La gamme 4×4 chez Mercedes a longtemps été simple et basique, basée sur le G sorti en 1979, G pour Geländewagen, « tout terrain » en allemand. Un dinosaure plusieurs fois menacé, souvent imité mais jamais détrôné, tiens ça me rappelle le Defender une histoire comme ça… Sa fin a bien failli arriver en 1997 à la sortie du ML, ou Classe M, qui a rencontré un vif succès, longtemps seul sur le marché il invente le SUV chic et un poil baroudeur si besoin. Il faudra attendre 2000 pour voir débarquer le X5, 2002 le Cayenne ou le XC90 et 2005 pour le Q7 ou le Range Sport par exemple.
La concurrence plus féroce forcera le ML a se rafraîchir, et l’engouement pour le Sport Utility Vehicule de toute taille voit la gamme Mercedes G évoluer, non sans se complexifier. On a ainsi pu trouver en concession étoilée le GLK, K pour Kompact petit 4×4 remplacé ensuite par le GLC, puis GLE à partir de 2015 qui remplace le ML et le GL en plus gros. Mais aussi ensuite le GLC Coupé et le GLE Coupé suivi d’un GLA encore plus petit et un GLS encore plus gros ! Un indice pour s’y retrouver ? La dernière lettre permet de calquer la taille du SUV sur la berline du même nom.
Un look massif, une vraie Mercedes
Dans le cas du GLE, on est donc dans le format Classe E, berline avec laquelle notre 4×4 partage d’ailleurs sa plateforme. Ça se ressent dans ses dimensions en premier lieu : 4.82 m de long, 1.94 m de large et 1.80 m de haut, un beau bébé qui accuse 2175 kg sur la balance. Visuellement il est massif mais relativement élancé tout de même, bien plus fluide que le ML 1ère génération qui accuse le poids des années maintenant. Petit clin d’œil au géniteur avec la forme de vitre de custode, pas de doute nous sommes face à son descendant ! C’est d’ailleurs de 3/4 arrière que la ressemblance est la plus évidente. Le profil est dynamique, la ligne de toit plutôt basse donne au SUV un look de break réhaussé, tandis que l’avant est clairement Mercedes. Calandre avec une étoile gigantesque, signature lumineuse reconnaissable immédiatement, même le capot rend hommage à la célèbre 300 SL avec son double bossage sur le capot. Un savant mélange des lignes de la gamme pour un ensemble réussi.
Une berline haut de gamme à l’intérieur
Une fois l’immense coffre refermé, offrant de 690 jusqu’à 2010 litres, j’ouvre la porte : il faut grimper à bord pour s’installer dans un confortable siège aux réglages électriques nombreux. Le tableau de bord qui me fait face ne me dépayse pas trop de la Classe A essayée dernièrement, même bloc compteur, même commande de boite, volant identique, infotainment fortement semblable, le Benziste ne sera pas dépaysé ! La place aux jambes est largement suffisante, l’espace à la tête aussi, le siège maintient bien, si ce n’est de voir la route d’un peu plus haut on se croirait tout à fait dans une berline cossue. A l’arrière l’impression est identique avec 3 places logeables, c’est vrai que l’engin fait 1.94 m de large, 3 adultes s’y installent confortablement. Le double toit ouvrant baigne l’intérieur de lumière, pour le moins agréable, car un peu comme dans la Classe A, la ligne de caisse assez haute offre une surface vitrée à hauteur limitée. L’intérieur de berline de luxe se confirme avec une sono de qualité confiée à Harman/Kardon, il parait même que Bang & Olufsen peut s’occuper du son en option . Au centre de la console je retrouve le même joystick que dans la C300 essayée l’année dernière, je me sens un peu moins novice face à tout ça, preuve que si l’utilisation n’est pas si intuitive la première fois, elle reste tout à fait assimilable même aux moins amateurs de technologies embarquées… dont je fais parti. Il semblerait que je retrouve également la météo de l’essai de la C300, mais on reviendra là-dessus.
Moteur et Drive !
Allez on jette la clé dans la boite à gants centrale, hop une pression sur le bouton Start et le V6 s’ébroue. Calmement, sans trop de bruit ni de vibration, un petit clic sur la commande de boite permet d’enclencher la position Drive de la boite auto 9G-Tronic, oui 9 comme 9 vitesses ! La 7G de la A180 ou C300 était déjà agréable, voyons ce que propose la 9 annoncée comme encore meilleure. On s’extirpe doucement du centre ville légèrement encombré, le GLE est doux et la boite auto se fait absolument invisible, ou plutôt insensible. Le chauffage régule un douce température, le siège chauffant maintient le cuir de l’assise à une température agréable, le toit ouvrant permet de garder un oeil sur le ciel bleu, une douce musique rempli l’habitacle, voilà un essai qui commence bien. Un peu plus de 200 km d’autoroute m’attendent avant la première pause, ça roule.
