L’avenir de l’automobile selon Genève 2018
Actualité Salon de Genève

L’avenir de l’automobile selon Genève 2018

Hyundai Kona GIMS2018

Dans un salon de Genève traditionnellement inspiré par le luxe, le sport et l’exclusivité, les constructeurs ont cette année axé une grande part de leur communication sur les sujets d’avenir. Energie renouvelable, conduite autonome, voici un petit florilège de ce que nous réservent les années à venir.

Honda Urban concept GIMS2018

Energies renouvelables : Electricité et hydrogène sans véritable concurrence

Economie d’énergie et qualité environnementale. S’il y a bien un sujet porteur actuellement c’est celui-ci. Politiciens comme constructeurs automobiles ont développé depuis quelques années un champs lexical riche sur ce thème dès qu’il s’agit de parler de voiture.

Là où il y a une grosse différence, c’est qu’entre « ceux qui font » et « ceux qui parlent », il y a un monde.

Ceux qui parlent ? Demandons à Julien Lepers de nous aider à trouver. « Après des années à soutenir le diesel sous toutes ses formes j’ai dernièrement décrété qu’il était la pire des engeances et décidé de le bannir des villes au plus tôt. Je base toutes mes communications sur la diabolisation de ce carburant mais continue à mettre en place chaque année un système de bonus/malus, basé sur les rejets en CO2, qui lui est toujours favorable par rapport à l’essence. Je suis, je suis…le GOUVERNEMENT FRANÇAIS !!! »

Ceux qui font ? En gros l’ensemble des constructeurs automobiles. Alors certes les modèles à combustion interne ne sont pas prêts de disparaître. Mais les constructeurs le savent. L’avenir passera désormais, et sans aucun doute possible, par une électrification des véhicules.

Celle-ci a déjà commencé depuis des années, et pour quelques années encore ce sera l’hybridation qui se taillera la part du lion. En attendant que la technologie des batteries ou de l’hydrogène soit assez performante pour prendre le relai.

Les modèles présentés à Genève, et déjà ou bientôt disponibles à la vente, étaient nombreux. En particulier chez les constructeurs asiatiques.

Chez Toyota-Lexus, champion incontesté, pas de grande révolution. La gamme est déjà bien fournie, de la Yaris hybrid à la Lexus LC500h (voir notre essai de la Lexus LC500h). La nouvelle Auris (Corolla aux USA) embarque à son tour non pas une, mais deux motorisations hybrides de 1.8 et 2.0 litres.

Toyota Auris Hybrid GIMS2018

Hyundai avait déjà dans sa gamme la Ioniq, proposée en trois versions électrifiées : hybride, plug-in hybride et full électrique. Cette année c’est avec son SUV phare le Kona que la marque Coréenne investit le marché. Une tactique que l’on peut imaginer payante tant le segment du petit SUV est porteur en ce moment. Comme en plus ce Kona électrique est plutôt réussi (la calandre pleine conserve une certaine personnalité) et propose une autonomie intéressante (482 km en norme WLTP), on peut espérer que le succès sera au rendez-vous.

Hyundai Kona GIMS2018

Chez Nissan, c’est la Leaf, 100% électrique, qui fait peau neuve. La première bonne nouvelle c’est qu’elle est notablement moins laide que sa devancière. La seconde bonne nouvelle c’est l’autonomie considérablement augmentée (entre 270 et 400 km annoncés).

Côté européens, BMW continue à diffuser sa gamme i avec toujours la i3 en entrée de gamme (voir notre essai de la BMW i3) et la i8 au sommet (voir notre essai…ah non, c’est vrai, on n’a pas réussi à convaincre BMW de nous la prêter…). La nouveauté de ce côté n’était pas tant technologique avec un gain anecdotique que quelques chevaux, qu’esthétique. Après des années d’attente le roadster i8 arrive enfin.

