12h sur glace de Serre Chevalier : La course vécue de l’intérieur !
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12h sur glace de Serre Chevalier : La course vécue de l’intérieur !

12H sur glace Serre Chevalier 2016
12H sur glace Serre Chevalier 2016

Mes bottes à neige aux pieds, je saute dans le siège conducteur, “Zoliv” a tout juste le temps de me crier « Fais gaffe à la Z4 il fait vraiment n’importe quoi » en claquant la porte tandis que Ludo tape sur le toit en hurlant « Go Go Gooooo » avec au moins autant d’excitation dans la voix qu’une adolescente dans la file d’attente d’un concert de Justin Bieber… A mes côtés Christophe calme lance un « gaaaaaaz y’a personne dans la sortie du virage », pas de doute je suis DANS la course et pour de bon ! Zwiiiit rembobinons un poil la cassette du film 12h de Serre Che’ pour comprendre ce que je fais là…

L’année dernière des copains me parlent d’une course d’endurance sur glace, concept original et d’après eux ultra fun. Bizarrement mon cerveau avait stocké cette info dans un coin, certainement avec la mention « à ne pas perdre » dessus, alors quand il y a quelques mois Christophe me dit qu’il cherche un 4ème larron pour inscrire le “Team Commando Pernod” aux 12h sur glace de Serre Chevalier, pas long à hésiter avant de dire oui !! Je vous passe la recherche de la voiture idéale, la consultation des annonces, l’achat et la grosse révision par Ludo pour fiabiliser l’engin pour directement sauter au 22 janvier 2016, 18h00 les essais libres débutent. Ça tombe bien je pars du boulot à 17h00 et je n’ai que 5h00 de route pour me rendre à Serre Chevalier, où j’arrive pile pour l’annonce de la grille de départ. Bonne surprise mes 3 copilotes ont bien assuré pendant les essais, nous partirons demain en 1ère ligne depuis la seconde place ! C’est au second génépi que je comprends que la grille de départ a été tirée au sort et ne reflète en rien les chronos, le but était de découvrir la piste et le comportement de la voiture.

Un rapide tour dans le paddock me permet de constater que les essais de 35 min ont laissés de sérieuses traces sur quelles autos : une BMW E36 compact a déjà perdu une partie de son avant et porte de gros stigmates d’un contact latéral dans l’arrière d’une Ford Sierra tandis qu’un Z4 est déjà bien ravagé alors qu’il était arrivé flambant neuf du sud. Le second constat porte sur notre choix judicieux de monture : une BMW 325i E36 ! Et oui ces 12h sur glace sont réservées aux propulsions, on ne compte pas moins de 21 BMW sur les 31 voitures inscrites ! D’une ancienne 2002 Ti de 1974 à la Z4 en passant par des E30 et E36, en berline, coupé ou compact. Bon certes on n’a pas été très original mais disons que ce choix semble partagé par pas mal d’autres concurrents. Le reste du plateau est assez varié, avec une Ford Sierra berline, une Daf 55 et sa cousine Volvo 66 des 70’s, des Toyota MR2 et MRS avec leur moteur central pour une meilleur motricité, une magnifique Porsche 911 SC de 1981, une 924 et une 944 (choix intéressant également avec une bonne répartition des masses grâce à la boite sur le train arrière) et choix le plus original pour ne pas dire le plus risqué : un Opel Speedster, certes avec un bon 2.2 atmo’ bien coupleux pour une poids plume, mais un châssis alu et carrosserie en fibre ultra fragile dans ces conditions très spéciales.

Après une courte nuit nous voilà de retour dans le paddock, bonnet, gants et sous-vêtements techniques pour lutter contre les -7 degrés affichés par l’ordinateur de bord “Deutch Kalitat” de notre 325i arborant fièrement ses numéros 32. Tout juste le temps de faire la pression des pneus, glisser 2 roues de secours dans le coffre pour aider la motricité que le directeur de course nous demande de nous mettre en pré-grille. Ludo a été désigné volontaire d’office pour prendre le départ, “Zoliv” jouera le rôle de copilote, et c’est exactement à 9h00 après un tour sous safety car que le départ lancé est donné ! Au grand étonnement du public ces premiers tours dans un trafic chargé se passent très bien, du côté du team 32 rapidement Ludo prend le dessus sur la Compact qui avait hérité de la pole pour rattraper ensuite les derniers.

