SECMA F16 : Karting pour la route
Essais Secma

SECMA F16 : Karting pour la route

SECMA F16
SECMA F16

Il y a quelques mois, un camarade du club Lotus France m’avait fait découvrir la SECMA F16 Turbo. Une véritable révélation que cette sportive française injustement méconnue. Quelques échanges avec l’usine plus tard, nous voilà partis avec mon camarade “Novichok” du site Hoonited. Au programme : visite d’usine et essais des modèles.

Premier volet d’une trilogie, après le préquel SECMA F16 Turbo (lire l’essai ici), voici pour vous l’essai de la F16 : la petite sportive de la gamme.

SECMA F16

L’héritière naturelle.

Dans la généalogie SECMA, de nombreux véhicules sans permis ont précédé la gamme actuelle composée de véritables (petites) voitures. Parmi ces voiturettes, le Fun’Extr’m 500 et le Fun Runner posaient déjà les bases esthétiques de la F16.

Cette dernière reprend donc un concept éprouvé chez SECMA, mais le hisse au niveau d’une véritable voiture de sport miniature.

Avec son moteur Renault 1.6L fort de 105 ch pour 148 Nm, la SECMA F16 fait figure de petit poucet dans le paysage des sportives actuelles. Sauf que ce paysage tend à se raréfier du fait des malus écologiques appliqués en France.

SECMA F16

Mensurations minimalistes

105ch cela ne fait rêver personne quand la moindre GTi moderne développe plus de 200ch. Cependant la SECMA F16 a pour elle l’arme ultime : un poids de 583 kg (à vide). Même Lotus n’a pas réussi à atteindre cette valeur depuis la Super Seven !

Pour arriver à cette valeur record, pas de miracles. Oubliez les isolants phoniques ou thermiques. De toute façon il n’y a pas de portières (fixes). La voiture est composée d’un châssis poutre sur lequel est posée une coque en polyéthylène rotomoulé (une des rares pièces sous traitées). Rotomoulé, c’est quoi ? Je vous explique cela dans l’article dédié à la visite de l’usine (lire ici).

Carrosserie en ABS, jante alliage, quasiment aucun équipement de confort, 2m76 de longueur hors tout, la SECMA F16 est véritablement minimaliste.

SECMA F16

Le design : l’auto-grenouille

Nous ne sommes pas prêt de perdre le sobriquet de « froggies » si les anglais se basent sur la bouille de notre roadster national. La SECMA F16 a véritablement une allure de grenouille avec son museau aplati, ses phares haut perchés et son arrière-train qui semble vouloir bondir.

SECMA F16

Ce n’est pas un mal ceci dit, il serait vain de se parer d’une robe de supercar quand la moindre Twingo parait gigantesque par rapport à vous.

Le dessin global de la voiture est plutôt charmant selon moi. Et puis rajouter des éléments de carrosserie pour le rendre plus harmonieux ne ferait qu’augmenter le poids sans pour autant garantir un meilleur résultat.

SECMA F16

Au volant

L’installation n’est pas plus compliquée que dans une Lotus Elise S1. On enjambe le seuil de portière, on met les deux pieds devant le siège et on se laisse glisser dans le baquet au dessin original mais assez confortable.

SECMA F16

Une fois en place, le volant tombe bien en main et c’est le pédalier (décalé à droite) qu’il faut régler à l’aide d’une poignée. Comme dans la F16 Turbo, je ne suis pas certain que cela soit adapté à toutes les morphologies, mais pour “Novichok” et moi, qui faisons la même taille (oui je triche un peu), cela fait parfaitement l’affaire.

Le levier de vitesse me parait d‘une longueur disproportionnée par rapport à celui de ma MX-5, mais il est bien placé là-aussi.

Bref, position de conduite plutôt bonne…A l’arrêt. Car une fois que l’on roule, le problème principal vient du manque de calage des pieds. A gauche, la coque ne laisse pas assez de place pour pouvoir reposer le pied jambe tendu (même semi-tendue). Un repose pied existe en option mais il n’était pas installé dans la voiture d’essai. Une fois de plus, le problème sera plus ou moins flagrant en fonction de votre morphologie. Novichok à peine plus grand que moi se plaindra bien plus de cette mauvaise position (voir son avis ici).

A droite, les pédales sont plutôt bien placées et assez proches l’une de l’autre pour permettre un talon-pointe avec un peu d’habitude. Mais le talon n’est pas calé (faute du pédalier réglable, pas possible de mettre une cale fixe). Il en résulte que, particulièrement par temps humide, le talon a tendance à glisser et on ripe alors sur les pédales. Le problème ne doit pas être trop difficile à régler avec un revêtement anti-dérapant sur le sol dépourvu de tapis.

