Le retour de Julie Wood, californienne et rebelle, était attendu. Quarante-cinq ans après le dernier album de Jean Graton, la jeune motarde américaine au tempérament bien trempée réapparait dans de nouvelles aventures, à l’instar de Michel Vaillant, dans une nouvelle saison 2. Ce premier tome, « Mortel Rodéo », est un reboot complet reprenant la série à ses débuts, tout en la transposant de nos jours. Julie est une jeune femme moderne et connectée aux réseaux sociaux afin de promouvoir sa carrière de pilote. Mais tout n’est pas si rose dans la vie, notamment dans son entourage…
En avril 1976 lorsque sort « Une fille nommée Julie Wood », la nouvelle héroïne de Jean Graton n’a que seize ans. Julie, orpheline, et ses deux frères, Phil et Indy (surnommé ainsi pour son rêve de gagner les 500 miles d’Indianapolis) sont élevés par leur oncle Chris. La passion de Julie, c’est la moto. Sa volonté de fer lui permettra de connaître un brillant début de carrière en sport moto, à l’image de Michel Vaillant en sport auto. Elle partage avec lui les même points communs : opiniâtreté et éclectisme dans ses choix, vitesse et endurance en course. Elle n’a peur de rien : ni des coups tordus de ses concurrents, ni du machisme du milieu de la moto, auquel elle va imposer sa détermination et sa rage de vaincre.
Après 8 albums, la série s’arrête en 1980, Jean Graton préférant – par manque de temps – se concentrer sur les aventures de Michel Vaillant. Pourtant, le contrat est rempli : créer une nouvelle héroïne féminine et quitter le monde de l’auto pour celui de la moto. Mais Julie Wood n’est pas effacée pour autant. Elle apparait dans certains albums de Michel Vaillant : « Paris-Dakar » (tome 42, 1984), elle y tombe amoureuse de Steve Warson, « Steve et Julie » (tome 44, 1984), sa romance prend de tours dramatiques, « La piste de jade » (tome 57, 1994), elle est l’un des personnages principaux de l’histoire et s’affiche en couverture.
Au cinéma, le personnage de Julie Wood est interprété par Diane Kruger, en 2003, dans le film de Louis-Pascal Couvelaire dont le scénario est signé Luc Besson, « Michel Vaillant » : compagne du pilote David Dougherty décédé au cours d’un rallye, elle participe aux 24 Heures du Mans sur Vaillante, en remplacement de son mari.
Pour cette saison 2, l’équipe fait table rase du passé et repart à zéro. C’est un « reboot » : « La jeune Julie Wood vit avec ses deux frères, Indy et Phil, chez leur oncle Chris, garagiste les ayant recueillis depuis la mort de leurs parents. Addict au Flat Track – discipline de moto cross par laquelle elle espère percer sur les circuits pro – Julie traîne avec ses potes motards, mais aussi sur les réseaux sociaux, où elle poste des vidéos à l’adresse de sa communauté. Mais ce quotidien plein de rêves et de runs se trouve soudain chahuté par la visite de deux policiers. Car un certain Mason Green, motard assassiné au cours d’un rodéo urbain à Los Angeles, avait sur son portable un étrange message, où il était question de la famille Wood. Peut-être de quoi éclairer la disparition des parents de Julie sous un jour nouveau… »
Les auteurs transposent les débuts de la série à notre époque actuelle. Tous les codes originels sont respectés : Julie Wood vient d’atteindre sa majorité, son entourage familial de substitution, la disparition de ses parents, les non-dits d’un secret de famille. Cette saison 2 est construite comme une série TV, le premier épisode appelant le second et ainsi de suite pour maintenir le suspens… addictif.
Si au premier plan c’est le monde de la moto qui est présenté, de la compétition aux bikers, le scénariste Philippe Pelaez dresse un polar à l’américaine solide, avec ces zones d’ombres où agissent tueurs, mafias, flics menant à différentes pistes. Les dessins de Claudio Stassi sont clairs, dus à leurs couleurs lumineuses et pop, comme celles de la Californie.
Peu importe si vous n’êtes pas spécialiste, comme nous, de la moto et de son univers. Tout est compréhensible pour le lecteur néophyte. Aussi précises qu’instructives, les techniques de pilotage sont nombreuses, signes qu’il s’agit bien du studio Graton, auteur de Michel Vaillant, à la direction de ce projet aussi original qu’unique. Car une jeune femme motarde en BD, c’est toujours aussi rare aujourd’hui.
Sources CP Graton, Instagram Julie Wood, crédit photos Graton et EuropaCorp