Essai Tesla Model S P100D : Lifting Machine !
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Essai Tesla Model S P100D : Lifting Machine !

Tesla model S P100D
Tesla model S P100D

Il s’agit là du troisième essai de Tesla que je réalise depuis 2015. Après une Model S 85D et une Model X 90D, c’est cependant ma première expérience avec une version “Performance”. Dire que déjà avec les deux précédentes je n’avais pas eu le sentiment d’avoir des poumons entre les mains, je me demande vraiment avant mes premiers tours de roues ce qui m’attend…

Tesla model S P100D
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Design : lifting léger

La première version de la Model S (lire notre essai ici) se distinguait par une plastique d’une grande élégance. A la relecture de mon article de 2015, et surtout en revoyant les photos de l’auto à l’époque, je reste encore convaincu qu’il s’agit d’une très belle réussite qui a su s’inspirer des meilleures concurrentes de l’époque.

Dans sa nouvelle robe, la Tesla Model S reste encore plus que reconnaissable. A vrai dire il n’y a guère que la face avant qui change véritablement. Le profil est toujours fin et racé tandis que la poupe reste presque trop classique.

Tesla model S P100D
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Mais le classicisme a du bon à mon avis quand c’est au profit du bon goût.

Pour la face avant, je dois avouer que je regrette quelque peu la première version que je trouvais plus expressive. C’est encore certainement un coût du conservatisme qui m’habite. La fausse calandre de l’époque était un point de repère rassurant. Désormais il faut se faire à une voiture sans gueule béante, signe habituellement distinctif des véhicules à hautes performances. La Tesla Model S se contente comme sa grande sœur la Model X (lire notre essai ici) d’une toute petite bouche en forme de T. C’est assez déroutant au premier regard je trouve, mais finalement cela distingue encore plus l’américaine électrique de ses concurrentes thermiques européennes.

Tesla model S P100D
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Il est notable par ailleurs que la qualité des assemblages a bien progressé depuis trois ans. Là où certains joints de carrosseries semblaient un peu traités à la légère, cette dernière version semble bien plus aboutie.

 

Intérieur : qualité en hausse

L’habitacle de la Tesla Model S est toujours aussi original. Simple, dépouillé même, il est totalement centralisé sur cette énorme écran tactile au centre de l’habitacle. C’est toujours lui qui permet de contrôler l’ensemble des fonctions statiques et dynamiques de la voiture. Le plus étonnant reste tout de même que l’interface reste aussi simple et intuitive à utiliser. Alors que la concurrence continue de mélanger les fonctions sur écran tactile et celles actionnées via des commodos physiques, Tesla réussi à tout gérer à partir d’un seul écran et rendre les fonctionnalités faciles et naturelles.

Tesla model S P100D
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Autour de l’écran, je retrouve rapidement les marques de la 85D essayée précédemment. Les réglages de position de conduite sont pléthore et chacun y trouvera son compte sans aucun doute. Les sièges s’avèrent confortables, avec un dessin revu depuis les premiers modèles. Le cuir semble aussi de meilleure qualité qu’auparavant. La progression de qualité des assemblages et matériaux est d’ailleurs évidente depuis trois ans. Les coutures de cuir sont plus régulières, les ajustements plus précis. Bref, j’aimais déjà beaucoup l’habitacle Tesla auparavant, il est désormais encore plus agréable. Fait notable, l’apparition d’une console centrale à l’avant là où il n’y avait auparavant qu’un grand espace de rangement.

Tesla model S P100D
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Vie à bord : du sérieux et du fun

J’aurais pu dire du sérieux et du moins sérieux, mais cela aurait eu une connotation négative inappropriée. Hors, il faut bien se l’avouer, la Tesla Model S P100D est une voiture de geek. non pas que cela enlève quoi que ce soit aux qualités intrinsèques de la voiture, mais cela fait partie de son ADN.

Ainsi quand Elon Musk s’offre la Lotus Esprit de 007 dans “l’Espion qui m’aimait”, les programmeurs s’amusent à créer une fonction pour la faire apparaître dans l’écran de réglage de hauteur de caisse.

Tesla model S P100D
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Mais dans le genre inutile, il y a encore mieux. La fonction “Christmas” qui remplace l’image de tesla en face du conducteur par un petit traineau du père Noël alors que le son des clignotant se transforme en clochette de renne. Ou encore la fonction “Licorne” qui, lorsque le régulateur de vitesse est enclenché, vous envoie une petite musique appropriée en décorant la route couleur arc-en-ciel sur le tableau de bord.

On est bien d’accord, c’est totalement inutile, mais finalement si cela peut faire sourire les enfants, pourquoi se priver ?