En quelques minutes à peine le circuit est plein de voitures, quelques troupeaux serrés occasionnant des contacts tandis que d’autres roulent un peu plus tranquilles. 9h55, l’heure du second relais approche, téléphone en main pour informer “Zoliv” du remplissage ou non de la pitlane c’est juste avant 10h00 que je saute en place passager pour accompagner Christophe au volant. C’est partiiiiiiiii, la piste est bien glissante mais la voiture motrice étonnamment bien, pour ne pas dire mieux que certaines autres autos, merci les roues dans le coffre et merci les Nokian Hakkapelliitta 8 tout neuf et leur 190 clous par roue. Christophe est à l’aise au volant, je sers d’observateur pour lui indiquer les autres concurrents autour et faciliter les dépassements, finalement c’est plutôt bien d’avoir 4 yeux dans la voiture pour scruter ce qui se passe tout autour de la voiture. L’heure passe très vite et malgré notre arrêt pour changer de pilote, nous donnons la voiture à “Zoliv” à 11h00 en 3ème position, pas mécontent de ces 2 premiers relais.

Le 3ème relais passe assez vite d’autant que la piste est maintenant au soleil, rendant la glace un peu moins dure mais surtout l’air plus chaud pour les spectateurs temporaires que nous sommes. Quelques échanges avec Ludo en passager nous conforte dans l’estimation de la conso, 15 litres à l’heure on pourra donc faire 4 relais complets avant de devoir retourner dans le paddock ravitailler. La pitlane est libre “Zoliv” rentre et immobilise la voiture, je saute à l’intérieur. “Zoliv” a tout juste le temps de me crier « Fais gaffe à la Z4 il fait vraiment n’importe quoi » en claquant la porte tandis que Ludo tape sur le toit en hurlant « Go Go Gooooo » avec au moins autant d’excitation dans la voix qu’une adolescente dans la file d’attente d’un concert de Justin Bieber… A mes côtés Christophe calme lance un « gaaaaaaz y’a personne dans la sortie du virage » ; oui j’en étais là tout à l’heure.

Première puis seconde à chercher le grip en prenant de la vitesse que déjà le premier double droite du chalet me saute au visage ! Léger coup de frein pour charger l’avant, appel timide pour un contre appel un peu juste qui bien aidé par le couple du 6 cylindres 2.5 litres permet d’enrouler le virage. Pas forcément ultra fluide ce premier virage, mais il passe, ouf ! Enchainement entre les murs de neige avant d’arriver à l’épingle, Christophe m’incite à rester à la corde en faisant pivoter la voiture au frein à main, plutôt efficace et on lâche les 190 ch dans la ligne droite de la passerelle. Il faut garder les 2 mains sur le volant pour tenir la voiture à peu près en ligne, tout juste le temps de rétrograder en seconde avant de jeter la voiture à gauche pour la faire pivoter à droite pour la grande épingle du bout du circuit.

Mouais il faudra quelques passages, dont un se finissant le nez dans la neige à la corde pour le passer proprement et surtout ressortir avec un peu de vitesse pour attaque la longue ligne droite. C’est l’endroit où l’on prend le plus de vitesse, un peu plus de 80 km/h avant de prendre le grand droit qui déboule sur la pit lane. Quel bonheur de réussir à le passer avec de l’angle en une belle dérive élégante et efficace ! Bon efficace c’est à voir car certaines autres autos optent pour la corde en minimisant la glisse, vitesse identique dans le virage mais reprise de grip bien moins facile en sortie. Finalement la glisse fait plaisir et se montre efficace, bien qu’évidement avec le trafic dense le recours à la corde et au câble pour faire tourner la voiture soit malgré tout fréquent !

La E36 est finalement prévenante et pas piégeuse, pour ne pas dire presque abordable, cette première heure (et découverte) à son volant est un pur régal. Le stress du trafic et de la proximité des autres autos se gère bien à deux, malgré certains passages un peu limite la voiture est toujours vierge du moindre contact ! Ce n’est pas le cas de tout le monde, la Z4 est encore plus défoncée que la veille et affiche un carrossage douteux sur la roue arrière gauche tandis que la Sierra a définitivement perdu toute sorte d’allure à l’avant. Le téléphone sonne, un safety car vient de sortir pour tracter une E30 tankée dans la neige un peu molle au large de l’épingle du bout, l’occasion idéale pour rentrer ravitailler et minimiser les tours perdus pendant le plein, fait obligatoirement à la pompe à main sur un tonnelet de 60 litres. Arrivés devant notre « stand », “Zoliv” est prêt à pomper, tel un Shadock en rut, relayé par Christophe, Ludo fait le tour de la voiture pour vérifier que tout est en ordre pendant que je refixe le transpondeur à l’avant : ma petite touchette dans le mur de neige a cassé un rilsan. En moins de 5 min le plein est fait, le temps de retourner en piste le classement confirme que ce plein nous a fait perdre 3 tours sur les leaders, nous voilà maintenant autour de la 7ème, toujours très honorable à nos yeux.

