Essai Mazda 3 e-SkyactivX 186ch (2021)
Essais Mazda

Essai Mazda 3 e-SkyactivX 186ch (2021)

Salon de Tokyo 2017, Mazda présente le concept Kai. Une berline tri-corps au style dynamique. Deux ans plus tard, la dernière mouture de la Mazda 3 reprend les codes de la Kai au moment de descendre sur nos routes. Le style a été adouci, mais la compacte japonaise est arrivée avec de nouvelles ambitions pour la firme d’Hiroshima. Un look au diapason des autres modèles de la marque, une qualité perçue en net progrès et une motorisation innovante, à contre-courant de la concurrence.

Lors de son essai en 2019 (lire l’essai ici), Raphaëlle avait déjà presque tout dit sur la voiture. Jolie, confortable, douce mais performante malgré tout. En revoyant les photos de son reportage, j’ai le sentiment que la voiture n’a que très peu évolué, mais la mise à jour mécanique impose une revue de l’auto.

 

Optimisation mécanique

Le moteur est peut-être la partie de la voiture qui a le plus évolué depuis sa sortie. Donné pour 180ch et 224Nm à sa sortie, il a été revu afin de délivrer désormais 186ch et 240Nm. Des chiffres relativement timides me direz-vous. Sauf qu’entre temps, la règlementation n’a cessé d’évoluer, en particulier en durcissant les exigences écologiques et augmentant les malus par la même occasion.

Chez Mazda, non seulement ils ont réussi à se mettre au diapason, abaissant le taux de CO2 émis de façon à éviter un malus (pour la version deux roues motrices et boite manuelle), mais ils ont réussi à le faire en augmentant (en théorie) les performances de la voiture donc.

La technologie SPCCI (allumage par compression à commande par étincelle) se veut le mariage idéal entre les technologies classiques des moteurs essence et des moteurs diesel. Dans le principe c’est relativement simple : injecter dans la chambre de compression un mélange relativement pauvre en essence, sauf autour de la bougie. Dans cet espace limité, le mélange est plus riche. Lorsque l’étincelle se produit, il s’enflamme donc facilement (comme sur un moteur essence). L’explosion compresse alors le mélange « pauvre » qui s’enflamme à son tour sous l’effet de la pression (à la façon d’un moteur diesel). C’est beau expliqué ainsi, mais bien entendu la réalité est bien plus complexe, pour faire fonctionner ce système et surtout le rendre stable dans le temps.

En tout état de cause, cette technologie purement Mazda permet de proposer une alternative au down-sizing répandu partout ailleurs chez la concurrence. Ici, le quatre cylindres atmosphérique cube ses deux litres avec fierté, tout en se montrant aussi frugale sur le papier que les trois cylindres de un litre turbocompressés de ses challengers.

Mais là où la technique promet, le seul juge de paix restera tout de même l’essai derrière le volant.

Espèce en voie de disparition

L’achat d’une voiture fait intervenir une combinaison de critères dont la pondération est propre à chacun. Prix, équipement, performance, taille, style, marque. Chacun y va de sa petite recette pour guider un choix plus ou moins objectif à la fin.

Ma recette personnelle est issue d’un ensemble de compromis particulièrement complexe à gérer. En tout cas en ce qui concerne la voiture familiale.

En premier lieu les critères généraux : tarif au-dessous des 35 000€, 5 places, catégorie compacte (pas trop grosse), berline (je n’adhère pas au concept SUV), boite manuelle et moteur essence.

Viennent ensuite les critères de ma chère et tendre : caméras de recul, connectique facile au téléphone et toit ouvrant.

Enfin, mes critères : puissance suffisante pour permettre une conduite dynamique et la capacité de tracter une remorque avec une petite voiture de loisir.

Vous en conviendrez, voici un cahier d’exigences de plus en plus difficile à remplir. La Mazda 3 e-SkyactivX, malgré sa micro-hybridation semble cependant réunir tous les critères souhaités. S’il sera difficile de mettre une attache-remorque sur une voiture de presse, voyons si la voiture répond aux autres exigences en attendant.

