Matthew Humphries, vous connaissez ? Et si je vous dis Morgan Aeromax et 3-Wheeler vous voyez de qui je veux parler ? Oui il s’agit bien du jeune designer qui après une candidature spontanée pour un stage chez Morgan Motors s’est retrouvé chef du design de la petite marque de Malvern durant plusieurs années. Depuis la fin de l’aventure Morgan il est toujours designer automobile freelance via MHD (pour Matthew Humphries Design) mais il a aussi développé une autre de ses passions, l’horlogerie. Ainsi en 2014 MHD Watches a vu le jour, mais pour nous en parler quoi de mieux qu’interviewer Matthew directement ?
Interview de Matthew Humphries
AutomotivPress : Bonjour Matthew, on vous connait pour votre coup de crayon de designer automobile, surtout au travers de vos magnifiques réalisations chez Morgan avec l’Aeromax et le 3-Wheeler. Quel a été le déclic pour passer à l’horlogerie et lancer MHD Watches ?
Matthew Humphries : J’ai toujours eu un attrait pour les montres et en général pour tout ce qui est mécanique. Et pendant que j’étais au design des Morgan je me suis intéressé un peu plus aux compteurs et leurs aiguilles. Alors quand il a fallu dessiner le 3-Wheeler, la voiture et l’intérieur étaient si minimalistes que le design des compteurs est devenu vraiment important : j’ai dessiné un bloc central avec 3 compteurs en intégrant le bouton du démarreur (le même que celui qui permet de larguer les bombes sur l’Eurofighter !), ce qui m’a à nouveau fait penser aux montres. Et c’est plus ou moins au même moment que j’ai été contacté par la manufacture Lonville pour qui j’ai dessiné la dernière montre G24. C’est donc presque naturellement que l’étape suivante fut de créer ma micro marque pour dessiner des montres et les voir naître. C’est le plus excitant pour moi !
AP : Bien sûr l’automobile est une source d’inspiration pour le design des montres, mais est-ce pour autant facile pour un designer automobile de se lancer dans les montres ? Quel a été votre plus gros challenge ?
MH : Dessiner une automobile ou une montre repose sur les mêmes principes. Le design d’une voiture est fait de proportions, volumes et lignes, c’est exactement pareil pour une montre. Par exemple le boitier de la CR1 est fait d’une seule ligne continue, d’un gousset à l’autre pour s’assurer que l’ensemble est rapide et tendu. Pour dessiner le cadran, c’est une nouvelle fois les proportions qui priment, les repères entre eux et comment ils rendent dans le boitier. Ce que j’aime beaucoup aussi dans le design des montres c’est leur compacité, le moindre petit déplacement d’une ligne ou d’une surface aura un impact important.
L’autre chose que j’apprécie dans le design des montres est le fait que tout est plus rapide qu’en automobile entre le premier dessin et la réalité. C’est aussi pourquoi je me permets de produire mes montres en éditions limitées, avec des petites quantités et différentes des précédents modèles, ainsi chacune d’entre elle a une design spécifique et spécial.
AP : Vos montres sont basées sur des mouvements Seiko puis Citizen, ce qui est un atout pour la fiabilité et le coût, mais est-ce que ça limite votre créativité ? Pensez-vous à créer vos propres mouvements ou est-ce une aventure trop audacieuse pour le moment ? En tous cas on peut voir un parallèle avec Morgan qui utilise les moteurs et trains roulants BMW ou Ford.
MH : Nos toutes premières montres utilisaient des mouvements Seiko, maintenant ce sont des mouvements Miyota. Quartz dans les gammes MHD SQ1 et MHD CR1 et mécanique dans la MHD AGT. Cela nous permet principalement de designer de nouvelles montres plus rapidement et à des coût plus raisonnables. Et effectivement si on fait le parallèle avec Morgan, le fait d’utiliser un V8 BMW dans l’Aeromax la rend plus fiable mais ce n’est pas pour ça que c’est moins une Morgan. Et puis on ne demande pas à un ingénieur motoriste de dessiner une voiture … et inversement !
