Essai Caterham Seven 340S, la force tranquille
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Essai Caterham Seven 340S, la force tranquille

Caterham Seven 340S
Caterham Seven 340S

La Caterham Seven évolue peu, le concept de Colin Chapman avec sa géniale Lotus Super Seven n’en a pas réellement besoin tant il est atypique et unique en son genre. Si Caterham propose différentes gammes de puissance en fonction des envies et l’utilisation des futurs propriétaires, les moteurs quant à eux suivent les disponibilités des constructeurs et s’ajustent aux normes de pollution du moment. Un des changements significatif ces quelques dernières années fut l’abandon du génial Rover K pour passer aux Ford Sigma en 1.6 sur les 275 et Duratec en 2.0 pour les R300 puis 340 et 485. La 170, petit poucet de la gamme, reste sur le 3 cylindres turbo Suzuki adopté depuis quelques temps déjà.

Rappel si nécessaire, le « numéro » du modèle correspond à la puissance par tonne, et comme une Cat’ pèse environ 500 kg, c’est plus ou moins deux fois la puissance. Vous avez suivi ? Alors sur cette 340, on retrouve le 2.0 litres Duratec délivrant un peu plus de 170ch. Voilà qui devrait être intéressant, la dernière Seven essayée était une 1700SS crachant 135ch de feu au travers de ses 2 Weber (relisez notre essai ici), avec cette bonne louchée de puissance en plus et le 2.0 litres, l’expérience devrait être différente.

 

Un look sans concurrence

La ligne de la Seven lui est propre, difficile de trouver une ressemblance ailleurs que parmi les « Seven-like » : Donkervoort, MK Indy (relisez notre article ici) ou encore Westfield. « Less is more » comme disait Smart, ou plutôt « Light is right » donc point de superflu : un châssis de fins tubes habillé de feuilles d’alu, 4 ailes en fibre qui recouvrent les roues et voilà la recette qui fait le succès de l’auto. Mais n’allez pas croire pour autant qu’elle n’évolue pas ! Dans le détail certes, mais on remarque ici les phares légèrement avancés et plus bas qui assaillent un peu plus la voiture visuellement en lui faisant perdre son regard de grenouille sous illicites ! Le look y gagne, l’aéro’ sans doute, et la visibilité pour le conducteur aussi.

 

Autre grosse nouveauté, toujours liée à l’éclairage mais cette fois-ci à l’arrière : exit les vieux feux de remorque ! Place à de nouveaux feux … de remorque 🙂 Modernité à LED, fini le cabochon orange ils s’affichent presque entièrement unis de rouge. Bonne autre nouvelle, ils intègrent le feu de brouillard tandis que le feu de recul migre sur la tranche de l’éclairage de plaque. On peut donc se passer des deux verrues qui encadraient la plaque, les fesses de la Cat’ sont toutes lisses et gagnent en finesse. Avec cette config moderne et sportive qui n’est pas sans rappeler les mythiques couleurs du « John Wyer Racing Team », les feux arrières s’intègrent parfaitement bien, sans doute que sur un arrangement plus rétro c’est moins évident.

 

Dernière observation au jeu des 7 erreurs, si j’en ai oublié une n’hésitez à me la souffler, le capot ! Non rassurez-vous il est toujours aussi long et plat mais arbore de chaque côté sur son flanc une petite ouverture grillagée pour alimenter le compartiment moteur en air frais. Celle côté conducteur tombe parfaitement sur l’entrée de la boite à air, offrant par la même une petit bonus sonore appréciable. Le verrouillage quant à lui reste le même, à savoir un anneau au bout d’un ressort à l’avant et un verrou de coffre à jouet en bois à l’arrière. Fonctionnel, efficace et léger !

 

A l’intérieur la nouveauté se trouve sur le pommeau de levier de vitesse, une jolie robe grise qui s’accorde bien avec les fonds de compteurs et la peinture extérieure bleue ciel. Pour le reste pas de nouveau, les sièges sont les mêmes dans cette finition « S » pour route ou « Street ». La « R » pour circuit ou plutôt « Race » offre d’office les baquets, que vous pouvez prendre en option sur la « S » ou remplacer pour les sièges route sur la « R ». Bref la Cat’ est configurable à l’envie ! Les « rocker switches » apparus sur l’Austin Mini en 1976 répondent toujours présent sur la planche de bord ici en carbone, rencontre entre tradition et modernité.

