Le bonheur, c’est simple comme un roadtrip. Prenez deux amis, une semaine de rentrée scolaire et une paire de Mazda MX-5, rajoutez une couche de météo clémente et des routes de montagne sans fin et vous obtenez là une recette simple pour vous fabriquer des souvenirs impérissables.
Mon ami Bertin est aussi passionné que moi de voitures de sport, mais sa grande expertise, il l’a développée dans la conception de roadtrips. Le premier de ces voyages, nous l’avons effectué en 2011, huit ans déjà !
Après une pause de quelques années pour manque de voiture, Bertin s’est équipé l’année dernière d’une sympathique MX-5 de 2ème génération, NB FL 1.6L 110ch de 2001, l’une des toutes premières NB FL. Pas un monstre de puissance, mais une voiture idéale pour la promenade dynamique.
De mon côté, j’ai re-sauté aussi dans le monde “Miatiste” avec la 4ème génération, une ND 2.0L 160ch (lire notre essai ici) en début d’année.
Les conditions étaient donc réunies pour prendre à nouveau la route ensemble. Le massif visé : Les Alpes, paradis des routes virevoltantes et des paysages spectaculaires.
La période choisie : la rentrée scolaire. L’avantage évident c’est la diminution d’une bonne partie des chicanes mobiles de ces belles routes Alpines, je veux dire les cyclistes et les camping-caristes.
Les obstacles à surmonter : faire accepter ce projet à nos chères et tendres compagnes. Nous sommes tous les deux chanceux et les femmes de nos vies respectives ont validé l’idée sans trop sourciller. Elles sont extraordinaires (et vont certainement lire ce récit…).
Le roadbook, cet allié irremplaçable
La réalisation du roadbook mérite quelques explications. Déjà parce que Bertin y a passé suffisamment de temps pour mériter un peu de lumière, ensuite parce que c’est un atout précieux pour réussir ce type de roadtrip. Le premier des outils pour réaliser un bon roadbook est cette bonne vieille carte Michelin. Indispensable pour repérer les itinéraires touristiques, se faire une première idée des routes où l’on pourra conduire sportivement et éviter les agglomérations.
La seconde étape est la validation de chacune des routes présélectionnées. C’est ici qu’entre en actions les outils digitaux : Youtube pour les vidéos, les blogs pour les récits de voyages et Google Streetview. Étroitesse/largeur des voies à emprunter avec marquage au sol, état du revêtement, paysages, bref, le meilleur moyen de valider que nos voitures pourront toujours évoluer sans se trouver en situation délicate notamment lors d’un croisement.
Enfin vient le temps de construire le chemin validé avec le logiciel « itn converter ». Il permet de créer un fichier itinéraire téléchargeable sur un GPS TomTom. Ne restera alors qu’à lancer l’itinéraire créé pour que le GPS nous guide sur l’itinéraire sélectionné et nous indique la route en temps réel à la façon d’un bon co-pilote de rallye.
Plus d’un an de travail, plus d’une centaine d’heures cumulées de préparation pour quatre jours de route, 1 300 km de promenade. Qu’importe le temps de préparation, quand seul compte l’itinéraire !
Mazda MX-5, compagne de voyage
C’est donc ma MX-5 qui a gagné le droit à une virée sportive. Sa toute première virée depuis que je l’ai achetée en début d’année. Il s’agit d’un modèle 2.0L de 2015, 160ch donc, avec le pack sport (sièges Recaro, amortisseurs Bilstein) et un échappement un peu plus démonstratif que celui d’origine. Lors de mon essai de la voiture à sa sortie, j’avais été un peu déçu par son caractère moteur. Ma MX-5 s’avère cependant sympathique avec la sonorité rauque de l’échappement et la puissance qui finalement s’avère suffisante pour provoquer la glisse à l’aide de la pédale de droite, même sur le sec.
La ND est un vrai cocon pour parcourir les routes larges aux parfaits enchaînements de virages comme celle qui va de Séchilienne et qui mène au Col de la Croix de Fer, en passant par le panorama magnifique du barrage de Grand Maison.
Alors que je m’autorise une pause bien méritée au Col de la Croix de Fer, j’entends Bertin qui pousse le 1.6L de sa MX-5 NB FL en contrebas du col pour me rejoindre. La « grand-mère » n’est pas ridicule dans ce contexte et l’échappement de seconde monte (un Cobalt) est parfaitement calibré : sonore ce qu’il faut sans se montrer trop envahissant. Comme d’habitude, j’attends que mon pote soit garé pour reprendre la route, l’obligeant à se relancer sur la route sans reprendre son souffle.
