Un pick-up double cabine à l’essai chez AutomotivPress ? Tout se perd, je vous l’accorde. Mais d’une part, dans le cadre de la journée Ford Performance que nous a proposé Ford France, l’essai du Ranger Raptor était inclus dans le package. Puis au final, cela m’a permis de confronter mon idéal sportif « light is right » a une vision totalement opposée : « heavy is not always bad ».
Deux tonnes et demi, 213ch, il faut bien que j’avoue que je n’ai pas sauté de joie initialement à l’idée d’essayer le Raptor. Pourtant au début, Raptor ça me parlait un peu. V8, 700ch…sauf que ça c’est le F150 et qu’il n’est pas importé en Europe. Chez nous, la dénomination Raptor s’applique au Ranger et ce n’est pas le V8 mais le V6 et que la puissance n’est pas si débordante que cela.
Sans compter que chez AutomotivPress, on est plus branchés sur des sportives pouvant s’exprimer sur un ruban d’asphalte que sur un chemin boueux. Ceci dit Ford France a fait les choses bien. Pour nous vanter les mérites du Ranger Raptor, pas de test routier mais du pur tout-terrain.
En premier lieu un circuit franchissement. Comme la météo est clémente avec nous (a savoir pluie avant l’essai mais pas pendant), les conditions sont parfaite pour mettre à l’épreuve notre monture. Pour moi c’était une première dans ce genre d’exercice et, malgré la vitesse réduite (tout se passe sous les 10km/h), les sensations sont bien présentes. La traction intégrale permet de grimper les buttes pourtant bien glissantes tandis que le système qui gère le freinage assure les descentes en toute sécurité.
Sans aucun doute, ce Ranger Raptor est un outil idéal pour tout professionnel nécessitant un véhicule autant capable de faire de la route que de passer sur des terrains accidentés.
Mais pour en revenir au sport, le meilleur moment reste le test sur circuit rapide. Toujours en tout-terrain. Le complexe de la Ferté Gaucher comprend en effet un circuit terre de plusieurs kilomètres. Tout comme pour la partie franchissement, c’était pour moi une première de pousser une auto dans des conditions d’adhérence précaires. Et comme le terrain est bien dégagé, mon pilote instructeur me lâche complètement la bride.
Les 213ch et surtout 500Nm de couple se déchainent dans le cri du V6 tandis que les 10 vitesses de la boite s’enchaînent au fur et à mesure que le Raptor prend de la vitesse. Taper les 80km/h en contre-braquage le pied au plancher est plutôt jouissif il faut avouer.
La puissance n’impressionne pas dans ces conditions mais il faut avouer que même avec deux fois plus, il aurait été difficile d’aller beaucoup plus vite tant la boue saturait les pneus.
Côté freinage, les conditions ne permettaient pas de se faire une idée ni de la puissance, ni de l’endurance. De même le comportement en virage était très masqué par le fait que le terrain s’apparentait plus à une auge à cochons qu’à un circuit. Mais quelques appels contre-appels réussis m’ont permis me rendre compte que le Raptor acceptait de se faire malmener malgré son poids et son encombrement important.
Après une demi-heure passée au volant, difficile de rendre un avis définitif, mais s’il fallait que j’imagine quelles raisons pourraient me faire acheter un tel véhicule, voici ce que je mettrais en avant.
D’une part, il faudrait que j’aie un besoin récurrent de sortir des voies carrossables. Ensuite, un besoin de tracter ou transporter des charges importantes. Dans ces conditions, le Ford Ranger pourrait tout à fait répondre à ces besoins primaires. L’achat d’un Raptor quant à lui se justifierai si j’avais la possibilité de le mettre de façon régulière sur une piste en terre comme celle de la Ferté Gaucher. Une façon décalée de renouveler le « trackday » auquel je m’adonne parfois avec l’Elise.
Pratique, relativement confortable, performant, le Ford Ranger Raptor est sans conteste un bon pick-up. Aller jusqu’à le considérer comme un véhicule sportif est un pas supplémentaire que je franchirai avec plus de circonspection. Mais il est vrai que sur un circuit adapté, il permet de s’amuser quand on le pousse dans ses retranchements.