Avec une saison 2017 marquée par le retour de Toyota en rallye, l’invitation de Toyota France au Rally Italia Sardegna avait été reçue avec une grande joie chez AutomotivPress l’an dernier. Je n’avais qu’une envie pour 2018, repartir sur les spéciales du WRC, et si possible toujours aux côtés de Toyota.
C’est ainsi qu’en 2018, nous avons eu l’occasion de nous immerger à deux reprises au sein du team Toyota Gazoo Racing. Tout d’abord au mois d’avril en Corse, pour la manche française du championnat du monde des rallyes, mais aussi en Espagne au début de l’automne. Retour sur deux séjours aux côtés de Tommi Mäkinen et de ses équipes !
– Tour de Corse WRC 2018 –
Revenons premièrement sur les équipages de cette saison 2018, Juho Hänninen a cédé sa place à Ott Tänak alors que Jari Mari Latvala et Esapekka Lappi rempilent pour une nouvelle année au sein du team Gazoo Racing. Bien que l’estonien commence à prendre ses marques à bord de la Yaris WRC avec laquelle il évolue depuis quelques mois, il n’a pas encore su grimper plus haut que la seconde marche du podium cette saison.
Au volant de Toyota Yaris GRMN, notre première journée sur place nous a permis de découvrir quelques unes des spéciales empruntées par les pilotes, dont une portion de la mythique épreuve La Porta. Dans l’après midi, Denis Giraudet nous emmène dans le Cap Corse, région de nouveau inscrite au parcours du rallye après avoir été éloignée depuis 1995 et la victoire de Auriol et Giraudet à bord d’une Toyota Celica GT-Four.
Pour nous, le Tour de Corse 2018 a débuté dans l’ES2 au niveau du village de Pont di Castirla où nous attendons les voitures à la fin de l’épreuve, l’occasion de prendre la température et de découvrir les voitures avant de se placer sur l’ES3 dès le début d’après-midi. Cette 3ème spéciale de 49.03 kilomètres est bouclée en un peu plus de 30 minutes par les pilotes, une épreuve exigeante où les Toyota s’approprient les 4ème, 5ème et 8ème place. A la fin de cette première journée, elles pointent au pied du podium.
Deuxième journée du rallye, nous rejoignons l’ES7 (Novella) dans laquelle les Yaris vont s’appliquer à faire 3 des 4 meilleurs temps avec, en prime, un scratch pour Ott Tänak. Il se rapproche dangereusement du podium derrière Neuville et Meeke, mais encore loin d’Ogier qui a bien consolidé son avance. En début d’après midi, direction le Cap Corse, pour assister à la 8ème épreuve Cagnano-Pino-Canari. C’est Esapekka Lappi qui s’impose alors que son homologue Tänak signe le 5ème temps. Malheureusement Jari-Mati Latvala finira posé dans un fossé et clôturera son rallye sur cette portion, les dégâts sur sa voiture étant trop importants pour être réparés d’ici le lendemain. Ses collègues signeront quand à eux le meilleur temps (à égalité) dans la dernière spéciale du jour (Novella), finissant la journée à la deuxième et quatrième place !
Dernier jour du rallye et direction l’autre côté de l’île. Les pilotes attaque par la spéciale la plus longue de cette édition 2018 : une épreuve de 55.17 kilomètres particulièrement exigeante. Ott Tänak signera encore une fois le meilleur temps, confortant sa seconde place au classement, alors que Lappi commettra sa première erreur du week-end menant à une crevaison sur sa Yaris et l’éloignant du podium final. Après cette première portion, le trio gagnant semble déjà tout trouvé avec Ogier 30 secondes devant Tänak, suivi de Neuville 13 secondes derrière. Venons en maintenant à la Power Stage, dernière épreuve de cette manche Corse. Auteur de 3 scratch ce week end, Lappi vient encore décrocher la première place de l’épreuve du Pénitencier de Coti-Chiavari qui aurait pu le mener sur le podium sans sa crevaison matinale. Tänak, lui, consolidera sa seconde place sur le podium devant un Neuville en difficulté sur cette dernière spéciale.
Toujours pas de victoire pour Toyota en 2018, mais on peut toutefois conclure ce rallye en mettant en avant les qualités des Yaris WRC qui ont signé 6 scratch lors des 12 épreuves du week end. Il faut toutefois relativiser en se disant que Tänak continue de s’adapter à la voiture et que Lappi n’en est qu’à son 11ème rallye en WRC (après quelques années passées en WRC 2 chez Skoda). Latvala quant à lui signe la mauvaise opération du week end avec un abandon, faisant suite à un sortie de route.
– Rally RACC WRC 2018 –
La Rallye d’Espagne se tient depuis quelques années sur la Costa Daurada, au sud de Barcelone, dans la région de Salou. Cette deuxième invitation de Toyota en 2018 nous permettra de voir l’évolution des pilotes et de la voiture au cours de cette saison 2018, en particulier celle d’Ott Tänak qui a signé au cours de l’été les 4 premières victoires de Toyota cette année (Argentine, Finlande, Allemagne et Turquie) !
Pour notre première journée sous le soleil automnale de l’Espagne, direction le Service Park pour échanger avec les pilotes Toyota sur leurs attentes vis-à-vis de ce rallye, mais aussi à propos de leurs sentiments concernant les évolutions de la voiture au cours de l’été.