La direction est douce mais sans être légère, elle ne donne pas l’impression de flotter sur le long ruban de bitume. Quelques ralentissements surprenants me font sauter sur les freins, le nez du SUV plonge, les énormes étriers pinçant des disques avant percés, l’équilibre général est bon, un gros pépère qui sait se tenir. Stabilisé à 120 km/h en 9ème, le V6 3.0 litres tourne à 1.700 tours/min sans un bruit, la finition est exemplaire puisque pas un seul bruit d’air ou rossignol d’accastillage ne vient perturber le calme ambiant. Les longues lignes droites se terminent enfin, je sors de l’autoroute, le moment de tourner la mollette de la position CONF à SPORT. La 9G tombe 2 rapports directement et maintient l’aiguille du compte tour autour de 3.000 tours prêt à bondir. Une petite pression sur la palette – et j’écrase la pédale de droite. Wahouu comment ça pousse ce machin !! Les deux turbos soufflent tout ce qu’ils peuvent pour atteindre la zone rouge, pression sur l’autre palette et la 4ème passe instantanément pour repousser avec tout autant de vigueur ! Les 333 ch semblent bel et bien là, particulièrement bien exploités par cette boite de vitesses aux rapports ultra rapprochés.
Les virages au loin arrivent bien plus vite que prévus, les freins sont efficaces, petites pressions sur la palette – et le SUV ralenti avec un petit coup de gaz flatteur à chaque rétrogradage. Gauche puis droite la route s’ouvre à nouveau, le même tonnerre mécanique s’empare des presque 2.2 tonnes de métal entre mes mains, avec une sonorité rageuse très agréable, l’arrière pousse, l’avant tracte, le 4-matic exploite au mieux le grip qui s’offre sous les 4 roues de 19”. Sinueux à nouveau, coup de gaz au rétrogradage à nouveau, malgré un centre de gravité assez haut les mouvements de caisse latéraux sont bien contenus et le SUV ne se vautre pas dans un roulis trop prononcé. Le châssis est largement à la hauteur de la puissance proposée, une belle surprise ! La partie de jeu durera encore quelques kilomètres avec autant d’efficace et même un peu de fun, la jauge à essence semble avoir pris un bonne claque au passage…
Le lendemain matin, surprise, le parking est tout blanc, il neige à gros floncons et 10 bons centimètres recouvrent la chaussée. On va donc voir ce que le GLE propose sur terrain moins facile. Une nouvelle fois bonne surprise puisqu’il s’extirpe facilement du parking et des quelques premiers kilomètres absolument pas dégagés, sans même avoir recours au mode flocon. L’ESP semble bien gérer le premier rond-point, l’ABS le premier freinage, ça se présente pas si mal malgré la température basse et la neige qui continue de tomber. Allez ne soyons pas trop téméraire, je tourne la molette sur le mode neige, la réponse à l’accélérateur est bien plus molle, les vitesses passent à 2.200 tours/min, bref la douceur est de mise et c’est tant mieux. La journée se passe et quand il est temps de reprendre la route, le thermomètre affiche -12°, la route partiellement dégagée dans la journée est en train de bien regeler. Le grip est finalement bien moindre que ce matin, pas de problème le GLE gère tout ça sans sourciller. La tentation de le malmener est trop forte, je m’autorise quelques glissages que l’ESP a du mal à interpréter. En le déconnectant, avec pas mal de place autour, c’est tout de suite plus rigolo. Retour en ville, il se tient bien et reste parfaitement sage et rassurant.
Pour le troisième jour le froid est toujours de mise mais les routes sont maintenant propres, le GLE met à nouveau en avant ses qualités de grande routière. Les kilomètres défilent sans aucune fatigue, finalement ce n’est que la jauge à essence qui nous arrête : le réservoir a beau faire 93 litres, l’aiguille descend un peu trop vite. Si sur autoroute la conso moyenne tourne autour de 12 litres/100, en ville ou lors des relances le poids joue clairement en sa défaveur. A la fin de l’essai, la conso moyenne sur 972 km est de 16.5 l/100 ! Vous me direz qu’on ne peut pas tout avoir, confort, polyvalence, équipement luxueux, 4 roues motrices, V6 turbo avec 480 Nm, boitoto 9 vitesses, et conso de chameau. Certes mais le GLE souffre un peu de la comparaison avec les autres “premium” de la catégorie annoncés un peu plus sobre, sur le papier au moins…
Polyvalence en toute situation
Au final le GLE est vraiment bluffant car quelque soit l’usage qu’on en fasse il est performant : arsouille, autoroute, crusing, neige et glace ou centre ville. Sa réputation en franchissement est tout aussi bonne ce qui ne me surprend pas. Alors même s’il peut paraître moins sexy qu’un X5, moins sportif qu’un Cayenne, moins solide qu’un XC90, moins massif qu’un Q7 ou moins luxueux qu’un Range Sport, il est sans doute le plus polyvalent. Et pour ce genre de véhicule, c’est avant tout ce que l’on peut demander en échange des 73.400 €, hors malus éco de 10.500 €. Et vous savez quoi ? Il parait que la nouvelle génération qui sortira en Avril prochain sera encore un peu meilleure dans tous les domaines !
Crédit photos @ Ambroise Brosselin.