Essai Lancia Ypsilon : la renaissance qu’on attendait ?
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Essai Lancia Ypsilon : la renaissance qu’on attendait ?

Lancia Ypsilon

Voilà maintenant près de 10 ans que Lancia avait plié bagages en France et que l’Ypsilon, qui tenait la boutique depuis des décennies, disparaissait de nos routes et surtout des concessions. Concentrée depuis 2016 sur l’unique péninsule italienne, la petite Lancia Ypsilon s’écoulait encore à environ 50 000 exemplaires par an (Top 2 des ventes en Italie) notamment grâce à son tarif ristretto et la côte d’amour des Italiens pour la marque à la lance. Avec l’intégration de la vieille maison italienne au groupe Stellantis en 2021, Lancia revient avec une proposition qui semble vouloir capitaliser sur son héritage tout en s’adaptant aux besoins modernes. L’Ypsilon est la première à (re)poser ses roues en France. Alors, finira-t-elle au fond de la piscine ou va-t-elle faire boire la tasse à la concurrence ?

Lancia. Cinq lettres à qui l’on doit beaucoup dans le monde de l’automobile par ses nombreuses innovations mais aussi par une certaine recherche dans le style : innovante, iconoclastes, luxueuse mais surtout totalement improbable par certains de ses véhicules (la Beta Trevi, par exemple). Tellement de cordes à son arc que je ne peux passer à côté de son audace esthétique (je me répète ?) évidemment, je parle de Lancia en compétition. 11 titres, un exploit encore invaincu à ce jour notamment avec des noms mythiques tels que Delta, Fulvia HF ou encore Stratos.

Le constructeur italien, c’est aussi un langage esthétique si particulier. Le Calice emblématique de la marque maintes fois réinventée, tout comme les silhouettes des voitures de la marque. Vous l’aurez compris, je suis un “Lanciste” et je l’attendais ce retour de la marque à la lance. Il faut dire que la vie de Lancia n’a pas toujours un long fleuve tranquille : disparition de Vincenzo Lancia, rachat par Italcementi puis par Fiat et surtout Alfa Romeo obligée de cohabiter avec Lancia. Alors que les deux marques sont « ennemies », les voilà sœur. Si Alfa Romeo ne s’en est pas trop mal sortie, le virage à 180 de Lancia sur un certain confort-bourgeois n’a pas véritablement réussi à la marque.

En effet, les Lybra, Delta mk 3, Thesis ou encore Kappa sont loin d’avoir convaincu. Après la fusion ratée avec Chrysler, Lancia disparut doucement. Sauf que voilà, chez Stellantis, on a décidé de laisser 10 ans à toutes les marques pour faire leurs preuves et pourquoi pas permettre à Lancia de revenir sur le devant de la scène. Après le concept-car Pu+RA HPE qui annonçait le futur de la marque, place à du concret avec la nouvelle Lancia Ypsilon, sixième du nom.

Lancia Ypsilon
Clin d’œil aux précédentes générations, la Lancia Ypsilon conserve des poignées de portes arrière dans le montant C.

Avec cette riche histoire en toile de fond, Lancia tente aujourd’hui de se réinventer avec la nouvelle Ypsilon, en reprenant certains de ses codes tout en osant l’innovation. Pour la relance, c’est donc la petite citadine qui profite de se vent de fraîcheur et adopte un nouveau langage esthétique avec un calice revisité. Le chrome disparaît au profit d’une bande noire sur le haut de la calandre pour imiter les voitures de sport de la marque avec LANCIA en toute lettres et trois barres qui font écho aux lignes de la fameuse calandre ⏤ deux horizontales et une verticale. De là, on retrouve des feux hélicoïdaux ou à double étage, avec une prise d’air mais également quatre entrées d’air ⏤ pleines en version électrique, ouvertes en version hybride.

On regrette une seule disparition dans le design de la marque : un pli de carrosserie présent depuis la nuit des temps sur le capot des Lancia. On remarque tout de même que la face avant propose une identité propre à la marque, mais que du côté du profil on reconnait facilement des éléments et la structure de la Peugeot 208 ou encore de l’Opel Corsa (surtout le montant C). Toutefois, mesure d’économie d’échelle oblige, on retrouve les rétroviseurs, les arches de roues et les poignées des portières avant de la Peugeot 208, qu’on retrouve aussi sur la Fiat 600 ou encore le récent Alfa Romeo Junior (lire ici) pour les rétroviseurs.

De profil, la Lancia Ypsilon adopte comme la précédente une silhouette de citadine 3 portes avec des poignées arrière intégrées au niveau du vitrage, comme sur l’Ypsilon de 96 ou encore l’Alfa 147. On remarque des formes géométriques, comme une ligne de caisse elliptique, autre clin d’œil à la Pu+ra mais aussi à l’ancienne Ypsilon. Le vitrage adopte un élément en noir laqué qui n’est pas sans évoquer le vitrage d’une Y10. D’ailleurs, la tradition Lancia oblige la perte du petit “Y” du montant B. En revanche, le blason de la marque est toujours présent. À l’arrière, la citadine joue la fibre néo-rétro avec des feux ronds qui ne sont pas sans rappeler la Lancia Stratos ou… l’Alfa Romeo MiTo. On retrouve donc un arrière tronqué.

