Essai Renault Megane R.S. Trophy-R : On est pas là pour amuser la galerie
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Essai Renault Megane R.S. Trophy-R : On est pas là pour amuser la galerie

Megane R.S. Trophy-R
Megane R.S. Trophy-R

Renault avait initié la tradition avec la première Megane RS en lançant la R26-R. Voici donc pour cette deuxième génération, la version extrême de la berline sportive façon losange.

Megane R.S. Trophy-R
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Déjà essayée en 2014 dans sa version civilisée, la Mégane m’avait globalement séduit par son côté sportif affirmé au niveau look et dans le dynamisme général de son châssis et de son moteur. La Trophy-R conserve les gênes de la famille, mais elle évolue suffisamment pour qu’on puisse rapidement faire le tour des points communs avec la version « standard ».

Megane R.S. Trophy-R
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Tout d’abord le style. Faisons abstraction des stickers et couleurs bi-ton pour valider le fait que la ligne est identique. Cela dit, en soi, ce n’est pas un inconvénient car de base la R.S. est plutôt réussie avec ses élargisseurs d’aile proéminents, son spoiler « F1 » et ses bas de caisse musclés. En fait c’est dans le traitement des couleurs que la différence ce fait. Le pavillon noir aplatit la silhouette et, de mon point de vue ce n’est pas franchement une réussite car ainsi la voiture semble plus longue, moins ramassée et du coup elle perd ce côté « boule de muscles » qui lui allait si bien dans la livrée 100% blanche du modèle essayé l’année dernière.

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Reste le cas des stickers. Pour les passionnés érudits, ils permettront à coup sûr de distinguer cette version hardcore du reste de la gamme. Mais pour le quidam, ils font surtout penser à un survêtement Addidas sur roulettes.

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A l’intérieur, oubliez le côté cosy de la R.S. normale. Ici tout commence avec l’assise. Il ne s’agit pas d’un joli siège en cuir avec des renforts sur le côté pour ne pas trop bouger, là on parle de vrais baquets qui font des bleus aux fesses quand on rentre dans l’auto et qui obligent à se contorsionner pour en sortir. Avec les troutrous dans le dossier pour faire passer le harnais de sécurité 5 points, on est loin de gagner le concours du siège le plus confortable pour une conduite quotidienne, mais pour ce qui est d’être maintenu correctement au moment d’arsouiller, on confine au sublime.

Megane R.S. Trophy-R
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Le volant en cuir un peu torturé de la R.S. de base fait place à un volant en alcantara à la prise en main parfaite. Je l’ai trouvé un peu grand en diamètre mais on s’y habitue très vite. Pour ce qui est des équipements de confort par ailleurs, pas de gros sacrifice. La version française ayant été définie plus cossue que la version dépouillée qui fût commercialisée sur d’autres marchés (Angleterre entre autres). On retrouve donc le système multifonctions avec radio, navigation, R.S. monitor… Rien de foncièrement différent de l’équipement standard R.S.

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Vient ensuite le moment de s’intéresser aux places arrières… Pas longtemps puisque de place à l’arrière, il n’y en a guère que pour poser les pneus de rechange et le casque. Fini la banquette. La R.S. Trophy-R est une pure deux places, tout est vide dans le dos des deux sièges avant. Cependant l’allègement n’a pas été fait à la va-vite, il y a (outre les fixations de harnais) un filet au sol pour tenir le sac de voyage et la séparation avec le coffre s’effectue via un second filet maintenu par une barre transversale rouge du plus bel effet.

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Au total entre les baquets allégés et la suppression des banquette et isolants phoniques divers, le gain de poids dans l’habitable atteint 60 kg. Mais pour gagner en sportivité, les hommes de Renault Sport ne se sont pas contentés d’enlever encore 41 kg par rapport à la Trophy « non R ».

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Côté moteur, le 2.0L turbo affiche fièrement 275 ch et 349 Nm. Cela peut paraître faiblard par rapport à la concurrence particulièrement virulente des sportives du groupe Volskwagen (Audi S3, Seat Leon Cupra 280, VW Golf R), mais à l’usage je n’ai pas eu le sentiment d’être en manque de watts.