Ludo assure à merveille ce relais dans une glace de plus en plus molle, les glisses sont moins fluides, le grip un peu meilleur, les chronos tombent. Le trafic est aussi denses que les dépassements sont toujours risqués, une E30 est d’ailleurs immobilisée au stand, son radiateur n’a pas aimé le dernier contact un peu virile tandis que la Sierra continue son lifting improvisé. On lâche un peu le bord de piste et le classement le temps d’aller se restaurer. L’occasion de saluer la qualité et l’efficacité du travail de toute l’équipe du circuit qui gère à merveille les presque 150 personnes durant l’épreuve. La table de derrière parle de ravitaillement, en tendant l’oreille on se dit que le choix du couple avec la 325i n’est pas forcément le meilleur. Une 318i aurait été certainement tout aussi efficace en consommant moins, à murir pour l’année prochaine ! En tête du classement la Porsche 911 est devant la Toyota MR2 et l’Opel Speedster ! Comme quoi le moteur au plus proche des roues motrices semble être un choix plus que judicieux.

Allez point le temps de philosopher, c’est le moment de changer de pilote : arrêt au stand éclair, je monte à coté de Christophe qui attaque pour de bon. Les dépassements sont couillus mais propres, on a payé pour toute la piste alors on utilise toute sa largeur. Tous les pilotes se font plaisir, c’est agréable à regarder, la petite Daf bleue semble passer tous les virages à fond joliment jetée par ses pilotes. Mais lorsque nous revenons sur la Z4, impossible de la dépasser, les virages sont pris de manière peu académique refermant les cordes et passant les virages au ralenti. Malheureusement la glace fondante ne nous laisse plus l’avantage en motricité comme en début de journée, il est donc difficile de tirer avantage de la situation. Après plusieurs tours ponctués par les noms d’oiseaux lâchés par Christophe, une petite erreur en entrée de la grande courbe des stands nous laisse une ouverture. Et hop nous voilà à l’intérieur à côté de la Z4, qui bien que nous ayant vu ne lâche rien et referme gentiment mais surement sa trajectoire pour venir faire une bonne dizaine de mètres contre nous dans un bruit de tôles froissantes ! Les noms d’oiseaux redoublent et se ponctuent de geste et coup de klaxon, le mal est fait notre E36 n’est plus vierge, merci le pilote de la Z4

Tout juste le temps de se calmer que l’heure du changement de relais arrive, “Zoliv” prend la suite tandis que pas mal d’autos passent par les paddocks pour ravitailler. La Z4 continue de se faire remarquer par son mauvais comportement en piste, la direction réagit en lui mettant un avertissement couplé d’un stop&go en pitlane. Mais durant ce relais c’est la Porsche 944 qui va donner du fil à retordre, “Zoliv” abandonne dans la bataille un phare cassé, une aile avant un peu plus froissée et du rouge Porsche sur le côté de la voiture. Plus de doute elle ne reviendra pas intacte notre munichoise, on connaissait les risques et ils font partie du jeu… Malgré ces faits de course c’est en 5ème position que ce relais ce termine. Avant de sauter dans la voiture j’en profite pour détordre un peu l’aile gauche qui léchouillait un peu le pneu, je prends le temps de m’installer puisque le commissaire de course refixe à l’arrière le transpondeur perdu en piste. Bizarre on dirait qu’il porte lui aussi quelques traces de rouge !

Allez c’est parti, la piste a vraiment changé : de grosses déformations embarquent la voiture un peu partout, on se fait pourrir le pare-brise dès que l’on suit une autre voiture, pas de doute on est dans le pire de la journée pour la glace. La direction de piste qui toute la journée a scruté l’évolution de la glace profite d’un nouveau safety car pour sortir le tracteur qui d’un coup de lame expert re-surface un peu la piste. Ce sera malgré tout la session la plus rigolote pour Christophe et moi, de nombreux duel et dépassement, un run en ligne droite à 3 de front rétro contre rétro, une ou deux poussettes involontaires, la course fait rage. Il fait chaud à se battre derrière le volant, pas de soucis notre belle allemande nous offre un peu d’air avec le toit ouvrant 🙂 Peu avant la fin de mon relais on arrive sur un gros morceau de trafic, ça bouchonne sérieusement derrière la Z4 et la Sierra, il y a du monde qui s’empile derrière et un nouveau safety car sort. Il n’en fallait pas plus pour déclencher notre second et dernier ravitaillement de la journée. Je partage le pompage avec Christophe pendant que “Zoliv” remet une 3ème roue dans le coffre, hop à nouveau 3 tours de perdu au classement général et un peu moins de 5 min hors piste.