BMW i8 roadster GIMS2018

La grande nouveauté venait de Jaguar qui présentait officiellement son I-Pace. Un SUV bas de plafond (ce n’est pas péjoratif…pas trop…) et à l’empattement gigantesque. Attardons-nous un peu sur le physique de cette nouveauté. La première impression n’est pas très flatteuse. Les proportions sont très différentes de ce qu’on a l’habitude de voir. Par rapport à une berline, c’est haut avec un museau court. Par rapport à un SUV, c’est bas et collé par-terre. Bref, quel que soit le référentiel c’est hors norme. Et pourtant, plus je la regarde, plus je trouve qu’il se dégage quelque chose de cette voiture. Sans aller jusqu’à la trouver belle, elle a au moins le mérite de ne pas me laisser indifférent. Côté performance, la Jaguar se pose en concurrente directe de la Tesla Model X (voir notre essai de la Tesla Model X). Le temps où l’américain jouait seul sur son terrain semble prendre fin. Et personne n’aurait misé sur Jaguar pour venir le défier en premier. Les résultats commerciaux de la I-Pace seront à suivre de près car c’est peut-être lui, plus que Tesla, qui va faire bouger les lignes dans le segment du luxe (pour plus de détail voir notre article sur le Jaguar I-Pace).

Jaguar I-Pace
Jaguar I-Pace

De l’autre côté de l’Atlantique, seul Ford avait fait un déplacement notable. Mais pas de nouveauté électrifiée. Ce sera peut-être pour le Mondial de Paris ?

Tesla n’était pas présent officiellement, mais lors des journées presse un model 3 était exposé par Caresoft. L’occasion de voir de près celle qui devrait sauver la marque d’Elon Musk. On y retrouve bien la patte Tesla comme dans les modèles S et X, mais de façon simplifiée. L’intérieur est toujours très épuré mais moins spectaculaire que dans les modèles plus haut de gamme.

Tesla Model 3 GIMS2018
Tesla Model 3

Pour finir ce tour d’horizon des hybrides et électriques, il faut bien s’attarder sur les « exotiques ». D’un côté Koenigsegg présentait une nouvelle robe bleue sur sa Regera. Tandis que Rimac gagnait encore un peu en crédibilité avec la Concept Two. Plus mature en design, annoncée pour 1 915 ch (lire notre article ici). Crédibles ou pas, de toute façon voici deux voitures qu’on ne verra jamais dans la rue ailleurs que stationnée devant un Palace.

Rimac Concept Two
Rimac Concept Two

Côté véhicules à hydrogène, Hyundai présentait le Nexo, Honda la berline Clarity aux faux airs de Toyota Mirai. Pour les deux dernières citées, le style est… comment dire… Vous voyez quand vous vous réveillez le dimanche midi après avoir gagné la veille au beer-pong, que vous vous déplacez furtivement jusqu’à la machine à café en prenant bien soin de limiter les mouvements de votre estomac et que soudain votre femme apparaît et vous met sous les yeux un plat fumant en disant « tu tombes bien, le cassoulet est prêt ! ». Ben, la Clarity et la Mirai, moi ça me fait pareil…

Honda Clarity GIMS2018

Heureusement, le Nexo apporte un peu d’espoir. Même si cela reste une camionne… pardon, un SUV, il arrive à conserver une certaine harmonie physique qui laisse à penser que les véhicules à hydrogène ne sont pas condamnés à rester laids. En attendant le problème de cette technologie reste la très faible couverture en stations de recharge. Ainsi la Mirai, bien qu’officiellement en production, n’est pas distribuée officiellement en France (seuls quelques privilégiés ont pu en acquérir, sélectionnés avec soin par Toyota).

Toyota Mirai GIMS2018

Le futur : Un avenir finalement prometteur

Ce n’était pas gagné pour nous, les “petrolheads”. Ceux qui aiment quand ça fait vroum et que ça sent un peu la combustion de carburant fossile. Et pourtant les constructeurs arrivent à nous faire entrevoir un avenir où la passion automobile ne sera pas totalement absente.

