Essai Subaru WRX STI : Remise en question
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Essai Subaru WRX STI : Remise en question

Subaru WRX STI
Subaru WRX STI

Les constructeurs nous réservent parfois de bien étonnantes surprises. Alors qu’elle a fondé sa réputation sur son côté brut de décoffrage issu du rallye, la Subaru WRX STI (ne l’appelez plus Impreza) décide dans sa dernière version de remettre en question sa philosophie. Ne risque-t-elle pas d’y perdre son âme ?

Subaru WRX STI
Subaru WRX STI

L’essai, il y a quelques mois, de la Mitsubishi Evo X avait été pour moi une révélation. Élevé à la traction, passé par goût à la propulsion, la découverte de la traction intégrale m’a propulsé dans un monde d’efficacité brute qui, je dois bien l’avouer, m’a plutôt convaincu.

Subaru WRX STI
Subaru WRX STI

Cette fois ci c’est donc sa rivale historique, la désormais mythique Subaru STI que j’ai entre les mains. La première impression n’est pourtant pas très engageante. Certes, l’Impreza (difficile de ne pas l’appeler comme ça) n’a jamais été une reine de beauté, mais je dois concéder aux premiers modèles une certaine élégance virile, sans même aller jusqu’à évoquer le coupé B22 qui reste à mes yeux la version la plus réussie esthétiquement. Celle-ci n’arrive pas à m’émouvoir, d’autant qu’elle me parait tout de suite bien grosse pour aller virevolter dans des routes de montagne.

Subaru WRX STI
Subaru WRX STI

Le design de la dernière STI me paraît manquer d’homogénéité. Les ailes avant dont la courbe est cassée par une rainure très prononcée dénotent par rapport au reste du profil de l’auto, plutôt lisse. Cela pourrait peut-être passer si les ailes arrière présentaient le même niveau d’hypertrophie. Seulement leur renflement semble peu prononcé par rapport à l’avant et le déséquilibre en est encore accentué.

Subaru WRX STI
Subaru WRX STI

Si la gueule de l’auto reste agressive, elle le doit bien entendu à la classique aération sur le capot. Cette dernière est une véritable marque distinctive qui permet de définir la Subaru, malheureusement le reste du masque avant manque là aussi de personnalité pour s’affirmer sans cet artifice. Je ne peux pas vraiment reprocher à l’auto d’être laide, mais elle ne se démarque pas d’autres berlines en vente actuellement. Ce pourrait être une Ford ou une Kia sans choquer le moins du monde.

Reste la partie arrière. Le grand aileron ravira les enfants, moins les femmes. En tout cas pas la mienne qui me demande en voyant l’auto si elle sort du dernier opus de « Fast & Furious ». Si on fait abstraction de la table de pic-nic, la poupe de l’auto est plutôt réussie. Elle pourrait sans mal en remontrer à quelques premiums allemands.

Subaru WRX STI
Subaru WRX STI

En conclusion, le style extérieur n’est pas la plus grande force de la STI. Mais avec ses gimmicks de voiture de course, elle reste malgré tout spectaculaire, comme je pourrais m’en rendre compte tout au long de cet essai où j’ai battu mon record de « Woaouh ! » de la part des enfants croisés. Seule la Focus RS préparée rencontrée en chemin saura se montrer à la hauteur côté look.

Subaru WRX STI - Ford Focus RS
Subaru WRX STI & Ford Focus RS

Ouvrir la porte m’amène la plus belle des surprises. Alors que je craignais de me retrouver dans un habitacle d’un autre âge, comme sur sa rivale aux diamants, la STI présente un intérieur plutôt soigné, assez agréable à l’œil au premier abord et, surtout, richement doté. Le siège baquet n’est pas des plus ergonomiques, cependant je finis par m’y sentir suffisamment à l’aise pour ne plus y penser.

Subaru WRX STI
Subaru WRX STI

Face à moi, le volant réglable est aussi agréable à prendre en main qu’à regarder. Le levier de vitesse est lui aussi idéalement proportionné et positionné. Bref, la position de conduite est peu critiquable. Premier bon point. En posant le regard sur la planche de bord, je découvre un assortiment assez flatteur de plastiques moussés et d’inserts carbone. Avec les différents compteurs/manomètres digitaux ainsi que l’écran multi-fonctions intégrant le GPS, l’impression qui se dégage est assez gratifiante. Je suis certes dans une auto sportive, mais le confort et la qualité perçue ne donne pas l’impression que tout est sacrifié sur l’autel de l’efficacité. Il reste juste à espérer que cette efficacité ne sera pas pour autant oubliée.

Subaru WRX STI
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Flat Four ! La mécanique de la reine des rallyes a toujours eu ses adeptes. Certains lui trouvent un bruit de machine à coudre, de mon côté j’ai un l’impression d’entendre un bourdon croisé avec un V8 big block. C’est plutôt agréable. A régime usuel pour circuler aux abords de la capitale, je suis étonné de la docilité de ce 2.5L dont les 300 ch restent bien disciplinés. A vrai dire, ne serait le gabarit plutôt imposant, la voiture est plutôt à l’aise dans une circulation dense. Le confort est d’ailleurs suffisamment bon pour que j’oublie que j’ai emprunté cette auto pour en faire un essai un tant soi-peu sportif.