Dès ce premier jour, les qualités de la dernière génération de MX-5 se mettront en valeur : agilité et mobilité en font un jouet génial dans les enchaînements des épingles Freinage, coup de volant, accélérateur et sortie en contre-braquage, un ballet qui se répétera sur toute la montée de Villargondran vers Albiez le Jeune, dans les environs de Saint Jean de Maurienne.
Le lendemain, sur la route qui mène de Saint Michel de Maurienne au Col du Galibier, dans un décor lunaire, la Mx5 fera preuve d’un confort tout à fait raisonnable, la fraîcheur montante étant facilement compensée par le chauffage de l’air pulsé et des sièges. Il est dans ces conditions non seulement possible, mais surtout fortement conseillé de rouler les cheveux au vent pour profiter de la vue, du bon air frais et des odeurs de la montagne. Le Col de la Bonnette nous attend.
Pendant la descente du Galibier vers le Lautaret, nous perdons la NB FL de Bertin, récepteur d’embrayage mort. Triste impondérable, pas suffisant cependant pourtant pour nous faire renoncer. Après une tentative de réparation sur le parking de l’auberge se trouvant au sommet du col du Lautaret, nous réussirons à amener la voiture à Briançon (merci au relief descendant…) dans un garage. A partir de Briançon, c’est donc avec Bertin en passager et quelques kilos de bagages supplémentaires que nous faisons la route. Et quelle route ! Col de l’Izoard, Col de Vars et enfin, la montée vers le col de la Bonnette. Rapide et aride, la dernière portion de la montée me fait penser aux images de Vatanen sur Pike’s Peak en Peugeot 405T16. Peu de cyclistes et d’automobilistes, le rythme est élevé, les virages en dévers avalés avec une légère dérive et cette montée d’adrénaline propre à ces moments où on se dit que l’on vit des moments magiques, mais qu’il ne faut pas se louper quand même.
Jusque-là, la ND n’a toujours pas démérité et même si elle n’est pas aussi tranchante que l’Elise, elle apporte son lot de bonheur. Une preuve de la qualité générale de l’auto tant un tel environnement peut devenir une purge si on n’a pas le véhicule adapté.
De son côté le TomTom remplit toujours vaillamment son office, irréprochable dans son rôle de copilote pour nous aider à enchaîner les virages à un rythme élevé mais toujours sûr. Pas de mauvaise surprise, le tracé de la route restant en toute occasion suffisamment réaliste pour que les épingles et courbes vicieuses soient “anticipables”.
Plus bas dans le Mercantour, dans les gorges de Daluis, il donne le meilleur de lui-même et nous profitons de la fin de journée pour dérouler dans ce labyrinthe sans croiser un seul véhicule.
La Mx5, spacieuse ?
Nous partîmes chacun dans notre voiture, mais par un vilain coup du sort, nous nous vîmes donc obligés de partager ma monture dès la moitié du deuxième jour. Certes c’est une deux places, mais côté bagages l’équation ne semblait pas gagnée d’avance. Pourtant, avec un peu de rigueur et un soupçon d’esprit Tetris, nous avons rapidement réussi à trouver une place pour chaque chose. Au début du troisième jour, l’attaque des gorges du Cians, au départ de Valberg, nous permettra une fois de plus de profiter à la fois du confort de la MX-5 ainsi que de son côté ludique. L’occasion de faire quelques jolies photos en statique et en dynamique de ma ND dans ce décor à dominante rouge. L’aspect grandiose de ces parois abruptes nous donne plus envie de profiter du paysage que d’arsouiller comme des cochons. Il faut dire qu’avec notre mésaventure de la veille et notre halte forcée à Briançon, nous avions rallongé la journée de roulage de presque trois heures. Il fallait un peu plus d’une nuit pour reprendre nos esprits.
Se prêtant à tous les styles de conduite, la MX-5 démontre une polyvalence toujours aussi impressionnante au fil des générations. Cette ND 2.0L 160ch apporte la touche fun qui manquait jusqu’alors avec une puissance suffisante pour rendre la voiture encore plus mobile.