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Vient ensuite le travail effectué sur le châssis. Amortisseurs Öhlins réglables, ressorts de suspension en matériaux composite, pneus semi-slick Michelin Pilot Sport Cup 2, la Trophy-R annonce la couleur : vite un circuit !

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Malheureusement pour moi, mon essai ne prévoit pas de trackday. Je dois donc me contenter de voir ce que donne la bête sur route ouverte. Premier constat, il faut oublier le harnais au quotidien et remercier les concepteurs d’avoir laissé une ceinture classique. J’avoue, en grand enfant c’est le harnais que j’ai mis en premier. A peine sorti du parc presse Renault je bouclais le « 5 points ». 45 minutes après, je pouvais enfin démarrer…

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Ce sentiment d’être un pilote quand on est ainsi harnaché, c’est jubilatoire. Puis, très vite on perçoit les limites du plaisir ressenti. Quand par exemple il faut attraper un badge laissé dans le rangement de la console centrale et qu’on n’a pas le bras assez long…Puis quand on roule sur un noyau de pêche… ou un pépin de raisin…ou sur une de ces petites graines sur la peau des fraises même. On regrette vite la ceinture qui permet au dos d’amortir un peu le choc. Avec le harnais, les vertèbres bien tassées les unes aux autres, on se dit que ça fait bien longtemps qu’on n’a pas vu l’osthéopate.

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Et puis, sans vouloir passer pour un vantard, on la quand même les “quetsches” un peu comprimer par le 5ème point… Cependant au-delà de l’inconfort primaire dû à mon manque de maturité et mon envie de faire le beau, je réalise bien vite que ce sera difficile de passer inaperçu dans cette auto. Le niveau sonore confirme qu’on n’est pas dans une Mercedes Classe S. Ça fait autant de bruit que dans ma Lotus Elise ! Puis le pot Akrapovitc, sans véritablement révolutionner le chant de turbine du moteur, le rend beaucoup plus présent tant dans l’habitacle qu’au dehors. Et au cas où je viendrais à me rendre un tant soi peu furtif auprès de les compatriotes en évitant d’enfoncer trop fort la pédale de droite, mes efforts seraient ruinés à l’instant où j’effleure la pédale de frein. Le couinement qui s’en suit invariablement rappelle le cri de la craie sur le tableau en ardoise noire. Un vrai bonheur !

Megane R.S. Trophy-R
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Mais bon, passons aux choses sérieuses. Pour l’acheteur de Trophy-R, l’objectif premier n’est pas de se fondre dans la masse mais bien de disposer d’un outil affûté pour attaquer. Je pars donc à la recherche de la petite route virevoltante pour me faire une idée du potentiel de la Mégane. Tiens, un rond point bien large se profile à l’horizon. Allons-y. franche accélération, la cavalerie est impressionnante. Freinage appuyé, le touché autant que l’efficacité sont au rendez-vous (et là je dis merci au harnais pour son maintien parfait). J’engage l’auto et au point de corde, me voilà en train de drifter comme au volant d’une Nissan 200 Sx préparée sauce Fast & Furious. Jamais je n’ai pris autant d’angle avec une traction ! Heureusement, la bête n’est pas vicieuse et passé l’instant de surprise, la glisse s’avère facile à maîtriser. Je trouvais il y a peu la Focus ST bien mobile, là on est encore un cran au dessus !

Megane R.S. Trophy-R
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Bon, c’est joueur, efficace mais pas encore totalement bluffant. On recommence ! Virage suivant, même constat. La voiture est extrêmement précise, mais au moindre levé de pied on fini le virage par la fenêtre. Aurait-elle été mise au point par Ragnotti ? La réponse est ailleurs. Dans la gomme des Michelin très exactement. Après quelques kilomètres de conduite à rythme sportif, les pneus commencent à chauffer un peu et le grip change totalement. La voiture se colle de plus en plus à la route et, à moins de prendre des risques inconsidérés, impossible de repartir en crabe. Tout au plus ce sera l’avant qui commencera à lâcher en premier mais encore, de façon très limitée en mettant en exergue l’équilibre naturel de l’auto.