En route !

Un coup de clé et le vaillant moteur Renault se réveille dans une sonorité sportive à défaut d’être particulièrement harmonieuse. Embrayage, passage de première, c’est parti ! La SECMA F16 démarre en douceur et les suspensions font dès le départ sentir leur bon tarage. L’avantage du poids léger c’est toujours qu’il n’y a pas besoin d’avoir des amortisseurs en bois pour tenir la caisse.

SECMA F16

On sort de la ville et c’est parti pour les routes de la campagne autour de Aniche. En cette fin octobre le fond de l’air est frais et il devient vite difficile de respirer avec les remous d’air au-delà de 80km/h. Mais c’est marrant comme tout et la voiture met vite en confiance. Le seul défaut vient du maniement du levier de vitesse. Issu de petites berlines sans prétentions sportives, il manque de précision et de franchise dans ses engagements (je suis bien en 3e là ?).

Heureusement, les 105 ch du 1.6L sont largement suffisant pour semer les SUV qui pensent avoir à faire à une voiturette sans permis. La SECMA F16 accélère jusqu’à 100km/h en 5.9 secondes, soit l’équivalent d’une Lotus Elise 111S (première génération). Mais ce qui m’inquiète ce n’est pas tant la performance en ligne droite, mais la tenue de route en courbe.

SECMA F16

 

 

La bonne surprise du châssis

Il faut dire que l’image des SECMA F16 que je me suis faite il y a une vingtaine d’année est tenace. Je venais souvent au début des années 2000 rouler à Croix en Ternois. D’abord en MX-5, puis en Elise. Et j’y retrouvais souvent une bande de F16 venues s’amuser. Ces petites puces -même aux standards de la Lotus) me donnaient du fil à retordre dans la ligne droite, mais elles étaient régulièrement dans le mauvais sens de la piste dans la partie sinueuse. J’en avait déduit à l’époque que du fait de leur empattement réduit, les F16 manquaient grandement de stabilité.

Alors que je suis maintenant au volant, sur des routes humides, je ne me sens pas forcément très serein. D’autant que la SECMA F16 reste une voiture de puriste, sans assistance électronique (pas d’ABS ni d’ESP). Au fil des kilomètres la confiance s’installe. La F16 n’a rien de la savonnette que je craignais. Elle motrice bien, ne se montre pas piègeuse dans les grandes courbes abordées à une vitesse élevée (mais raisonnable). Avec mon camarade “Novichok”, nous trouvons un petit rond-point avec du dégagement (et un beau tapis de feuilles). L’occasion de voir comment la voiture se comporte aux limites de l’adhérence.

SECMA F16

Comme souvent pour les voitures à moteur central arrière, le comportement est naturellement sous-vireur dans le serré. Mais en jouant avec les transferts de masse, la SECMA F16 passe vite au survirage et il est facile de la contrôler pour entamer des glisses amusantes. La petitesse de la F16 laisse de la marge pour rattraper l’optimisme.

Un rond-point légèrement plus grand me permet d’essayer de trouver la limite avec un peu plus de vitesse. Là encore la surprise est bonne. La SECMA F16 reste facile à maîtriser. La direction très directe permet de remettre la voiture en ligne rapidement. Il est certain qu’aller chercher la limite sur circuit demandera toujours plus de finesse qu’avec une traction, mais la F16 se montre bien plus saine que ce que je craignais.

Le freinage est au diapason du reste de l’auto. La légèreté de la SECMA F16 permet de stopper net et la sensation de la pédale est excellente.

Conclusion

Je partais avec un a priori négatif sur la SECMA F16. Amusante ? Sans aucun doute. Saine ? Pas certain. Comme quoi il faut se méfier des idées reçues. La SECMA F16 est à la fois amusante ET saine. Performante, joueuse et imbattable pour ce qui est du rapport prix-plaisir, elle n’a que les défauts de ses qualités. A savoir un manque de sens pratique pour en faire une voiture de tous les jours. Mais en seconde voiture plaisir, que ce soit pour les promenades champêtres ou les sorties circuit, je vous met au défi de trouver meilleure affaire.  Son poids réduit et l’utilisation de composants spécifiques simples ou pièces de grande série éprouvée, difficile de faire plus économique, même si vous le malmenez bien sur la piste.

Voici certainement la meilleure descendante des Lotus Seven : fun, simple et économique (plus qu’une Caterham sans aucun doute).

SECMA F16 fiche technique
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