Depuis cinq ans Fabien Pace, designer français formé à l’école Rubika de Valenciennes, œuvre chez Bentley qu’il a rejoint dès son diplôme en poche. La face avant et la ligne extérieure de la nouvelle Continental GT lui doivent beaucoup, très inspiré par le superbe concept EXP10 Speed 6, dévoilé au Salon de Genève 2015. Avec 66000 exemplaires vendus depuis 2003, la marque anglaise n’a pas droit à l’erreur. Pour ce second opus – le premier ayant été décliné en 3 phases de 2003 à 2017 – Bentley présente une toute nouvelle voiture, basée sur la nouvelle la plate-forme MSB du groupe Volkswagen, inaugurée l’an passé par la Porsche Panamera. La Continental GT reçoit le W12 du SUV Bentayga, porté à 635 ch et 900 Nm. Les performances sont de haut niveau pour ce très lourd coupé de 2,24T à vide (!) avec un 0 à 100 km/h annoncé en 3,7 sec (0,8 sec de moins qu’avant) et une VMax de 333 km/h.
Indispensable superflu
“Donnez moi le superflu, je me passerai du nécessaire.” disant Oscar Wilde. C’est par ces mots que Stefan Sielaff, remplaçant de Luc Donkerwolke au style de Bentley, nous présente la nouvelle Continental GT. Bien campée sur ses grosses roues de 21 pouces (22 en option), elle ressemble beaucoup au modèle 2010, version modernisée de celui de 2003, mais ses proportions ont changé explique t il : “Les roues avant ont été avancées de 13,5 cm, ce qui nous a permis de réduire le porte-à-faux, de rendre le capot plus plongeant et d’allonger ce que nous appelons la ‘masse de prestige’, c’est-à-dire la surface se situant entre le milieu de la roue avant et la base du pare-brise.” Les dimensions extérieures restent quasiment identiques avec un peu plus de 4,80m de long, 1,95m de large et 1,39m de haut. Seul l’empattement augmente très nettement avec 10,4cm supplémentaires soit 2,85m.
Fabien Pace nous détaille les 5 points clés du design extérieur de la nouvelle Continental GT, exercices “obligatoires” lorsque l’on dessine une Bentley. Pour la face avant, “les angles de la grille rectangulaire définissent le statut du modèle, verticaux sur la Mulsanne, plus ouverts sur les autres” et les phares ronds “doivent être elliptiques à l’avant”. Concernant la ligne de profil et l’épaulement arrière, appelé la “Power line”, “c’est un long coup de gouge, placé sur la partie supérieure des flancs, qui souligne le profil de toutes les Bentley, de l’aile avant jusqu’à l’aide arrière musclée.” Les feux arrière adoptent “la signature lumineuse en forme de “B”, présente également sur les aérations latérales, a été introduite sur le Bentayga, puis la Mulsanne.” Enfin, il y a le “fer à cheval, c’est ainsi que nous appelons ce dessin rectangle qui, à l’arrière, donne la largeur du véhicule.”
Sous la capot, la nouvelle Continental GT reçoit le W12 TSI bi-turbo de 6.0L porté à 635 ch (à 6000 tr/min), soit autant que la version Speed actuelle. Le couple augmente de 25%, atteignant 900 Nm (entre 1350 à 4500 tr/min). Le moteur en position avant, est repoussé un peu plus près de l’habitacle pour améliorer le côté sportif de sa GT, avec une répartition du poids de 55% à l’avant et 45% à l’arrière. Les performances sont de haut niveau avec un 0 à 100 km/h annoncé en 3,7 sec (0,8 sec de moins qu’avant) et une VMax de 333 km/h sur le 6ème rapport, les deux derniers de la boîte de vitesses double embrayage à 8 rapport servant à maintenir la vitesse de croisière. Quatre modes de conduite – Sport, Comfort, “Bentley” conjuguant un mix des deux premiers et Custom (totalement personnalisable) – sont disponibles. La transmission est toujours intégrale mais nouveauté, la puissance est transmise en priorité sur le train arrière afin d’obtenir un comportement typé propulsion et le couple est réparti dynamiquement selon les conditions de route. La nouvelle Continental GT est équipée d’un châssis adaptatif “Bentley Dynamic Ride” 48 volts lui permettant de passer du confort moelleux au châssis sport quasi immédiatement.
A l’intérieur, c’est un habitacle très grand luxe qui s’offre occupant avec une finition bluffante. La console centrale peut recevoir une finition “Engine Spin” (comme des mini-éventails) ou Côtes de Genève, appellation familière pour les amateurs d’horlogerie que nous sommes – clin d’œil au partenariat avec Breitling – désignant de fines rayures parallèles, figurant sur certains calibres horlogers, appliquées ici sur une plaque d’aluminium de 0,6 mm d’épaisseur. Darren Day, responsable du design intérieur, précise : “L’ensemble des fonctions doivent être faciles d’accès, mais aussi magnifiques pour les yeux et plaisantes à manipuler. Y compris au fil des ans.” A noter un dispositif rotatif, au centre de la planche de bord, présentant trois faces distinctes au choix : à l’arrêt, plaquage en bois (huit essences au choix, de série), seconde face avec trois cadrans assurant les fonctions de thermomètre, de boussole et de chronomètre, puis troisième face proposant un large écran tactile de 12,3 pouces. Il s’explique : “Je me suis vu participer à un Concours d’élégance, 15 ans dans le futur, avec ce modèle. Nos écrans tactiles actuels seront alors démodés et j’ai voulu éviter cet affront à notre Continental, en m’assurant de pouvoir éclipser cette fonction !”
La techno se retrouve également derrière le volant cousu main avec des écrans digitaux développés en 3D aux dessins semblables à des compteurs anciens. L’installation audio “standard” offre 10 haut-parleurs et 650 W, Bang & Olufsen propose 16 haut-parleurs et 1500 W et Naim surenchérit avec 18 haut-parleurs et 2200 W ! Enfin, 2,8 km de fil par voiture permettent d’assurer l’ensemble de la couture des cuirs et des neuf peaux dont le matelassage des sièges et des contre-portes cousus en losanges nécessite 712 points de couture par motif… soit 310675 au total ! Commercialisation et tarifs prévus pour la fin de l’année.
Source CP Bentley