Puis il y a les fonctions plus utiles. Je vous propose de nous attarder sur deux d’entre elles.

La première sera l’ensemble des fonctions d’aide à la conduite (pour ne pas dire autonomie de conduite).

Tesla se garde bien de parler de voitures autonomes. Cela en premier lieu pour des raisons juridiques. Une voiture autonome impliquée dans un accident de la circulation génère bien trop de contre-publicité. Et la difficulté actuellement est encore de faire le tri entre les problèmes liés directement à une autonomie mal paramétrée et ceux dus à une utilisation inappropriée des fonctions d’assistance avancée. En l’état que permettent les fonctions présentent sur la Model S ? Au delà de ce que toutes les voitures permettent déjà (régulateur de vitesse, assistance au freinage d’urgence), la Model S permet de s’affranchir de gérer tant l’accélérateur et le frein que le volant quand toutes les assistances sont enclenchées. Il est même possible de laisser la voiture gérer les changements de file pour doubler sur autoroute par exemple. Cependant l’utilisation de ces fonctions est strictement encadré : elles ne garantissent un niveau de sécurité maximum que sur des voies multiples séparées par un terre-plein central. A l’usage cela déroute au premier abord. Lorsque vous enclenchez les assistances, il faut tout d’abord apprendre à faire confiance au système. Sans cela la conduite devient extrêmement désagréable car pour reprendre le contrôle de la direction, il faut “forcer” la main à la machine pour qu’elles se désactive. Dans les faits cela vous fait donner de petits mais brusques coups de volant peu agréables. Une fois la confiance acquise par contre, pas de soucis pour ce qui est de laisser la voiture suivre sa voie. Mais comme il faut toujours avoir les mains sur le volant, l’intérêt n’est à mon sens encore que théorique. A défaut de présenter une véritable utilisé aujourd’hui, cela permet de se familiariser avec les futures voitures autonomes.

Tesla model S P100D
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La seconde, la fonction accélération démentielle. Un peu d’explications techniques. Afin de doter les modèles P de performances (encore plus) hors du commun, Tesla permet d’extraire un surplus de puissance de la batterie. En engageant le mode “accélération démesurée”, vous permettez à la puissance max de passer de 1300 en mode Confort à 1500 ampères. Ceci est rendu possible grâce à la mise au point d’un fusible doté d’un système électronique et d’un accumulateur lithium-ion intégré. Il peut ainsi contrôler le niveau de courant en jeu chaque milliseconde et couper, si nécessaire l’alimentation par pro-déclenchement. Ce fusible est couplé à un contacteur principal en inconel permettant de conserver l’élasticité requise sous la chaleur produite par le courant élevé.

Pour faire simple, au lieu d’un fusible tout simple qui fonderait au vu de la puissance requise par la fonction accélération démentielle, il y a un fusible évolué qui tient le coup.

Mais pour quelle raison une telle fonction ? Pour le plaisir uniquement. Cela peut paraître puéril ou sans intérêt, mais il ne faut pas oublier que la voiture, quel que soit son mode de motorisation, est encore un vecteur de plaisir. Alors si l’électricité nous permet de continuer à aimer l’automobile au delà de son côté utilitaire, il ne faut surtout pas s’en priver.

Au volant : adaptable à volonté

Ce qui m’avait déjà séduit lors de mes essais Tesla précédents, c’est la capacité de ces automobiles à se plier à votre volonté. Plus encore qu’avec n’importe quel véhicule thermique, la capacité d’un moteur électrique puissant à s’adapter à votre envie de conduite est sidérante.

Tesla model S P100D
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La Tesla Model S P100D dispose de trois pré-réglages de base : Normal, Sport et Démentiel.

En mode Confort, la réponse à l’accélérateur est tout sauf impressionnante. La voiture accélère franchement mais pas plus qu’une berline diesel de 150ch. C’est largement suffisant pour une utilisation normale. Suffisant mais franchement pas excitant.

Le mode sport change radicalement la donne. L’accélération devient alors brutale. Si vous êtes habitués aux super sportives ce ne sera pas dépaysant. Le plus impressionnant étant que même avec ce niveau de performance, la voiture reste d’une facilité d’utilisation à toute épreuve.

En mode démesuré, il est étonnant de voir que le niveau peut encore augmenter de façon perceptible. Le premier indicateur que vous entrez dans un monde inconnu est encore une geekerie : le message au tableau de bord (voir photo ci-dessous).

Tesla model S P100D
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Le mode démesuré nécessite un temps de chauffe de la batterie pour en tirer la quintessence. Cela va d’un quart d’heure à près de 45 minutes en fonction d’un certain nombre de paramètres que j’avoue ne pas avoir totalement cernés. Un peu de température extérieure, un peu d’utilisation en cours de la voiture ?

