Allez, promis, je vais éviter toute comparaison avec la Mini originale, la vraie, la belle, la toute petite qui portait son nom avec dignité. Non, non, pas de mémoires de vieux “con battant” et un peu d’objectivité pour juger cette Mini John Cooper Works à l’aune de ses qualités intrinsèques et non de sa prétendue filiation.
Eh oui, la Mini est désormais présente sous pavillon BMW depuis suffisamment longtemps pour que l’on puisse faire abstraction de la mémoire qu’elle est censée perpétuer. Celle qui pouvait passer pour un coup médiatique parcoure maintenant les rues du 16e arrondissement parisien, mais aussi de toutes la France depuis 14 ans. C’est désormais la troisième génération de cette « nouvelle Mini » que nous propose le constructeur.
Esthétiquement, elle reste bien dans la lignée de ses devancières : phares ronds, arrière rebondi et toit horizontal, tous les gimmicks sont bien présents. Mais la voiture a encore grossi. Visuellement c’est le porte à faux avant qui semble le plus en rupture avec la ligne générale. Plus longue certainement pour des raisons de sécurité, la Mini n’en perd pas toute sa grâce…mais une partie quand même. Heureusement la version très sportive qui nous intéresse aujourd’hui se pare d’une panoplie sympathique bien que classique désormais. Gros pare-choc très ajouré, entrée d’air sur le capot, grosses roues et béquet très travaillé s’ajoutent à la classique parure bi-ton (rouge et noir en ce qui nous concerne) et aux bandes sur le capot. Le résultat ne laisse planer aucun doute, la petite à envie d’en découdre.
Et si jamais vous hésitiez encore, les badges JCW aux quatre points cardinaux et les étriers rouges finiront par vous convaincre qu’il ne s’agit pas d’une Mini comme les autres.
Dommage cependant que les ajustements ne soient pas très soignés. Le jonc chromé présente ainsi un décrochement de plusieurs millimètres entre l’aile avant et le capot. Le genre de défaut qui fut souvent montrés du doigts chez la concurrence généraliste…
A l’intérieur, la JCW vous plonge dans un univers véritablement à part. Les sièges tout d’abord sont magnifiques. Le tissus/Dinamica évoque parfaitement l’Alcantara et s’avère fantastique au toucher. Côté confort ils pourront vous sembler un peu fermes mais n’oublions pas que nous sommes dans une voiture de sport for god’s sake !
Face au conducteur, un grand et beau volant gainé de cuir. J’insiste sur le côté grand car autant chez Peugeot on promeut la petitesse parfois à outrance, autant là le curseur est repoussé à l’autre extrémité. Certes la Mini Austin était dotée d’un grand cerceau, mais cela s’expliquait entre autres par l’absence de direction assistée. Difficile là de justifier ce rappel historique. Dommage car avec 4 ou 5 centimètres de moins en diamètre, ce volant friserait la perfection tant son design est réussi.
Derrière ce volant se cache le combiné assez original. Le gros tachymètre central est cerné à gauche par le compte-tour qui à mon sens manque un peu de lisibilité et à droite par la jauge d’essence que j’ai mis du temps à identifier comme telle. Le modèle essayé disposait de l’option affichage tête haute. Si cette option m’avait bluffé dans les BMW 435i Gran Coupé ou M550d, elle est ici moins bien intégrée au travers d’un écran qui sort de la planche de bord à la base du pare-brise. Il n’en reste pas moins que l’option reste intéressante en termes de sécurité.
Le plus esthétique de l’habitacle de la Mini est sans conteste la console centrale. Tout commence entre les sièges avec le « Mini touch controler » molette de navigation dans les différents menus du système multifonctions. Très inspirée de ce que propose BMW, il s’avère simple et intuitif. Vient ensuite le levier de vitesse qui, sur cette version automatique, ne présente en lui-même que peu d’intérêt. L’originalité vient de la couronne à sa base qui permet de sélectionner les différents types de réglages de « Green » à « Sport ».
On remonte doucement vers la rangée de basculeurs typiques et d’inspiration aéronautique. C’est puéril mais le charme agit.
Vient enfin le « morceau de bravoure » avec l’écran central cerclé d’un bandeau lumineux dont la couleur peut varier en fonction des réglages. Très lisible et esthétique il donne véritablement de la personnalité à l’ensemble.
Enfin, pour le fun, on saute le pare-brise pour retrouver sur le pavillon une seconde rangée de basculeurs qui renforcent encore le côté aviateur.
L’ensemble est véritablement sympathique et réussi. La qualité des matériaux est de plus assez flatteuse et cela mériterait donc la note maximale… S’il n’y avait cet accoudoir disgracieux, mal placé et de piètre qualité entre les deux sièges. Cet élément (qui s’avère être en option) est certes pratique pour ranger son téléphone, badge d’accès au parking du boulot ou télépéage, mais il se retrouve toujours trop haut placé pour le confort, le coude venant cogner dedans. Alors oui il est réglable et en position basse il se fait oublier. Sauf qu’en serrant le frein à main il reprend la position haute et qu’il faut donc revoir le réglage à chaque redémarrage. Rien de catastrophique certes mais c’est énervant…
Clairement on se sent tout de même bien dans l’habitacle de la Mini. D’autant plus que le pare-brise vertical et assez petit détonne franchement dans la production actuelle. Il en résulte une impression d’espace assez déroutante. Bizarrement en effet, alors que l’espace intérieur reste tout de même assez compté, je ne peux me départir de l’impression d’être dans une voiture plus grande qu’elle ne l’est vraiment.
