Icône intemporelle de la bande dessinée, Michel Vaillant a fait rugir ses moteurs dans l’imaginaire de millions de passionnés. De son côté, Angoulême, avec son tracé d’un autre temps, s’est imposée comme un monument du sport automobile français. Entre ce héros de papier et cette ville de pierre, la relation est bien plus profonde qu’il n’y paraît. C’est un lien indéfectible, une Histoire de Piste et de Passion.
Historique, passionnée et singulière, cette relation connaît aujourd’hui un renouveau spectaculaire qui unit à nouveau la fiction et la réalité. Cette histoire, de l’album culte de 1988 « Le Défit des remparts », tome 50 saison 1, au lancement de ce nouvel opus de la saison 2 « Remparts », permet de comprendre pourquoi Angoulême est bien plus qu’un simple décor pour Michel Vaillant.
Naissance d’une légende : le premier virage à Angoulême
La première connexion entre la saga et la ville remonte à 1986. C’est à cette date que l’auteur, Jean Graton, subjugué par le Circuit des Remparts, décide d’en faire le théâtre d’une nouvelle aventure pour son héros. Cette décision donne naissance en 1988 à l’album « Le Défi des remparts », une œuvre marquante à plus d’un titre. Non seulement il s’agissait de la 50ème aventure du pilote Michel Vaillant, mais toute l’intrigue se déroulait sur le tracé intra-muros de la cité charentaise, un hommage vibrant à cette course unique.
Pourtant, comme le souligne Jean-Louis Dauger, directeur de la marque Michel Vaillant, cette histoire cachait un paradoxe illustrant une connexion purement automobile plutôt que bédéphile : « Il y a une relation double entre Jean Graton et Angoulême. D’un côté il y a une relation somme toute assez distante avec le célèbre festival de la BD d’Angoulême où, paradoxalement, Jean Graton n’a jamais été invité […]. Mais il y aussi surtout, de l’autre côté, une relation forte avec le circuit des remparts. »
Renouveau parallèle : quand deux destins se rejoignent
Le retour de Michel Vaillant à Angoulême n’est pas un hasard. Il est le fruit de ce que Jean-Louis Dauger décrit comme des « chemins parallèles » qui finissent par se rejoindre. D’un côté, l’univers de la bande dessinée connaissait une relance majeure depuis 2012 avec une nouvelle équipe créative ; de l’autre, le circuit historique renaissait de ses cendres redevenant une référence de la compétition VHC (Véhicules Historiques de Compétition) dès 2017.
Avec le nouvel album, ces deux chemins parallèles ont finalement fusionné en une seule ligne droite, propulsant la bande dessinée et le circuit vers un avenir commun.
« Remparts » : la Révolution Vaillante
Avec « Remparts » (tome 14 de la nouvelle saison), la fiction ne se contente pas de revenir à Angoulême ; elle y orchestre une révolution stratégique qui fait écho aux plus grands défis de l’industrie automobile contemporaine. Car depuis 1957, la saga a toujours collé à son époque en adoptant une approche la plus réaliste possible. Ce nouvel opus en est la plus pure expression.
La marque Vaillante est en pleine évolution et mutation stratégique. Le principal enjeu narratif de l’album peut se résumer ainsi :
- Un contexte de crise : la marque Vaillante fait face à des actions nuisant gravement à sa réputation, des ventes en berne et doit impérativement se réinventer pour survivre.
- Une nouvelle direction : Françoise Vaillante-Latour, épouse de Michel, est désormais à la tête de l’entreprise. C’est à elle que revient la lourde tâche de prendre des décisions stratégiques cruciales et difficiles pour ses équipes.
- Une réponse moderne : sa stratégie repose sur le lancement de deux nouveaux modèles conçus pour relancer la marque et s’adapter au marché contemporain.
