Si je vous parle d’une MG B, vous aurez l’image du petit roadster anglais filant sur une route de campagne, sa passagère la tête entouré d’un élégant foulard pour se protéger des remous d’air… Vous n’aurez pas tord puisqu’il s’agit du roadster le plus vendu, jusqu’à être détrôné il y a peu par la Mazda MX-5, mais saviez-vous qu’il avait été également dérivé en un très élégant coupé ?
Sorti en 1962, le roadster MG B succède à la vieillissante mais toujours très désirable MG A produite depuis 1955, et 3 ans plus tard il se voit rejoint par un coupé, appelé GT, qui l’accompagnera tout au long de sa production jusqu’en 1980, représentant un peu plus d’un tiers des ventes. Nous vous épargnerons la vision des derniers modèles répondant aux normes US avec leur gros et peu esthétiques pare-chocs d’auto tamponneuse, car c’est bel et bien un modèle « chrome bumper » de 1971 que nous essayons aujourd’hui.
Histoire de se faire un avis complet sur la p’tite anglaise, c’est une grande balade à travers le Jura qui nous attend, comment résister à une telle invitation ?
En la regardant de loin, innocemment même si on sait que l’on va pouvoir prendre place derrière son volant très bientôt, on constate rapidement que le pare-brise plus haut que sur le roadster change considérablement l’apparence du familier Roadster B. Le pavillon assez bas et très plongeant sur un coffre hayon est une véritable réussite, qui lui donne à la fois une ligne chic et sportive. Ce n’est pas un hasard si elle fut surnommée pendant un temps « the poor man’s Aston Martin » ! Un peu comme avec les plus récentes BMW Z3 ou 4, je dois avouer que j’aurai tendance à sérieusement préférer le coupé au roadster…
S’installer à bord est assez facile du moment qu’on arrive à se glisser sous le grand volant, mais la récompense est en dessous tant les sièges sont accueillants, la position de conduite n’est pas trop datée et plutôt plaisante avec les jambes tendues et les bras fléchis sur ce grand volant qui tombe bien dans les mains. Une fois la porte fermée, on est bien installé, pas vraiment à l’étroit, mais calé entre la porte et le tunnel central, le coude à la portière une fois la vitre descendue donnera un plus d’aises. Contact, tac tac tac de la pompe à essence et feux ! Le 4 cylindres ne peut renier ses origines agricoles lorsqu’on l’entend tourner au ralenti assez bas dans les tours, mais la bande son est à l’image de la voiture, tout à fait sympathique. On use de la commande de boite qui tombe parfaitement sous la main pour passer la 1ère et on s’élance très facilement sans avoir à lutter contre un embrayage d’un autre âge. La première impression est celle d’un moteur très volontaire et très coupleux en bas. Ça se confirme par la suite tant il semble accepter de reprendre pour relancer la voiture quel que soit la position de l’aiguille au compte tour, un trait de caractère très Grand Tourisme vraiment appréciable en mode balade et flânerie.
La direction qui était un peu lourde à l’arrêt devient juste bien en roulant, elle sait faire remonter les informations de la route sans pour autant en faire trop. La boite est bien étagée même si on se surprend à passer assez rapidement le 4ème et dernier rapport tant le moteur ne donne pas envie de gagner la zone rouge sans raison valable. On verra par la suite qu’un bouton magique se cache sur la partie gauche du tableau de bord. Puisqu’on parle de lui, ce n’est pas un modèle de gaité tant il noir sur fond noir, mais les quelques touches de chrome rappellent que nous sommes à bord d’une anglaise. L’instrumentation complète Smiths également, avec notamment un mano pression d’huile et température d’eau qui permettre de garder un œil sur le bon fonctionnement de la salle des machines. Le contraste avec la sellerie et la belle moquette assortie “Automn Leaf” donne une ambiance très agréable ou on se sent bien, probablement amplifié par la grande surface vitrée qui inonde de lumière l’habitacle. Et que se passe-t-il si on hausse un peu le rythme. Étonnamment pas grand-chose si ce n’est que le paysage défile plus vite… Le moteur se fait naturellement entendre un peu plus mais la voiture digère très bien des enchainements plus soutenus, les freins répondent toujours présent, ce ne sera guère que le train AR à lames qui se rappellera à vos bons souvenirs sur chaussée déformée. Les virages du Jura s’estompent et les panneaux bleus d’autoroute se densifient.
Quoi, prendre l’autoroute avec une anglaise de bientôt 45 ans ?! Oui et pourquoi pas ?! On lit tellement partout que la MG B est polyvalente et vous emmènera au bout du monde, on peut comprendre qu’il faille parfois se résoudre en emprunter le ruban d’asphalte payant. Et là encore, belle et bonne surprise, la petite MG est très moderne et tout à fait à son aise grâce à l’overdrive. L’overdrive, c’est cette idée typiquement anglaise de mettre un peu d’électrique dans de la mécanique pour offrir une « surmultiplication » des 2 derniers rapports de boite. Résultat on cruise sous les 3.000 tours/min dans le flot de monospaces mazoutés aux passagers médusés de voir une petite puce verte les dépasser tranquillement ! Donc oui, on pourrait partir pour l’autre bout de l’Europe sans inquiétude, si ce n’est de faire le plein tous les 5-600 km et repartir…
Nous n’en avons pas parlé jusque-là, mais un des arguments commerciaux à l’époque de la sortie du Coupé MG B était d’offrir 4 places. Quand on regarde que la ligne plongeante de l’arrière et qu’on sait que le dossier de la banquette fait 22 cm de haut, on comprend très vite que si les deux passagers supplémentaires font plus d’1m20, ils ne supporteront pas de trajets plus longs que quelques minutes, et encore… C’est pourquoi il faut plutôt envisager la MG B GT comme un coupé 2 places avec un grand coffre, avec plancher plat une fois la banquette rabattue, et même encore de la place sous le plancher autour de la roue de secours. Les mauvaises langues vous diront que c’est pour stocker les outils et les pièces de rechange, mais non ! Même si elle honore ses origines “outre-manchesque” du côté de la corrosion, la fiabilité est quant à elle bien au rendez-vous. De conception simple, pour ne pas dire rustique, avec des astuces éprouvées au fil des années, la MG B n’a plus secrets et bon nombre d’échoppes se sont spécialisées dans la distribution des pièces. Par contre il ne faudra pas acheter un prix mais bien veiller à la qualité des pièces de refabrication, car malheureusement bien des fois elles peuvent être sources d’ennuis.
En conclusion on pourrait reprendre un adage célèbre : l’essayer c’est l’adopter ! Pour nous la MG B GT remplace avec brio la, ou plutôt les, Mini que nous avions abandonné faute de confort sur les longs périples. Je ne peux donc que vous encourager à prendre le volant pour vous faire votre propre idée, nul doute que vous serez emballé !
Philippe75 : Reportage sympa sur une auto plus que sympa.
Super reportage.
Tu décris très bien le plaisir que peut procurer ces vielles Anglaise. J’ai le plaisir d’avoir une MG Midget de 1974 et je confirme que cela devient une addiction (il m’arrive régulièrement de dire à ma femme que je vais faire le plein et que je revienne 4 ou 5 heures plus tard après avoir fait 300 km, ce qui m’oblige a refaire le plein).
J’espère quand 2015 je pourrai faire m’offrir une B GT (pour les jours de pluie).
Salutation et bonne route en MG
Sympa cet article 🙂
Superbe auto et beau reportage. Ça donne envie de sauter le pas !