Subaru WRX STI
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Subaru WRX STI
Subaru WRX STI

Mais rassurez-vous, ça ne dure pas. Au premier bout de ligne droite, la pression sur l’accélérateur réveille les 300 canassons et les 41.5 m/kg de couple pour me rappeler que j’ai entre les mains une descendante de championne. Une fois de plus je retrouve ma petite route Normande préférée pour tester un peu les limites de l’auto et surtout ses nombreuses possibilités de réglages.

Subaru WRX STI
Subaru WRX STI

Car oui, je ne vous l’ai pas encore dit, mais pour les pseudo-pilotes, la STI propose deux boutons de réglages des plus plaisants. Le premier se présente sous la forme d’une molette juste devant le levier de vitesses. Celle-ci permet de choisir entre trois cartographies moteurs : économique (dans ce cas l’écran digital derrière le volant fait apparaître entre le compteur de vitesse et le compte-tour le dessin d’une courbe très lisse de couple), sport (la courbe devient alors un peu plus abrupte) et “sport sharp” avec dans ce cas une réponse plus brutale à l’accélérateur.

Subaru WRX STI
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Le second set de réglage concerne le différentiel central permettant, dans le cas le plus extrême, de bloquer totalement le différentiel. Pour mon premier passage, je laisse le différentiel en automatique et le moteur en sport. Cela me permet de me remettre en tête le tracé de la route autant que d’apprendre sereinement l’auto. Les accélérations sont déjà franches, le freinage assez efficace et les courbes sont enroulées avec sérénité.

Subaru WRX STI
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Deuxième passage, je bascule le moteur en « sport sharp » sans toucher aux réglages de différentiel. L’accélération est tout de suite plus brutale, cependant le châssis encaisse sans broncher la puissance lors des sorties de courbe. Pas une once de glisse ni sur le train avant ni sur le train arrière. La voiture est là encore d’une efficacité bluffante, mais elle ne m’emballe pas encore car elle ne me demande pas une grande implication.

Subaru WRX STI
Subaru WRX STI

Troisième passage, toujours en “sport sharp“, je bloque ce coup-ci le différentiel central. La voiture devient alors plus vive dans son comportement. Les sorties d’épingle se font pied au plancher, l’auto s’extrait avec force et sans une once de perte de motricité une fois de plus. La différence avec le passage précédent est qu’il faut être vigilant à débraquer rapidement au risque de continuer à tourner alors que la route s’est remise droite. Ce coup-ci je me sens bien plus impliqué dans le pilotage et malgré tout, la voiture n’en devient pas piégeuse pour autant. Sur la même route j’aurais peut-être pris plus de plaisir au volant d’une propulsion légère, mais je dois bien reconnaître que la Sub’ ne manque pas d’arguments. Le plaisir ne vient pas d’une bagarre avec la motricité, il émane plutôt de la pure efficacité de l’auto. C’est au final ce qui m’impressionne le plus après une petite heure de pilotage. J’ai pris du plaisir sans me faire peur, j’ai du me concentrer pour aller chercher la sortie du regard bien plus loin que je ne l’ai jamais fait. Si on ne regarde que les 10/20m devant, on se rend vite compte que la courbe est déjà finie et qu’on est en retard sur la remise des gaz.
Voici un des plus beaux compliments que je n’ai jamais fait à une auto : sa capacité à générer du plaisir dans la nécessité de mieux piloter pour se hisser à sa hauteur.

Subaru WRX STI
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Subaru WRX STI
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Dans ce tableau, une seule ombre : le gabarit. Car si l’auto est plaisante, difficile d’oublier qu’elle donne parfois l’impression d’être trop imposante. C’est peut-être en cela que la nouvelle STI marque le plus grand changement dans la généalogie. Elle ne se contente plus d’être une sportive pouvant véhiculer une famille. Elle se pose en vraie familiale aux capacités sportives conservées.

Subaru WRX STI
Subaru WRX STI

Son espace intérieur, la taille de son coffre, tout cela permet de véritablement pouvoir envisager de grands voyages avec femme et enfants. La qualité de fabrication, le confort relatif (ça reste ferme à basse vitesse) et l’équipement complet contribuent eux aussi à la rendre agréable au quotidien. Car oui, elle est agréable, pas seulement vivable.
Et sans son look de frigo tuning, j’aurais peut-être pu convaincre ma tendre épouse qu’il s’agissait là d’une potentielle remplaçante de la familiale actuelle.

Subaru WRX STI
Subaru WRX STI

Préférant l’agressivité à la beauté, toujours équipée d’un 4 cylindre Boxer à la sonorité typique, ne reniant pas sur une efficacité souveraine, la nouvelle WRX STI se pose en digne héritière d’une lignée devenue mythique. Elle réussit en plus le tour de force de ne plus seulement s’adresser aux purs et durs. Confortable, moderne, pratique, elle ajoute de nouvelles cordes à son arc et permettra aux pères de famille de mieux faire accepter son côté jouet. Une évolution réussie qui, à près de 50 000 € aura encore du mal à se faire une place sur un marché qui préfère les allemandes. Mais pour ceux qui oseront, le plaisir sera au rendez-vous c’est garanti.

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