L’ensemble de la piste est à nouveau à l’ombre, les bonnets refleurissent un peu partout, la température ressentie est en chute libre. Bon point pour la glace qui se reforme rapidement, figeant au passage les rails creusés à droite à gauche et les bosses marquées. Les relais s’enchainent sereinement pour notre équipage 32, le côté gauche qui était jusque-là encore propre porte maintenant quelques stigmates de la compétition. Nous voilà remonté en 5ème place, Christophe attaque pour conforter notre place, si la Porsche de tête semble à l’abri, la seconde place n’a rien d’assurée pour la BMW E30 qui est poursuivi par l’Opel Speedster. Ensuite de la 4ème à la 9ème place nous sommes tous dans les mêmes 2 tours, la moindre erreur peut vite couter cher au classement. Évidemment cette compétition n’a rien d’officiel, il n’y a rien à gagner mais tout le monde se prend gentiment au jeu, rajoutant ainsi un peu de piquant au roulage.

C’est donc à la nuit tombée, éclairé par ce qu’il reste des phares que j’attaque le dernier relais. Christophe à mes côtés scrute le classement sur son smartphone pour voir s’il y a lieu d’attaquer, soit pour aller chercher une place ou pour éviter de se faire croquer par nos poursuivant. La Porsche 924 en 4ème position est inatteignable, par contre derrière rien n’est fait, la E30 rouge du team Suisse “mes boules” est au moins aussi menaçante que la 944 rouge ou la E36 Compact n°7 avec qui nous avons pas mal bataillé une bonne partie de la journée. Ma mission est simple, sur le papier, assurer un rythme suffisant pour ne pas se faire rattraper sans prendre trop de risque et faire une faute. La piste est à nouveau ultra glissante, les ornières dans la ligne droite tentent de nous jeter dans le mur à chaque passage, si on rajoute la fatigue et la nuit, vous comprendrez que ce n’est pas si facile.

Un safety car pour sortir nos copains du team 22 plantés, et bloqués en 2nde depuis la mi-journée, donne un peu de repos avant de repartir de plus belle. Certains ont encore une carte à jouer au classement et tentent des dépassements, un petit coup de pare-choc par ci par là, le vrai suspens se concentre sur la seconde place, l’Opel Speedster qui s’est fait doubler il y a quelques heures revient à vitesse grand V sur la E30 en seconde position… Allez le Speedy !! On ouvre donc largement la porte lorsque l’un ou l’autre arrive derrière nous, un petit coup d’œil sur l’horloge, on se rapproche du but, voilà déjà 11h45 que notre vaillante BMW enchaine les tours ! La clameur du public dans la grande courbe nous fait comprendre que le Speedy vient de choper la seconde place, pour nous l’écart s’est stabilisé avec la E30 rouge qui est maintenant un tour derrière nous. La 944 y croit encore pour la 6ème place, alors qu’elle nous double dans la partie défoncée de la ligne droite elle évite de justesse la Sierra qui vient de se faire jeter dans le mur de glace, chaud à quelques minutes de la fin de la course !

Et voilà le drapeau à damiers est agité sous l’arche, nous sommes au bout de cette longue et éprouvante journée avec une 5ème place inespérée mais qui fait très plaisir à chacun de nous 4 ! La 911 pilotée par des vrais pilotes – dont Vincent Capillaire pilote officiel Alpine – termine avec 503 tours parcourus, devant le Speedster RPM Garantie et une E30 locale pilotée par les instructeurs du circuit. Le repas du soir permet de partager les aventures de la journée tous ensemble, féliciter les vainqueurs et profiter du podium.

Un grand merci au circuit de Serre Chevalier pour oser proposer ce genre d’évènement, parait-il unique au monde (!), bien évidement à mes 3 collègues d’aventure avec qui j’ai partagé un super moment et aussi notre vaillante BéHèMe qui nous est restée fidèle durant ces 12h. Rendez-vous en 2017 pour la revanche !!

Plus d’infos sur : http://www.circuitserrechevalier.com/

Crédit photos @ Ambroise Brosselin

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Yacco71

3 commentaires

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  • L’ambiance est vraiment sympa, on se prend vite au jeu du classement.
    Côté budget, une fois que tu as la voiture, 4 pneus clous et 2 ou 3 potes, il te reste la 1750€ d’inscription qui comprennent l’organisation et tous les repas du vendredi après midi jusqu’au samedi soir. Il faut juste rajouter un logement. Certes ce n’est pas donné comparé à une journée glace classique mais ce ne sont pas les mêmes prestations…

  • Enorme !!! Faudra que tu nous dise un peu quel budget il faut prévoir pour un tel évenement.

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