L’espace clubs est une bonne façon de rentrer dans la manifestation sans se décoller toute de suite la rétine. Mais ce sont bien les véhicules participant aux concours qui restent le clou du spectacle.
Voici donc un aperçu de résultats agrémenté de mes quelques coups de cœur.
Concours d’élégance
Comme tous les ans, un concours d’élégance est réservé aux constructeurs et à leurs modèles spéciaux. Difficile ici de parler de prototypes car on y retrouve des versions plus ou moins commercialisées. Cette années voyait donc s’affronter du côté des “modèles de série” une McLaren 720S, une Aston Martin Vanquish S Volante carrossée par Zagato et le DS7 Crossback Présidentiel de notre nouveau président. Tandis que leur faisaient face la Renault Trezor Concept et la Citroën CXperience Concept pour l’honneur des véhicules de salons.
Honnêtement, la présence du DS7 était un cadeau flagrant au sponsor de la manifestation, mais l’idée de l’accompagner d’une très belle collection de véhicules présidentiels historique (ah, la SM Chapron…) arrivait à faire passer la pilule.
Au final la victoire ira au couples Renault Trezor/Balmain et Citroën CXPERIENCE/Yang Li. Un doublé qui rassure sur la perception du jury de ce que doit être l’élégance.
Concours d’état
Un grand carrossier français : Pourtout
Ce premier concours d’état voyait s’affronter une grande majorité de modèles français, mais trois Lancia venaient tout de même troubler la fête. le 1er Prix revenait malgré tout à la Delage D8-120 S Coach Sport (1939), tandis que la Remi Danvignes CD4 Roadster (1938) recevait le Prix Spécial.
C’est cependant la Peugeot 402 Darl’Mat cabriolet (1938) qui garde ma préférence d’un point de vue purement esthétique.
Les voitures des grands musiciens
En toute honnêteté, si vous m’aviez demandé de relier chaque voiture à un musicien, je n’aurais pas réussi à retrouver beaucoup de couples effectifs. Ainsi la Porsche 911 3.0L RS aux couleurs criardes bleue et orange ayant raflé le premier prix aurait pu appartenir à un rocker déjanté. C’est pourtant le chef d’orchestre Herbert Von Karajan qui en avait fait l’acquisition en 1974.
De son côté, l’Iso Griffo A3C remportant le Prix Spécial a su séduire le jeune Johnny Hallyday en 1965. Un choix original à mon avis.
Quant à moi, je partage plutôt les goûts de David Gilmour (Pink Floyd) pour le classique et intemporel Spider Ferrari 365GTS/4 Daytona de 1969. Cela vient peut-être aussi de ces samedis à regarder Sonny Crockett parcourir les rues de Miami à son volant. Oui, je sais, c’était une réplique…
Les Woodies
Elle était chouette cette mode des carrosseries en bois. Mais si la Peugeot 202 ‘‘boulangère’’ (1949) mérite certainement le 1er Prix pour une originalité incontestable, mon cœur aurait plutôt tendance à rester de l’autre côté de l’atlantique où le style était très prisé.
La Chrysler Town&Country convertible 1947 garde ma préférence.
Un siècle de voitures électriques
Bien avant la Zoe, saviez-vous que Renault avait inspiré un américain au point que ce dernier ait envisagé une version électrique de la Dauphine ? Vous voilà désormais plus savant !
C’est cependant la Detroit Electric Model D Brougham(1910) qui gagne le 1er Prix. Un prix qui permet d’oublier que concourrait dans cette catégorie une Tesla model S dont le seul alibi pour un tel concours était de servir de toile au peintre Peter klasen…
Les voitures de course et de sport à transmission par chaînes
S’il est bien une catégorie s’adressant aux érudits, c’est bien celle-ci. En premier lieu car les véhicules du début du 20e siècle ne sont pas les plus adulées, ensuite parce que la technique de transmission par chaîne est tout de même très spécifique. Clairement il s’agit de voitures de pionniers, de ces hommes qui risquaient leur vie non seulement en cas d’accident, mais aussi en cas de temps frisquet car une pneumonie est vite arrivée au volant de ces monstres mécaniques.
1er Prix : Gladiator Grand Prix (1904)
Prix Spécial : Panhard Grand Prix (1908)
Les Alfa Romeo à carrosserie spéciale d’avant-guerre
A l’heure où il semblerait que la vénérable marque milanaise éprouve les pires difficultés à vendre des voitures pourtant intéressantes (relisez notre essai de la Giulia QV), il est bon de se remémorer qu’entre les deux guerres mondiales, Alfa Romeo proposait de véritables sportives à faire carrosser par de grands artistes. C’est un 1er Prix mérité que remporte l’Alfa Romeo 6C 1750 Grand Sport Spider Zagato MM (1929).
De son côté le Prix Spécial revient à la 8C 2300 MM Torpedo/Cabriolet Brandone (1933)
Les Alfa Romeo à carrosserie spéciale d’après-guerre
Un peu plus près de nous (Mon Dieu…), cette seconde catégorie dédiée aux Alfa Romeo présentait des modèles disparates. Le premier prix indiscutable de l’Alfa Romeo 3000 CM « Superflow IV » Pinin Farina (1960) faisait presque oublier le reste de ce très joli plateau. Un modèle unique à l’historique tortueux. D’abord voiture de course, puis à plusieurs reprises re-carrossée pour diverses expositions.