AP : Vous gardez un pied dans le design automobile avec votre bureau de design indépendant, est-ce que vous prévoyez des partenariats auto/montres ?
MH : Oui bien sûr, on vient juste de sortir la MHD AGT Automatic, qui est une édition spéciale en partenariat avec la marque d’automobile électrique anglaise Alcraft Motor Company pour accompagner la sortie de leur première voiture, la Alcraft GT. David Alcraft, le boss de la société éponyme m’a confié le design de leur GT électrique et dans le même process nous avons conçu l’AGT Automatic.
AP : Enfin dernière question, retour aux autos, quel est votre voiture de tous les jours et quelle est votre voiture de rêve, abordable ou pas ?
MH : Ma voiture de tous les jours est une Fiat 500 Abarth un peu optimisée, elle sort environ 190cv, et je dirai qu’elle me ressemble pas mal : petite, enfantine et bruyante. Bref en un mot je l’adore ! J’ai toujours été un Porschiste dans l’âme, alors même s’il y a beaucoup de voitures dans ma « wish list », la 356 Speedster Outlow a une place particulière, et quitte à pousser le fantasme jusqu’au bout ce serait certainement une voiture de Rod Emory
Les collections MHD Watches
Aujourd’hui, la gamme MHD Watches se décline sous 3 modèles, le plus ancien des 3 est la MHD SQ1 produit à seulement 300 exemplaires. Si vous êtes sous le charme, ne traînez pas trop, il se pourrait que les tous derniers exemplaires s’écoulent sous peu. D’inspiration clairement automobile des 60’s, Matthew avoue même être allé tutoyer la zone rouge des cadrans VDO des Porsche 911 Classic. Il les apprécie tant que la trotteuse rouge lui fait un sympathique clin d’oeil. Le boitier en inox de 42 mm se veut visuellement solide et rassurant, le bracelet rally peut quant à lui être choisi uniformément noir ou contrasté avec des surpiqûres rouges, ou plus simplement Nato rouge ou métallique. Le cœur de la bête est un Quartz Miyota 2035, réglable grâce à son bouton cranté qui trouve une place originale à 4h, promettant plus de confort. Proposé à 280 €, le look vintage à la fois chic et sobre a tout pour séduire !
La MHD CR1 est une évolution qui propose un chronomètre, secondes et minutes via 2 cadrans et joue des combinaisons de noir et blanc pour se décliner à l’envie, mais toujours en série limitée, 500 exemplaires en tout de CR1 verront le jour, pas un de plus. Si le boitier reprend la base de la SQ1, le cadran s’allège un peu pour laisser place au chronomètre et les aiguilles s’affine pour laisser voir les autres cadrans, voilà qui me fait sérieusement penser au compteur de la R16 TS que nous avons essayé il y a peu ! Le bouton de réglage de l’heure regagne un emplacement plus conventionnel et central pour laisser la place à ceux du chronomètre.
La petite dernière est l’AGT dont parlait Matthew, créée en même que l’Alcraft GT. Les deux design reposent sur les mêmes bases, des lignes sobres et léchées, sans superflu. Alors que le toit de l’Alcraft GT repose sur un montant en carbone, aussi esthétique que fonctionnel, il en est de même pour l’AGT qui montre son squelette interne reposant sur … une structure en carbone : dans les deux cas la rigidité et le poids font la place belle au look. Le mouvement automatique de chez Miyota, un 9015 avec une réserve de marche de 42 heures, est logé dans un boitier de 42 mm, différent des SQ1 et CR1. Le travail d’intégration des boutons est particulièrement réussi et le soucis du détail sous ce design épuré est appréciable ! Une belle nouveauté qui donne envie de suivre l’évolution de la gamme MHD !
Pour plus d’infos, retrouvez Matthew sur son site internet www.matthewhumphriesdesign.com et ses montres sur le site dédié https://www.mhdwatches.com.
Crédit photos @ JPog et MHD Watches.