Nous avons interviewé l’un des favoris du Tour Auto 2022, qui débute dans quelques jours. Jean-Pierre Lajournade, triple vainqueur (2010, 2015, 2016), revient sur son abandon mécanique de l’année dernière. Il nous détaille la concurrence en catégorie compétition, de cette 31ème édition.
AutomotivPress : Jean-Pierre, peux tu nous expliquer les circonstance de ton abandon l’année dernière ?
Jean-Pierre Lajournade : Le Tour Auto 2021 s’est achevé avant même la première épreuve, puisque nous avons perdu la vis de moyeu de la roue arrière gauche. La suspicion que nous avions s’est confirmée. A l’intersaison 2020/2021 suite au remontage du moteur, boite, pont révisés, l’ensemble a dû bouger de quelques millimètres et suffisamment pour que le pont tape la barre anti-roulis arrière et provoque de grosses vibrations, ayant un effet de résonance. Nous avons donc déplacé les points d’ancrage de la barre anti-roulis afin de l’éloigner du pont.
AP : Quel est le point de la réglementation qui a évolué pour cette 31ème édition ?
JPL : Peter Auto nous impose le montage d’un boîtier électronique visant à limiter le régime moteur à 7000 tours/minute, mesure qui était déjà imposé aux concurrents en AC Cobra. Ce n’est pas catastrophique en performances car nous avons un couple moteur maximum à 6500 tours, par contre nous montons jusqu’à 7000 tours parfois pour éviter de changer une vitesse. Le fait que le boîtier soit réglé sur une coupure à 7000 tours fait qu’à partir de 6500 tours ça commence à couper. D’un autre côté ça évite les surrégimes et ça protège le moteur. Le montage de ce boîtier impose de revoir tout le faisceau d’allumage.
AP : Peux tu nous présenter l’édition 2022 du Tour Auto ?
JPL : Nous partons du Pavillon 6 de la Porte de Versailles pour 5 étapes, respectivement à La Baule, Limoges, Bordeaux, Pau pour une arrivée à Andorre. Dans ce périple de 2000 km routier nous aurons à disputer, au fil des journées, 11 épreuves spéciales chronométrées sur routes fermées à la circulation et 3 épreuves sur circuit. Nous sommes en compétition et la règle est assez simple, les temps se cumulent.
Par exemple sur chaque circuit nous faisons 8 tours. Si nous les faisons en 2 mn au tour cela fait 16 minutes. Les épreuves spéciales sur route fermée font entre 8 et 15 km. Si par exemple nous faisons un chrono de 9 minutes et 30 secondes au cumul de l’étape le temps total sera de 25 minutes et 30 secondes (16+9,30) et ainsi de suite pendant les 5 jours. Le vainqueur est celui qui a le temps total cumulé le plus faible.
La bataille est serrée. En 2020 nous avons terminé 2eme avec 11 secondes de retard sur le vainqueur. Autant dire que toute erreur même bénigne est rédhibitoire.
AP : La catégorie compétition débute à partir du numéro 151 jusqu’au 250. Pour les novices, peux-tu expliquer les spécificités des plateaux compétition 3 et 4 ?
JPL : C’est au sein de ces deux plateaux que la victoire finale se joue, le règlement impose que le vainqueur du Tour Auto soit une voiture d’avant 1965. Le plateau 3 (N°150 à 200) est constitué de voitures de moindre cylindrée et donc ne peuvent, de par leurs performances, prétendre à la victoire. Le plateau 4 (N°201 à 250) est donc celui dans lequel figurent les prétendants à la victoire, dans lequel nous sommes inscrits.
Il y a aussi les voitures portant les numéros 251 à 296, qui sont les plus récentes (1966 à 1980). Elles sont en plateau 5 et font l’objet d’un classement à part appelé G/H/I.
AP : Comment se fait l’attribution des numéros des concurrents ?
JPL : L’attribution des numéros est faite par Peter Auto en fonction de différents critères. En premier le vainqueur de l’année précédente se voit attribuer le numéro 201.
Ensuite divers critères sont pris en compte comme la suite du podium, les résultats antérieurs, la notoriété… Certains préparateurs qui s’occupent de plusieurs voitures veulent les avoir côte à côte le soir dans le parc d’assistance pour des questions pratique et donc leurs numéros se suivent. Le n°202 – et c’est une petite surprise – nous a été attribué.
AP : Quels seront tes adversaires en plateau 4 ?
JPL : Le vainqueur de l’an dernier Christophe Van Riet en AC Cobra n’est pas au départ par contre son AC Cobra y est, avec au volant Thierry Boutsen (ex pilote de Formule 1). Christophe Van Riet est belge, comme Thierry, et dirige le garage Gipi Motor qui vend et prépare des voitures de compétition. Thierry était les deux années passées en Porsche 2 Litres dans le plateau 3. Il a le numéro 218 et va partir 16 minutes après nous, Christophe Bouchet mon co-pilote et moi, avec le 202.
Le deuxième de l’an dernier, Sébastien Berchon en Jaguar Type E est préparé chez Classic Garage et ils ont deux autres autos, Serge Cozzolino en Jaguar Type E et Joachim Von Finckenstein en Lotus Elan. Ils ont les 205/206/207. Le 203 est l’Anglais Ben Gill en AC Cobra, il avait détruit son auto en 2019 et revient cette année. Le 204 est l’Anglais Nigel Amstrong. Raphael Favaro, triple vainqueur comme moi (deux fois en Lotus Elan, une fois en Jaguar Type E ) revient cette année avec sa Lotus Elan et un nouveau copilote Toma De Saulieu. Il a le numéro 211 alors que Bussolini en Porsche 904 a le 209. Damien Kohler en AC Cobra a le numéro 212 et qui est aussi un candidat à la victoire. Ensuite on trouve une autre AC Cobra assez dangereuse aux mains de Frédéric Jousset avec le numéro 223 et Jean Marc Merlin en Jaguar Type E avec le 222 . Ils sont aussi chez le même préparateur Equipe Europe.
Au final les prétendants à la victoire sont éparpillés dans les 25 premiers numéros. Nous – car nous sommes une équipe soutenue par Carene Assurances et Motul – faisons donc partie, dans la liste, de la dizaine des vainqueurs potentiels.
Credit photos @ Joris Clerc
