Essai de la Ford Mustang Mach-E GT pour AutomotivPress. Pour la seconde fois, la Mustang Mach-E passe entre nos mains, après la version AWD (351 ch). Le challenge pour cette version haut de gamme : faire oublier les défauts de la version AWD et, éventuellement, apporter un peu de sportivité à la Mustang électrique.
Mach-E GT : un look plus affirmé
La magnifique couleur orange cyber de cette Mustang Mach-E GT a déjà été vue sur d’autres modèles sportifs chez Ford comme la Focus ST (lire notre essai ici). Elle a un côté caméléon assez amusant : de jour elle vous permet de retrouver facilement votre voiture sur un parking, tandis que la nuit elle passe pour blanche, donnant lieu à des échanges surréalistes avec le voisinage : « Tu as une nouvelle voiture blanche ? », « Non, une nouvelle voiture orange ».
Avec un bouclier redessiné, des passages de roue couleur carrosserie, une calandre noire et de grandes roues (20 pouces) laissant apparaître des étriers Brembo rouges, la GT affiche clairement ses ambitions sportives. Ainsi grimée, la Ford Mustang Mach-E GT passe bien moins inaperçue que les versions plus classiques, même si on reste loin du charme de la Mustang classique.
Vie à bord
A l’intérieur, le changement n’est pas flagrant avec les versions classiques. Même planche de bord épurée, même grande tablette sur la console centrale, le seul changement véritablement impactant : les sièges. Mais je reviendrais sur ce sujet dans la partie conduite de cet article.
Pour le reste, l’habitacle de la Mustang Mach-E GT est assez agréable à vivre, avec un bel espace et une ergonomie globale plutôt réussie. Bien sûr, le fait que toutes les commandes ou presque soient regroupées sur la tablette centrale pose toujours la question de la sécurité passive : besoin de détourner le regard pour mettre en route les sièges ou le volant chauffant, régler la température, changer les modes de conduite. Mais sur ce point, la Mustang Mach-E fait plutôt mieux que certaines voitures concurrentes car la profondeur des sous-menus reste limitée.
Performances attendues
Avec 487ch (358kW) et un couple “camionesque” de 860Nm, on est en droit de s’attendre à des performances intéressantes de la part de la Ford Mustang Mach-E GT, et effectivement, le potentiel d’accélération est bien là. Comme d’habitude avec un véhicule électrique, ce sont les premiers mètres qui impressionnent le plus. Le couple permettant de s’arracher au démarrage comme peu de thermiques en sont capable. Avec 4.4 secondes pour franchir la barre des 100km/h, on ne peut pas franchement reprocher à la GT de se traîner, mais elle reste moins rapide d’une seconde par rapport à une Tesla Model 3 Performance (lire notre essai) de puissance proche (mais beaucoup plus légère). Cela n’empêchera pas vos passagers d’être pris de nausée si vous abusez des démarrages intempestifs.
Confort : la bonne surprise
La bonne surprise… non… l’excellente surprise, vient de l’amortissement. La suspension MagneRide fait véritablement preuve d’intelligence. Alors que la suspension « passive » de la Mach-E AWD rend la voiture extrêmement inconfortable à faible vitesse du fait de sa fermeté excessive, celle de la Mach-E GT filtre avec douceur les gendarmes couchés et autres aspérités, tout en se montrant efficace à rythme plus élevé.
La Mustang Mach-E devient de fait, en GT, bien plus apte à un usage quotidien. Et avec 26 KW/H aux 100 km en consommation moyenne durant notre essai, elle tient relativement bien l’autonomie promise de 490km.
Comportement : dynamique, mais pas sportif
Lors de notre essai de la Mach-E AWD, nous avions conclu qu’il s’agissait d’une bonne voiture électrique, mais pas franchement d’une bonne voiture de sport comme on pourrait l’attendre d’une Mustang.
La GT corrige, un peu, le tir à l’aide de deux améliorations notables par rapport aux autres versions de la gamme.
La première consiste à proposer des sièges plus enveloppants. Fini le canapé de la version AWD qui nécessite de se cramponner au volant au premier virage venu pris avec un peu de dynamisme. Ici les sièges sport Ford Performance sont encore assez loin des baquets Recaro d’une Fiesta ST (lire notre essai), mais la différence reste très notable par rapport aux sièges de base de la Mach-E.
La seconde est l’amortissement MagneRide. Non content d’améliorer grandement le confort de la Ford Mach-E GT en conduite tranquille, il l’optimise aussi bien en conduite dynamique. La voiture reste bien maintenue, tant dans les phases de freinage que dans la mise en appui.
La Mach-E GT est une voiture saine, efficace et performante…Mais toujours pas sportive. La faute à cet embonpoint propre aux véhicules électriques. Pas de miracles, près de 2.3 tonnes restent incompatibles avec comportement sportif.
Un arrivant sur un virage serré, le poids commence à se faire sentir dès la phase de freinage. La Mustang Mach-E GT plonge, sans excès, mais l’inertie reste très présente. Une fois en appui la force centrifuge entraîne la voiture vers l’extérieur avec un léger sous-virage. Rien de frustrant ni caricatural, mais le poids est là encore très (trop) sensible et la Mach-E GT subit plus qu’elle n’impose le rythme. La sortie de courbe reste le moment où la Ford s’en sort le mieux. Bien aidée par ses 4 roues motrices et la puissance de son moteur électrique, elle se catapulte avec, quand on y met du sien, une petite perte de motricité des 4 roues qui accentue encore le sentiment de puissance.
Dans ce type d’exercice, la Mustang Mach-E GT n’est jamais scabreuse et reste rassurante…pour peu que vous ayez bien estimé la vitesse d’entrée dans la courbe. Car une surdose d’optimisme risque de vous entraîner bien plus loin que ce que vous le souhaiteriez. Mais si le comportement (dans les limites des lois de la physique) ne prête pas le flanc à la critique, ce sont les sensations qui peinent à convaincre. L’inertie dans la phase d’inscription est accentuée par le manque de ressenti de la direction. Celle-ci ne vous connecte pas à la route. Laissant votre séant seul juge de l’adhérence.
Conclusion
La Ford Mustang Mach-E AWD ne m’avait pas foncièrement séduit. Même si elle présentait quelques qualités, elle manquait de personnalité. Un défaut rédhibitoire quand on a le patronyme d’une légende. La version GT est définitivement plus aboutie. Performante, enfin confortable, bénéficiant d’un comportement serein même quand on la bouscule un peu, elle gomme quasiment tous les défauts de ses petites sœurs. Plus convaincante, cette version haut de gamme n’en devient pour autant pas sportive du fait d’une masse bien trop élevée. La Ford Mustang Mach-E GT s’adresse aux clients à la recherche d’une voiture électrique, familiale et performante. Si c’est votre cas, elle saura répondre à vos attentes (Configurateur Mach-E).