SECMA : Visite de l’usine à Aniche
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SECMA : Visite de l’usine à Aniche

SECMA F16 Turbo GT (à gauche) et F16 Turbo (à droite)
En marge de l'essai de deux modèles du constructeur d'Aniche (F16 et Fun Buggy), nous avons pu visiter l'usine et nous rendre compte du sérieux de la réalisation de ces voitures de sport françaises.

SECMA (Société d’Etude et de Construction de Mécanique Automobile), c’est bientôt 50 ans d’histoire. Si la société est née sous ce nom en 1995, elle hérite du savoir faire et de l’expérience de son fondateur Daniel Renard avec la société Erad (Etude Réalisation Automobile du Douaisis) fondée elle en 1974. C’est fin octobre que nous sommes allés rendre visite aux équipes SECMA, à l’usine d’Aniche, avec mon éminent camarade et néanmoins concurrent “Novichok” de Hoonited (non ce n’est pas un noble).

Usine SECMA

Le loisir en tête

Au commencement était donc Erad, spécialiste en construction de voiturettes sans permis. La clientèle visée alors était celle des camping-cariste qui souhaitaient un petit véhicule pour circuler une fois arrivés à destination (ben oui, un camping-car ce n’est pas forcément facile à bouger pour aller chercher le pain). Si les premières réalisations visaient clairement à remplir un besoin plutôt que de se faire plaisir, assez vite l’idée de rendre fun ces voiturettes est apparue avec en point d’orgue la Midget. Cette copie au 8/10e de la MG TA attirera même l’attention d’un certain Colin Chapman au salon de Paris en 1982.

La craquante Midget, voiturette sans permis.

 

De la voiturette à la voiture

La naissance de la société SECMA coïncide avec les premiers modèles « amusants » tels le Fun Quad 340, ancêtre du Fun Buggy ou du Fun Extr’m 500, mini (c’est dire !) F16.

 

SECMA F16

La première vraie voiture sera la F16 (lire l’essai ici) en 2008 qui reste produite à ce jour et qui s’est vu rejointe par la F16 Turbo (kire l’essai ici) et le Fun Buggy (lire l’essai ici). Pour une vision plus détaillée des modèles produits depuis les débuts, le mieux est encore d’aller visiter la page de la société sur le site internet.

SECMA F16 Turbo GT (à gauche) et F16 Turbo (à droite)

Mais plutôt que de vous faire un cours d’histoire sur la société, je vous propose de nous suivre dans la visite de l’usine, une virée dans un monde qui mêle professionnalisme et artisanat.

visite de l’usine SECMA

L’usine : 7 000 m² pour 100 voitures par an

100 voitures par an ! Le chiffre est assez dingue dans un monde où les grands constructeurs doivent sortir ce chiffre en 1h dans chacune de leurs usines. Mais chez SECMA, les modèles sont réalisés à la commande. Pas de stock. Et pour ce qui est de la production actuelle, elle répartie équitablement entre les trois modèles (F16, F16 turbo et Fun Buggy).

SECMA Fun Buggy

L’usine de 7 000 m², qui a été partiellement détruite par le feu en 2009 est divisée en trois grands espaces, dédiés chacun à un certain nombre de postes.

Hangar 1 : la naissance du châssis

Le premier hangar en sortant de l’espace dédié aux bureaux est dédié à la réalisation du châssis. A partir de tubes et plaques d’acier, les ouvriers spécialisés cintrent et découpent l’acier pour leur donner la formé désirée.

Réalisation des châssis.

Une fois cette opération réalisée, les morceaux sont soudés pour donner forme au squelette des futures voitures. D’ailleurs, si vous chercher un poste (à souder), SECMA recherche des soudeurs expérimentés.

châssis poutre servant de réservoir de carburant.

Juste après la partie soudage se trouve l’espacé dédié à l’usinage des nombreuses pièces réalisées sur place (tirants de suspensions, moyeux…). Chaque pièce est vérifiée une fois réalisée.

Fabrication SECMA pour la plus grande partie des pièces.

Hangar 2 : l’assemblage

Cette partie centrale de l’usine a brûlé en 2009. Désormais elle reçoit d’un côté les châssis réalisés dans le premier hangar, les carrosseries faites dans le troisième (on y reviendra) et les éléments sous-traités à l’extérieur tels roues, pare-brise et surtout la coque centrale.

