Comment créer une petite voiture électrique qui soit à la fois abordable, pratique et désirable ? La nouvelle Twingo électrique se présente comme la réponse de Renault à cette équation. Mais derrière son design néo-rétro, qui rend un hommage vibrant à son aïeule tout en intégrant la praticité de cinq portes, se cachent des innovations et des choix techniques bien plus surprenants qu’il n’y paraît. Loin d’être une simple relecture stylistique, cette citadine a été pensée pour redéfinir les standards de sa catégorie.
On se souvient tous de la Renault Twingo originelle de 1992. Avec sa « bouille de grenouille » et son slogan « À vous d’inventer la vie qui va avec ! », elle a bousculé le paysage automobile par son audace et son ingéniosité. Plus de trente ans après, le défi a changé : c’est un segment que de nombreux constructeurs ont abandonné, le jugeant trop complexe à rentabiliser.
Un développement record : conçue en moins de 2 ans
Dans une industrie où les cycles de développement s’étalent habituellement sur quatre à cinq ans, la nouvelle Twingo électrique fait figure d’exception. Elle est tout simplement le modèle le plus rapidement développé de toute l’histoire de Renault, avec un cycle de conception et d’industrialisation bouclé en seulement 100 semaines, soit un peu moins de deux ans.
Cette prouesse a été rendue possible par une organisation internationale inédite reposant sur trois pôles majeurs : Ampere, la filiale électrique de Renault en France, pour le pilotage et l’architecture ; le centre de R&D ACDC à Shanghai (référence au sigle pour « Alternating Current / Direct Current », soit, en français, « Courant Alternatif / Courant Continu »), pour sa maîtrise de l’écosystème local et sa rapidité d’exécution ; et l’usine historique de Novo Mesto en Slovénie, pour l’industrialisation.
Cet exploit n’est pas qu’une prouesse technique ; c’est une réponse stratégique directe à la vélocité des nouveaux acteurs du marché, démontrant la capacité du constructeur à transformer ses méthodes pour défendre le concept d’une voiture européenne abordable.
Le design comme levier émotionnel et différenciateur
Renault a fait le choix stratégique d’un design néo-rétro qui active un capital de marque dormant, celui de la Twingo originelle (lire notre essai ici). Cette approche vise à réduire les coûts d’acquisition client en capitalisant sur un capital sympathie préexistant pour créer une connexion émotionnelle immédiate. Plusieurs éléments clés ressuscitent cet héritage :
- Le profil monovolume iconique, qui optimise le ratio gabarit/habitabilité.
- Le « regard malicieux », réinterprété via des feux de jour à LED en forme d’arche.
- La face avant en forme de sourire, une signature visuelle qui renforce son caractère accessible.
- Les trois ouïes sur le capot, clin d’œil direct au modèle de 1992, dissimulant désormais la trappe du liquide lave-glace.
Ce design expressif et ludique la différencie radicalement d’une concurrence souvent plus fonctionnelle, transformant un achat potentiellement rationnel en un acte d’adhésion.
Plus pratique qu’un monospace : l’art de la modularité
La première Twingo avait marqué les esprits par son espace intérieur et sa fameuse banquette coulissante. Sa descendante va encore plus loin. La caractéristique la plus ingénieuse de son habitacle réside dans ses deux sièges arrière, qui sont non seulement indépendants mais coulissent chacun sur une amplitude peu commune de 17 cm.
Cette modularité permet d’arbitrer en permanence entre les besoins. En position reculée au maximum, les passagers arrière bénéficient d’un espace aux genoux record pour le segment, pouvant atteindre 16 cm. En position avancée, le volume de coffre atteint 305 litres selon la norme VDA (une mesure standardisée), et jusqu’à 360 litres en volume total, avant de grimper à 1000 litres une fois les dossiers rabattus. Les dossiers s’inclinent également sur trois positions pour optimiser le confort postural.
Pour couronner le tout, le dossier du siège passager avant se replie en tablette, permettant de charger des objets longs de 2 mètres. De quoi transporter sans problème la fameuse bibliothèque d’une grande marque suédoise. C’est la preuve que l’ADN pratique et malin de la Twingo originelle est plus vivant que jamais.
Un prix sous les 20 000 € ? Voici les secrets de fabrication
Afficher un prix d’appel sous la barre des 20 000 € sans sacrifier la production en Europe ni la qualité perçue relève du tour de force. Pour y parvenir, Renault n’a pas fait de compromis sur la sécurité ou l’équipement essentiel, mais a opéré des choix techniques et stratégiques très précis pour maîtriser les coûts. Trois optimisations majeures se distinguent :
- La batterie : La Twingo E-Tech electric inaugure une batterie LFP (Lithium-Fer-Phosphate). Cette technologie, qui utilise des matériaux plus abondants comme le fer, est environ 20% moins coûteuse que la chimie NMC (Nickel-Manganèse-Cobalt) utilisée sur les R5 E-Tech electric (lire ici) et 4L E-Tech electric. De plus, son architecture « Cell-To-Pack » optimise la densité énergétique tout en réduisant davantage les coûts de production.
- Le châssis : Si la base est bien la plateforme AmpR Small de la R5, le train arrière multibras, plus complexe et onéreux, a été remplacé par un essieu de torsion plus simple, dérivé de celui du Renault Captur, parfaitement adapté à un usage urbain.
- Le moteur : Pour la motorisation, Renault s’est tourné vers son partenaire chinois Shanghai EV, qui fournit un bloc compact et efficient de 60 kW (82 ch), dont la puissance est calibrée pour la ville et les zones périurbaines.