Le petit volant en peau retourné est encadré par 2 boutons : à droite le rouge pour démarrer, à gauche le noir pour klaxonner ! Rajoutez 2-3 interrupteurs pour les phares et clignotants et on a fait le tour de l’habitacle, point de radio ou écran tactile pour les commandes du chauffage, celui-ci s’active par une tirette cachée sous le tableau de bord. D’ailleurs je crois qu’il est de série sur la S, mais en option sur la R comme … le pare-brise, les portes et la capote qui font partis du « pack pluie ». Imaginez le casse-tête de la config’ et des options à retenir si vous avez la chance d’être dans les baskets du futur propriétaire qui commande sa Seven neuve sur mesure.

 

Découverte pour moi avec cette nouvelle Caterham : le plancher bas. Option qui permet de baisser l’assise de quelques centimètres pour les grands gabaries. Avec mon mètre 75 ce n’est pas indispensable, mais au final c’est agréable de sentir encore plus bas dans la voiture. Capoté ça laisse même un peu plus d’espace au-dessus de la tête, décapoté on est un peu plus protégé des remous d’air, c’est une belle découverte. En contrepartie la garde au sol est un peu réduite, à garder en tête lors des franchissements de gendarme couché ou les entrées de parking.

 

Moteur … action !

Assez détaillé l’intérieur, il est temps de s’y installer ! La consigne principale reste la même avec toutes les Seven : ne pas s’appuyer sur le pare-brise (quand la voiture n’est pas équipée d’un simple saute-vent :)) pour se glisser à bord ! Le plancher bas libérant de la place sous le volant, il n’est même pas nécessaire de le retirer pour se glisser dans l’auto. On ferme la porte avec les 2 boutons pression, on sangle le harnais et tout semble bon pour lancer la machine. Contact avec la clé, démarrage avec le bouton rouge, ohh sympathique bourdonnement dans l’oreille droite en provenance de l’échappement. Le micro pédalier est toujours micro, chaussures fines obligatoires, clac la première se verrouille d’un micro-mouvement de poignet et on peut décoller.

 

Les premiers kilomètres se font en douceur le temps de trouver ses repères, recalibrer ses efforts à la direction ou au freinage non assisté, pas doute la Seven ne ressemble à rien de connu. La route se dégage, la température d’eau a suffisamment monté, on peut ouvrir plus en grand. Oh surprise vers 3.800 tr/min le clapet de l’échappement s’ouvre pour offrir une bande son bien plus suggestive, agréable attention ! Entre 4.000 et le rupteur vers 7.500 la montée en régime est franche et dynamique, le 2.0 litres est super volontaire et semble entrainer les 500 kg de la voiture et son lest derrière le volant sans aucun peine. Aucune inertie ne se ressent lors des relances, c’est addictif comme sensation.

 

La direction est toujours un modèle de précision, directe et franche c’est un régal. Attention par contre sur chaussée déformée, avec sa monte de pneus généreuse cette 340 a tendance à suivre la route et ses déformations, il faut donc la tenir et être attentif. Les courbes rapides s’avale sereinement, une fois la voiture posée en appuis elle semble être sur des rails. Et des rails confortables car cette Seven l’est. Oui oui entre le flanc haut des pneus en 13″, la suspension plutôt souple et les sièges accueillant qui maintiennent bien avec les harnais, on est vraiment bien installé pour partir sur de longues balades.

Décapoté avec les portes on est bien, à peine plus chahuté par les remous d’air que dans une MX-5. Sans les portes c’est une autre dimension de liberté qui s’ouvre à vous : l’environnement se dégage encore plus, s’offre à vous pleinement. Le coude gauche trouve un peu plus d’espace en passant à l’extérieur. Par contre dès que l’on dépasse les 80 km/h je retrouve cette sensation bizarre qui fait gonfler exagérément la narine extérieur et décoller dangereusement les lunettes du nez. Certaines solutions plus ou moins esthétiques de déflecteur existent pour dévier le flux d’air, le sentiment de liberté est vraiment appréciable même si en contre partie il faudra vous délester des graviers et autres projections de la route qui viendront remplir vos poches et l’habitacle.

 

Deux petits défauts

N’allez pas croire pour autant qu’elle est parfaite ou pleinement exempte de défaut. Alors oui c’est une Seven avec tout son lot de contraintes qui font partie de son ADN, mais sur cette 340 deux petits points nouveaux à mes yeux par rapport aux précédentes. Le premier concerne l’étagement de la boite : les 3 premiers rapports s’enchainent à merveille pour ensuite laisser comme un trou sur la 4, comblé par le couple généreux du 2.0 litres associé au poids plume de l’ensemble.

