Encore un essai de Mazda MX-5 dans AutomotivPress. Il faut dire qu’au-delà de l’attachement inconditionnel que nous avons pour cette auto, nous sommes assez gâtés depuis quelques années par l’actualité du petit roadster. Mais pour la première fois, le constructeur d’Hiroshima nous propose un produit assez différent de celui auquel nous nous sommes habitué au fil des générations.
RF : Retractable Fastback.
La Mazda MX-5 RF n’est plus un roadster au sens le plus pur du terme. Même si l’appellation n’est pas revendiquée par le constructeur, c’est bien une Targa. Et pour aller encore plus loin, le parallèle avec une célèbre allemande se retrouve jusque dans la cinématique d’ouverture-fermeture du toit.
Que dire du design si ce n’est que, de mon point de vue c’est une superbe réussite. La dernière génération de MX-5 était déjà à mon sens une très belle auto. Petite, racée, elle évoque d’’autres modèles d’horizons différents sans pour autant les singer. Avec ce nouveau produit, non seulement Mazda réussit à préserver le charme de la version roadster, mais elle arrive à en accroître encore l’attrait. J’ai eu beaucoup de mal à trouver des comparatifs pertinents et ceux que je vais vous proposer peuvent paraître un peu tirés par les cheveux. Vous savez ce qu’on dit de ceux qui osent tout ? Et bien j’assume. Avec son habitacle reculé et ses porte-à-faux réduits, la Mazda MX-5 RF me rappelle quelque peu quelques modèles américains des années 60. En particulier la Cobra Daytona coupé ou encore la Cheetah coupé de Bill Thomas. Des comparaisons flatteuses d’autant qu’elles évoquent sans aucun doute une sportivité exacerbée. Plus près de nous, c’est à la BMW Z4 coupé que la Mazda fait aussi rapidement penser. En particulier pour ce qui est de la face arrière. Ce qui de mon point de vue était le profil le plus réussi du coupé allemand.
Une fois découverte, la MX-5 RF change de personnalité. En premier lieu car on voit mieux le conducteur et que cela remet en perspective la très petite taille de la Mazda. On se rend alors encore mieux compte des dimensions extrêmement compactes de l’auto. Visuellement on pourrait croire que la RF est aussi petite qu’un Coupe Smart alors que le différentiel en longueur atteint presque 50cm. Moi qui les aime petites, je suis comblé.
Revenons un peu à ce toit rétractacle. La première bonne nouvelle pour ceux qi avaient du mal avec l’aspect manuel de la capote sur le roadster, c’est que la manœuvre d’ouvrir ou fermer le toit s’effectue de façon automatique en actionnant un bouton sur le tableau de bord. Pour les puristes cela n’apportera pas grand-chose, mais je sais par expérience que pour certaines femmes (la mienne en premier lieu) cela sera un argument fort. La manœuvre en elle-même est relativement rapide (13 secondes) et des plus esthétiques. Les arches de chaque côté du coffre se soulèvent en même temps que l’arceau au-dessus de la tête des occupants, puis le toit se plie ou se déplie (en fonction de l’ouverture ou fermeture) avant que les arches reprennent leur position. C’est assez proche encore une fois de ce que propose Porsche avec un avantage certain : dans la manœuvre aucune pièce de carrosserie ne ressort au-delà du pare-chocs arrière, ce qui permet d’effectuer la manipulation sans risque si on a un mur juste derrière l’auto.
Pour en finir avec la partie design, il est à noter que dans la version de lancement « First Edition » limitée à 150 exemplaires, la Mazda MX-5 RF est proposée équipée de jantes BBS du plus bel effet. Mariées à la couleur exclusive Machine Gray, la voiture gagne encore en agressivité.
Cockpit sur mesure
Rarement le terme Cockpit n’aura été aussi approprié, en tout cas pour une auto à relativement grande distribution. Si l’accès à bord parait initialement assez compliqué, une fois installé la position est facile à trouver, même pour un pilote avec mes mensurations généreuses. Par contre il faut se rendre à l’évidence, au-dessus d’1m85 il sera difficile de se sentir à l’aise, principalement du fait de la garde au toit assez limitée. Les sièges Recaro, de série dans la First Edition, sont beaux et confortables. Chauffants aussi (deuxième point important pour ma chérie). La position de conduite se trouve facilement et si ce n’est le manque de réglage en profondeur du volant, il n’y a pas grand-chose à reprocher. Le levier de vitesse est comme sur toutes les MX-5 depuis l’origine parfait, tout comme le pédalier qui permet de pratiquer le talon-pointe avec un naturel rarement retrouvé ailleurs.
