour Auto 2018 : Jean-Pierre Lajournade… au départ avec le 201 !

Tour Auto 2016 - 1er jour Paris - Beaune - Jean-Pierre Lajournade - Joris Clerc
Tour Auto 2016 - 1er jour Paris - Beaune - Jean-Pierre Lajournade - Joris Clerc

Avant de partir pour le Grand Palais, où seront exposées les 250 voitures qui disputerons le Tour Auto 2018, Jean-Pierre Lajournade – l’un des leaders avec Ludovic Caron (AC Cobra) et James Cottingham (Ford GT40) – nous a adressé quelques mots. Avant d’affronter les 10 épreuves chronométrées (entre 10 et 15 km chacune) et les quatre épreuves sur circuit (huit tours de course à chaque fois) entre Paris, Besançon, Megève, Avignon, Aix en Provence et Nice, son moral est au beau fixe, lui qui partira avec le dossard 201 (catégorie reine en Compétition VHC, pour les véhicules d’avant 1965).

Tour Auto 2018 : Jean-Pierre Lajournade - Essais Magny Cours
Tour Auto 2018 : Jean-Pierre Lajournade – Essais Magny Cours

AutomotivPress : “Jean-Pierre, surprise tu pars avec le numéro 201 !?”
Jean-Pierre Lajournade : “Oui, les numéros de course attribués, correspondent au « hit parade » et sont attribués en principe suivant les résultats de l’an dernier. Logiquement le vainqueur de 2017 part avec le numéro 1, qui est le 201 puisqu’il y a les régularités devant et un plateau de voitures moins vites. L’an dernier, nous avons abandonné tout comme Caron en AC Cobra et le vainqueur fut l’équipage Anglais Cottingham/Smith en Ford GT 40. Comme il est de nouveau au départ cette année la logique aurait voulu qu’il ait le numéro 201. Or surprise, à l’édition de la liste des engagés, nous avons le 201, le 202 n’est pas attribué, comme je dis en plaisantant, ils attendaient peut-être Loeb, et Cottingham a le 203.”

AP : “Tu en connais la raison ?”
JPL : “Que s’est-il passé, je n’en sais rien mais il se pourrait que Cottingham ait souhaité ne pas avoir ce numéro 1, pour peut-être ne pas ouvrir la route. En ce qui me concerne, je suis ravi. Nous sortons d’un abandon en 2017 sur casse mécanique et dans ce cas lorsqu’on revient on n’est confiant qu’à moitié, c’est un retour et il faut refaire sa place. 2016 et 2017 nous avions le 201 car vainqueurs des années précédentes et avoir le 201 pour la troisième année successive me fait oublier l’abandon de 2017 (lire ici).”

AP : “Te faire oublier ? Alors que tu as gagné le Tour Auto 3 fois en 2010, 2015 (lire ici) et 2016 (lire ici) ?”
JPL : “Je dis « me fait oublier» car cela touche la psychologie du pilote. Le numéro c’est un peu comme un dossard et c’est dans ce cas le pilote que je suis qui « porte » mon numéro. Bien évidemment dès que la liste est sortie j’ai vite « claironné » à toute l’équipe et comme a dit Vincent (Aubry) : « ça y est on ne va plus le tenir ! ». C’est vrai que de partir en leader ne me gêne pas, bien au contraire. Je tiens la pression et cette position me permet de la mettre à mes petits copains. Après c’est assez bizarre au niveau des numéros suivants, le 204, 205 et 207 ne sont pas attribués, Caron a le 208, pourquoi ? Je ne sais pas. Ensuite il ne faut pas sous-estimer les autres concurrents, on a quatre AC Cobra dont Lynn et Jousset, une Porsche 904 avec Bussolini, deux Lotus Elan avec Favaro et Kohler qui ont fini 2ème et 3ème l’an dernier. Peter Auto nous fait un beau cadeau d’estime en nous donnant le 201 cette année et nous cite dans les favoris pour cette édition.”

Tour Auto 2018 : Jean-Pierre Lajournade - Livraison de la Type E
Tour Auto 2018 : Jean-Pierre Lajournade – Livraison de la Type E

AP : “Peter Auto t’as mis en avant cette année sur les réseaux sociaux, ton avis ?”
JPL : “Ils ont fait un rappel sur Facebook en me citant comme une légende du Tour Auto sur 12 participations, neuf podiums dont 3 victoires. Je n’avais pas fait le compte exact et pour tout dire toute l’équipe non plus, tellement que c’est passé vite, comprenez donc bien que l’on part « gonflés » mais il faut rester sereins et réalistes. Tout d’abord en compétition automobile rien n’est jamais gagné d’avance, il faut que la mécanique tienne, que pilote et copilote ne fassent pas d’erreur et pour ça il faut être serein et oublier l’enjeu. La première victoire c’est de franchir la ligne d’arrivée car sans la franchir pas de victoire.”