Assemblage des SECMA

Cette coque, identique pour les trois modèles de la gamme est réalisée en externe selon la technique dite de rotomoulage. Cela consiste à verser le polyéthylène sous forme de billes dans un moule chauffé qui tourne comme un poulet sur sa broche. Ainsi le composant se dépose bien dans tous les coins du moule sans risque de bulles ou coins mal remplis.

Coque rotomoulée positionnée sur un Fun Buggy.

En complément de la partie assemblage, cette partie de l’usine renferme aussi un mini musée reprenant une partie des modèles produits depuis l’ère Erad. On y trouve des voiturettes sans permis, mais aussi quelques créations plus originales (encore) de Daniel Renard. Ainsi un avion léger (80 kg) avec des ailes en toile de K-Way, ou encore un petit hélicoptère finissent d’intriguer le visiteur occasionnel.

L’histoire de SECMA-Erad. Objets volants inclus.

Hangar 3 : les pièces de carrosserie

Les éléments de carrosserie en ABS PMMA sont moulés sur place en noir pour certaines pièces (passages de roues par exemple) ou en couleur pour la carrosserie.

Palette d’ABS PMMA avant moulage.

Teinté dans la masse directement ils présentent l’avantage d’être très résistants aux agressions externes. Par contre cela limite forcément le choix des couleurs puisque l’ABS arrive par palettes de 100 plaques monochromes.

ABS teinté dans la masse.

Moulage, découpe, tout est encore une fois réalisé sur place et c’est bien ce qui fait la spécificité de SECMA : une maîtrise des procédés de fabrication sur l’ensemble des éléments principaux.

Le moule pour l’ABS. 3 minutes de chauffe pour chaque plaque.

La coque reste le seul élément clé à être sous-traité, l’investissements étant trop gros pour la petite entreprise.

Une usine mais surtout des hommes

Pour faire une marque, il faut un outil de travail, mais aussi des hommes. Les 17 employés de SECMA sont des professionnels passionnés. Ils perpétuent des compétences qui sont rares désormais dans l’industrie automobile où la robotisation gagne chaque jour du terrain.

L’outillage dans le hangar d’usinage

Chez SECMA, le visiteur est marqué par le fait que chaque pièce réalisée par chacun des employés est visible sur la voiture. Une fois visité l’usine, vous êtes en mesure de relier chaque pièce à un poste de travail et à un employé.

Assemblage en cours

Et au milieu de tout cela, Daniel Renard. Du haut de ses 76 printemps il sillonne son usine en blouse bleue de travail, s’arrêtant sur tel poste pour discuter avec un ouvrier, venant saluer les visiteurs occasionnels.

Sa devise « je ne veux pas des ingénieurs, je veux des ingénieux » est caractéristique de ce chef d’entreprise autodidacte. Il n’hésite d’ailleurs pas à fabriquer les outils dont il a besoin pour son usine.

Outillage dans le hangar dédié au châssis

Si une carrière dans la construction automobile vous tente, ne négligez pas de déposer un CV chez SECMA. Certes la société n’a pas l’aura d’un grand constructeur mais vous y apprendrez certainement plus les bases de la mécanique. L’artisanat a cela d’intéressant qu’il faut que chacun réfléchisse pour être en mesure de réaliser des véhicules de qualité. Chez SECMA c’est cela qui est proposé : des voitures intelligemment conçues, bien réalisées et qui perpétuent les plaisirs simples.

Preuve de la qualité des réalisations de SECMA, des groupes de renommée internationale tel Stellantis font confiance aux équipes d’Aniche.

Les pièces moulées en attente de découpe.

Conclusion

Le constructeur d’Aniche vous propose une véritable cure de jouvence, tant avec ses voitures qu’avec sa façon de les produire. C’est simple, qualitatif, amusant et totalement transparent.

Vous êtes tentés par une F16 (lire l’essai), F16 Turbo (lire l’essai) ou Fun Buggy (lire l’essai) ? N’hésitez pas à visiter l’usine pour voir comment votre véhicule sera réalisé. J’ai été fasciné et rassuré par les compétences mises en œuvre à Aniche. En l’espace de deux à trois mois, un amas de tubes s’y transforme en sportive prête à prendre la route. Alors que les voitures de sport deviennent inaccessibles, SECMA propose une expérience haut de gamme à tarif défiant toute concurrence. Le meeting annuel des propriétaires aura lien le 18 mai 2024 sur le circuit de Clastres. Une bonne occasion de découvrir ces autos si vous êtes intéressés.

Un grand merci à Daniel Renard pour son accueil. Et un autre tout particulier à Gérard Houdart qui nous aura accompagné et guidé toute cette journée. Répondant sans détour à toutes nos questions.

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