Prix spécial : Alfa Romeo 1900 Super Sprint Zagato (1955)
Les Barquettes Ecceterini
Voici deux catégories des plus rafraîchissantes. En barquettes autant qu’en berlinettes, ces italiennes sont absolument craquantes.
Comme quoi il y a une vie ailleurs que chez Ferrari-Lamborghini-Maserati dans la botte.
Dans cette catégorie de, le 1er Prix revient à l’originale Siata 500 Record (1946) qui rappelle fortement les Auto-Unions de la grande époque.
Prix Spécial : Osca Maserati S-498 (1959)
Les Berlinettes Ecceterini
Les berlinettes sont tout aussi charmantes que les barquettes. la Aguzzoli Condor (1964) qui remporte le 1er prix n’était pas apparue au public depuis des années et a étonné de nombreux spectateurs.
Prix Spécial : Osca MT4 LM (1952)
Petites et Grandes
Une catégorie faisant la part-belle aux enfants. Si le 1er Prix attribué auxBugatti Type 52 Baby (1926) & Bugatti Type 35 (1926) nous ramenait aux albums de Tintin, j’avoue un faible pour le couple de Matra 670 bien plus rares à mon avis.
Les Bugatti 57S
Bugatti reste sans aucun doute le plus mythique des constructeurs français de tous les temps. Les types 57S présents à Chantilly nous rappelaient l’élégance rare de cette sportive aux multiples déclinaisons.
Si le premier prix de l’Atlantic 1936 n’étonne personne, j’avoue un faible pour l’Atalante.
Les Ferrari des 24 Heures du Mans : les GT et dérivés
De bien beaux monstres que ces GT et dérivés. En particulier la gagnante du 1er Prix : la Ferrari 512 BBLM (1980)(châssis #32129). Bien plus esthétique que la 308GT/LM 1974 à mon avis.
Mais si la BB512 évoque ma plus tendre enfance, la Ferrari F40, Prix Spécial me rappelle cette période faste ou Patrick Peter remis au goût du jour les GT en compétition dans les années ’90.
Les Ferrari des 24 Heures du Mans : les protos, voitures ouvertes
Voici une catégorie risquée pour la manifestation. Avec la concurrence de la célébration des 70 ans de la marque en Italie, il n’était pas gagné d’avoir des voitures hors du commun. Et pourtant la Ferrari TR58 (1958)(châssis #0728) gagnante des 24H du Mans 1958 avec Olivier Gendebien et Phil Hill relève du mythe. Elle remporte un premier prix mérité.
Le Prix Spécial attribué à la Ferrari Dino 166 SP (1965)(châssis #0834) récompense l’un des plus beaux dessins de l’histoire. Cette ligne que l’on retrouve aussi sur la Ferrari 330 P4 va à ravir au petit gabarit de la Dino.
Les Ferrari des 24 Heures du Mans : les protos, voitures fermées
L’origine de l’endurance moderne ? C’est en tout cas ce que m’évoquent trois des quatres joyaux présentés dans cette Catégorie.
Le 1er prix est pourtant remporté par la Ferrari 250 LM (1964)(châssis #5891) qui semble sortie de la nuit des temps par rapport aux 312 et 512 en concurrence. Pourtant moins de dix ans séparent toutes ces autos.
Prix Spécial : Ferrari 512 S (1970)(châssis #1016)
Les Ferrari des 24 Heures du Mans : les 365 GTB/4 Daytona Gr. 4
Une catégorie un peu monotone, limite monotype. Du coup ce sont trois modèles assez similaires qui remportent tous les prix.
Personnellement j’aime bien la GTS/4 NART commandée par Luigi Chinetti.
Les Ferrari des 24 Heures du Mans : les 250
Voir une Bugatti 57S Atlantic et une Ferrari 250 GTO 1962, c’est digne du dernier film de “bagnolard” sorti cet été sur les écrans. Mais quand il y a deux GTO, on commence à applaudir la capacité de Peter Auto de réunion de telles merveilles !
1er Prix : Ferrari 250 GTO « 62 » (1962)(châssis #4293GT)
1er Prix Spécial : Ferrari 250 GT Sperimentale (1961)(châssis #2643GT)
2e Prix Spécial : Ferrari 250 GTO « 64 » (1964) (châssis #5575GT)
Prix du public :
Un dernier mot pour l’exposition de Supercars qui ne faisait pas l’état d’un concours. L’exposition était des plus disparate avec une Viper ACR, une Bugatti EB110 ou encore une aussi laide qu’étrange Ferrari 550 revue par Sbarro.
C’est au final à la Lexus LFA que reviendra le prix du public. Une première pour une auto japonaise ?
Cette édition de Chantilly Art & Elégance ne restera peut-être pas comme la plus belle, mais la manifestation reste cependant l’une des plus belles en Europe. Avec un peu de renouvellement, en particulier sur les espaces clubs, elle devrait reprendre une longueur d’avance sur ces concurrentes françaises. Vivement 2018.
Merci à Kévin Goudin & Raphael Dauvergne pour leurs magnifiques photos.