Le changement de millénaire a été l’occasion d’un changement de direction pour Nissan et sa lignée sportive Z. Après des décennies d’embourgeoisement, la frêle 240Z première de la lignée s’était mué au fil des versions en une voiture moins sportive et plus GT (260Z, 280Z, 300ZX). Six ans après la fin de commercialisation de la 300ZX, c’est donc avec un coupé purement deux places que le constructeur japonais revenait à la charge.
Au programme de cette nouvelle Zportive, une perte de poids consistante : de plus de 1700kg pour la 300ZX (lire notre essai ici), la 350Z revenait à un plus raisonnable 1450kg. Pas encore une ballerine, mais un effort louable. Côté moteur, adieu les turbos, bonjour l’admission naturelle pour gonfler les poumons du six cylindres 3.5L toujours en V. Au programme, 280 chevaux pour commencer (qui passeront à 313ch au fil des évolutions du modèle jusqu’en 2009).
Le style est résolument moderne à sa sortie. L’inspiration Audi TT est assez marquée. Pas tellement dans les volumes (l’Allemande est plus trapue avec capot plus court), plutôt dans l’aspect « galet » sans aspérités ni arrête vive.
Pourtant quand on regarde dans le détail cette carrosserie, quelques éléments démentent le côté lisse de la voiture.
Sur le capot, un bossage, léger mais bien présent fait immanquablement penser aux muscle car américains.
Les ailes arrières et la courbure de la poupe peuvent rappeler les 911 contemporaines.
Enfin, les rappels du Z et des trois carrés incrustés sont partout sur la voiture : sur le sigle sur les ailes avant, le coffre, les poignées de porte et les jantes. L’ensemble n’est pas toujours de la plus grande finesse, mais définitivement homogène.
Intérieur classique
Le plus cruel avec ces voitures entre deux âges, pas encore véritablement collection, déjà remplacées dans les concessions, c’est que leur habitacle apparaît souvent dépassé mais pas encore assez kitsch pour être attachant. Lors de mon essai de la Nissan 300ZX j’avais été charmé par l’omniprésence de la moquette et les satellites de commodos très marquées vingtième siècle.
Dans la 350Z, l’habitacle apparaît encore assez d’actualité. Agencement des commandes, aides à la conduite, nous sommes dans une voiture moderne. Cependant l’info-divertissement est totalement dépassé et le style reste très classique et manque de fantaisie par rapport aux dernières productions du segment. La qualité est pourtant au rendez-vous. Sièges en cuir, joli volant pas trop déformé par la présence d’un air-bag, instrumentation lisible.
Les sièges, revenons-y un peu. Leur format laisse clairement deviner que la cible initiale de la 350Z se situait de l’autre côté de l’océan. Pourtant pas un poids plume, je flotte un peu dans ce pseudo-baquet bien trop large pour moi. C’est encore pire pour ma femme qui se plaint en plus de glisser sur le cuir. Plus gênant, l’appuie-tête est trop en arrière et par conséquent quasi inutile en usage quotidien. A contrario il ne devrait pas être gênant pour un usage circuit avec un casque.
La position de conduite est malgré tout relativement facile à trouver et le gabarit de la 350Z peu intimidant.
Le coffre paraît immense, mais traversé par la barre anti-rapprochement, il s’avère assez peu pratique pour mettre de gros bagages. Un sac de golf par exemple trouvera plus facilement sa place sur le siège passager.
Engine start
Clé dans le démarreur (le démarrage sans clé n’était pas encore démocratisé à outrance en 2003), le V6 s’ébroue avec un timbre de voix bien grave. Le caractère de ce moteur est présent dès les premiers tours de roue au ralenti. Un beau bruit d’ailleurs, plus évocateur des V8 américains que d’un Busso italien. Il gronde, fait résonner ces grosses gamelles de près de 600cm3 chacune. Clairement là aussi, l’inspiration est assumée du côté de Detroit. L’impression de force brute de la Nissan n’est pas sans rappelée celle d’une Mustang V8 (lire notre essai ici). Et de la force, il en a le bougre. Avec une puissance équivalente à celle de la 300ZX, la sensation est pourtant bien différente. La 300ZX donne l’impression d’un avion de ligne au décollage. La 350Z est plus brutale. La poussée s’intensifie avec la montée en régime et le bruit. Tout cela est bien secondé par une boite manuelle ferme, mais à l’étagement cohérent et au guidage relativement précis.
La précision est un autre point d’amélioration par rapport à la précédente Z. La direction ne flotte plus au point milieu et si elle n’a pas encore le tranchant d’un scalpel, elle met rapidement en confiance. On sait ce que fait le train avant.
Équilibre inattendu
La 350Z, à défaut d’un palmarès fourni en compétition à travers le monde, à su se faire une place dans le monde du drift. Après quelques jours à son volant il est aisé de comprendre pourquoi. Le châssis de la Nissan est à la fois sain et joueur. Au premier rond-point abordé un peu vite la poupe de la voiture vous fait comprendre qu’il ne serait pas contre un peu de liberté. Liberté parfaitement contenue tant que les aides à la conduite sont enclenchées. Mais pour peu que vous libériez un peu l’électronique, la 350Z met à profit sa puissance généreuse pour vous accorder une glisse franche, que la direction et l’équilibre général de l’auto permet d’entretenir sans difficulté. C’est bien simple, bien que dans un autre registre, la seule autre sportive moderne m’ayant semblé aussi intuitive est l’Alpine A110 (lire notre essai ici). Un beau compliment pour cette « vieille » Nissan quelque peu sous-estimée.
Nissan 350Z en 2021 : un choix intelligent ?
Remplacée en 2009 par la 370Z (lire notre essai ici), la 350Z n’en a pas pour autant subi un coup de vieux rédhibitoire. En premier lieu car le style restait relativement proche, ensuite parce que la 350Z était peut-être plus authentique que la 370Z dans sa façon de délivrer ses performances. Que ce soit en puissance comme en comportement. Cela explique certainement la côte encore relativement élevée de la voiture. Comptez environ 20 000 € pour un bel exemplaire pas trop kilométré. Une somme certaine, mais pour une voiture utilisable tous les jours, jolie, rapide et amusante ce n’est pas un tarif déraisonnable.
A moins d’un amour immodéré pour ce modèle, j’aurais tendance à attendre encore un peu avant de craquer. Je parierai sur une décote encore quelques années de la 350Z avant que son caractère entier et sa conduite engageante, l’omniprésence des mécaniques turbocompressées ou électriques des voitures plus modernes ne refassent remonter à la surface les plaisirs simples qu’elle procure. Alors, sans trop de doutes, elle devrait retrouver un public de passionnés qui referont monter les prix.
En ce qui me concerne, bien que la voiture fasse preuve de qualités certaines, je dois bien avouer ne pas avoir eu le coup de foudre. La 300ZX m’a plus donné la banane.
Un peu boudée par les puristes (c’est une Japonaise) à l’heure actuelle, la 350Z devrait trouver sa réhabilitation dans le temps. C’est en effet une bonne sportive, bien construite et qui sait s’avérer amusante à conduire. Aujourd’hui dans ce ventre mou des voitures d’occasions, sa côte relativement élevée est le signe qu’elle devrait un jour regagner ses lettres de noblesse, à l’image de ces ancêtres telle la 240Z.
Merci Timo pour les photos dynamiques.