Pour les passionnés d’automobile, le nom Lexus LFA évoque un souvenir précis : celui d’une supercar japonaise devenue une icône, mais surtout, celui du son inoubliable de son moteur V10 atmosphérique. Une symphonie mécanique qui a marqué une génération et a placé la LFA au panthéon des voitures de sport les plus désirables de l’histoire. Aujourd’hui, la surprise est totale. Lexus fait revivre cette légende, mais d’une manière que personne n’attendait. La flamme est ravivée, mais c’est désormais l’électricité qui nourrit le feu.
Le réveil d’une légende
La Lexus LFA Concept, initialement présenté sous le nom de « Lexus Sport Concept » lors d’événements prestigieux comme la Monterey Car Week et le Japan Mobility Show, représente bien plus qu’un simple exercice de style. Il s’agit d’une initiative stratégique majeure, une déclaration d’intention qui dessine les contours de la performance automobile selon Lexus à l’ère de l’électrification.

Pour saisir toute la portée stratégique de la LFA Concept, il est indispensable de l’évaluer à l’aune de son prédécesseur. La LFA originale n’était pas seulement une supercar ; elle était un manifeste technologique qui a durablement marqué les esprits.
L’adieu au V10 : Une icône réinventée en 100% électrique
Le changement le plus radical, celui qui marque une rupture totale avec l’héritage de la première LFA, est l’abandon du moteur thermique. La nouvelle LFA Concept est pensée comme une voiture de sport 100 % électrique. Finie la mélodie du V10, place à une performance fulgurante, dont l’expression se mesure non plus en décibels mais en force G. Cette décision signale que pour Lexus, l’avenir de la très haute performance est résolument électrique.

Une philosophie japonaise au cœur du projet : « Shikinen Sengu »
Le développement de cette nouvelle LFA n’est pas qu’une affaire de technologie, il est aussi guidé par une philosophie japonaise profonde : le « Shikinen Sengu ». Ce concept désigne un rituel selon lequel un temple Shinto est périodiquement reconstruit pour transmettre le savoir-faire des vétérans aux nouvelles générations afin qu’il soit appris et adapté.

Appliqué à l’automobile, ce principe signifie que l’âme de la LFA – son excellence en matière de dynamique, de rigidité et de connexion pilote-machine – est le temple à préserver. La motorisation électrique n’est que le nouveau matériau de construction, choisi pour cette nouvelle reconstruction. Lexus ne cherche pas à effacer le passé, mais bien à le préserver en le transposant dans une nouvelle ère.

L’appellation « LFA » n’est pas réservée à des véhicules animés par un moteur thermique. Elle désigne avant tout une voiture incarnant les technologies que ses ingénieurs doivent préserver et transmettre aux générations à venir.

L’immersion avant la puissance brute : un cockpit pour faire corps avec la machine
Face au défi de recréer des sensations de conduite dans un véhicule électrique, Lexus met l’accent sur une expérience baptisée « Discover Immersion ». L’objectif est de permettre au conducteur d’accéder à des sensations pures et de faire corps avec la machine. Plusieurs éléments clés y contribuent : un centre de gravité bas, un poids réduit, une grande rigidité structurelle et une position de conduite idéale, héritée des Toyota GR GT et GT3 (lire notre article ici).

L’intérieur est minimaliste et entièrement centré sur le pilote. Les commandes physiques intuitives sont regroupées autour du volant, permettant un contrôle total sans quitter la route des yeux. Détail stylistique fort, le poste de pilotage arbore une couleur distincte du reste de l’habitacle. L’affichage tête haute, quant à lui, reçoit un système à réalité augmentée qui peut même montrer les lignes de course lorsqu’on roule sur un circuit.

En combinant une position de conduite « parfaite », des commandes physiques directes et des aides visuelles de pointe, Lexus ne se contente pas de compenser l’absence du V10. La marque cherche à redéfinir l’immersion sensorielle, en remplaçant la vibration du moteur par une fusion cognitive et physique entre le pilote et la machine.

Une silhouette à la fois familière et radicalement nouvelle
Sur le plan esthétique, la Lexus LFA Concept réussit un équilibre subtil. Il hérite de la beauté formelle de la LFA originale, mais avec une silhouette plus radicale et plus affûtée. On retrouve des clins d’œil au modèle d’origine, comme les formes triangulaires à l’avant, mais le design est résolument tourné vers l’avenir. Parmi les éléments marquants, on note le long capot, la bande lumineuse arrière qui intègre le lettrage Lexus et un énorme diffuseur qui ancre visuellement et physiquement la voiture à la route, trahissant sa vocation aérodynamique.

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Caractéristique |
Lexus LFA (2010-2012) |
Lexus LFA Concept 2025 |
| Longueur (mm) | 4 505 | 4 690 |
| Largeur (mm) | 1 895 | 2 040 |
| Hauteur (mm) | 1 220 | 1 195 |
| Empattement (mm) | 2 605 | 2 725 |
Comparé à son aînée, le concept est plus long, plus large et plus bas, ce qui lui confère une présence plus costaude et une posture encore plus agressive.
Une stratégie à deux visages avec Toyota Gazoo Racing
La LFA Concept partage sa base technique et sa philosophie avec les Toyota GR GT et GR GT3. Les trois voitures ont été développées en parallèle autour des mêmes principes d’excellence : centre de gravité bas, légèreté et rigidité. Cependant, la différence fondamentale réside dans leur cœur : la GR GT opte pour un V8 biturbo hybride, tandis que la LFA s’engage dans la voie du 100 % électrique.

Cette stratégie à deux visages est osée. D’un côté, Toyota Gazoo Racing séduit les puristes avec une motorisation thermique électrifiée de pointe. De l’autre, Lexus, sa marque de luxe, explore et définit ce que sera la supercar de demain. Le Groupe Toyota ne choisit pas entre le présent et le futur ; il maîtrise les deux simultanément, couvrant ainsi tout le spectre des attentes des passionnés.

L’esprit, pas le moteur
Le retour du nom LFA montre que l’esprit d’une voiture de sport légendaire ne réside pas uniquement dans son type de motorisation. Il se trouve dans sa philosophie, son design, son innovation et l’expérience qu’elle procure au conducteur. En réinventant son icône pour l’ère électrique, Lexus ne fait pas table rase du passé, mais le projette dans l’avenir.
La question demeure : Lexus parviendra-t-il à créer une nouvelle âme pour la supercar de l’ère électrique, capable de faire battre les cœurs aussi forts que le V10 de son aînée ?
Source CP et crédit photos @Lexus






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