Alors que la dernière incursion de Toyota sur le segment de la citadine sportive remonte à plus de 10ans avec la Yaris TS, la branche sportive de Toyota, GAZOO Racing, revient en force avec le modèle GRMN qu’elle a dévoilé l’année dernière au salon de Genève et que nous avons testé sur route et sur circuit il y a quelques jours.
4 lettres qui envoient du bois et dont le décode signifie modestement « Gazoo Racing Meister of Nürburgring », rien que cela … Avant d’en prendre son volant, on l’a un peu moqué en la renommant affectueusement « Germaine », ce qui convient normalement bien à une citadine, mais après l’avoir conduit, fini la blague, elle ne mérite pas son sobriquet nous l’appellerons donc bien G-R-M-N.
Sous le capot
Réussir à caser un moteur compressé de plus de 200ch sous le capot d’une Yaris 3 portes, n’a pas été une mince affaire pour l’équipe en charge du projet, mais riche de sa collaboration avec Lotus (puisque l’on retrouve les blocs Toyota dans l’Elise Sport 220 et Sprint 220) des solutions techniques ont été trouvées pour optimiser le tout. Le bloc 4 cylindres (2ZR-FE de son petit nom) est ainsi fabriqué par les équipes Toyota UK avant de passer dans les mains expertes des équipes de Lotus pour être modifié puis d’être implanté sur la chaîne de montage de Valenciennes en France. Même casse-tête pour redessiner et intégrer de la ligne d’échappement centrale.
Cette Yaris GRMN est donc équipée d’un moteur 1.8 litre Dual VVT-i à compresseur Magnusson-Eaton qui développe 212 ch avec un couple de 250 Nm à 4800 tr/min. Le tout rapporté à un poids contenu de 1135 kg donne un bon rapport poids/puissance (5.35 kg/ch) qui la place en tête face à des concurrentes comme la Ford Fiesta ST ou la Peugeot 208 GTi (relisez nos essais).
Mais plus concrètement que se cache-t-il derrière ces chiffres ? C’est simple on trouve une petite bombinette assez fun qui va donner du plaisir aux 400 propriétaires européens qui ont signé leur bon de commande, car il s’agit d’une série limitée et il est trop tard pour se réveiller (il faudra maintenant attendre les secondes mains). 600 véhicules seront produits, 200 sont destinés au marché japonais, les 400 autres exemplaires numérotés ont été vendus en 72h par Toyota avec seulement 19 véhicules pour la France (même les belges, malgré leur politique fiscale sévère, ont été plus rapide à dégainer le carnet de chèque). C’est au Royaume-Uni ainsi qu’en Suisse, où elle a remporté un vif succès, que l’on aura probablement le plus de chance d’en croiser.
De belles qualités routières
Si les premières minutes au volant de la Yaris GRMN en ville ne vous marqueront pas forcément pour le restant de vos jours, malgré le son de l’échappement au démarrage plutôt plaisant, la première montée dans les tours devrait vous dérider un peu. Car si elle s’exprime bien quand le régime moteur atteint le point de couple maximum à 4800 tr/min et jusqu’à 6800 tr/min, en bas régime c’est un peu creux. Mais cela a son avantage, celui de pouvoir rouler en ville sans forcément confondre la jungle urbaine avec une zone de rodéo.
Elle sait donc se montrer raisonnable et polyvalente, nous avons roulé un bon moment à 130 km/h sur autoroute de manière relativement confortable, même si un peu bruyant à la longue. Par contre, la première sortie de péage a été l’occasion de mettre pied dedans et là on se rend compte du vrai potentiel de l’auto. La ville lui sied bien, mais les routes de montagne ou le circuit encore plus. On évitera d’attaquer les dos d’âne trop rapidement si on tient à son dos, mais pour le reste la voiture offre le bon compromis entre fermeté et confort, on a les remontés d’informations de la route mais sans les subir pour autant.
Son châssis renforcé, ses amortisseurs Sachs Performance et son différentiel Torsen (que l’on retrouve notamment sur la 308 GTi) la colle à la chaussée. On lui en a pourtant fait voir de toutes les couleurs sur le circuit du ParcMotor Castelloli et sur quelques petites routes environnantes. Une fois que l’on a compris qu’elle encaissait assez bien les attaques, on prend vite ses marques et on peut s’amuser. Direction précise, freinage suffisamment résistant, elle est sécurisante.
Je ne suis pourtant pas experte de la conduite sur circuit mais pour une fois j’en redemandais encore, car je me suis bien amusée et me suis sentie à l’aise à son volant. Pas de mauvaise surprise, si ce n’est de m’étonner d’atteindre déjà le rupteur un peu rapidement, comme elle est performante on a tendance à lui en demander toujours plus. Elle est joueuse mais pas traître. Sur la piste, le seul petit couac que j’ai pu avoir c’est au niveau de la boîte … 2 ou 4 … 4 ou 2… il y a eu des moments de flottement voire un gros « oups ». Quand on voit l’attention qui a été portée à de nombreux organes de l’auto (châssis, moteur), on se dit que la boîte méritait peut-être aussi un peu plus d’attention, mais là on est presque à chipoter car une fois que l’on connait bien l’auto le guidage de boîte ne doit plus poser de problème, tout comme la gestion de l’embrayage assez haut (mais ça on s’y habitue vite avec les japonaises).
Cette Yaris GRMN offre une autre philosophie face à de nombreux modèles turbocompressés, c’est une autre manière d’appréhender la route et la sportivité qui n’est vraiment pas désagréable, on a moins l’effet coup de pied au cul (pardon) mais c’est une montée en performance plus naturelle.
