« La chance sourit aux audacieux » dit le proverbe de Virgile dans l’Énéide. C’est tout le bien que l’on peut souhaiter au Mondial de l’Auto 2022. Cette 89ème édition du salon automobile de Paris s’ouvre après quatre ans d’absence et avec un secteur automobile en très forte mutation, environnementale, sociétale et technologique. Si le maître mot est « mobilité », ce Mondial de l’Auto 2022 n’est pas qu’un salon sur l’assurance et la banque des nouveaux modes de « déplacements durables » et leurs univers périphériques. Non, il y a encore de l’espoir et du plaisir pour une automobile aussi agréable que passionnante, en trois mots : qui donne envie !
Voici mon « Top Mondial 2022 », de l’audace et des couacs. Félicitations aux Groupes Renault et Stellantis ont joué le jeu en présentant sur leurs stands de beaux concepts et des nouveautés !
N°1 : C’est Renault qui décroche la timbale avec pas moins de trois concept cars bien en vue : R4Ever Trophy, R5 Turbo3E et Scenic Vision (lire ici). C’est aussi fun que varié et heureusement, le future R4, qui partagera sa plateforme avec la future R5, ne sera pas un SUV urbain, contrairement à ce que laisse penser le concept. Ouf !
N°2 : Chez Alpine, on ne sait pas ou donner de la tête entre l’impressionnant concept Alpenglow (lire ici) et la méchante A110 R (lire ici). Du bel ouvrage qui fait chaud au cœur !
N°3 : Dacia affiche sa nouvelle identité et fait les choses en grand (alors que Citorën qui fait la même démarche brille par son absence). Le stand a pour thème les loisirs « outdoor » qui collent parfaitement à l’esprit de la marque roumaine. Le concept Manifesto (lire ici) pétille d’ingéniosité.
N°4 : DS est venu avec son concept E-Tense Performance (lire ici) mais également avec les nouvelles DS 3 et DS 7 (lire notre essai ici). Mon coup de cœur pour la berline DS 9 (lire notre essai ici) dans une nouvelle finition Opéra Première, toutes options, avec une superbe configuration : extérieur « Whisper » (noir aubergine) et intérieur cuir Nappa Gris Perle.
N°5 : C’est à Paris que Jeep lance son crossover urbain Avenger en version électrique (lire ici). Il inaugure les débuts de la plateforme « STLA Small », l’une des quatre nouvelles plateformes électrifiées de Stellantis. Au menu un moteur nouveau électrique de 400 volts développant 115 kW (156 ch) et 260 Nm de couple, ainsi qu’une nouvelle batterie de 54 kWh. Autonomie annoncée jusqu’à 400 km en cycle WLTP soit environ 550 km en cycle urbain. Jeep présente également, sous forme de concept, la version 4×4, 4xe, de l’Avenger.
N°6 : Peugeot expose son nouveau « crossover coupé » 408 (lire ici), l’une des stars du salon. C’est une grosse voiture, affichant beaucoup de personnalité, qui risque de faire de l’ombre à la 508 qui n’avait pas besoin de cela…
N°7 : VinFast arrive en force à Paris, avec un beau stand et une armada de communicants et d’influenceurs pour assurer sa promotion. La marque vietnamienne veut créer le buzz autour de sa gamme de SUV’s électriques premiums VF6, VF7, VF8 (353 ou 408 ch/batterie 82 ou 87,7 kWh/4×4/autonomie 400 à 471 km/à partir de 43 K€) et VF9 (408 ch/batterie 92 ou 123 kWh/autonomie 438 à 594 km/4×4/à partir de 58 K€), dessinés par Pininfarina (VF8 et VF9) et Torino Design (VF6 et VF7) ! C’est l’autre constructeur asiatique qui se cache derrière les chinois, dont on parle tant. A surveiller, VinFast pourrait créer la surprise dans un avenir proche.
N°8 : La nature a horreur du vide. En l’absence de nombreux constructeurs européens, coréens et japonais, les constructeurs chinois ont investi la place de Paris. Pas moins de 5 marques sont présentes ! BYD (Buid Your Dream) présente trois modèles électriques : Atto 3 (SUV compact 150 kW soit 204 ch et 310 Nm), Han (berline 380 kW soit 517 ch et 700 Nm !) et Tang (SUV familial 380 kW soit 517 ch et 680 Nm).