Dans le groupe VW, c’est la naissance de la marque Cupra qui a retenu mon attention. Pas tant du fait que ce soit la nouvelle marque sportive déclinée de Seat que par l’annonce qui nous a été faite que l’électrification viendrait par ce biais chez le constructeur hispano-germanique. Alors soit il y a un gros loupé marketing à venir, soit les premières hybrides de la marque feront la part belle à la performance plutôt qu’à l’écologie dénuée de plaisir. Bref, je dois avouer que j’ai hâte de voir arriver ces premières propositions, histoire de voir une Cupra E-Racer aller claquer un temps au Nurburgring.

Cupra E-Racer

Dans le même genre, Volvo et sa branche sportive Polestar nous présentait une bien belle auto à Genève. La Concept One fait mentir sa ligne d’un grand classicisme avec une technologie hybride développant un total de 600 ch. Voilà une proposition que je n’attendais pas forcément quand Volvo a annoncé vouloir électrifier l’ensemble de sa gamme dans les années à venir. C’est plus qu’une bonne surprise, c’est un nouvel espoir !

Polestar Concept 1 - Salon de Genève 2018 - Joris Clerc ©
Polestar Concept 1 – Salon de Genève 2018 – Joris Clerc ©

De l’espoir j’en ai à revendre concernant Honda. La NSX nous a démontré qu’une supercar hybride « abordable » pouvait se montrer passionnante (voir notre prise en main de la Honda NSX). C’est suffisant pour que j’ose croire à la future existence future en production des deux craquants concepts Urban EV (le premier qui évoque la Golf sera obligé de 6 mois en Citroën Saxo électrique !) & Sport EV.

Honda Sport EV - GIMS 2018
Honda Sport EV – GIMS 2018

Chez Toyota plusieurs concepts bien moins réalistes permettaient au géant japonais de nous exposer sa vision de la voiture électrique, connectée et autonome. Cela nous mène déjà beaucoup plus loin dans le futur et nous permet juste d’imaginer des mondes possibles plutôt que de sauter directement les deux pieds dedans.

Toyota concept GIMS2018
Toyota concept GIMS2018

La voiture autonome était le sujet traité par Renault avec son concept EZ Go. Si tous les sujets porteurs sont abordés avec cette étude, de la voiture autonome à l’idée de ne plus être qu’utilisateur de véhicules partagés, la vision du constructeur français reste nuancée. Lors de la table ronde proposée avec Ali Kassaï (senior vice-president product planning), Laurens Van den Acker (senior vice-president Corporate Design) et Ogi Redzic (senior vice-president Connected Vehicles & Mobility Services), le premier cité nous faisait par de sa vision d’une clientèle partagée en trois grandes catégories. D’un côté les utilisateurs dépassionnés pour qui l’important est l’optimisation de la mobilité et à qui s’adresseront en premier lieu les robotaxis, puis les véhicules autonomes en général. A l’autre extrémité du spectre, les amoureux de la voiture qui ne voient pas les contraintes afférentes (conduire en agglomération, chercher une place de parking…) comme des gênes insupportables et pour qui les constructeurs devront toujours proposer des produits passionnels. Et enfin le ventre mou entre les deux qui oscille d’un extrême à l’autre en fonction des utilisations.

Renault EZ go GIMS2018
Renault EZ Go
Renault round table on autonomous cars GIMS 2018

Bref la voiture autonome ne sera pas, selon Renault, une fatalité absolue. Ouf !

 

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P. Lagrange (@Philagrange)

3 commentaires

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  • C’est vrai et c’est dommage car je pense que Ford a de belles choses à dire sur le sujet.

  • A mon avis perso , l ‘automobile est en train de passer un virage délicat et radical à venir dans les années prochaines !!!
    je ne pense pas que cette tendance n’est pas spécifique à l’Hexagone mais mondiale du moins en Europe et Nord américain
    Merci Philippe pour cet topo 😉

  • Peu de chance que l’on voit des nouveautés électriques (ou du moins hybride) chez Ford au Mondial de Paris, car les probabilités qu’ils y exposent sont quasi nulles 😉 (voire justement nulles tout court)

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