Essai Fiat 124 Spider : La pasta “wasabi”
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Essai Fiat 124 Spider : La pasta “wasabi”

Fiat 124 Spider
Fiat 124 Spider

Fiat peut s’enorgueillir d’un passé riche en roadsters. Entre la 850 spider, la 124 spider, la X1/9 ou encore la Barchetta, la marque transalpine a un historique légitime en la matière. Cependant, l’heure est désormais aux synergies et c’est donc en partenariat avec Mazda que la dernière née de cette longue lignée a vu le jour. La question principale est alors de savoir si cette 124 Spider, seconde du nom, apporte quelque chose de différent par rapport à sa sœur asiatique.

Fiat 124 Spider
Fiat 124 Spider

Comme vous le savez si vous êtes un habitué de notre site, nous sommes fans, notamment, de la MX-5. Presque tous, propriétaires ou ex-propriétaires des différentes moutures de la star japonaise, c’est forcément un peu dubitatif que nous avons accueilli la nouvelle de cette Fiat basée sur notre “aiMe X” adorée. Va-t-elle apporter quelque chose de différent ou sera-t-elle un clone sans saveur ?

La première réponse est visuelle. Nous sommes bien loin des coalitions du type Subaru/Toyota avec la BRZ/GT86. La face avant reprend le style de la 124 Spider originale avec sa calandre hexagonale entourée de deux feux expressifs et surmontée d’un capot à double bossage. Dans le genre ré-interprétation du passé, c’est à mon humble avis une réussite qui arrive à bien moderniser le dessin. Le profil rappelle lui aussi l’ancêtre avec cette ceinture de caisse au déhanché caractéristique au niveau de l’aile arrière.

Fiat 124 Spider
Fiat 124 Spider

Mais si le trait de crayon est historique, la nouveauté apporte une différence notable. La 124 de 1966 avait un habitacle positionné au centre de la voiture tandis que celle de 2016 voit son cokpit reculé pour laisser la place à un long capot façon voiture du loup de Tex Avery. Personnellement j’adore.

La poupe enfin mérite qu’on s’y attarde. Le dessin massif peut rebuter au premier regard, mais à mesure qu’on analyse, il dévoile son charme. En premier lieu l’arrête fractionnée entre le ailes en V et la malle bombée dynamise se postérieur. Les feux évidés ajoutent ensuite une touche de finesse. Vu de l’arrière, le Spider partage quelques traits en commun avec la dernière Maserati Quattroporte. Il y a pire comme comparaison vous en conviendrez.

Fiat 124 Spider
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La seule partie visible de la carrosserie ne pouvant pas renier sa filiation avec la Mazda reste la baie de pare-brise. Mais cette dernière se marie aussi bien au style de la japonaise qu’à celui de l’italienne.

Si le dessin de ce Spider est globalement réussi et original, il n’en reste pas moins que son équilibre général est sujet à caution. J’ai beau la trouver jolie, il y a quelque chose qui me fait tiquer dans le design de cette Fiat. Ce n’est pas évident au premier coup d’œil, mais après de longues minutes à en faire le tour et confirmation par la fiche technique, ce sont les porte-à-faux qui sont en cause.

Fiat 124 Spider
Fiat 124 Spider
Fiat 124 Spider
Fiat 124 Spider

Plus longue de 14cm que la MX-5 (4.05m contre 3.91m), la 124 Spider est affublée d’un empattement plus court de 4mm (2.310m contre 2.314m). Au total ce sont 14cm de carrosserie que l’on retrouve en amont des roues avant et en aval des roues arrières. Par ailleurs le dessin de la Mazda est plus taillée en pointe tandis que celui de la Fiat fait la part-belle à des faces avant et arrière très larges, ce qui accentue encore visuellement la longueur de ces extrémités.

Je me dois cependant d’être indulgent avec la 124, car si ces défauts d’équilibre stylistique se remarquent sur les photos, en live, la voiture reste tout de même très jolie quel que soit l’angle sous lequel on la regarde.

Fiat 124 Spider
Fiat 124 Spider
Fiat 124 Spider
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Dans l’habitacle, peu de changements par rapport à la MX-5. Certes le logo sur le volant n’est plus le même, tout comme la casquette des compteurs au dessin spécifique. On retrouve aussi quelques surfaces traitées différemment, mais dans l’ensemble le tableau de bord est identique à celui de la japonaise. La tablette d’infotainment semblera à certains mal intégrée, mais l’important est qu’elle soit ergonomique et c’est le cas. Un petit bémol cependant pour le système de navigation qui n’est pas très intuitif à prendre en main. Je ne peux cependant pas faire de comparaison avec celui de la Mazda, n’ayant pas de souvenir particulier de ce dernier.

Fiat 124 Spider
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L’installation au volant se fait sans difficultés, les sièges sont confortables et d’un maintien suffisant, par contre ils ne se baissent pas (ou peu) et la colonne de direction ne se règle qu’en hauteur. Des réglages limités donc, qui n’empêchent cependant pas de trouver une position de conduite correcte.

Fiat 124 Spider
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Au démarrage, le 4 cylindres 1.4L Multi-Air ne vend pas du rêve. Sa sonorité est assez quelconque. Il faudra attendre la version Abarth pour bénéficier du pot Monza. Ce petit moteur de 140ch s’avère cependant courageux à l’ouvrage, autorisant des accélérations franches à défaut d’être brutales, mais surtout un couple important dans la catégorie (240Nm).