AP : “Parlons des forces en présence…”
JPL : “Certains veulent que l’on puisse battre la GT40 de Cottingham/Smiths. Ce n’est pas une loterie et s’ils n’ont pas d’ennuis et s’ils ne font pas d’erreur ils remporteront ce Tour Auto 2018. Si nous sommes deuxième derrière la GT40, ça vaudra une victoire. Que voulez vous, une GT40 est à la base une voiture de course alors qu’une Type E est une voiture de route transformée pour la course, elle (la GT40) fait 200 kg de moins et 150 cv de plus. C’est un peu comme si avec un VTT vous vouliez aller plus vite qu’avec un vélo de course. Pour les plaisantins qui me disent : « Mais pourquoi tu ne prends pas une GT40 ? » et bien c’est un poil au dessus d’un million d’Euros à mettre sur la table et ce n’est pas fini car il en faut une deuxième en pièces détachées dans le camion d’assistance tellement c’est fragile ! Si bien que tous les soirs ils ont 3 heures d’assistance autorisées alors nous que 2 heures. On aurait 3 h que ça changerait rien. Bref on ne joue pas dans la même cour.”

Tour Auto 2018 : Jean-Pierre Lajournade - Moteur prêt au départ
Tour Auto 2018 : Jean-Pierre Lajournade – Moteur prêt au départ

AP : “La Ford GT40 est elle dans le bon plateau ?”
JPL : “A vrai dire Peter Auto avait classé les GT40 de 1965 dans le plateau 5 et ce n’est que depuis 3 ans qu’il les a réintégrées en plateau 4. La GT40 étant une voiture mythique, la voir gagner le Tour Auto n’est pas pour déplaire à l’organisateur. Il n’y en a qu’une d’engagée car vu le prix de l’auto on peut comprendre que les candidats ne sont pas nombreux. Après pour le podium, on va se battre de façon certaine avec Caron et sa Cobra mais aussi avec d’autres peut-être comme Jousset, Favaro, Kohler, Bussolini et compagnie… Notre force c’est aussi ce qui peut paraître comme une faiblesse de l’extérieur.”

AP : “Le Tour Auto s’est beaucoup professionnalisé, quand on voit le parc d’assistance, ce n’est pas ton cas ?”
JPL : “Une petite équipe avec un seul véhicule d’assistance alors que les autres sont en structure avec plusieurs voitures dans le même team des camions à droite et à gauche, ils sont avec des prestataires de service nous on est entre copains ce qui change parfois bien des choses. Mais sous des apparences modestes on cache notre jeu car mes copains Dominique et Jacky sont des mécaniciens de F1 (Renault F1)… Petite équipe, grosses compétences vaut mieux que le contraire. Nous sommes la même équipe depuis le premier Tour Auto sauf Christophe qui nous a rejoint il y a 6 ans. Autant dire que l’on se connaît bien puisqu’on est des copains avant tout… Et puis tous ceux qui œuvrent autour qui n’ont aucune retenue.”

Tour Auto 2018 : Jean-Pierre Lajournade - Jaguar Type E
Tour Auto 2018 : Jean-Pierre Lajournade – Jaguar Type E

AP : “As tu un anecdocte à nous confier ?”
JPL : “Je vous en livre une « croustillante » qui va lui faire plaisir. Vendredi dernier je ramène la voiture de chez Dominique (Etampes) vers chez moi (Aulnay sous Bois), la voiture est finie. En arrivant au pont de Nogent de peur que ça chauffe je coupe le moteur, lorsque je repars je m’aperçois que le treep master (appareil qui permet au copilote de suivre le road book grâce aux distances qui s’affichent, compteur hectométrique et kilométrique très précis) se remet à zéro lorsque le contact est coupé. C’est impossible de partir ainsi car Christophe (Bouchet) ne pourrait pas suivre son road book sur la route et l’erreur de direction certaine. J’appelle Patrick (Electro Radia à Thouars) et il n’y qu’une solution, c’est lui qui connaît le câblage et lui seul peut intervenir. Et bien quelle a été la solution ? Lundi soir Patrick a fermé son atelier à 18 heures, il avait préparé son fourgon avec tout le nécessaire dedans. En route pour Aulnay (370 km soit 4 heures de route) à 22 heures il était à la maison, une petit repas vite fait et au lit, le mardi matin à 7h30 on était dans le sous-sol et à 11 heures tout était rentré dans l’ordre. Du coup on a tout vérifié une nouvelle fois, tout fonctionnait, ventilateur, éclairage, moteur. Il est remonté dans son fourgon, tout heureux et souriant, et direction Thouars, de nouveau 370 km et 4 heures… Toute l’équipe que j’ai autour de moi est à cette image. Avec Christophe à mes côtés en tant que copilote, Dominique et Jacky comme mécaniciens et Vincent au volant du Viano d’assistance en rôle de team manager, c’est la même équipe qui est au départ. Mais il ne faut pas oublier tous ceux qui oeuvrent avec nous : Cyrille, Gilles, Jean Louis, Nico, Sébastien, Claude.”

Credit photos @ JP. Lajournade et Joris Clerc

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