Côté consommation avec quelques phases plus cool mais quand même bien plus rares que les phases d’attaque, on est arrivé à une moyenne de 10 litres/100km alors que d’autres voitures tournaient plutôt à 12 litres (les collègues auraient-ils le pied sacrément lourd ?). Mais globalement le cycle mixte d’un possesseur devrait tourner autour des 9 L/100 (pour 7.5 l de consommation mixte selon le constructeur). Hélas si la consommation n’est pas forcément le plus décourageant à l’achat, notre grille de malus FR a sûrement dû refroidir quelques acheteurs français avec 170 g/km pour le taux CO2 (soit 6300€ de malus) sur un prix de 30 700€.
Esthétique extérieure et intérieure
Maintenant que vous en savez plus sur ce qui se cache sous la robe de cette Yaris, parlons un peu de ce qui est plus visible. Tout d’abord l’extérieur de l’auto, vous n’aimez pas les voitures blanches ? Pas de chance, on est ici dans l’univers des clones (400 voitures identiques pour toute l’Europe), la Yaris GRMN n’est disponible que dans sa livrée blanche avec le toit noir et ses stickers rouges et noirs parsemés sur la carrosserie qui rappellent la Yaris WRC.
En dehors des éléments de décors de la carrosserie, la face avant dispose d’une calandre en nid d’abeille spécifique. A l’arrière c’est surtout l’aileron imposant qui ne passera pas inaperçu, ainsi que la sortie d’échappement centrale en forme trapézoïdale et son diffuseur arrière. Petit point de détail également, l’antenne en aileron de requin qui n’est pas sans rappeler des véhicules de segments plus élevés. Pour ajouter au total look, le regard sera aussi attiré par les jantes BBS 17 pouces noires qui seront équipées de pneumatiques Bridgestone Potenza RE50A.
Bref excepté l’aileron un peu imposant, le look de l’auto est plutôt équilibré. Personnellement esthétiquement je lui trouve beaucoup de charme à cette petite Yaris GRMN. Maintenant en ce qui concerne l’intérieur, mon avis un peu plus tranché. Tant que l’on est côté conducteur, l’environnement est assez plaisant mais côté passager c’est beaucoup plus tristouille. Serait-ce alors une voiture de célibataire ?
C’est vraiment la perception que j’en ai eu en instantanné, en essai nous évoluons généralement en binôme, avec une nuit un peu courte j’ai décidé pour débuter la découverte de l’auto en cédant le volant, la première impression en m’asseyant dans la voiture c’était de me trouver dans un univers un peu austère, c’est noir et basique. Mais dès que l’on passe côté conducteur le ressenti change complètement. On a le petit volant de la GT86 (adaptée pour cette Yaris GRMN) avec un point de milieu en rouge, on trouve des touches d’alu au niveau du pédalier et du levier de vitesse, il y a des sigles GR un peu partout (baquets, volant, tapis, compteur, bouton de démarrage…) on entre dans un autre univers à la place du conducteur.
Le seul point commun sur les deux places avant c’est les sièges baquets d’Ultrasuede, ils offrent un très bon maintien et un bon grip (ce qui est bienvenu en passager sur les routes de montagne). Maintenant pour les grands gabarits trouver sa position de conduite idéale peut être un peu délicat car les réglages du volant sont très limités, donc si vous avez de longues jambes, vous pourriez avoir du mal à vous sentir vraiment à votre aise. Parfois être une femme de taille moyenne peut avoir des avantages, je n’ai eu pour ma part aucun problème pour trouver une position confortable.
Conclusion
Si on associe de plus en plus facilement Toyota à des motorisations hybrides et raisonnables, il ne faut pas pour autant oublier que la marque a déjà proposé quelques voitures plaisirs très sympathiques, la GT86 (relisez notre essai) pour ne citer que la plus récente. Même si GAZOO Racing n’a pas toujours la réussite à la hauteur de ses ambitions dans les compétitions sportives, on est content de voir les premiers modèles développés en collaboration avec ces équipes du sport auto arriver sur le marché européen (alors qu’elles existent déjà sur le marché japonais). Avec le Nürburgring comme terrain de jeu et de développement, la Yaris GRMN est donc premier modèle à voir le jour sous l’appellation GAZOO Racing, et espérons loin d’être la dernière. Car il n’a pas à dire cette petite citadine dopée a beaucoup de qualités à faire valoir. Si pour un coup d’essai la marque a préféré jouer la sécurité d’une série limitée quasi collector, on espérera que face au succès rencontré d’autres modèles de plus grandes séries seront bientôt commercialisés.
Un bon rapport poids/puissance sous les traits d’une citadine exploitable au quotidien, des performances sur pistes et sur route qui donnent la banane à son volant, elle est vraiment attachante cette Yaris GRMN, et je n’aurais jamais cru dire ça d’une Yaris. Qui aime bien châtie bien, on dira aussi qu’elle n’est pas exempte de défauts (position de conduite pour les grands, prix finalement élevé à cause du malus…), mais c’est aussi ce qui fait partie de son charme (et qui laisse une marge de progression à GR pour proposer encore mieux). En bref l’essayer c’est risquer de l’adopter… vous serez prévenu !
“Hélas si la consommation n’est pas forcément le plus décourageant à l’achat, notre grille de malus FR a sûrement dû refroidir quelques acheteurs français avec 170 g/km pour le taux CO2 (soit 6300€ de malus) ”
Les commandes ont été ouverte en juillet, on ne connaissait pas le malus 2018, au moment des commandes le malus n’était “que” de 4673€. 😉