Fiat 124 Spider
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Dès les premiers tours de roue, on retrouve au volant de la Fiat le même plaisir que dans la MX-5, à savoir le bonheur de rouler le coude à la portière dans une auto agile et docile à la fois. Seule la direction nécessite quelques kilomètres pour s’adapter car elle s’avère très réactive, c’est un compliment.

Une fois sorti de l’agglomération et engagé sur des petites routes virevoltantes, le bonheur se confirme. La 124 Spider conserve globalement les qualités de vivacité de sa cousine avec des changements de direction rapides et un moteur qui accepte de se faire cravacher jusqu’aux environs de 6500 trs/min. Pas plus volubile à haut régime qu’au ralenti, le moteur reste cependant très homogène avec le reste de l’auto. Bonne surprise, l’adjonction d’une boite de vitesse spécifique à la 124 n’a pas remis en cause le petit levier de vitesse “magique” propre à la MX-5. Dommage cependant que l’on retrouve le même défaut d’ergonomie que dans cette dernière avec la molette de sélection d’infotainment placée sous le coude. Rien de plus énervant que de voir disparaître la carte du GPS en appuyant par mégarde sur cette molette avec le coude en passant une vitesse…

Fiat 124 Spider
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Côté châssis, le train avant est précis et bien rivé au sol (sur le sec en tout cas), tandis que le train arrière suit sans rechigner.

C’est au niveau du train arrière justement qu’apparaît le premier élément distinctif de la Fiat : une barre anti-roulis. Cet élément n’est pas présent sur la MX-5 qui, en contre-partie, bénéficie d’un différentiel Torsen dans sa version 2.0L. Si vous n’êtes pas sensibles aux subtilités technologiques, il faut cependant bien garder en tête que c’est certainement ces différences qui peuvent vous faire pencher en faveur de l’une des deux cousines (si le côté esthétique n’a pas déjà guidé votre choix).

Fiat 124 Spider
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Cette barre anti-roulis, associée aux suspensions plus souples de la Fiat lui confèrent au volant une personnalité propre. En effet après quelques dizaines de kilomètres, il est apparu évident que la 124 avait gagné en confort par rapport à la MX-5. Elle absorbe mieux les irrégularités de la chaussée. En contre-partie, elle se montre (légèrement) moins incisive dans les changements de direction. S’agissant dans un cas comme dans l’autre d’autos qui n’ont pas une vocation de pistarde ou de chasseuse de chrono, la différence d’efficacité sera difficile à mesurer. C’est donc avant tout une question de feeling.

La MX-5 (2.0L) fait preuve de moins d’inertie, elle est plus fermement tenue et un des plaisirs que l’on peut ressentir à son volant est sa capacité à faire glisser l’arrière à l’accélération dans le serré. La Fiat est moins joueuse. Il est difficile de provoquer une réaction du train arrière car ce dernier est beaucoup plus paresseux. Il accepte certes de se déhancher un peu, mais rarement avec entrain.

Fiat 124 Spider
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Fiat 124 Spider
Fiat 124 Spider

Exemple pratique dans un rond-point moyennement large. En entrant sur les freins et en reprenant vigoureusement les gaz dès que l’on a atteint le point de corde, la voiture prend un peu de roulis et le train arrière commence à glisser. Mais avant même que le pilote ait commencé à débraquer, il reprend sa ligne. On y perd en fun ce qu’on y gagne en tranquillité d’esprit.

Car c’est bien là que la Fiat fait la différence avec la Mazda. L’italienne est typée “grand tourisme” quand la japonaise la joue “sportive”.

Si la Fiat ne rechignera pas à une bonne arsouille, ce n’est cependant pas le mode de conduite qui lui conviendra le mieux. Elle préfèrera un pilotage rapide mais coulé, sans rechercher la performance.

Fiat 124 Spider
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Il est donc maintenant temps de répondre à la question initiale : le Spider présente-t-elle un intérêt différent de celui de la “aiMe X” ? La réponse est définitivement oui.

D’un part car elle présente un look distinctif qui pourra séduire ceux qui restent insensibles à celui de la japonaise.

D’autre part parce que, qu’on le veuille ou non, elle perpétue la ligné des roadster Fiat et que pour ce type d’achat plaisir, il y a souvent des souvenirs d’enfance qui entrent en jeux. Et pour peu que tonton Bernard vous ait emmené dans sa 124 de 1966, vous tomberez sous le charme.

Enfin parce qu’au volant il existe une véritable différence de caractère. Un moteur plus souple et un châssis plus typé confort, ce sont les deux armes de la 124 face à sa jumelle aux yeux bridés.

Fiat 124 Spider
Fiat 124 Spider
Fiat 124 Spider
Fiat 124 Spider

Comme au niveau tarifaire, la Fiat se positionne en miroir de la Mazda, les seules véritables raisons de choisir l’une plus que l’autre seront donc uniquement passionnelles et c’est tant mieux.

Après une Barchetta qui n’avaient jamais réussi à détrôner la MX-5 NB, Fiat revient donc fort d’une alliance avec son adversaire d’hier. De cette synergie industrielle ressortent deux autos au caractère distinct. La Fiat 124 Spider endosse le rôle de la petite GT, aussi confortable que dynamique. Elle trouve ainsi sa place sur un marché relativement déserté par les autres marques. On ne peut qu’espérer une réussite commerciale à ce roadster charmeur. Mais bien que ce Spider soit objectivement une bonne auto, j’avoue n’avoir qu’une envie : essayer son double maléfique. J’ai nommé l’Abarth 124 Spider…

Fiche technique Fiat 124 Spider
Fiche technique Fiat 124 Spider

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