Je ne sais plus dans quel film l’acteur principal disait : « ma mère disait toujours, les voitures de loc’ c’est comme une boite de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber ». Mais si en plus l’acteur a fait d’autres films après et celui-ci a pas trop mal marché… Enfin pas grave, je ne suis pas là pour démontrer mon inculture cinématographique, mais plutôt pour parler bagnoles ! Revenons donc à nos moutons, en longeant l’interminable parking “Rental Cars” qui débouche sur la petite guitoune ; avec le passe partout local plein de clés ; j’ai bien repéré les Mustang Cab’ ou les Camaro, tout en me doutant que ce ne serait pas pour moi. Mais en voyant quelques Dodge Charger berlines au look plutôt suggestif, je me suis dit que ce petit goût d’Amérique pouvait être sympa, alors imaginez ma déception lorsqu’Amanda m’a tendu une magnifique clé Hyundai depuis son guichet “Avis” trop grand, à moins qu’elle ne soit trop petite ! Surprenant je n’ai pas vu de Hyundai sur le parking, place D20, j’avance doucement jusqu’à deviner une grosse berline noire plutôt élégante. Bon voilà, à défaut d’être fun ou américain, ce sera confortable, hein quoi, un gros logo “Hydrid” à l’arrière, ahh voilà qui devient intéressant !
Alors certes même si les berlines hydrides ne sont pas forcément nos autos favorites, force est de constater que l’offre croit de plus en plus, alors pour compléter notre point de vue électrique, éclectique pardon, suite à la Lexus IS 300h et les BMW 330e et 225xe, voyons ce que la Corée peut nous apporter sur le sujet avec une Sonata Hybride 2017 toute fraiche, deuxième du nom puisqu’elle fait suite à une première génération, qui avait marqué le premier pas de Hyundai en hybride. La Sonata n’est par contre pas une nouveauté, celle-ci est la 7ème génération du nom, la première étant apparue en 1985. Si le design des précédentes générations n’avait pas fait jusque-là l’unanimité, on peut souligner que la nouvelle mouture a bien progressé, on peut trouver des traits d’allemande premium un peu partout quand on en fait le tour, avec quelques pointes de Ford ou Volvo, on a déjà vu pire référence. Non franchement les Hyundai moches des années 90 sont loin, et tant mieux, la gamme actuelle n’a pas à rougir de son design et la Sonata lui fait honneur !
De bonnes intentions pour l’intérieur
A l’intérieur par contre le fossé avec les références européennes est un peu plus marqué, les bonnes intentions sont là dans le dessin à nouveau, mais les matériaux font un peu plus low cost. Les mauvaises langues diront qu’on en a pour son argent, certainement vrai d’autant que la SE dont je dispose est la version de base. Par contre le bon point est que l’ensemble des commandes est accessible et simple, l’ergonomie vraiment très bonne. La planche de bord est clean et intuitive, tandis que le bloc compteur propose une jauge de consommation de puissance à la place du traditionnel compte-tour, pas sans rappeler celui de la Rolls Royce Dawn. L’autre bonne surprise c’est la place disponible à l’intérieur, les places avant sont vastes même si les sièges sont un peu raide après 2h de route, et les places arrières sont elles aussi super spacieuse et les 4m85 de l’auto sont bien mis à profit. Une des grosses améliorations entre la génération 1 et celle-ci a été apportée sur les batteries, de plus grande capacité et installées sous le plancher du coffre donc virtuellement invisible dans l’habitabilité de la voiture. Bien joué Mr Hyundai. Et si au lieu de comparer la belle Coréenne aux allemandes ou Lexus on prend en référence la Toyota Prius, on est clairement un cran au-dessus. Là où la japonaise transpire l’allégement pour ne pas dire l’économie, la Sonata fait plaisir à ses occupants, c’est appréciable.
Passé ces considérations bassement matérielles, on peut s’intéresser à la conduite, car oui après tout c’est la conduite qui compte… tant que les voitures autonomes n’ont pas pris le pouvoir. Pas besoin de mettre la clé dans le contact, il suffit de l’avoir dans la voiture pour que le bouton Start réveille le tableau de bord d’une animation très futuriste. Pas un bruit, rien d’autre, la voiture est prête à se mouvoir dans un silence tout électrique. Car oui les moteurs électrique et thermique sont indépendant, peuvent marcher l’un sans l’autre, l’autre sans l’un ou de concert, principalement selon la lourdeur de votre pied droit. Un des écrans au tableau de bord permet de surveiller le mode de fonctionnement et voir qui alimente quoi. On peut ainsi à faible vitesse et/ou faible sollicitation voir la batterie donner de l’énergie aux roues avant, lorsque la batterie est faible, le moteur thermique sert de générateur en alimentant la batterie qui continue de donner de la puissance aux roues, et lorsque la sollicitation est trop plus importante, le moteur thermique entraine les roues, en rechargeant ou non la batterie en même temps, et en cas de sollicitation marquée le moteur électrique vient en secours du thermique, à moins que ce ne soit le contraire, pour tout donner ! Oui c’est long à décrire, le petit visuel est bien plus efficace que moi, d’autant qu’il faut encore rajouter la récupération d’énergie au freinage avec un flux des roues vers la batterie cette fois-ci.