Le lendemain, levé aux aurores pour assister au Shakedown à Salou, nous profitons du spectacle avant de rejoindre le Service Park où Tommi Mäkinen nous attend pour discuter de la saison en cours, des nouveaux bâtiments en Estonie mais aussi des évolutions et du développement de la voiture en Finlande. Après une balade sur les ES catalanes à bord de Yaris GRMN (encore !), notre route nous guidera jusqu’à l’ES1 dans le centre ville de Barcelone, une épreuve pour faire le show, mais surtout pour faire plaisir au public !
Vendredi, première véritable journée sur le rallye, nous nous envolons pour la 3ème épreuve du rallye, Pessels, une spéciale sur terre. Alors que je me place de manière à obtenir de superbes images, mon appareil se met en erreur et le miroir se bloque (impossible pour moi de faire la moindre image). Je profiterais donc de ce début de matinée pour prendre des douches poussiéreuses et pour profiter du spectacle sans avoir l’oeil dans l’objectif. Latvala et Tänak y signent les deux meilleurs temps, montrant d’emblée leur volonté de podium sur cette manche du WRC. Heureusement pour moi, j’arriverais à faire de nouveau fonctionner mon appareil pour la dernière épreuve de la matinée (La Fatarella – Vilalba) afin de photographier l’épingle dans laquelle Toyota Gazoo Racing avait installé une hospitalité. Le terrain est mixte, mêlant asphalte et terre, la spéciale est longue de près de 40 kilomètres, et malheureusement pour Latvala, une crevaison le prive de victoire à 10 km de l’arrivée. Tänak consolide lui sa place de leader, tandis que Lappi connait lui quelques soucis de freinage. Après un rapide passage au Service Park pour observer l’étendue des dégâts sur la voiture de Latvala, nous reprenons la route vers l’ES6 au milieu des éoliennes. Les Toyota se suivent dans l’ordre de passage ce qui ne me permet pas de varier les prises de vues, mais cela n’empêchera pas Latvala de signer le scratch et Tänak de prendre la seconde place !
Avec Tänak en tête et Latvala en 5ème position (malgré sa crevaison de la veille), le samedi s’annonce sous une météo capricieuse, mêlant pluie et boue sur les routes. Nous rejoignons en hélicoptère la tente TGR installée au bord de l’ES10 pour assister au passage des voitures dans un long virage gauche. L’ordre de passage me permet aujourd’hui de me déplacer aisément entre les voitures afin d’avoir des images des Yaris WRC vues d’angles différents. Cette spéciale se soldera par deux meilleurs temps pour Latvala et Lappi, mais surtout par une crevaison de Tänak à mi-spéciale, le sort s’abat définitivement sur les Toyota ! En début d’après midi, nous rejoignons l’ES12 avant de rallier Salou pour assister à la 14ème épreuve, celle se déroulant le long de la plage. En fin de journée, Latvala s’approprie la première place du classement provisoire alors que ses compatriotes se hissent difficilement aux 7ème et 8ème rang.
La dernière journée de ce rallye sera marquée par la remontée fulgurante de Sebastien Loeb qui, grâce à son choix de pneumatiques, passera devant Latvala et Ogier dès la première portion du jour. Le pilote finlandais consolidera sa deuxième place au cours de l’ES16, mais connaitra de nouveau une crevaison lors de l’ES17, ce qui le fera chuter au 6ème rang, juste devant Tänak et Lappi. C’est dans la Power Stage que l’estonien s’illustrera en signant le scratch, résultat qui ne changera guère le positionnement des Toyota au classement. Alors que vendredi, les chances de Toyota de remporter ce rallye semblaient grandes, 3 crevaisons et des problèmes de freins auront réduit à néant les possibilités de podium des Toyota sur ce rallye. Quand le sort s’acharne …
Toutefois, après la victoire de Jari-Mati Latvala en Australie, Toyota signe donc son 4ème titre en championnat du monde de rallyes. Revenu en 2017, après 18 ans d’absence, Toyota Gazoo Racing a su montrer que la Yaris WRC était capable de belles prouesses en seulement 2 saisons ! Au terme du Rallye d’Australie, Tommi Mäkinen a tenu à rappeler « Nous avons débuté ce projet il y a trois ans et demi et nous nous sommes développés bien plus vite que ce que j’imaginais. L’an dernier nous étions là pour apprendre et réunir des données. Sur la deuxième partie de cette saison nous avons été capables de trouver beaucoup d’améliorations pour la voiture. C’est le résultat d’un énorme effort de tout le monde dans l’équipe et je suis sûr que ce succès va encore plus nous motiver pour continuer à nous améliorer en 2019. »
L’équipe d’AutomotivPress souhaite remercier vivement Toyota France et Toyota Gazoo Racing de nous avoir permis de nous immerger dans l’univers du WRC et félicite l’entièreté de leurs équipes pour le gain du titre constructeur 2018. Reste donc à savoir ce que 2019 réservera à la firme nippone, son équipe finlandaise et son nouveau trio de pilote Tänak, Latvala et Meeke (remplaçant Lappi après son départ chez Citröen Racing).
Crédits photo : Joris Clerc ©