Côté Infotainment je ne pourrais pas vous dire grand-chose, le roadbook ayant été intégré directement lors de cette prise en main je me suis contenté de suivre le GPS sans jouer avec les différentes fonctions proposées.
RF : pas pour Racing Fury
A conduire la Mazda MX-5 RF ne dépaysera pas le “miatiste” averti. Au démarrage à froid le moteur 2.0L 160ch donne pourtant un peu de voix, mais rapidement il reprend de bonnes manières et reste assez atone. On est loin des vocalises de la Abarth 124 Spider mais la philosophie n’est pas la même.
Équipée d’amortisseurs spéciaux signés Bilstein, la RF n’est pourtant pas plus typée sport. Les amortisseurs sont certes raffermis par rapport au roadster, mais les ressorts sont de leur côté assouplis. Clairement le changement par rapport à la version à toit souple ne saute pas aux yeux, il faudrait les essayer de concert certainement pour percevoir réellement la différence de réglages. Il n’empêche que les 40 kg supplémentaires de la RF ne se ressentent pas de façon drastique. Et si les performances sont un peu en retrait, ce n’est toujours pas dans une optique de taper un chrono qu’on achète une MX-5 (pour l’instant…).
Sur les magnifiques routes du Lubéron où nous effectuons l’essai, la Mazda MX-5 RF est parfaitement dans son élément. Sa petite taille fait merveille dans les enchainements de virages bordés par la falaise d’un côté et par le précipice de l’autre. Si le moteur n’est toujours pas une brute épaisse, il se montre malgré tout agréable et tout à fait en phase avec l’auto quand on la conduit en mode ballade. Certes, quand le rythme s’accélère, on lui reprochera encore et toujours de manquer de chevaux. Ce n’est pas tant les mises en vitesse qui font défaut, c’est plutôt la quasi impossibilité de profiter à fond de l’architecture propulsion pour s’extraire des épingles dans une belle glisse gérée à l’accélérateur. Il est bien possible de mettre la MX-5 en survirage mais cela demande une bonne dose de vitesse et quand même un peu de place. En gros, il faut amorcer la manœuvre via un transfert de masses au freinage, bien avant d’atteindre le point de corde et, dans la majorité des cas, avant d’avoir une vision dégagée sur ce qui arrive (ou plutôt n’arrive pas) en sens inverse. Malgré cela le poids contenu, la direction vive et l’équilibre général sain permettent de se faire plaisir même en mode arsouille.
Sur les grands axes la Mazda se montre aussi relativement à l’aise. Décapotée le bruit ne m’a pas semblé moindre que dans la version roadster, tandis que toit en place il y avait sur le modèle essayé un bruit aérodynamique assez perturbant au-dessus de la tête du conducteur. Cependant il semble que cela était propre à mon auto car les autres essayeurs ne se sont pas plaint du problème dans leur monture.
Roadster ou RF ?
C’est bien là que se situe la question cruciale. Les qualités supplémentaires de la RF sont majoritairement d’ordre pratique. Un toit en dur est perçu comme plus rassurant qu’une capote souple, en particulier pour les urbains stationnant leur auto dans la rue. En termes de confort de roulage c’est aussi normalement un gage de meilleure isolation phonique. Enfin, pour revenir sur ce que je disais préalablement, le fait que les manœuvres de capotage-décapotage soient automatiques sera un avantage certain pour les personnes de petite taille qui avaient du mal à manipuler la capote souple en restant assis au volant.
En contrepartie, la version roadster garde pour elle un côté puriste certain : des performances un peu meilleures, un confort un poil plus ferme et, avantage incontestable, un vrai sentiment de liberté du fait de n’avoir aucune entrave à la visibilité à 360° (car il faut bien avouer que la RF présente un angle mort de ¾ arrière).
Enfin, si aucun des arguments cités précédemment n’arrive à vous faire basculer vers l’une ou l’autre des versions, il reste le style. Roadster et RF sont tous les deux splendides et se différencient suffisamment pour justifier un coup de cœur. Ce ne sera pas la différence de tarif (d’environ 2 000 euros) qui fera basculer votre choix. En tout cas sur les versions de série. La First Edition étant clairement bien plus chère que ces dernières du fait de son exclusivité et de ses équipements spécifiques.
En ce qui me concerne ? Une réponse de Normand. Si cela ne tenait qu’à moi ce serait le roadster. Mais j’ai déjà une voiture plaisir et quand je rachèterai une Mazda Mx5 (car cela arrivera sans aucun doute), ce sera certainement une RF car elle correspond mieux aux attentes de ma femme. Et croyez-moi, je ne serais pas un choix que je subirai comme un sacrifice.