Megane R.S. Trophy-R
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Je regrette vraiment de ne pas avoir une piste à me mettre sous la roue. Le potentiel sur route d’un tel engin est totalement hors de portée et du coup mon essai s’apparente à une dégustation de fromage sans pain ni vin. Du coup je passe directement à la conclusion.

Megane R.S. Trophy-R
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Ce qu’il faut retenir de la Trophy-R ? Tout d’abord que la déco n’était pas vraiment indispensable. La version « Red Bull » est beaucoup plus réussie esthétiquement à mon sens. Ensuite, que l’heureux propriétaire aura quand même le sentiment, à chaque fois qu’il se mettra au volant, d’être dans une vraie sportive sans concessions. Rien que pour cela, la Trophy-R gagne mon respect. J’ai lu quelque part sur la toile ces mots d’une grande sagesse : « Si tu ne te retournes pas pour regarder ta voiture une fois que tu l’as garée, c’est que tu as acheté la mauvaise voiture ». Avec cette Mégane pas de soucis, on se retourne. Bon, on se dit bien en premier « quelle déco pourrie », mais très vite on pense « mais elle a de la gueule quand même, et que c’est bon à conduire ! ».

La pensée qui vient ensuite est de se demander si 45 000 € c’est bien raisonnable pour une Megane. La réponse n’est pas simple à trouver. Certes pour le même prix on peut commencer à trouver des voitures au blason plus côté et au moteur plus noble. Mais en regardant le surplus tarifaire par rapport à une Megane R.S. 265 standard l’écart de prix est de 37% (13 000 €). Entre une Porsche 991 Carrera 2 et une GT3 RS, l’écart de tarif minimum est de 45% et il peut atteindre 86% ! Comme quoi c’est plutôt une bonne affaire…

Megane R.S. Trophy-R
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Enfin, la question finale est de se demander pour quel usage on achète cette Trophy-R. Si c’est votre seule voiture et que vous ne passez pas tous vos week-end à limer les pistes de France et de Navarre, vous aurez certes une voiture d’exception mais elle sera peu polyvalente, peu confortable et quasi jamais exploitée au max. Quand au plaisir d’avoir une belle carrosserie, soyons francs, il y a plus beau ailleurs. Mon conseil : achetez plutôt une Focus RS dans ce cas. Vous ferez des économies et prendrez presque autant de plaisir sur route ouverte.

Si par contre vous avez une bétaillère quelconque pour les trajets quotidiens et que vous cherchez l’outil parfait pour les trackdays, la Megane s’impose assez rapidement. Capable de se rendre sur piste par ses propres moyens avec tout le matériel nécessaire (pneus de rechange par exemple), ultra-efficace et facile d’accès tout en demandant de l’implication de la part de son pilote, elle devrait alors répondre à toutes vos attentes. Et cela pour un tarif qui, s’il n’est pas à franchement parler bon marché, reste ultra-compétitif par rapport à ce que propose la concurrence en termes de rapport prix-efficacité.

Megane R.S. Trophy-R
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Si vous n’êtes pas un adepte des journées circuit, passez votre chemin. Il faut des dons de conviction hors du commun pour expliquer : « Chérie / Mr l’Agent, je suis obligé de rouler comme un mort de faim. Sinon les pneus y chauffent pas et la voiture elle glisse de partout. C’est pas sécurisant ! ». Dans le cas contraire, la Trophy-R est une arme redoutable qui devrait vous combler sur la piste, mais aussi lors de virées dominicales dans la campagne au son rauque de l’Akrapovic, dans une ambiance course non galvaudée et avec le plaisir de posséder un collector aux relents de voiture d’exception pour un tarif presque abordable.

Pour aller plus loin avec la Mégane R.S. Trophy-R :
– Les réglages de Laurent Hurgon (pilote/metteur au point ayant réalisé le chrono de la R.S .Trophy-R sur le ‘Ring) : http://renaultsport.com/IMG/pdf/les_reglages_de_l._hurgon.pdf
– Les accessoires Renault Sport dédiés à la Trophy-R : http://www.renaultsport.com/Accessoires-Megane-R-S-275-Trophy-4179.html

Megane R.S. Trophy-R
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