Longue de 4,08 m, c’est désormais la plus grande des Lancia Ypsilon (la précédente mesurait 3,81 m). La voiture possède donc un design sculpté et élancé. Finalement, on se surprend à bien apprécier la voiture et lui laisser une chance… pour la découvrir à bord. Mais dans les autres détails intéressants, on remarque le dessin interne des feux arrière qui reprennent un motif en Y couché et un bandeau noir qui coupe la voiture en deux avec un lettrage de la marque. Enfin, dernier clin d’œil à la marque, la typographie manuscrite du nom Ypsilon ⏤ il y a des choses qu’il faut savoir conserver.

Lancia Ypsilon
Oubliez les chromes, place à un bandeau noir et des LEDs !

À bord, on sent un soin particulier à l’univers Lancia et on ne se sent pas si dépaysés. C’est raffiné, c’est élégant, et on retrouve des matières que l’on connaît bien chez Lancia. Le mobilier est moderne et Lancia compte bien mettre en avant un effet “Home Feeling” c’est-à-dire le sentiment d’être comme à la maison. Apparaît ainsi la fameuse Tavolino, la petite table, faite à partir de poudre de marbre et qui inclut la recharge sans fil du téléphone.

Si les plastiques grainés sont loins d’être du standing revendiqué par la marque italienne, les assemblages sont bons (même meilleur que certaines productions germaniques). On retrouve des éléments proches du mobilier haut-de-gamme, on sent vraiment un intérieur raffiné et feutré à bord. Cela passe également par des inserts façon marqueterie. Au-dessus de la planche de bord, on retrouve aussi le système SALA (qui regroupe ChatGPT et les fonctions Audio). L’intégration de l’Intelligence Artificielle est désormais courante sur les nouvelles voitures, nous verrons dans le temps si la fonctionnalité est réellement utilisée par les acheteurs.

Du coté du confort, la sellerie de couleur Ruggine (rouille, ndlr) est du plus bel effet avec son motif, également présent sur les surtapis. Les sièges sont joliment dessinés et se révèlent très confortable. On a de l’espace et la Tavolino ne heurte pas le genoux. On retrouve l’effet velours des sièges un peu partout à bord de la voiture. Malheureusement, l’atmosphère feutrée ne se retrouve pas à l’arrière, comme beaucoup de voitures aujourd’hui.

Si l’espace peut être compté pour les grands gabarits comme le mien, les dossiers creusés accueillent bien le dos. Toutefois, les plastiques des portières sont indignes du standing revendiqué par la marque. Le coffre offre quant à lui assez de volume malgré une ouverture étriquée avec un volume allant de 302 litres pour l’électrique à 352 litres pour la version hybride. Une fois les sièges rabattus, l’italienne revendique jusqu’à 1 163 L ⏤ loin d’être une référence, c’est amplement suffisant pour la vie quotidienne.

Lancia Ypsilon
À bord, rien ne fait référence à une certaine Peugeot 208. Bon point !

Maintenant que je vous aie bien vendu le produit, passons sur la partie route. Alors… copie confirme de la Peugeot 208 ou toucher de route à l’italienne ? Premièrement, sous le capot, on profite de la nouvelle version du moteur 3 cylindres micro-hybride 1,2L qui développe 100 chevaux (celui dont on ne doit plus prononcer le nom). La transmission passe par la nouvelle boîte automatique à 6 rapports, la e-DCT à 6 vitesses. Ce dernier offre des performances correctes avec un 0 à 100 km/h expédié en 9,3 secondes et une consommation revendiquée à 4,6L/100 km. On profite d’un moteur qui a du punch, même si quelques vibrations se feront sentir à froid.

Le système électrique brille par moment par… son absence. On regrette une batterie électrique trop légère pour ceux qui ont un peu le pied lourd. Toutefois, l’italienne offre un comportement de haut vol avec des voies élargies de 4 centimètres par rapport à la 208, garantissant une meilleure tenue de route que sa cousine. La boîte est plutôt réactive et on apprécie l’ensemble. On note que les équipes de Lancia ont également retravaillé l’insonorisation afin d’offrir une conduite très silencieuse. Notre trajet, fait d’un parcours urbain et péri-urbain, permet vraiment d’apprécier l’Ypsilon avec une conduite à la fois coulée et dynamique. La consommation finale s’élève à 6 litres aux 100. La citadine chic surprend par son toucher de route.

Lancia Ypsilon
Sur le montant C, on retrouve le blason de la marque.

Finalement, l’Ypsilon se révèle très éloignée de la 208 sur bien des points. Elle se distingue par son confort soigné, ses matériaux de qualité et cette touche d’élégance qui fait la différence. Enfin, terminons par les tarifs de l’italienne : 24 500 € en finition Ypsilon avec notre version hybride. C’est en moyenne 600 € de plus qu’une Peugeot 208, tout en étant mieux équipée. La Lancia Ypsilon et son statut se permet d’être moins chère qu’une Audi A1, une Mini 3 portes voire… la Volkswagen Polo ! Malgré ses imperfections, l’essai pour la renaissance de Lancia est globalement réussi. L’Ypsilon est sans doute l’une des citadines les plus raffinées et pleines de caractère sur le marché.

Photos : Joris Clerc

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