La dernière partie du périple nous emmènera dans le Vercors. Autant nous avions profité d’une météo clémente jusqu’alors, autant le Vercors s’offre à nous dans toute sa splendeur sauvage avec ses bancs de brume. La montagne nous dit bien ici que nous sommes juste tolérés. La montée par le Col de Rousset est très rapide, impressionnante et nous arrivons sur le plateau du Vercors, avec le sentiment d’avoir quitté la Terre et de débarquer sur autre planète. Le roadbook du jour nous donne l’impression de voyager à différents niveaux du plateau. Il n’est pas rare de voir sur le flanc de la montagne les routes que nous allons (ou que nous venons) d’emprunter. A cela rien d’étonnant, Bertin m’ayant dit qu’il avait conçu la journée comme un labyrinthe, qui permet d’emprunter quasiment toutes les belles routes du Vercors en moins de 300km. La route de Combe Laval nous plongera dans un univers fantastique que ne renieraient pas les auteurs de Game of Thrones. Sur ces bien-nommées routes du Vertige même l’arrivée de la pluie ne nous fera pas regretter d’être venus. D’une part cela nous permettra de tester la Mimix capote fermée, ensuite les routes légèrement glissantes n’en seront que plus amusantes. Et chacune de ces routes au noms plus évocateurs les uns que les autres seront autant d’occasions de découvrir des univers différents. Le plus étonnant pour Bertin restant la route passant par le col d’Herbouilly, entre Villard-de-Lans et Saint-Julien-en-Vercors, rapide, étroite et bordée de grands pins dressant leurs troncs verticaux comme autant de barreaux oppressants dans la forêt sombre qu’ils composent (il n’avait pas identifié l’atmosphère de cette route en particulier).
Faut-il jeter Mémé aux orties ?
Je passe ici la parole (enfin la plume électronique) à Bertin.
Acquise il y a un an et demi, ce roadtrip était l’occasion de tester pour la première fois ma “Mimix” dans des conditions de balade dynamique. Comme raconté par Philippe, un bien vilain coup du sort aura voulu qu’après une journée et demi de roadtrip, l’auto fasse une halte prolongée dans un garage de Briançon. Sur cette courte période, il m’aura quand même été donné d’apprécier l’auto. Suffisamment vive pour le pilote du dimanche que je suis, elle aura toujours été prévenante dans les quelques décrochages que j’ai effectués. Sans être un foudre de guerre (on s’en rend vite compte en sortie d’épingle dans une montée de col), on arrive très facilement à la placer où l’on veut grâce à une direction précise et suffisamment directe. J’ai réellement ressenti ce que signifiait l’esprit Jinba Ittai, cher à Mazda, cette parfaite osmose de la monture et du cavalier.
Prendre occasionnellement sur les derniers jours du roadtrip le volant de la voiture de Philippe me permettra de définitivement préférer la NB FL. Déjà esthétiquement, je me sens plus proche de la ligne classique, plus en courbes de la NB FL. Moi qui suis de taille moyenne, je préfère la ceinture de caisse plus basse qui me permet d’être accoudé à la portière, moins enfoncé dans le siège et donc plus connecté à l’environnement extérieur. A l’heure où les directions sont toujours plus assistées et donc de plus en plus molles, j’ai été également surpris par la lourdeur de la direction de la ND face à la légèreté mais néanmoins précision de la direction de ma NB FL.
Bref, vous l’aurez compris, malgré les caprices mécaniques de mon auto, tout est déjà pardonné et j’en reprends déjà le volant avec toujours plus de plaisir et l’envie de davantage progresser dans sa maîtrise. Une auto gratifiante mais qui ne l’oublions pas au regard de son âge (plus de 18 ans) mérite une fiabilisation pour en profiter en toute tranquillité sur les années à venir.
Philippe, je te redonne la plume pour conclure ce récit.
Epilogue
De retour à Bourgoin-Jallieu pour une dernière nuit avant de rentrer sur Paris, nous voilà repus mais heureux. Après 1 300km de routes magnifiques peu fréquentées, des voitures 100% plaisir et un bain d’amitié rafraîchissant, nous pouvons maintenant rentrer pour entamer une année « scolaire » studieuse la tête pleine de souvenirs et avec déjà plein d’idées pour une prochaine virée.
La dernière génération de MX-5 aura fini de me convaincre. La légende japonaise reste toujours aussi désirable. Et encore n’ai-je pas encore essayé la version forte de 184ch (lire notre essai ici) qui, de l’avis général, hausse encore le niveau.