Cette approche pragmatique développée sur le Concept Twingo (lire ici), qui mélange l’ingénierie européenne à des partenariats mondiaux ciblés, est la clé qui permet de rendre la mobilité électrique enfin accessible.
La technologie d’une grande dans une carrosserie de petite
On pourrait s’attendre à ce qu’une voiture conçue pour être abordable fasse l’impasse sur les technologies de pointe. La Twingo E-Tech electric prend le contre-pied de cette idée. Elle est la toute première voiture de sa catégorie (segment A) à intégrer le système multimédia OpenR Link avec Google intégré, offrant une fluidité et des fonctionnalités (Google Maps, Google Assistant) jusqu’ici réservées aux segments supérieurs.
L’innovation ne s’arrête pas là. Elle embarque « Reno », un avatar et assistant virtuel enrichi par l’intelligence artificielle de ChatGPT (version 4o-mini), capable de répondre à des centaines de questions. Enfin, elle peut être équipée de jusqu’à 24 aides à la conduite (ADAS), dont une exclusivité absolue pour une citadine de ce gabarit : le stationnement mains libres. Ce paradoxe d’offrir un niveau de connectivité et d’assistance aussi élevé dans un véhicule d’entrée de gamme est l’une des plus grandes surprises du modèle.
Elle peut alimenter votre barbecue (et même votre maison !)
La Twingo E-Tech electric ne se contente pas de consommer de l’électricité, elle peut aussi en fournir. Grâce au pack optionnel « Advanced Charge », elle débloque la charge bidirectionnelle, une fonctionnalité avant-gardiste pour une si petite voiture. Ce terme technique cache deux bénéfices très concrets pour l’utilisateur :
- V2L (Vehicle-to-Load) : Grâce à un adaptateur, il est possible de brancher n’importe quel appareil électrique (barbecue, ordinateur, machine à café) directement sur la voiture, avec une puissance allant jusqu’à 3700 W. Idéal pour un pique-nique ou en cas de coupure de courant à la maison.
- V2G (Vehicle-to-Grid) : La voiture devient capable de réinjecter de l’électricité dans le réseau domestique aux heures de pointe. Couplée à une borne spécifique, cette fonction permet de réaliser des économies significatives sur sa facture d’électricité en revendant l’énergie stockée dans la batterie.
Intégrer une telle technologie, habituellement vue sur des modèles premium, positionne la nouvelle Twingo électrique comme une véritable solution de mobilité intelligente et connectée à son environnement.
Prête pour une « Twingomania 2.0 » ?
La nouvelle Renault Twingo E-Tech electric est bien plus qu’une simple réinterprétation d’un succès passé. C’est une proposition profondément ingénieuse, qui combine un design attachant, une praticité inégalée et des technologies de pointe, le tout dans un format pensé pour être économiquement accessible.
« Pour relever le défi de proposer une petite voiture électrique à moins de 20 000 euros sans renoncer à la production en Europe, à notre trajectoire de décarbonation et à la valeur client, nous sommes revenus à « l’esprit Twingo », qui a placé la vie quotidienne, la malice et l’ingéniosité au cœur du design. » précise Fabrice Cambolive, CEO Renault Brand.
La nouvelle Renault Twingo électrique est positionnée pour être une offre disruptive, capable de redéfinir les standards du segment A. En combinant un design à fort capital émotionnel, une stratégie de prix agressive permise par une ingénierie frugale, et des innovations en matière de modularité et de technologie, elle s’affirme comme une proposition de valeur unique.
Son positionnement est chirurgical pour éviter la cannibalisation. Avec ses 82 ch, elle s’insère méticuleusement entre la Dacia Spring (70 ch et 100 ch), qui conserve son rôle d’offre d’accès ultra-économique, et la Renault 5 E-Tech electric (lire notre essai ici), dont la gamme débute à 95 ch. Cette segmentation de gamme crée des paliers de puissance et de prestation clairs, permette au groupe Renault de couvrir l’ensemble du spectre, de « l’ultra low-cost » au « premium aspirational », en plaçant la Twingo sur le segment crucial du « smart-value ».
Son succès commercial dépendra de la capacité de Renault à maintenir un équilibre délicat entre son attrait émotionnel (design, héritage) et ses avantages rationnels (prix, habitabilité, technologie). La condition de ce succès réside dans le maintien d’une offre de base crédible et attractive sous le seuil critique des 20 000 €, tout en valorisant ses versions supérieures par des innovations différenciantes. Vivement la version 75 kW en référence à la Twingo 1 phase 3 1.2l 16V de 75 ch !
Si cet équilibre est atteint, la nouvelle Twingo E-Tech electric a toutes les cartes en main pour incarner la « petite électrique sexy et abordable » que le marché européen attend et devenir le « game changer » que Renault ambitionne, relançant potentiellement une nouvelle vague de « Twingomania ».
| Caractéristique | Valeur |
| Dimensions (L x l x h) | 3789 x 1720 x 1491 mm |
| Empattement | 2493 mm |
| Poids | À partir de 1 200 kg |
| Volume de coffre | 305 dm³ VDA (jusqu’à supérieur à 1 000 L) |
| Moteur | 60 kW (82 ch) / 175 Nm |
| Vitesse maxi | 130 km/h |
| 0-100 km/h | 12,1 sec |
| Batterie | 27,5 kWh utiles (LFP) |
| Autonomie WLTP | Jusqu’à 263 km |
| Recharge AC (série) | 6,6 kW (10-100% en 4h15) |
| Recharge (option) | AC 11 kW (2h35) / DC 50 kW (10-80% en 30 min) |
Sources CP et crédit photos @Renault
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