GWM (Great Wall Motor) venu avec deux marques : WEY (2 SUV hybrides : Coffee 01 de 476 ch avec batterie de 41,8 kWh pour 56 k€ et Coffee 02 de 362 ch ou 425 ch pour 50 k€ !) et Ora (citadine électrique : Funky Cat 126 kW soit 171 ch avec batterie 48 kWh au tarif d’une Peugeot e-208 GT).
Plus discret, on trouve Seres (SUV 3 et 5) et Leapmotor (mini citadine T03).
L’annonce de la hausse de la prime à l’achat d’une voiture électrique de 6000 à 7000 euro va accentuer l’offre chinoise en France : les portes sont grandes ouvertes pour le loup dans la bergerie ! La Chine possède non seulement les matières premières pour produire les batteries, mais également les technologies électroniques et semi-conducteurs nécessaires aux véhicules électriques. Le tout avec des tarifs ultra compétitifs. C’est le nerf de la guerre.
N°9 : L’hydrogène nouveau carburant vert. Oui, lorsqu’il provient des énergies renouvelables. Non, quand il est extrait sous forme naturelle (blanc) ou produit à base de matière fossile (gris). Pour autant, deux constructeurs s’y intéressent : Nam X avec son HUV (Hydrogen Utility Vehicle) co-designé avec Pininfarina et Hopium avec sa berline Machina. Si l’hydrogène a du sens pour le transport utilitaire ou collectif (camion, bus, tram, train) son utilité reste à démontrer pour la voiture particulière. Dans les deux cas, à suivre.
N°10 : C’est sur le stand France, très mal mis en valeur par l’organisation du salon, que Genty Automobile expose l’Akylone. Le petit constructeur (installé près de Vichy) se débat pour trouver des financements, qui le mènent hors de France, afin de développer son hypercar de 1200 ch. Actuellement sous forme de prototype motorisé par un V10 Audi (R8) doté de deux turbos, la version de série recevra un V8 bi-turbo 3.5L fonctionnant à l’E85, développé par Pipo Moteurs (près de Valence), celui là même qui équipe les Glickenhaus 007 LMh qui courent en Endurance. Pour faire passer les 1200 Nm de couple aux roues arrières, c’est X-Track qui fourni la boite de vitesses séquentielle à 7 rapports. Avec 1280 kg, le 0 à 100 km/h est annoncé en 2,7 sec, la 1000 m D.A. en 16,6 sec, la Vmax à 350 km/h. Prix 1,2 millions d’euros.
Dans la même veine, comment ne pas être impressionné par le travail de José Cabrerizo, toulousain, mécanicien et carrossier retraité qui s’est lancé dans un projet fou : construire SA voiture de sport en partant de zéro. Présentée lors du Mans Classic 2022, la CID Babieca est visible au Mondial de l’Auto. C’est une barquette aux allures de McLaren Elva (lire ici), Ferrari Monza SP1/SP2 (lire ici), avec des lignes inspirées des voitures de course des années 50’s et 60’s, avec deux bosselages dans la continuité des sièges, rappelant également la Jannarelly Design-1 (lire notre essai ici). La finition est aussi remarquable que le moteur, un V12 6.0L atmo Mercedes de 550 ch de Classe S, associé à une boîte de vitesses à 6 rapports Tremec et pont arrière de Nissan GT-R. Poids 1254 kg, Le carter sec du moteur et la boîte à air en carbone sont de son invention ! Il aura fallu 7 années à José Cabrerizo pour voir arriver l’aboutissement de son rêve. Chapeau l’artiste !
Bonus :
– Sport Auto Magazine, pour ses 60 ans, s’est offert un stand qui expose Yann Dehais, ancien sapeur-pompier est devenu pop artiste et « sponsorise » l’exposition Ferrari.
– Vilebrequin, obtient un stand de 500 m², aussi grand que celui d’un constructeur, pour son 1000Tipla, version Fast & Furious du Fiat Multipla, basée sur une Corvette C7 Z06. C’est l’écurie W-Autosport (à Magny-Cours), avec la collaboration de Kei Miura pour le kit carrosserie et Work Wheels pour les jantes, qui s’est chargée de la transformation. Egalement sur le stand Vilebrequin, des supercars (Pagani Zonda, Porsche Carrera GT, Mercedes SLR) et Lancia de Rallye (Stratos, 037, Delta Gr. B).
Conseil : pour éviter de payer le billet d’entrée 30 euros (!!), réservez votre créneau horaire de visite pour 16 euros.
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