C’est bien beau tout ça, mais si c’était pour me délasser dans la voiture, pas besoin de l’emprunter pour un w-e, j’aurais aussi bien pu aller faire un tour dans le showroom d’un concessionnaire. J’actionne donc le basculeur rouge pour démarrer le 4 cylindres qui s’ébroue avec un joli, bien que discret, son rauque. Le mode « Normal » ne présente que peu d’intérêt comme bien souvent. Ni particulièrement économique, ni nerveux, il permet de se croire dans une Mini de base, ce qui est peut-être le comble du snobisme mais me lasse assez vite. Je passe donc en mode…Green. Tant qu’à me coltiner les bouchons parisiens en ce début de parcours autant faire des économies de carburant. La JCW est alors très douce mais elle conserve assez de jus pour s’insérer sans soucis dans la circulation.
Très vite bien sûr je passe en mode sport. La réponse à l’accélérateur se fait plus affutée et la sonorité de l’échappement gagne un peu en virilité.
L’accélération est franche mais excessivement lisse. Les 320 Nm disponibles de 1 250 à 4 800 trs/min donnent un caractère bien plus sage à la mécanique que ce que l’on serait en droit d’espérer. J’avoue une première déception lors des premiers kilomètres dans ce mode. La boite de son côté fait le boulot avec sérieux mais elle n’aide pas à faire monter l’excitation. Je passe donc en mode manuel. Bon point pour elle, la réactivité est au rendez-vous avec des temps de passage tout à fait convenables. Mauvais point par contre dans les rétrogradages. Non pas qu’elle soit mauvaise dans l’exercice, mais le son du moteur est trop étouffé et comme le rappel visuel du rapport engagé est assez peu visible (tout petit sous le tachymètre), je me prends à chercher le rapport inférieur qui ne veut pas s’engager sous peine de surrégime. Peut-être ais-je mal paramétré l’affichage tête haute…
Côté châssis la Mini se montre efficace et sécurisante dans un premier temps. Le freins font leur boulot sans défauts particuliers pour une utilisation routière. Lors d’un freinage en appui le train arrière se met quelque peu à louvoyer mais cela reste maîtrisé et rend l’exercice plus amusant que scabreux. Une fois en appui, la Cooper s’avère stable autant dans le serré que dans les courbes rapides. On en viendrait presque à la trouver trop facile et sérieuse. Ce sentiment vient en grande partie des réglages propres à l’auto, mais je soupçonne aussi qu’ils soient le fruit de mon imagination. En effet la sensation d’espace évoquée précédemment m’a accompagné tout au long de l’essai, me faisant inconsciemment penser que l’auto était d’un gabarit bien supérieur à ce qu’il était véritablement. Du coup je n’osais pas au début brusquer l’auto autant que j’aurais pu le faire.
Si mon essai n’avait duré que 24 heures, le bilan serait assez mitigé : look sympa, efficacité générale de bon niveau mais encéphalogramme plat pour ce qui est du plaisir de conduite. Heureusement j’ai pu profiter de la voiture un peu plus longtemps et au fil des heures, elle a su dévoilé ses qualités.
Le moteur tout d’abord. Alors qu’il semblait fade au premier abord, il s’avère à l’usage très agréable et son côté linéaire s’avère en conduite quotidienne un précieux atout pour bénéficier de reprises percutantes en toute circonstance. Tout comme le moteur de la Peugeot RCZ-R, il fait partie de ces mécaniques qui demandent un temps d’adaptation pour en comprendre les qualités.
Le châssis ensuite. Avec un peu de pratique (et la déconnexion de l’ESP) il accepte d’enrouler à la demande et permet donc d’ajouter une touche de fun à la conduite. Sa plus grande prouesse reste peut-être cette capacité à prendre un virage sur des rails ou en glisse selon le bon vouloir du pilote. Moins joueur que celui d’une Fiesta ST par exemple il se positionne malgré tout dans les plus mobiles de la catégorie mais reste un poil en retrait de celui d’une Audi S1 ou d’une 208 GTi By Peugeot Sport pour ce qui est de l’osmose qu’il génère avec son pilote.
Au final il est évident que la Mini John Cooper Works est une réussite. Toujours très mode au niveau du design tant extérieur qu’intérieur, globalement bien finie et équipée malgré quelques menus défauts, performante, efficace et amusante, elle se positionne objectivement parmi les meilleures « petites GTi ». Cependant son tarif (près de 40 000 € le modèle essayé) la place aussi parmi les plus chères si ce n’est LA plus chère. Le prix à payer pour rouler dans une icône…
La Mini John Cooper Works peut objectivement briguer la première place au classement des petites GTi si on prend en compte ses performances, son efficacité et son équipement. Elle n’est pas forcément la première de la classe sur chacun de ses critères mais dans tous les cas elle joue sur le podium. Cette homogénéité et son esthétique qui fait mouche sont des arguments indiscutables, mais son tarif élitiste la fait définitivement jouer dans une autre catégorie où elle se retrouve un peu esseulée. Seule la S1 de chez Audi vient la titiller sur son terrain avec des arguments bien différents. En tout état de cause, la Mini reste une voiture attachante et très réussie. Si votre portefeuille le permet et que vous craquez pour son côté fashion, vous n’avez aucune raison d’aller voir ailleurs.
Crédit photos @Anne Catherine Lagrange