En attendant, même sans ce temps de chauffe qui permet de grappiller les quelques un ou deux derniers dixièmes sur le 0 à 100km/h, le mode vous assène un coup de massue.

Car pour effectuer ce 0-100 km/h en moins de trois secondes, il faut aller chercher non plus dans la super-sportive, mais dans la supercar (en gros, passer d’un budget de 250 à plus de 300 000 € chez un constructeur italien ayant pour signe un petit cheval cabré…).

C’était pour moi une première expérience à ce niveau d’accélération. Sans exagérer aucunement, c’est la première fois que je sens physiquement la peau de mon visage se tendre sous la force de l’accélération. Et le premier qui dit que c’est à cause de l’âge et de la perte d’élasticité de l’épiderme, je le fais interdire de Bingo dimanche matin !

Mon ami Michel à qui j’ai fait partager l’expérience, me disait qu’il avait eu la sensation de ne plus avoir la partie inférieure du corps irriguées de sang. Mais je crois qu’il parlait surtout des jambes. Sinon il y a des médicaments…

Bref, pour en revenir aux trois modes précités, la différence de l’un à l’autre est véritablement perceptible. Et le plus étonnant c’est que même en mode démesuré, la Tesla Model S P100D reste d’une grande prévenance. L’électronique gère l’arrivée de la puissance sur les quatre roues motrices et même si on peut sentir l’intervention des béquilles électroniques pour conserver la voiture sur la route, ce n’est jamais intrusif. En tout cas lorsqu’on accélère en ligne droite.

Sur une route sinueuse, j’avoue ne pas avoir joué avec la Model S autant que j’aurais pu le faire avec une GTi. Principalement du fait de l’encombrement de la voiture. Si la Lexus LC500 essayée en début de mois m’avait paru grosse, la Tesla repousse encore les limites. la voiture est beaucoup trop large en particulier pour se permettre s’arsouiller sur la majorité des départementales. C’est dommage car la voiture est saine, efficace et grâce au centre de gravité très bas (dû aux batteries placées dans le plancher), elle vire bien à plat. Faisant presque oublier sa masse conséquente.

Tesla model S P100D
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Vie quotidienne : état des lieux de l’utilisation d’un véhicule électrique

OK, une Tesla c’est beau, confortable, bien fini, bien équipé et ultra performant. mais il n’en reste pas moins qu’au moment de faire un chèque de près de 150 000 € un certain nombre de questions se posent.

Est-ce aussi utilisable qu’une BMW/Mercedes/Audi thermique ? Qu’en est-il du coût d’entretien ? Et du risque de perte financière en cas de mauvais vieillissement de la batterie ou de faillite de la marque ?

Je n’ai pas les réponses universelles à ces questions, mais voici quelques réflexions et retours d’expérience.

A la date de rédaction de cet article, la France compte 62 stations de recharges Tesla pour un total de près de 500 Superchargeurs. Où que vous soyez sur le territoire métropolitain, vous êtes à moins de 130 km du Superchargeur le plus proche. A cela s’ajoutent les bornes des 500 sites du programme Recharge à destination qui, sans être aussi performants que les Superchargeurs permettent malgré tout de “faire le plein”. Bref en théorie il y a toujours moyen de recharger sa voiture, même si partez en w-e dans votre maison de campagne au confins d’une région reculée.

Lors de mon essai, j’avais une réunion de famille dans l’Orne. En pleine “diagonale du vide” entre Paris et Rennes. Premier Supercharger au Mans, une cinquantaine de kilomètres au Mans et pas plus près d’un site “recharge à destination”. Pour me rendre sur les lieux, un peu moins de 200 km. Une distance parcourue en adoptant une conduite relativement normale : respect des limitations de vitesse, pas moins. Et quelques démarrages en mode Sport ou Démesuré pour faire partager l’expérience avec la petite famille. Résultat des courses, une batterie déchargée à 50% en arrivant à destination.

Le résultat est plutôt très bon pour ce qui est de l’autonomie réelle de la voiture. Mais cela m’a tout de même occasionné quelques sueurs froides quand l’hôtel de destination me confirmait ne pas avoir de borne de recharge. Pareil pour le golf attenant ainsi que pour le supermarché de la ville. Bref, pas de station disponible dans les environs immédiats. OK, il me restait de quoi revenir à la maison en théorie, mais sans marge de sécurité.

Une rallonge et quelques heures plus tard j’avais réussi à me brancher sur une prise de courant domestique à l’hôtel (puis ensuite chez la cousine) pour récupérer en une quinzaine d’heure 30% de charge complémentaire, de quoi se rassurer pour le retour.