Intérieur

En prenant place derrière le volant de la Mazda 3, les premières impressions sont très bonnes. Le cuir de cette version haut de gamme Exclusive avec option Burgundy est plutôt flatteur. Les rappels rouges sur le tableau de bord et les contre-portes ne sont pas trop envahissants et le mariage avec les plastiques de bonne qualité noirs est plutôt réussi. Le design de la planche de bord est relativement sobre et marie avec un équilibre assez juste à mon avis modernisme et classicisme. Pour les plus geeks, l’écran d’information-divertissement semblera un peu petit. D’autant plus qu’il n’est pas tactile mais géré par une molette entre les sièges.

Le siège est confortable, la position de conduite facile à régler avec la possibilité d’enregistrer deux réglages. Ce point est d’autant plus appréciable si vous êtes amenés à partager le volant entre plusieurs personnes de gabarits différents. Le levier de vitesse est assez avancé sur la console centrale. Cela est assez déroutant initialement pour moi qui suis relativement grand (1m81, je reste loin de Shaquille O’Neal je vous l’accorde). Mais cela convient parfaitement à ma femme, plus petite, qui n’a pas, pour une fois, l’impression que le levier est derrière le siège lorsqu’elle est installée.

A l’arrière, la place est suffisante pour emmener deux adultes sans qu’ils n’aient les genoux qui frottent au dossier du siège. Au final le seul point limitant pour un usage familial est la taille du coffre. Mais c’est plus un défaut en comparaison de ma voiture actuelle (308, un des plus grands coffres de la catégorie) qu’un véritable point disqualifiant.

Au volant

La Mazda 3 se montre douce dès les premiers tours de roue. A tous les niveaux. Les suspensions filtrent parfaitement les aspérités de la route, le confort est au rendez-vous sans pour autant que la voiture semble molle. L’affichage tête haute est parfaitement intégré, projetant les informations au-dessus du capot. Je me sens rapidement à l’aise et la personnalité de la voiture incite à conduire plutôt calmement.

Le caractère du moteur est à l’unisson. S’il ne vous colle pas au siège à l’accélération, il fait montre toutefois d’une vigueur tout à fait raisonnable. L’intérêt d’un « gros » moteur atmosphérique par rapport aux petits turbocompressés est la faible inertie au démarrage. La voiture semble réagir bien plus vite par exemple que mon actuelle 308 GT. Même si une fois dépassé les 2000trs/min la française pousse plus fort. Il faut dire que le moteur e-SkyactivX est piloté par une boite longue comme un jour sans pain. Près de 50km/h en première, 100km/h en fond de seconde. Je n’ai pas tiré sur les autres rapports de peur de perdre mon permis. Le résultat est certainement positif pour la consommation, mais pour ce qui est de la sportivité il faudra repasser.

Il faut dire que la sportivité n’est pas le crédo de la Mazda 3. Dynamique, elle peut l’être sans trop de soucis, mais son châssis reste réglé sage. Il saura répondre si vous le malmenez un peu, mais sans devenir joueur.

En contrepartie, elle reste assez « mécanique », dans le sens où c’est encore une voiture qui se conduit et pas un objet sur-connecté qui semble prendre toutes les décisions à votre place. Dans ce sens, les aides à la conduite ne semblent jamais trop intrusives, même le système de guidage entre les lignes de la route. Ce dernier se fait sentir par une faible vibration lorsque vous approchez d’une ligne, mais sans durcir à outrance la direction pour vous laisser dans votre voie. Il en est de même pour toutes les commandes, du volant au levier de vitesse en passant par le pédalier. Tout est doux mais vous garde connecté à la mécanique.

Conclusion

La Mazda 3, dans cette version Exclusive e-SkyactivX 186ch est une bonne compagne dans le contexte actuel. Jolie, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur ; bien équipée ; tarif bien placé, écologiquement responsable…Le tout en conservant ce sentiment de rester une voiture « à l’ancienne » dans le bon sens du terme.

Il lui manque un petit grain de folie, le détail dans le comportement qui donne le sentiment d’avoir une voiture un peu plus sympa que celle du voisin, mais elle coche par ailleurs toutes les cases de la voiture familiale idéale à une époque où les constructeurs sont plus amenés à nous vendre des smartphones sur roue que des voitures à proprement parler. Rien que pour cela, elle mérite votre intérêt.

Dans ma recherche d’une future voiture familiale, cette Mazda 3 reste définitivement une prétendante sérieuse.

Nous twittons, suivez-nous

annonces