Ça tourne là ?
Vitres fermées et musique d’ambiance en marche, il est quasiment impossible de savoir qui fait décoller la voiture tant le moteur thermique se fait silencieux. Logiquement c’est l’électrique qui déplace la voiture à faible allure, sur un parking par exemple. Par contre au démarrage d’un feu rouge les 2 sont là pour décoller les 1642 kg de l’engin, puis rapidement l’un ou l’autre prend la suite seul. Ce qui est super étonnant c’est de voir, toujours en surveillant ce petit écran, à quel point l’intelligence de la voiture est rapide pour optimiser le fonctionnement et passer d’un mode à l’autre, enclencher le moteur thermique, le couper, le faire charger la batterie, tout ça en une fraction de seconde sans qu’aucun à coup ou vibration ne se fasse sentir. Le 4 cylindres 2.0 l essence (enfin j’espère car c’est ce que j’ai remis à la pompe avant de la rendre) est coupleux et volontaire, aidé par les 38 kW ou 51 ch du moteur électrique, la puissance totale est de 193 ch. Pas mal pour une berline de ce format, pas non plus délirant mais accouplé à une boite auto 6 vitesses ils sont exploités au mieux. La Sonata se déplace donc avec vigueur et peut même réagir promptement pour un dépassement ou une insertion dans un trafic dense.
Pour les plus énervés, la “boitoto” propose un mode manuel pour jouer du levier et même un mode sport dans la gestion des moteurs. J’ai essayé pour vous, ça permet de “burner” un peu au feu rouge le temps que l’ESP ne calme vos ardeurs, pour le coup on entend un peu plus le moteur thermique prendre des tours, mais à part ça je ne suis pas convaincu de l’intérêt de la chose, tout du moins sur une berline de ce format et de ce poids. Revenons donc à un rythme plus raisonnable pour apprécier le confort de la Sonata. Et là franchement elle fait très bien le job en se montrant suffisamment agile en ville, avec une direction légère mais pas déconnectée de la route, et malgré tout précise sur route. La suspension filtre bien les irrégularités tout en limitant le roulis, finalement ce sont les sièges qui se révèlent les moins appréciables sur long trajet. Alors bien évidement en optimisant un peu plus la position de conduite, nul doute qu’on doit pouvoir améliorer ce confort, en l’état c’est le tout petit moins pour la vie à bord.
Conso : hydride ou gloutonne ?
Lors de cet essai j’ai parcouru 438 miles, soit environ 701 km, en échange de quoi j’ai dû remettre à la pompe 9.655 gallons à 2.119 $ l’unité. Sachant qu’un gallon US équivaut à 3,785411784 litres, ma conso est de 36.55 litres pour 701 km, soit un honorable 5.21 litres pour 100 de nos vieux km ! Et en parlant de gallons, saviez-vous que le gallon en UK ne fait pas le même nombre de litres qu’un gallon aux US ? Et oui 4.55 contre 3.79, surprenant et confusing ! Mais bon là n’est pas le débat, il est plutôt lieu de constater que sur un trajet mixte, environ 1/3 d’autoroute à 110-120 km, 1/3 de route promenade et 1/3 de trajet en ville, la conso est incroyablement raisonnable ! Oui consommer 5 l/100 sur autoroute avec une grosse berline à la 6 ou 7ème vitesse démultipliée m’est pas plus incroyable que consommer 5 l/100 avec une Twingo, mais sur une belle berline de plus d’1.6 t avec un parcours varié, moi je salue la perf’. Pour avoir discuté à plusieurs reprises avec un proprio utilisateur intensif de Prius, je sais qu’en conso réelle il ne fait pas mieux, alors pour un prix d’achat aux US proche (29’649 $ contre 27’190 $, soit 8% de moins pour la japonaise), la Sonata Hybride me semble une bonne affaire. Ne parlons pas du look très clivant de la dernière Prius, je ne voudrais froisser personne, mais côté prestation et équipement, la Sonata est clairement un intermédiaire hybride crédible entre la Prius dépouillée ou sa concurrente Ioniq chez Hyundai et une BMW ou Lexus super premium. Nul doute que la Sonata Hybride devrait bien se vendre, reste à espérer que celle-ci soit commercialisée en Europe, probablement sous le patronyme i40, pour asseoir un peu plus la progression de la marque coréenne.
Crédit phots @ Ambroise Brosselin.