Mais par contre la 5ème semble peu utile sur route car encore plus éloignée de la 4. Certes en roulage tout tranquille sur une route droite et plate, le régime moteur est bas aux vitesses légales, mais en mode « AFT – arsouille et freine tard » on restera finalement plutôt en 4. Le « problème » est connu et reconnu, il existe des kits proposant un rapport final de pont plus court qui permet donner encore plus de dynamisme à l’ensemble tout en gommant (un peu) les 4 et 5 trop longues. Il parait que le dynamisme de la voiture est transformé !

 

Le pont d’origine BMW est justement le second bémol : il est particulièrement bruyant et grogne au lever de pied ou en régime stabilisé. Au début ça surprend mais on s’y fait finalement. Évidemment l’insonorisation inexistante n’aide pas, capote en place ça résonne encore un peu plus et ça surprend sur une voiture avec tout juste 7777 km au compteur. Bon c’est vraiment pour lui trouver des petits défauts, car en vrai il suffit de faire quelques kilomètres à son volant pour trouver instantanément le sourire, même parfois un peu niais.

Elle communique 100% de la route, de son environnement et elle partage sa bonne humeur. On ne compte plus les pouces levés, les coucous des jeunes ou moins jeunes ou les questions quand on s’arrête. Une chose est certaine, une Caterham ne laisse pas indifférent et redonne un peu d’espoir dans l’intérêt pour l’automobile chez les jeunes générations.

 

Et sur le mouillé, c’est comment ?

Voilà une question pertinente, avec un poids plume, aucune assistance d’aucune sorte, on peut redouter un peu le comportement de la Seven sur une chaussée détrempée. N’ayant pas vraiment envie de découvrir les réactions et les limites de la bête sur route avec du monde en face, j’ai profité d’une journée sur la piste mouillée de Ladoux pour essayer de dompter l’animal sauvage qui se cache sous cette robe bleue. Et croyez-moi, c’était super intéressant ! Le premier apprentissage de la journée est que la Cat’ est étanche : l’eau qui rentre reste à l’intérieur !

Oui difficile d’être vraiment étanche quand on voit les jonctions entre les portes et la capote, l’eau fini par rentrer un peu et on se retrouve dans une ambiance sauna tôt ou tard. D’autant plus que sous un certain angle de braquage, les roues avant arrivent à projeter le flot d’eau s’échappent du garde boue exactement sur le coin de la porte… Heureusement le pare-brise dégivrant fonctionne bien pour continuer à voir clair, pour les portes un coup de chiffon de temps en temps est le bienvenu.

 

Et alors, est-ce que ça glisse ! Oui, la preuve en photo, merci Cléa ! Mais la bonne nouvelle c’est qu’avant que la glisse n’arrive, le grip est ultra bon et jusqu’à 70-80 km/h ça ne semble pas piégeux. Rassurant si au cours d’une balade on se fait prendre par un vilain orage ou si les prévisions météo s’avèrent foireuses (non non ça n’arrive jamais !). Bon j’avoue que pour l’occasion j’ai chaussé 4 Yokohama A539 tout neuf au profil plus typé pluie que les Avon ZZS qui équipent la voiture d’origine, sans doute que ça aide à avoir un bon niveau de grip à vitesse raisonnable.

La limite entre sous-virage et sur-virage est très mouvante et la voiture bien vivante, mais c’est ce qui rend cet exercice de la glisse si particulier et instructif. Le fait d’être assis très en arrière de la voiture, sur le pont arrière quasiment, perturbe un peu les sensations habituelles, on s’y fait et finalement on ressent assez bien les mouvements de la voiture.

 

Et si vous voulez voir ce que ça donne de l’intérieur, voici une petite vidéo :

Vous constaterez au passage l’une des questions existentielle en Seven en châssis S3 standard : qu’est-ce que je fais de mes coudes 🙂

Il faut en essayer une !

Difficile de véritablement décrire l’expérience de conduite d’une Cat’ tant c’est particulier. Alors si ça vous titille dans un coin de la tête, je ne peux que vous encourager à trouver l’occasion d’aller en essayer une, même en passager, la découverte est magique. Par contre un des proverbes dit « t’y fout l’cul, t’es foutu », c’est assez vrai : soit vous allez détester pour plein de raisons, soit vous allez adorer pour peut-être les mêmes raisons. Et si vous êtes dans le second cas, il y a fort à parier que vous allez avoir envie de renouveler l’expérience, tôt ou tard…

 

Crédit photos @ Ambroise Brosselin en statique et @ Cléa Pagnot pour Ladoux.

A propos de l'auteur

Yacco71

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