Ma réponse est donc la suivante pour répondre à la première question : actuellement il est encore plus facile de faire un long chemin avec un véhicule thermique. Mais cela reste la perception que j’en ai après des décennies d’habitude de ne pas se poser de question sur la capacité à faire le plein n’importe où. Cette perception reposant sur le maillage de l’infrastructure de recharge plus que sur la capacité de la voiture à enchaîner un aller-retour. Avec un  choix plus judicieux de l’hôtel, à savoir en choisir un avec des bornes de recharge, j’aurais certainement été plus serein sur l’ensemble du week-end.

Tesla model S P100D
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Concernant le coût d’utilisation d’une Tesla par rapport à une concurrente thermique, difficile d’avoir une vision claire. Au delà du tarif d’achat où l’américaine marque des points faciles du fait de son bonus écologique (auquel il faut ajouter l’exonération de la Taxe sur Véhicule de Société), le coût d’une recharge est au maximum de 10€ pour une autonomie de 350 à 400 km vérifiés.

Les contrats d’entretien semblent quant à eux assez semblables à ceux de la concurrence en terme de prestation et de coût.

En synthèse, la différence au niveau du coût se fait surtout à l’achat et sur le poste carburant. Ce qui reste plus qu’intéressant au vu du montant que l’on peut ainsi économiser.

Tesla model S P100D
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L’inquiétude principale quand on achète un véhicule électrique concerne le vieillissement de la batterie. En cas de perte de performance de cette dernière le coût de remplacement s’avère souvent prohibitif au vu de la valeur résiduelle de la voiture. Pour éviter ce risque, le premier réflexe (et pas forcément le plus mauvais) est d’opter pour un financement de type locatif (LOA, Leasing). Cependant avec le retour d’expérience des dernières années, il semble que le vieillissement des batteries (aussi bien pour Tesla que pour les autres constructeurs) soit meilleur que prévu. Ainsi une étude menée aux USA fait apparaitre une perte de 8% d’autonomie (35 km) au bout de 160 000 km d’utilisation pour la Model S. La déperdition allant en décroissant au fil du kilométrage de la voiture.

Ainsi aujourd’hui le risque de dépréciation d’un véhicule électrique, Tesla ou autre, semble maîtrisable tant par les constructeurs que par les clients du fait d’un vieillissement de bonne qualité et de possibilités de financement permettant de couvrir ce risque.

Reste enfin les questions relatives à la pérennité de la marque. Sur ce point il m’est difficile d’avoir un avis. D’un côté certains financiers semblent persuadés d’une faillite imminente, de l’autre la marque vit avec ces rumeurs depuis des années maintenant et la qualité des voitures est au rendez-vous.

La véritable inconnue est la capacité à produire en quantité industrielle à un rythme suffisamment important pour assurer la rentabilité financière.

Si je devais juste ajouter une réflexion aux différents écrits déjà réalisés par des spécialistes sur le sujet ce serait la suivante : Elon Musk a réussi en une dizaine d’année à faire de Tesla une marque reconnue en expertise technologique, qualité de produit et puissance marketing. Si véritablement les difficultés financières venaient à forcer un dépôt de bilan, de nombreux constructeurs traditionnels ne seraient-ils pas intéressés par un rachat afin de pouvoir bénéficier de l’avance technologique de la marque ? Sans compter qu’avec une puissance d’industrialisation adéquate, la marque pourrait même devenir rentable. Les exemples de rachats réussis de marques pourtant historiquement déficitaires ne manquent pas.

Tesla model S P100D
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Conclusion

Une fois de plus la “magie” Tesla a fonctionné. La Tesla Model S P100D est définitivement à la hauteur de ses promesses. Une Model S avec toutes ses qualités de praticité (quel volume intérieur !), de confort et d’intelligence embarquée. La P100D ajoute une touche de folie avec ses fonctions puériles et ses performances démoniaques. Aussi inutiles qu’indispensables pour être écologiquement responsable sans pour autant se sentir puni. Restent les questions d’acceptation de se plier à une utilisation propre aux véhicules électriques, en particulier concernant les contraintes de recharge. Avec un maillage en perpétuelle extension des stations de recharge la contrainte est cependant de moins en moins forte. Reste le temps de recharge effectif qui ne pourra de toute façon jamais concurrencer celui d’un carburant liquide. Pour être définitivement conquis par la Tesla Model S P100D il faut être prêt à changer de façon de penser.

Peut-être plus facile à faire que ce que l’on peut imaginer. Seriez-vous prêt à échanger votre smartphone actuel contre un autre aux performances équivalentes mais fonctionnant avec des piles à la façon d’une lampe-torche ? Certainement pas car vous avez intégré avec un niveau de stress raisonnable la gestion de sa charge. 

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