Ces deux nouveaux véhicules, symboles du renouveau de Vaillante, sont nés du coup de crayon de véritables designers de l’industrie :
- La Vaillante Jonquière : Un SUV familial, sexy et sportif, dont la filiation stylistique avec le Ferrari Purosangue est assumée. Son nom est un clin d’œil direct à la demeure familiale des Vaillant, ancrant le modèle dans l’histoire de la saga.
- La Vaillante Françoise : Une réinterprétation néo-rétro d’un cabriolet iconique de 1974, apparu dans l’album « Des filles et des moteurs ». Pour son cinquantenaire, elle reprend des éléments forts de l’original, comme sa « bulle » vitrée et son arceau central façon Targa, tout en incarnant l’héritage de la marque remis au goût du jour.
Pour garantir ce réalisme, la conception a été confiée à de vrais designers qui ont pris sur leur temps libre, sans contrat pour ce travail avec la marque qui les emploie : Thierry Métroz (Directeur du Design de DS Automobiles) et Romain Saquet (designer chez DS Automobiles). Une collaboration facilitée par l’amitié de longue date entre Jean-Louis Dauger et Thierry Métroz, qui avaient déjà travaillé ensemble chez Renault. Ce n’est d’ailleurs pas une première : la Vaillante Monthléry avait déjà été dessinée par Ugo Spagnolo, un autre talent de l’équipe de Métroz. Preuve d’un engagement continu à marier fiction et expertise industrielle.
Le détail ultime de cette stratégie de marque ? Les trois voitures conçues sous la direction de Thierry Métroz — la Montlhéry bleue apparue dans l’album « Cannonball », la Jonquière rouge et la Françoise blanche — reprennent les couleurs du fameux logo Vaillante. Un hommage subtil et brillant.
Angoulême : scène réelle pour un lancement fictif
La sortie de l’album « Remparts » est intimement liée à la 53ème édition du Circuit des Remparts (du 19 au 21 septembre 2025). L’événement se transforme ainsi en une célébration grandeur nature de l’univers Vaillant, une fusion unique où l’encre et l’asphalte se rencontrent. L’ampleur de cette collaboration est visible à travers une multitude d’initiatives :
- Vente en avant-première : l’album sera disponible lors de l’événement, avant sa sortie nationale officielle le 26 septembre 2025.
- Affiche officielle : l’affiche de la 53ème édition est conçue par Marc Bourgne, l’un des dessinateurs de la bande dessinée.
- Présence des artistes : les dessinateurs Marc Bourgne et Eillam (nouveau dessinateur pour les décors et les voitures) seront présents pour des séances de dédicaces.
- Expositions dédiées : une exposition Vaillante sera installée sur la place Guillon, tandis qu’une autre, consacrée aux voitures des albums, sera visible dans le centre-ville.
- Présence de voitures « réelles » : huit exemplaires de la « Vaillante Grand Défi », produite sur la base d’une Barquette Hommell, seront exposés dans le paddock.
- Un clin d’œil ultime : Jean-Marc Laffont, président de l’évènement « Circuit des Remparts », est lui-même immortalisé dans l’album, incarnant la fusion parfaite entre les organisateurs et le monde de fiction qu’ils accueillent.
Plus qu’un décor, un partenaire
Pour la saga Michel Vaillant (lire ici), Angoulême n’est pas une simple toile de fond pittoresque. La ville et son circuit sont un véritable partenaire historique, un symbole de passion partagée et, aujourd’hui, de renaissance mutuelle. Le nouvel album « Remparts » ; scénario rythmé et excellents rendus des dessins/coloris ; est à la fois un hommage vibrant à ce lien forgé il y a plus de trente ans et la preuve éclatante de sa vitalité renouvelée. Cette collaboration unique entre une œuvre de fiction et un événement réel continue d’écrire une page fascinante de l’histoire, pour le plus grand plaisir des passionnés de bande dessinée et de sport automobile.
Crédit photos @Graton, Éditions Dupuis, Sylvain Bonato
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